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Héros des ténèbres

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Blurb

L’hiver fait rage et ne cesse d’attaquer la belle et grande cité de Pràg. La destruction et le chaos viendront du grand nord pour détruire les habitants et la belle cité en son sein. Les Dieux criant vengeance, notre héros ira se réfugier dans la très célèbre ville hantée. Commença alors le cauchemar.

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Bien loin sous les hauteurs, il ne restait plus rien de la ville de Pràgu. Tout champ de vision était fait de bâtiments qui brûlaient et des restes de ceux qui avaient fini de brûler ; en particulier le champ de vision de Newton Miller. On pouvait également voir des murs qui oscillaient tels des pendules et qui émergeaient çà et là de l’épaisse couche de neige. Il y’avait également des groupuscules d’hommes qui entassaient des corps sur des charrettes pour les emporter plus loin et les incinérer. Ces personnes avaient donné leur accord pour une tâche bien sinistre et probablement sans fin. Bien des corps allaient rester caché jusqu’à l’arrivée du printemps, lorsque la neige qui les recouvrait accepterait enfin de fondre. Et sur ce point c’est encore s’ils n’étaient pas exhumés et dévorés d’ici là, se dit Newton, car les effets de la famine étaient visibles sur le visage de chacun de ceux qui respiraient encore. Newton fit resserrer davantage sa cape de laine du Werlaand autour des épaules et alla envers le White Giber, enfin là où il était implenté, pour ainsi dire avant la bataille. Il en avait eu assez des banquets donnés au château en l’honneur de la victoire et de la compagnie de la noblesse Tuckenite. D’ailleurs, qui aurait pu supporter ces interminables récits sur la bravoure et le courage des défenseurs de la cité, et ceux des forces armées venues leur porter secours ? D’ordinaire, il était plutôt tolérant à cet égard, mais entendre ces gens de haute extraction se féliciter de la sorte avait eu raison de sa patience. Il lui fallait voir où étaient passés les Tueurs ; ils avaient quitté la cérémonie bien plus tôt dans la soirée et il ne les avait pas revus depuis. Cependant il avait en tête une idée d’où il avait le plus de chances de les trouver. Il prit la direction de là où se tenait anciennement la rue des Marchands de Soie, flanquée d’entrepôts en ruine. De pauvres silhouettes, enveloppées de vêtements en lambeaux, étaient courbées sur les décombres encore fumants, probablement à la recherche de quelque moyen de se nourrir. Quelques-unes le regardèrent du coin de l’œil, jaugeant s’il était susceptible d’avoir sur lui quelques pièces et se demandant s’il leur fallait courir le risque de tenter de le détrousser. Newton gardait la main sur la garde de son épée et tout en donnant l’expression la plus résolue à son visage au prix de grands efforts. Dans le lointain, on pouvait entendre sonner à toute volée les cloches d’un temple. Il se posa la question à savoir s’il était le seul à trouver un peu ironique autant de célébration. Au vue de tout ce qu’il se passait, il était étonnant de voir autant de gens se réjouir. Sans doute était-ce parce que la plupart n’espéraient même pas s’en sortir vivants. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la horde invincible du seigneur Shogun avait été repoussée et le terrible individu mis en echec. L’apparition et l’intervention impromptue du Lynx et le bombardement du vaisseau volant, l’Esprit de Megalith, avaient libéré la cité de l’emprise de l’armée ennemie. Pour toute surprise, la cité de Pràgu avait été sauvée du pire siège qu’elle ait connu depuis deux siècles. Mais la victoire coûta très chère. Plus de la moitié de Begam, la ville basse et ses quartiers fortement peuplés qui occupaient entre la première enceinte et la seconde plus ancienne, celle entourant la citadelle, avait été pillée et réduite en cendres par les forces du Chaos. Plus du quart des citoyens y avaient perdu la vie, du moins d’après les premières estimations rapides des fonctionnaires ducaux, et on s’attendait à ce que tout autant succombent à la famine, aux maladies et aux rigueurs de l’hiver glacial habituel sous ces latitudes. Et encore, si aucune autre armée de barbares n’avait la mauvaise idée de descendre des Désolations. Elle avait été dépiécée en trois la première enceinte et ne pourrait plus tenir si un nouvel assaut venait à avoir lieu. Il y’avait comme une odeur de barbecue dans l’air, de la chaire brûlée. Quelqu’un, non loin, devait avoir allumé un bûcher funéraire, et en profitait probablement pour s’y réchauffer. Ils n’avaient pas beaucoup d’options s’ils voulaient se débarrasser aussi rapidement d’autant de cadavres, qui étaient tout simplement trop nombreux pour être enterrés, et on craignait toujours cette vermine qu’est la peste. Les épidémies les plus noires libérées par les adorateurs de Turtul, le Maître de la Déchéance, avaient repris après la bataille. Selon d’autres, c’était la vengeance des démons de la peste pour la perte de leurs adorateurs. D’après le sorcier g*n Tcheten c’était plus à cause des privations, du froid et de l’effet déprimant qu’avait l’hiver Tuckenite sur la nature humaine, ce qui la rendait plus vulnérable aux miasmes qui transportaient la maladie. Newton sourit, g*n Tcheten était de ces hommes qui avaient des théories pour tout et qui, la plupart du temps, trouvaient une explication rationnelle. Les larmes au visage, une femme tentait désespérément d’empêcher que l’on emporte le corps d’un homme. Son mari, son amant, son frère ? Tout le monde dans cette cité avait perdu un proche. Des familles entières avaient été balayées. Newton repensa à ceux qu’il avait connus et qui n’étaient plus. Deux des Tueurs nains, le jeune Hyperion et l’étrange Bouchers, dont les restes avaient été eux aussi incinérés. C’était quoi la cause de tout ceci ? Qu’est-ce qui avait bien pu pousser les hordes du Chaos hors de leurs domaines du grand nord et les jeter à l’assaut de cette cité ? Pour quelles raisons avaient-elles choisi les dernières semaines de l’automne pour lancer leur invasion ? C’était une manœuvre tout simplement insensée. Même si elles s’étaient emparées de Pràgu, elles auraient souffert des affres de l’hiver presque autant que les citoyens maintenant. De plus, la détermination des Tuckenites était telle qu’ils auraient préféré brûler leur propre cité plutôt que de la voir tomber aux mains de leurs ennemis de toujours. Bon, Newton imaginait bien que les hordes n’auraient pas hésité à dévorer les cadavres pour survivre, ou même à se dévorer entre elles, mais cette attaque restait tout de même une sacrée énigme. Newton hocha de la tête. Pourquoi chercher à expliquer l’inexplicable ? Il fallait être fou pour suivre les Puissances du Chaos et cela lui suffisait. Il était inutile pour un homme sain d’esprit et tenter de comprendre les motivations de ces âmes perdues. Oh ! Il avait entendu bien des théories. g*n Tcheten avait avancé qu’un raz-de-marée de magie noire était descendu du nord vers le sud et que c’était ce qui avait plongé les adorateurs du Chaos dans une furie sans précédente. — Il faut que vous vous repentiez, repentez-vous ! criait un homme au regard dément. Il était monté sur un piédestal qui avait jusque-là soutenu une statue du tzar Alexandre et interpellait les passants, la bave aux lèvres. Ses longs cheveux étaient en désordre et il semblait avoir perdu la raison depuis bien longtemps déjà. Les dieux vous punissent pour vos péchés ! continua-t-il. Ces prédicateurs ambulants semblaient avoir leur propre théorie sur les événements récents. Ils clamaient que la fin du monde était proche et que cette horde du Chaos n’avait été que le premier signe de ce qui s’annonçait. Ces théories ne tenaient plus lorsqu’on se souvenait que ces mêmes oiseaux de mauvais augure avaient crié quelques jours plus tôt que la horde en question apportait justement avec elle la fin du monde. Certainement qu’ils avaient revu un peu leur discours après la défaite cuisante de l’ennemi, et Newton faillit le crier à l’homme. Les gens avaient bien trop de soucis sans avoir à supporter les braillards de cette sorte. Cependant il se ravisa bien vite. De toute évidence personne ne semblait attacher la moindre importance au prophète, même si celui-ci était tellement emporté dans son délire qu’il s’était dénudé la poitrine et se la frappait de grands coups de poings. Les gens passaient simplement à côté, bien plus soucieux de terminer ce qu’ils avaient à faire et de rapporter à ce qu’il restait de leur foyer la maigre pitance sur laquelle ils avaient pu mettre la main. L’homme pouvait bien insulter les dieux eux-mêmes, personne ne s’en préoccupait. Il y’avait quelques étals dressés dans un endroit à peu près dégagé de la place des Carreleurs. Des hommes portant un tabard au lion ailé, appartenant à la maison du duc, distribuaient des rations de grain à une file de gens qui ne patientaient que pour ça. Cette ration était descendue à une demi-tasse par personne. Evidemment, le duc avait maintenant à nourrir le Lynx tout entier, ce qui équivalait à peu près cinq mille cavaliers et leurs montures. Ils campaient devant les murs de la cité, du moins ce qu’il en restait, et dans les restes des fermes environnantes. Newton traversa rapidement la place, en prenant bien garde à ne pas se retrouver piégé par la foule malade et implorante. Il gardait une main sur le pommeau de son épée, et l’autre sur sa bourse. On n’était jamais assez prudent au milieu de toutes ces personnes malfamées. Il s’était laissé apprendre que la Reine du froid, Widow, pouvait commander aux éléments. Sachant cela, pourquoi elle ne s’arrangeait pas pour que l’hiver relâche un peu son emprise sur son peuple ? Peut-être ses pouvoirs n’allaient finalement pas jusque-là. D’ailleurs, il semblait que les Seigneurs du Chaos n’avaient pas non plus ce pouvoir, car eux en auraient tiré profit, à moins que tout ceci, cette terrible invasion, n’ait été qu’une sorte de jeu pour ces divinités. Se basant sur ce que Newton avait vu en survolant les Désolations du Chaos, cela ne semblait pas du tout les ressembler. De grosses boules de neige ne tardaient pas à lui tomber dessus dès qu’il quitta la place. Ils lui gelèrent les joues. Pauvres gens, se dit Newton. Il en était malade pour eux. Il s’était cru habitué à la neige. Les hivers de son Empire natal étaient longs et rigoureux, mais n’étaient qu’un pique-n***e estival comparé à l’hiver d’ici. Jamais il n’avait vu neiger autant, si vite, ni n’aurait cru qu’il eût pu faire aussi froid. Il avait bien entendu quelques histoires et rumeurs traitant d’énormes loups s’introduisant dans les cités pour en emporter des enfants ou des malades. Il avait entendu d’autres choses aussi. Il semblait que les Tuckenites connaissaient des histoires horribles de ce genre pour chaque aspect de l’hiver. Mais cela aurait-il dû le surprendre ? Il en avait vu suffisamment de par le monde pour savoir que derrière chaque légende se nichait un soupçon de vérité. Il se trouva tout à coup un peu trop cynique et n’aima pas ça. Malgré tout ce qu’il s’était passé, il était toujours en vie alors qu’il s’était attendu à trouver la mort dix fois durant l’assaut des forces du Chaos. Il aurait dû décider de quitter la cité à bord de l’Esprit de Megalith lorsque Malekith Dems avait levé l’ancre. Bon, c’est vrai, cela aurait signifié pour lui de retourner à Baraîjan, ce fort qui servait de repaire à tous les Tueurs du Vieux Monde, mais cela aurait été préférable que passer l’hiver à Pràgu. Seul un fou aurait pris la même décision que lui. Mais Newton estimait qu’il n’avait pas eu beaucoup d’options : il avait en effet promis de suivre Glenn pour raconter sa destinée. Quel que soit l’endroit où le Tueur décidait d’aller, il devait le suivre. Il était presque certain que celui-ci adorait son séjour en Tucken. Newton secoua la tête. Le Tueur était une sacrée tête de mule. Il ne semblait heureux que dans les situations les plus inconfortables, et Newton n’avait aucun mal à imaginer qu’il n’existait que peu d’endroits plus inconfortables que ce trou perdu, réduit à un tas de ruines recouvertes par une couche de neige importante. A présent qu’il a achevé sa romance avec Maintenant que sa romance avec Fatum Ayola était finie, il n’avait plus aucune raison personnelle de rester. Il se demanda où pouvait bien être la jeune noble Tuckenite. Probablement en compagnie de g*n Tcheten à ce banquet. Ces deux-là s’entendaient comme larrons en foire par les temps qui courent. Fatum prétendait que c’était à cause de cette dette d’honneur qu’elle avait envers le sorcier, parce qu’il lui avait sauvé la vie durant cette épidémie de peste. Newton était loin d’en être persuadé. Difficile pour lui de ne pas éprouver une certaine jalousie même si, en théorie, Fatum et lui n’étaient plus ensemble. Bien sûr, se dit-il, marcher était ce qu’il avait de mieux à faire. Ses pas s’enfonçaient d’avantage dans la neige. Il se dirigea vers un brasero près duquel un homme vendait des rats rôtis. Bon, lui-même était plus attiré par un peu de chaleur que la perspective de déguster un de ces poulets à quatre pattes que proposait le commerçant. L’individu paru lire dans ses pensées en le regardant s’approcher. Ils se fusillèrent du regard et l’autre le fixa durant quelques secondes avant de détourner les yeux. Malgré son apparence de rat de bibliothèque, il savait très bien qu’il ne devait exister que très peu d’hommes dans cette cité désirant lui chercher le moindre problème. Durant tout ce temps passé en compagnie du Tueur, il avait appris comment intimider même le plus confiant des hommes quand il avait envie qu’on le laisse tranquille. Il venait de d’atteindre presque l’allée des Femmes Faciles, au-dessus de l’entrée de laquelle la lumière d’une lanterne rouge vacillait, lorsqu’il entendit quelqu’un sangloter. Avec prudence, une voix dans un recoin de son esprit lui souffla de passer son chemin, qu’il était inutile de chercher le moindre problème, mais une autre, bien plus curieuse, le poussa à comprendre ce qui se passait. La lutte entre les deux ne dura pas longtemps et il passa sous le porche qui marquait l’entrée de l’allée. Il vit alors une vieille femme en pleurs, penchée sur quelque chose. Puis elle se redressa et poussa un cri déchirant. Personne ne semblait s’intéresser à sa douleur, à part lui. La misère était chose courante à Pràgu en cette saison, et nul n’avait envie de partager celle d’une autre personne. — Il se passe quoi grand-mère ? s’enquit Newton. — Qui appelles-tu grand-mère, cureton ? lui répondit la vieille femme. Il y avait une pointe d’aigreur dans sa voix, ainsi qu’un rien de reproche. Elle avait besoin de quelqu’un sur qui passer sa colère, le moindre prétexte pour se détourner de son triste sort. Newton comprit qu’il faisait la cible idéale. — Je… je vous ai offensée ? Il venait de prendre son ton le plus poli et scrutait le visage de la femme d’un peu plus près. Il se rendit bien vite compte qu’elle n’était pas si âgée que ça. Bien moins que ce qu’elle semblait au premier abord. Son visage était couvert d’une généreuse couche de maquillage pour en masquer les imperfections et les larmes avaient tracé de larges sillons qui n’arrangeaient pas le tableau. Des traînées noires descendaient de chacun de ses yeux embrumés. Une fille de rue, se dit-il, l’une de celles qui se vendaient pour une simple pièce. Puis il regarda à ses pieds et faillit tressaillir lorsqu’il vit l’objet de son désarroi. Une de vos connaissances ? demanda-t-il enfin. L’autre forme humaine, celle d’une femme, était d’une pâleur cadavérique. Il pensa dans un premier temps qu’elle était morte de froid, mais il se dit ensuite que sa blancheur n’avait rien de naturel. Il se pencha un peu plus et vit que sa gorge portait des traces suspectes. Il approcha la main et passa les doigts sur les blessures. On aurait dit qu’une bête y avait planté ses crocs. — Vous êtes du guet ? lui lança la femme d’une voix agressive. Elle lui attrapa un pan de sa cape et son visage se trouva à quelques pouces du sien. Vous êtes de la police secrète ? reprit-elle. Newton secoua la tête et lui fit doucement lâcher prise. Inutile de se faire passer pour un espion du duc ou un quelconque provocateur dans un tel quartier de la cité. On en aurait lynché pour moins que ça. Newton avait parfois assisté à de telles réactions de la part de la foule. — Alors vous êtes une goule et j’ai rien d’autre à vous dire. La femme termina en toussant. Une toux qui ne lui disait rien de bon. Quelle que soit la maladie qui la rongeait, il espéra qu’elle n’était pas contagieuse. Elle n’avait de toute façon pas l’air en très grande forme ; Newton en frissonna pour elle. Il se rendit d’ailleurs compte que lui-même était gelé, fatigué et pas plus disposé que cela à continuer à faire l’objet de l’ire de la femme. Il se redressa. — Vous avez tout vrai. Tout ça ne vous concerne en rien! Il tourna sur lui-même pour prendre ses distances et remarqua que des gens s’étaient amassés. Il sentit alors quelqu’un lui attraper le poignet. C’était la femme qui le regardait, à nouveau en larme. — je l’avais bien informé dit de ne pas aller avec lui, sanglota-t-elle entre deux quintes de toux. Je lui ai dit à Angella, mais elle ne m’a pas écoutée. Je lui ai dit qu’il était bizarre, et avec tous ces meurtres ces derniers jours, mais elle a rien voulu savoir. Il lui fallait de l’argent pour les remèdes du petit. Et maintenant qui c’est qui va veiller sur lui ? Newton ne comprenait pas un traître mot de ce que déballait la femme. Il n’avait qu’une envie : s’éloigner le plus rapidement possible. Il avait vu de nombreux cadavres au cours de sa vie, mais celui-là le mettait particulièrement mal à l’aise, sans comprendre d’ailleurs véritablement pourquoi, mais il savait d’instinct qu’il n’avait pas envie d’en savoir plus. Mais… Mais, il était dans l’incapacité de faire le moindre pas. La signification des mots de la femme faisait progressivement surface dans sa conscience. Il entendit la foule murmurer alors qu’approchaient des pas dans la neige. Il se retourna pour voir arriver une escouade de hallebardiers portant le tabard ducal, s’ouvrant sans ménagement un passage à travers les passants rassemblés. Ils avaient l’expression dure des gardes de la cité, à leur tête un sergent à la chevelure grisonnante. Les soldats arrivèrent enfin à sa hauteur et le sous-officier lui addressa directement la parole. — Vous avez fait cette trouvaille ? Newton secoua la tête. — Non, je ne faisais que passer, lui répondit-il. — Dans ce cas, continuez de passer, lui jeta le sergent. Newton s’écarta d’un pas. Il ne voulait pas d’ennui avec les gardes du duc. Le sergent se pencha sur le corps sans vie et murmura un juron. — Sacré nom de nom. Encore un. — C’est Angella la Rouge, sergent, lui annonça l’un de ses hommes. De la rue du Sphinx. — Vous avez déjà vu de telles blessures ? l’interrogea Newton. Le regard du sergent se releva sur Newton. Il devina au regard qu’il lui lança qu’il n’était pas disposé à répondre à un vulgaire passant. D’ailleurs, Newton ne savait même pas pourquoi il lui avait posé cette question, tout cela n’était pas son affaire. Mais la première réaction de l’homme l’intriguait et quelque chose dans ce meurtre lui rappelait vaguement des souvenirs. Cependant il ne rappellerait probablement jamais quoi. Lui-même avait travaillé comme homme du guet lorsqu’il était à Nuln, ce qui lui semblait remonter à une éternité, et il savait très bien qu’il n’y aurait probablement aucune enquête sur la mort d’une pauvre fille de rue, pas plus qu’il ne se trouverait quelqu’un pour prendre en charge ses funérailles. Il posa à nouveau les yeux sur la morte et ne commença qu’alors à la considérer comme un être vivant pour finir par la considérer comme un être humain un jour peut-être. Qui pouvais-tu bien être ? se demanda-t-il. Quelle a été ta vie ? Pourquoi es-tu morte ? Qui t’as tuée ? Ton amie a parlé d’un fils ; tu devais l’aimer, n’est-ce pas ? Autrement, tu ne serais jamais sortie avec un étranger dans cette nuit d’hiver pour aller à la rencontre de la mort. Un ressenti d’injustice qu’il connaissait bien le plongea dans la révolte. Il y avait quelque part dans cette cité un monstre qui se promenait en liberté et un orphelin qui allait probablement mourir de faim avant le printemps, et tout ça, sans qu’il n’y puisse rien. Il porta la main à sa ceinture et chercha sa bourse. Elle n’était pas très rebondie, mais contenait quelques pièces d’or. Il se plaça de manière à ce que la foule ne voie pas ce qu’il faisait, puis fit glisser dans la main d’une femme, une valeureuse pièce. — Prenez ça, lui souffla-t-il. Trouvez l’enfant et conduisez-le à l’orphelinat du temple de Redinga. Ils s’occuperont de lui si vous leur donnez un petit quelque chose. Mais tu es vraiment le dernier des abrutis, se dit-il aussitôt. La femme gardera probablement l’argent pour elle, ou elle se le ferait voler avant d’avoir fait trois pas, et peut-être cet enfant était-il déjà mort. Mais que pouvait-il faire d’autre ? Un incorrigible idéaliste, voilà ce qu’il était. Au moins avait-il tenté quelque chose, un tout petit geste contre l’indifférence de l’univers tout entier.

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