Au reste, il faut l’avouer à la décharge de sa mauvaise nature, sa vie avait toujours été précaire et douloureuse. Un jour, on l’avait vu sortir d’une espèce de ravin, où, sans doute, l’avaient abandonné ces espèces de bohémiens rôdeurs qui traversent les grandes forêts. Il avait trois ans ; il était à moitié nu ; à peine parlait-il. Le paysan qui l’avait rencontré se nommait Mathieu ; le ravin d’où il sortait se nommait le fond Goguelue ; l’enfant fut appelé Mathieu Goguelue. De baptême, il n’en fut jamais question ; Mathieu n’avait pas pu dire s’il était ou non baptisé. D’ailleurs, qui se serait occupé de l’âme, quand le corps était dans une si misérable position qu’il ne pouvait vivre que par l’aumône et la maraude ? C’était ainsi qu’il était arrivé à l’âge d’homme. Quoique mal bâti et

