Kieran
Le bruit à l'extérieur se rapprochait. Mon cœur battait à tout rompre, l'adrénaline pulsait dans mes veines, chaque fibre de mon être en alerte. Mais en moi, une autre sensation naissait, profonde, presque irrationnelle. Une connexion. Une évidence.
Amy.
Je la connaissais à un niveau que je ne pouvais pas expliquer, pas avec des mots. C'était comme si nos âmes s'étaient frôlées à un autre moment, à un autre endroit. Une attraction inexplicable m'attirait vers elle, une force qui ne pouvait pas être ignorée. Je savais qu'elle était mon âme sœur, celle que je cherchais sans le savoir, celle qui pourrait apaiser la bête en moi, celle qui pourrait me sauver… ou m'emporter.
Je la sentais dans chaque respiration, dans chaque pensée, dans chaque battement de mon cœur. Elle était celle qui comprenait sans juger, qui voyait au-delà du monstre que je me croyais être. Il n'y avait pas de doute. En elle, je trouvais un refuge, un sanctuaire, un ancrage, mais aussi la plus grande tentation.
Je l'avais poussée à se cacher dans la cave. C'était une précaution, mais aussi un acte de protection. Parce qu'au fond de moi, je savais que le danger qui approchait n'était pas seulement physique. Il n'était pas seulement dans la forêt, mais aussi en moi. La bête qui se réveillait, le prédateur en moi, ne faisait pas que chasser, il voulait aussi détruire ce que j'avais de plus précieux.
Elle ne comprenait pas tout, et peut-être qu'il était trop tôt pour qu'elle le sache. Mais je savais que, si je la laissais trop près, ce lien entre nous pourrait devenir ma plus grande faiblesse. Et la dernière chose que je voulais, c'était qu'elle souffre à cause de ma malédiction.
Je respirai profondément et pris une décision. Peu importait la menace extérieure, peu importait la bête qui hurlait dans ma tête. Je ne pouvais pas la laisser partir. Si je devais me battre, je le ferais. Mais ce combat serait à mes conditions.
Je me dirigeai vers la porte, mes pas lourds et mes pensées chaotiques. L'air était encore plus dense dehors, comme si la nuit elle-même retenait son souffle. Je pouvais sentir la présence de l'inconnu, de ce quelque chose de plus grand que moi qui approchait.
J'avais un but, un seul : protéger Amy. Mais en moi, il y avait aussi une vérité inéluctable. Je ne pourrais jamais m'échapper de l'attraction que je ressentais pour elle. Elle était devenue une partie de moi, et même si cette connexion m'effrayait, elle ne faisait que croître avec chaque instant que nous partagions.
Alors que je passais le seuil de la porte, une brise glacée souffla dans ma direction. Je ne pouvais plus me concentrer que sur cette silhouette qui se dessinait dans la brume de la forêt. Elle était là, et je savais que ce n’était pas un hasard. C'était comme si l'univers, ou peut-être le destin, avait décidé que le moment était venu.
Mais avant de pouvoir avancer davantage, un cri perça le silence de la nuit, un cri faible mais terrifiant. Ce cri ne venait pas de la forêt. Non. Il venait de l’auberge.
Je tournai les talons, le cœur battant à toute allure. C'était Amy. Je n'avais pas besoin de le comprendre plus. Ce cri était un avertissement. Elle était en danger.
Je courus sans réfléchir, franchissant les sentiers d’herbe avec la rapidité d’un prédateur. Mais dans ma poitrine, la panique montait. Parce que je savais que, cette fois, la bête en moi n’allait pas se retenir. Elle avait été réveillée, et rien ne l’arrêterait. Je n'avais jamais ressenti une telle urgence, une telle nécessité de protéger quelqu’un. Elle était la raison de ma rédemption, et en même temps, le catalyseur de mes ténèbres.
Je fonçai vers la cave, brisant la porte en bois d’un coup de pied. L’obscurité m’engloutit presque immédiatement, mais mes yeux s’adaptèrent vite. Je la vis là, au fond, à genoux, le visage blême et les yeux pleins de terreur.
"AMY !" criai-je, ma voix rauque, presque étranglée par la peur.
Elle tourna lentement la tête vers moi, et ce regard… ce regard rempli de douleur et d’incertitude, fit vaciller mon cœur. Elle avait toujours été forte, mais là, elle était brisée. Quelque chose l'avait secouée, l'avait attaquée de l'intérieur.
Je m’élançai vers elle, la prenant dans mes bras. Elle se blottit contre moi sans hésitation, comme si, dans ce moment d'incertitude, elle savait instinctivement que c'était moi qui pouvais la protéger.
"Je suis là," soufflai-je, ma voix rauque.
Elle ne répondit pas immédiatement, mais sa tête se leva, ses yeux cherchant les miens avec une intensité que je ne pouvais pas ignorer.
"Je sais," murmura-t-elle, sa voix brisée, mais pleine de confiance. "Je sais que tu es là pour moi, Kieran."
Et en cet instant précis, tout devint clair. Peu importe la bête en moi. Peu importe les ténèbres qui menaçaient de me dévorer. Je ne pouvais pas, je ne voulais pas, la laisser partir. Parce qu’en elle, je trouvais la lumière. Elle était mon ancrage, mon point d'équilibre. Elle était l'unique chose qui me permettait encore de me battre contre les ténèbres, contre ce que je devenais.
Je plongeai mon regard dans le sien, et à cet instant, je compris. Je ne pouvais pas vivre sans elle. Elle n’était pas seulement mon âme sœur. Elle était ma raison de lutter. Et dans ce combat intérieur, je savais que je ne pourrais jamais la laisser partir.
Je l’embrassai doucement, presque tendrement, comme si ce contact pouvait éloigner tout ce qui nous menaçait. Et peut-être qu’il le ferait, parce qu’avec elle, j’avais enfin trouvé une raison d’espérer.
Mais une chose était certaine : la bataille n’était pas encore terminée. Elle venait à peine de commencer.