Chapitre 9

638 Mots
Chapitre 9 Durant les vacances de Noël, le lycée était déserté de toute présence. Les élèves, le personnel, avaient tous vidé les lieux. Le bruit de la machine à écrire qui martelait les tympans en approchant du secrétariat, fit place au silence. Pour les vacances, Balsamine retournait habiter chez sa grand-mère. Elle retrouva dans sa chambre ses affaires restées à leur place. Le petit appartement qu’elle partageait avec la vieille femme dégageait toujours cette odeur de cire d’abeille émanant des meubles anciens. Lors de la première semaine des vacances, Midori et Keiko invitèrent Balsamine à déjeuner chez elles. À cette occasion, elles souhaitaient lui présenter leur père qu’elles ne voyaient que trop rarement et qu’elles aimaient tendrement. Elle prit le bus un matin et s’arrêta à deux pâtés de maisons. C’était l’arrêt le plus proche. À peine descendue, elle remarqua la silhouette d’un jeune homme qui garait sa moto devant l’une des meulières de la rue dont la porte d’entrée était ornée d’une arche de rosiers. Elle reconnut immédiatement Ernest qui sonnait au portillon en retirant son casque. Elle se cacha pour observer et entendit des bribes de conversations. Une voix féminine lui souhaita la bienvenue. ⸺ Mon chéri te voilà enfin. Je t’attendais. Entre c’est ouvert. ⸺ Mina toujours aussi belle, lança-t-il en ouvrant les bras. Le jeune homme refermait le portillon derrière lui et se dirigeait à longues enjambées vers l’entrée. ⸺ Viens vite te mettre au chaud. ⸺ Ton mari est parti pour la journée ? ⸺ Oui, il joue aux cartes avec ses amis, il y restera tard. Viens vite m’embrasser. La porte se referma et Balsamine ne put s’empêcher d’observer ce qu’elle voyait par la fenêtre. Un mince rideau de voilage laissait entrevoir ce qu’il se passait. Elle distinguait vaguement le dos d’une silhouette féminine aux cheveux longs lâchés et vêtue d’une robe à fleurs qui débarrassait Ernest de son blouson et l’enserrait de ses bras. Il répondait à son étreinte. La conversation se poursuivait mais Balsamine ne pouvait rien entendre. Le jeune garçon se mit rapidement à l’aise sur le canapé, et délassa ses chaussures. La femme assise à ses côtés le serrait dans ses bras tout en lui caressant ses longs cheveux châtains. ⸺ Raconte-moi. Tes cours, tout se passe bien ? ⸺ Oui je suis premier dans toutes les matières principales, mais ne parlons pas de ça. Dis-moi comment tu vas ? ⸺ Comme tu vois, je me porte comme un charme, sourit-elle avec une lueur dans le regard. ⸺ Ton dernier voyage avec ton mari ? ⸺ C’était une croisière en Méditerranée. Et oh ! s’exclama-t-elle se levant prestement, je t’ai rapporté un souvenir. ⸺ Tu n’as pas besoin de ça tu sais, c’est te voir qui me rend heureux. On se voit tellement peu ces derniers temps. ⸺ Ça me fait plaisir. Tiens, réfuta-t-elle en tendant le cadeau. Ernest l’ouvrit. Il s’agissait d’un livre rédigé en italien à propos de la musique qu’il aimait tant. Le bonheur se lu sur son visage. ⸺ Oh merci Mina, il n’y a que toi... balbutia-t-il en cherchant ses mots. ⸺ Tu sais bien que je t’aime et que je ferai n’importe quoi pour toi. ⸺ Moi aussi je t’aime, confia-t-il en serrant la femme dans ses bras. Elle se dégagea tout en lui lissant les cheveux. ⸺ Lis-le pendant que je te prépare le repas. Ernest lui baisa la main pour tout remerciement. Mina lui ébouriffa les cheveux avant de rejoindre la cuisine. Le jeune homme se cala confortablement sur les coussins et feuilleta son ouvrage. Sur les pages s’étalaient des illustrations d’artistes et surtout des partitions musicales qu’il chantonnait en silence. Sa main libre battait la mesure tandis que l’autre retenait l’ouvrage ouvert. Il se perdait dans ses rêves. Balsamine sursauta de froid dans un premier temps, car les moins douze degrés Celsius la faisaient frissonner. Et deuxièmement parce qu’on risquait de la prendre pour un rôdeur mal intentionné. ⸺ Me voici devenue espionne, s’exclama-t-elle. La jeune fille leva la tête pour lire le nom des rues sur les plaques afin de se repérer et reprit son chemin en direction du domicile de ses amies. Elle était perplexe. Que venait faire Ernest ici avec cette femme, se demandait-elle. De toute évidence, ils étaient très proches.
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