Les liens déchirés

Chapitre 3 : Les Ombres du Passé

Sofia

Le bruit de l'eau qui coulait dans le lavabo résonnait dans l'appartement silencieux. Je me tenais là, les mains sous le jet d'eau froide, essayant d'effacer les traces de la nuit dernière. Mais peu importe combien je me lavais, l'impression persistante de Luca, de son parfum, de ses lèvres, restait accrochée à ma peau, comme une empreinte indélébile.

Je me secouai la tête, tentant de chasser ces pensées. Cela n’avait pas de sens. Je ne pouvais pas succomber à la tentation, pas maintenant, pas alors que je me trouvais à un carrefour de ma vie. Gabriel… Gabriel que j’avais toujours aimé, qui comptait tant pour moi. Mais comment expliquer ce qui s’était passé ? Comment pouvais-je expliquer cette attraction irrépressible envers Luca ?

Je fermai les yeux, tentant de me concentrer. Je ne pouvais pas laisser mes émotions me guider. J’étais une femme forte, j'avais toujours su contrôler ce qui m’entourait, mes décisions, mes choix. Pourquoi alors Luca avait-il cette emprise sur moi ? Pourquoi chaque fois qu’il apparaissait dans ma vie, il semblait déstabiliser tout ce que j’avais construit ?

Je me tournai brusquement et jetai un coup d’œil dans le miroir. Mes yeux étaient cernés, et la fatigue marquait mes traits. Je n'avais pas dormi cette nuit-là. L’image de Luca, ses gestes, ses paroles, continuaient de tourner en boucle dans mon esprit. Tu veux plus, et tu sais que tu veux plus. Ces mots résonnaient sans cesse.

Un léger bruit dans le salon me fit sursauter. Je me redressai rapidement et me dirigeai vers la porte. Je savais que ce n’était pas Gabriel. Il n’était pas censé être de retour avant ce soir. C’était lui. Luca.

Lorsqu’entrai dans le salon, je le trouvai là, appuyé contre le canapé, les bras croisés, son regard fixé sur moi. Un sourire tranquille flottait sur ses lèvres, un sourire qu’il n’offrait qu’à moi, comme s’il savait que j’étais déjà à moitié perdue.

« Tu sembles troublée, Sofia, » dit-il calmement, sa voix douce, presque apaisante. Mais derrière ses mots se cachait une invitation claire à se laisser aller à la tentation.

Je refusai de me laisser désarmer. Je croisis les bras sur ma poitrine, comme pour me protéger. « Tu n’as pas à être ici, Luca. » Ma voix était plus faible que je ne l’aurais voulu, mais je ne pouvais pas laisser cette situation s’aggraver. « Je suis avec Gabriel, tu le sais. »

Luca ne bougea pas. Il n’avait pas besoin de bouger, car ses yeux, remplis d'une promesse tacite, suffisaient à me désarmer. « Gabriel… » murmura-t-il, son regard se faisant plus intense. « Il ne peut pas t’offrir ce que je peux t’offrir, Sofia. »

Je me sentis à la fois en colère et attirée. Pourquoi Luca ne comprenait-il pas qu’il fallait que je fasse un choix ? Que je ne pouvais pas tout remettre en question, pas à cause d’un simple désir ? Pourtant, je savais que ce n’était pas aussi simple. Ce n’était pas un simple désir. C’était quelque chose de bien plus profond, quelque chose qui me poussait à m’abandonner.

« Ne me fais pas ça, Luca, » dis-je, ma voix se brisant légèrement. Je sentais que je perdais le contrôle de mes émotions. « Ne me fais pas douter de tout ce que j’ai construit avec Gabriel. » Je fermai les yeux un instant, mais lorsqu'ils s'ouvrirent, je remarquai que Luca s’était rapproché, silencieux, comme une ombre qui s’infiltrait lentement dans ma vie.

Il était si près de moi maintenant que je pouvais sentir la chaleur de son corps, presque irrésistible. « Sofia, » dit-il doucement, sa main se posant sur mon bras, « il y a des liens plus forts que ceux que l’on choisit. »

Ses doigts effleurèrent ma peau, laissant une trace de feu là où il les avait posés. Je me forçai à respirer profondément, essayant de me libérer de cette tension naissante à chaque geste, à chaque mot.

« Tu sais ce que tu ressens. » Luca était désormais juste devant moi, son souffle chaud contre mon visage. « Pourquoi nier l’évidence ? » Il ne me laissa pas le temps de répondre, sa bouche se posa doucement sur la mienne, avec la même urgence contenue que celle que j’avais ressentie la veille.

Je tremblai sous le b****r. Ce n’était pas juste un b****r. C’était une promesse, une invitation à franchir cette frontière que je m’étais jurée de ne jamais franchir. Mais le désir que j'avais tenté de refouler montait en moi, rendant de plus en plus difficile de l’ignorer.

Je me repoussai lentement, le regard brûlant de confusion et de désir. « Je ne peux pas… » Ma voix était faible, presque inaudible. « Je ne veux pas te faire de mal. »

Luca me regarda longuement, un sourire triste et compréhensif se dessinant sur ses lèvres. « Je ne te demande pas de choisir maintenant, Sofia. » Il recula légèrement, mais son regard resta fixé sur moi, comme une promesse muette. « Mais sache que je serai là, chaque fois que tu en auras besoin. » Il tourna les talons et se dirigea vers la porte. Avant de la franchir, il se tourna à nouveau vers moi. « N’oublie pas, Sofia. Ce n’est pas un accident. »

La porte se ferma doucement derrière lui, mais le bruit résonna dans mon esprit. Il avait raison. Il n’y avait rien d’accidentel dans cette situation. Mais étais-je prête à affronter les conséquences de mes choix ?

Le matin se leva sur la ville, tout en douceur, comme si la lumière tentait de dissiper la lourdeur de la nuit qui venait de se passer. Mais pour moi, le jour n'était pas un soulagement. Au contraire, c'était comme une nouvelle épreuve. Une épreuve que je n'avais pas anticipée, mais qui était désormais inéluctable.