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1396 Mots
Aydan Assis à mon bureau, je suis interrompu par l’irruption de ma mère dans la pièce. — Je viens d’avoir des nouvelles de la Reine Marianna. Elle m’a confirmé qu’elle et son époux seront là dans trois jours avec tes cousines. — Comment a réagi la Princesse Amberly ? je la questionne. — Comme une petite effrontée, bien évidemment. Mes lèvres frémissent : — Elle est encore jeune. — Il va falloir la dompter celle-ci, c’est moi qui te le dis. (J’acquiesce. Elle s’installe dans un fauteuil et poursuit :) As-tu réussi à en apprendre plus sur ce Kyle Woodwork dont sa mère nous a parlé ? — Officiellement, il s’agit d’un Travailleur soupçonné de faire partie de ceux qui, au Nord comme au Sud, soutiennent ce qui se passe à l’Est et à l’Ouest. Officieusement, quelque chose me dit qu’il y a plus à son sujet. C’est pourquoi j’ai chargé Lord Sunridge de pousser les investigations. — Au moins cela lui évitera-t-il de faire un mauvais mariage comme sa mère. — Les choses étaient différentes. — Elle a refusé son Promis, rétorque-t-elle sèchement, ton oncle qui plus est. Je me lève et vais me placer près de la fenêtre. Au dehors, la neige s’est mise à tomber. Je suis les flocons des yeux, perdu dans mes pensées. Il est vrai que la Reine Marianna et le Roi Consort Pietro ont fait un affront à notre famille en se mariant, alors que la Reine avait été liée à mon oncle. C’est d’ailleurs pour éviter tout conflit et par pitié pour son meilleur ami que mon père lui a accordé des titres pour éviter que ceci ne devienne le mariage de la honte. Mais là où il a su fermer les yeux, ma mère, n’a pas oublié. — Il faut laisser le passé au passé, Mère. — Sauf quand ce dernier nous rattrape, me contredit-elle. Je me tourne vers elle : — Que voulez-vous dire ? — Lord Sunridge et Lord Hawke sauront t’expliquer cela mieux que moi. Elle frappe dans ses mains. Les portes s’ouvrent. Mon Premier Ministre et mon Ministre des Armées s’inclinent respectueusement. — Messieurs, je les salue. (Ils se redressent. D’un signe de la main, je les invite à prendre place autour de la petite table à laquelle ma mère s’est installée. Je me joins à eux,) Alors ? Quelles sont les nouvelles ? Les deux hommes échangent un regard entendu. — Majesté…En parallèle des investigations menées au sujet de Mr. Woodwork, nous avons fait des recherches sur les financements reçus par les rebelles à l’Est et à l’Ouest, m’explique Sunridge. Et d’après nos informations, tout laisse à croire que le Roi Pietro y est pour quelque chose. — Ce n’est pas tout, renchérit Hawke. En parallèle de son soutien aux rebelles, le Roi Pietro est aussi entré en contact avec la famille royale d’Amérique du Nord. Mon sang ne fait qu’un tour en entendant ses mots : — Pardon ? S’il est entré en contact avec les Royaux d’Amérique du Nord, cela veut dire que… — Le Prince Adrian est au courant, m’affirme ma mère comme si elle venait de lire dans mes pensées. Il est au courant pour de notre projet potentiel d’union entre les princesses McAirgidLoch et vous. Mon regard grave plonge dans le sien : — Il va falloir agir vite. ** Amberly De retour dans ma chambre, je m’installe aux côtés de ma tutrice et lui demande à revoir les éléments clés sur la famille McCallister. Bien que surprise, elle accède à ma requête. Une carte étendue sur le bureau, je regarde son doigt bouger d’un point à l’autre pour me montrer l’étendue de leur territoire. — La famille McCallister règne non seulement sur l’Europe du Nord, mais aussi sur tous les territoires au-delà qui constitue ce qu’ils ont appelé le Tuath Nur. Il s’agit de la puissance la plus importante à l’heure actuelle et celle qui a le plus d’alliances aux quatre coins du monde, m’explique-t-elle. (Ses lèvres se retroussent en un petit sourire.) Les Princes Aydan et Ethan représentent donc les meilleurs partis pour toute jeune fille de haut rang. Son regard en coin suffit à me faire comprendre le fond de sa pensée. — Trop pour moi. — Dommage, car le photographe est là ! Je me retourne. Blaire, ma servante attitrée, entre dans la pièce deux boîtes entre les mains. Elle m’adresse une révérence. Toujours souriante, Mrs. Zimmer se retire presque sur la pointe des pieds. Je soupire tout en levant les yeux au ciel. — Qu’est-ce que cette histoire de photographe ? je demande. Les lèvres de Blaire frémissent : — Une idée de votre Mère. Les photos seront développées et envoyées dans la soirée à vos cousins éloignés. (Je lui jette un regard circonspect :) Votre Mère a bien l’intention de tout faire pour que votre sœur et vous-même ayez le plus de chances de votre côté, Altesse. (Ouvrant les boîtes, elle ajoute :) Entre nous, elle a bien raison. Je ris sans joie. Elle déplie la robe qu’elle étend soigneusement sur mon lit. Je ne peux réprimer un souffle d’émerveillement en voyant le vêtement soyeux d’un blanc pur et recouvert de petits diamants. Les courtes manches ont été cousues de manière à marquer la bordure au niveau de la poitrine et des omoplates et laisser voir les épaules. Je cligne des yeux et relève calmement la tête : — Ma mère peut me déguiser tant qu’elle veut si cela lui chante, il n’en demeure pas moins que je n’ai pas l’intention de minauder et céder à qui que ce soit. Blaire se renfrogne. Je retourne m’asseoir à mon bureau. — J’ai bien conscience que vous êtes éprise de ce petit voyou de Woodwork, mais il va falloir que cela change, Altesse. Mon sang ne fait qu’un tour dans mes veines. Je tourne lentement la tête vers elle, une lueur froide dans le regard. — Je te demande pardon ? — Vous m’avez bien entendue. Votre mère a de beaux projets pour vous et il est absolument hors de question que ces plans tombent à l’eau à cause d’un comportement irraisonné. (Elle jette un regard furtif à la petite montre accrochée à son poignet.) La séance photo a lieu dans une heure, à vous de voir : laissez-moi vous aider ou bien débrouillez-vous avec les gardes. Je reste de marbre. Son visage affiche une expression parfaitement calme et impassible. — Tu commences à me faire regretter d’avoir demandé à ce que tu deviennes ma servante attitrée, je siffle entre mes dents. Elle étire les lèvres en un sourire ironique : — Croyez-moi, Altesse, c’est l’une des meilleures décisions que vous ayez prises ces dernières années. — Rompiscatole ! Elle ne relève pas. Je lui lance un regard noir tout en récupérant la robe et les chaussures. Fulminante, je la pousse d’un coup d’épaule. — Je vous laisse dix minutes pour vous changer ! Je claque la porte de la salle de bain derrière moi. * Une heure plus tard, je regagne le studio photo à contrecœur. Lorsque j’entre, ma sœur est déjà en place. Le flash surgit tandis qu’elle sourit à la caméra à la fois innocente et séductrice. Ses yeux pétillants s’attardent quelques secondes sur moi. Je lui réponds d’un sourire, malgré mon envie de fuir jusqu’aux écuries en courant. Ma mère se joint à moi. — Blaire n’a pas eu de difficultés à te faire entendre raison, à ce que je vois, commente-t-elle. — Elle ne manque pas d’imagination, je rétorque froidement. Ma mère attrape ma main dans la sienne. — Oublie Kyle, cela vaut mieux pour toi. Mais oui, bien sûr. — Princesse Amberly ? Je m’écarte de ma mère sans lui adresser un regard. Ma sœur et moi échangeons nos places. Le cœur emplit d’amertume, je m’installe sur le tabouret face à l’objectif. Décidée à ne pas me soumettre, je relève la tête et lance un regard plein de défi droit devant moi. Je frémis à l’idée du message que les princes percevront dans mon attitude. Le flash m’éblouit à plusieurs reprises. — Et voilà ! s’exclame le photographe. Je saute du tabouret. Ma mère, ma sœur et moi nous regroupons autour de lui pour voir le résultat. Je souris satisfaite en voyant mes photos. Qu’ils essaient. Qu’ils essaient donc de me soumettre. ** ** ** ** **
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