Chapitre 1

238 Mots
1Il valait mieux tout mettre par écrit et le cacher en lieu sûr. Après ce qui s’était passé aujourd’hui, elle craignait pour sa sécurité. Elle n’avait jamais été très douée en rédaction, mais un style presque télégraphique suffirait. S’il devait lui arriver quelque chose, celui qui ouvrirait cette lettre connaîtrait son assassin. Parce que les menaces avaient été claires. Le patron du bistrot lui avait apporté son café en silence. On voyait que ce n’était pas le jour à lui parler du beau temps. Sous son chapeau et ses lunettes, Jeannot avait très bien reconnu cette grande et belle fille qu’il croisait régulièrement dans le quartier. Il n’avait bien sûr jamais osé lui adresser la parole. Pas maquillée, elle restait magnifique. Même si ses longs cheveux blonds étaient cachés. Il regardait de loin la grande bouche aux lèvres pulpeuses. Les yeux étaient bleus, il le savait, mais là on ne les voyait pas. Les ailes du nez, un peu rouges, frémissaient très légèrement. Elle avait le rictus craquant d’une Faye Dunaway, dont la narine s’évasait dès qu’elle souriait. Sa mère aurait dit que c’était l’apanage de toutes les prétentieuses. Sa mère disait souvent des âneries. Il savait qu’elle s’appelait Valentine et qu’on la surnommait Val. En douce, il découpait son visage dans les pubs des magazines. Jusqu’ici, personne n’avait percé à jour cette passion secrète. La Cordelière se remplissait de monde. Bientôt, le bruit interdirait toute discussion, la musique prendrait le dessus. Val serait déjà partie, elle ne venait là que pendant la journée.
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