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Emma

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Emma est le nom que porte le bourreau de l’espèce humaine.

En décimant la population mondiale, ce virus a profondément modifié la définition même d’humanité. Dans un monde où la confiance en l’autre a disparu, Emma a changé tous les repères des survivants.

Ici, pas de monde à sauver, mais une humanité à tenter de garder vivante, et un sens à trouver dans cet univers d’injustices. Un monde allégorique que le lecteur découvrira à travers le regard d’une jeune fille marchant dans les restes d’une civilisation brisée par la peur de la souffrance et de la mort.

Quel adulte peut-on devenir dans une société qui ne voit plus l’humanité comme un acquis, mais comme un privilège vulnérable ?

Un roman jeunesse post-apocalyptique passionnant qui ouvre la voie à la réflexion sur l'avenir de l'humanité !

EXTRAIT

Emma.

Emma est une petite sœur sombre, rachitique et tordue, qui grandit avec nous. Emma est un tueur invisible qu’on apprend à craindre. Un monstre à éviter, qui pose sur nous ses milliers d’yeux.

Dans toutes les maisons, on trouve le même dépliant plastifié accroché bien en évidence sur un mur ou une porte. Très vieux papier. Il a appartenu à mon arrière-grand-père et a toujours ce même aspect froid et sérieux.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Tess Corsac a dix‐neuf ans. Souvent retranchée dans sa tanière montpelliéraine, elle partage son temps entre ses cours de médecine et l’écriture. Usant de malice, à la manière du renard, elle entraîne ses lecteurs, presque malgré eux, dans des récits à la fois farouches et sensibles, dans des mondes imaginaires où elle ne se prive pas, entre autres, de dénoncer les travers de ses contemporains.

À PROPOS DE LA COLLECTION

La collection Rester vivant est constituée de nouvelles et de romans qui parlent du monde d’aujourd’hui, en abordant sans détour les questions écologiques, sociales et éthiques qui émergent au sein de la société dans laquelle nous évoluons. Elle s’adresse en priorité aux pré-ados, aux ados… et plus généralement à tous les lecteurs qui résistent encore à l’asservissement des esprits, quel que soit leur âge. Ces livres ont pour ambition, en plus d’attiser l’imaginaire du lecteur, d’éveiller son sens critique et de poser un regard incisif sur nos comportements individuels et collectifs.

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Prologue
Prologue « Viens par-là, ma grande. On va l’avoir, viens, grimpe avec moi ! » Papa m’a tendu sa main et hissée sur son promontoire rocheux. Juste sous nos pieds, le sanglier que nous avions pris en chasse hurlait. Nous avions réussi à prendre la bête en tenaille dans une ravine où ne poussaient plus que des arbustes. Juste devant l’animal, deux chasseurs agitaient les bras bien au-dessus de leur tête. Leurs chiens les appuyaient, hérissant le poil et dévoilant leurs crocs, oreilles rabattues sur le crâne. Derrière la bête, deux hommes armés coupaient toute retraite à notre proie. Face à nous, de l’autre côté du gouffre, une femme, fusil de chasse à l’épaule, affichait un grand sourire. Le jeune garçon de mon âge accroupi à côté d’elle m’adressait des signes timides de la main. Le ciel était bleu. Pas un souffle de vent dans le feuillage des arbres. Seuls les couinements du sanglier brisaient le silence de la montagne. Papa m’a serrée contre lui et a murmuré : — Alors ? Tu veux l’achever ? J’ai fixé avec anxiété le fusil que mon père gardait à portée de main. J’ai dégluti, mal à l’aise. Son rire rêche m’a rassurée. — Ne t’inquiète pas ! Je ne vais pas te confier le fusil. Ce n’est pas sur ce bonhomme qu’on gâchera nos balles. C’est uniquement au cas où les choses tournent mal que nous avons pris ces petits monstres. Sa grosse main ébouriffa mes cheveux. — Ce que je te propose, c’est plutôt de l’assommer en faisant tomber quelque chose de très lourd sur sa tête. — Mais… il va avoir mal, non ? — Pas si tu vises bien. Il ne sentira rien. — S’il a une famille, des petits… ? — C’est un mâle solitaire ma chérie. Nous sommes en dehors des périodes de chaleur et nous n’avons croisé aucune autre bestiole de cette taille dans les parages. Ne t’en fais pas. C’est nous qui avons besoin de manger. — Mais… il n’est pas malade, lui ? — Non. Tu connais la règle, on ne touche pas aux carnivores. Ce sont eux qui peuvent être dangereux. Regarde, lui, avec ses dents plates, il ne risque pas de nous manger. — Donc… il n’est pas dangereux ? — Pas du tout ! Enfin, tant que tu ne t’approches pas de lui vivant… La bête s’est immobilisée juste sous nous. Son sabot grattait nerveusement le sol rocailleux. Il secouait son énorme tête sous le soleil. Papa a fait glisser vers moi un rocher vaguement arrondi qui m’arrivait jusqu’au bassin. Il l’a positionné à l’extrême limite du précipice, en fragile équilibre. — Quand tu seras prête et que tu sentiras que c’est le bon moment, tu donnes un bon coup de pied dans le caillou pour le lui faire tomber sur le crâne. C’est compris ? Penchée au bord du vide, je retenais mon souffle pendant de longues secondes. J’avais peur de rater mon coup. Les mouches tourbillonnaient autour de mes cheveux. J’étais intensément concentrée. Le groin brun s’est immobilisé. Je savais d’une manière quasi limpide que ce tas de poils sales n’allait pas se défiler. Et j’ai poussé mon rocher. Un raclement, un choc et quelques plaintes d’agonie plus tard, tout était fini. Il n’était pas mort sur le coup, juste affaissé en un bruit sourd, agité de spasmes. J’avais neuf ans. Je tuais pour la première fois… Ma main a plongé dans la paille et est tombée sur un petit objet dur et tiède. J’ai poussé un cri de satisfaction. Basile a sursauté. Bouche ouverte, il a hésité quelques secondes avant de lâcher : — Arrête de faire ça, tu effraies les poules… — Je suis désolée… — Elles ont pondu ? — J’ai trouvé au moins un œuf ! Je cherche les autres ! — Non, laisse-moi fouiller ! Il m’a bousculée, puis a gratté la paille pour découvrir trois autres œufs. Nous avons délicatement posé nos trouvailles dans un panier d’osier. Basile surveillait chacun de ses pas pour ne pas trébucher. Je me suis occupée de nettoyer le poulailler en déblayant la vieille paille pour la remplacer par de la nouvelle. Nous nous sommes ensuite mis en route vers le clapier où nous gardions notre petit élevage de lapins. J’ai passé une main et j’ai caressé doucement la tête grise d’un gros rongeur. Un mâle au museau rose qui grignotait un vieux morceau de salade. J’ai déposé à côté de lui les restes de notre repas de la veille, qu’il a ignorés avec mépris. J’ai entrepris la même opération avec ses voisins, avant de tomber sur une masse pelucheuse et inerte affalée dans un coin de la cage. — Oh… Avec douceur, j’ai saisi cette minuscule boule de poils toute raide. Le lapin me fixait de ses yeux vides, bouche béante et pattes repliées contre son corps. — Il… il est mort ? a fait Basile en posant son panier. — Je… crois. — Il faudrait le montrer aux parents, non ? J’ai acquiescé. Faisant de notre mieux pour cacher notre désarroi, nous avons refermé la porte du clapier. Puis nous avons galopé en vitesse sur le flanc vert de la montagne qui nous ramenait à la maison commune. Un grand bruit. Une explosion sèche et stupéfiante qui a fait s’envoler les oiseaux des arbres autour de nous. Basile et moi nous sommes figés sur place. Je connaissais ce bruit. Le crachat féroce du fusil de chasse de Papa… Après être restés une poignée de secondes déconcertés, nous nous sommes remis en chemin. Je tenais toujours le lapin par les pattes arrière. Nous sommes enfin arrivés à la maison. L’allée couverte de dalles d’ardoise remplaçait l’herbe sous nos semelles. Soudain, quelques mètres plus loin, sur notre droite, la silhouette de mon père s’est découpée, dépassant d’un coin de mur qui cachait une partie du jardin. — Papa ! — Recule ! Recule, ma puce ! Rentre dans la maison ! Son visage était tordu, son nez cerclé par des plis qui lui donnaient un air terrifiant. Sa voix, d’ordinaire posée et agréable, avait dérapé. J’ai entendu le claquement précipité de pas venant de l’intérieur de la maison commune et des bâtiments adjacents. Des mains douces sont passées sous mes bras, ont enlacé mon torse avant de me soulever dans les airs. Ma tête d’enfant s’est retrouvée noyée dans le creux du cou d’Anna, la mère de Basile, qui tenait son fils par la main. On nous a amenés à l’intérieur, alors qu’un groupe de gens du Village s’agglutinait autour de mon père. Je suis restée enfoncée dans le canapé de vieux cuir, le regard perdu dans la cheminée éteinte depuis les derniers grands froids. On a voulu m’en empêcher, mais je suis ressortie de la maison – j’ai voulu savoir. Il y avait une mare rouge aux pieds de Papa. Elle était si épaisse que l’herbe ne pouvait la boire. Au milieu de cette mare, il n’y avait ni grenouille, ni sanglier abattu pour le repas du soir. Il y avait un corps rose et nu d’humain, face contre terre. Au sommet du crâne chevelu, un point noir. Cet humain était aussi mort que le lapin que je tenais toujours. J’avais dix ans. Pour la première fois de ma vie, j’étais confrontée à la vision d’un homme tué par un autre homme. Ce meurtre avait été suivi d’une vague de soulagement et de félicitations fébriles. Dehors, on tapotait avec affection l’épaule de mon père. On lui adressait des « bien joué ! » et des « merci ! ». J’étais allongée par terre dans notre bibliothèque qui remplissait l’espace du deuxième étage de la maison commune. Nous étions trois familles à avoir élu domicile dans ce grand chalet, posé à flanc de montagne à la lisière d’une forêt fournie. Ma famille, bien sûr, c’est-à-dire mon père, ma mère et moi, mais aussi celle de Basile qui a grandi à mes côtés. La troisième n’a pas eu d’enfant ; il s’agissait d’un couple d’une quarantaine d’années, taciturne et discret, qui s’adressait surtout à nous pour nous assigner nos corvées. J’avais sous mon ventre une vieille peau de mouton, rendue grise par la poussière et les années. Sur mon dos, un plaid. Basile avait ramené une couette de la chambre que nous partagions et se pelotonnait à l’intérieur. Nous étions loin de la cheminée. C’était au début de l’hiver. Le 23 décembre. Je le savais car, quelques jours auparavant, j’avais recopié le calendrier de l’année à venir. Nous n’avions qu’un seul calendrier pour toute la maisonnée et, à chaque approche du nouvel an, Basile ou moi devions redessiner cette grande grille où s’alignaient les semaines, les mois et les saints. Je n’avais aucune idée de ce qu’était un saint, ni de pourquoi, à chaque jour, était associé un nom particulier… C’est ainsi, pourtant, que nous avons appris à écrire et à reconnaître les chiffres, en recopiant le calendrier, jusqu’à ce qu’il soit raisonnablement lisible et mérite de trôner sur la cheminée. Il était très important, d’après mon père, de conserver nos repères temporels. À l’époque, je ne savais pas trop ce que ça signifiait, mais nos parents insistaient. Je voyais leurs traits se fermer lorsque nous rechignions à terminer la recopie. Nous avons rapidement compris que cette tâche leur tenait à cœur. Nous grattions donc, vaguement conscients de la lourde responsabilité qui pesait sur nos épaules. Ce soir-là, il pleuvait. J’entendais les gouttes glisser sur le toit d’ardoise, au-dessus de nous. Je lisais un très vieux livre. Les mots étaient minuscules. J’avais l’impression de creuser les paragraphes avec les yeux pour en saisir le sens. — Basile ? — Qu’est-ce qu’il y a ? — Tu sais ce que c’est, un sextant ? — Un quoi ? — Un sextant. — C’est un mot qui existe ? Basile avait un visage pointu, de grands iris verts et gourmands au-dessus d’un nez abrupt. Deux oreilles pâles implantées assez haut dépassaient de ses cheveux châtains et broussailleux. Il était très vif et enjoué. Il s’est débattu un instant pour se sortir de son épaisse couverture, puis s’est penché sur moi pour vérifier que je ne me payais pas sa tête. — Je n’ai aucune idée de ce que ça veut dire, admit-il. — Tu penses que mon père ou ma mère le saurait ? — Sûrement ! Sinon, je demanderai à mes parents. — Tu descends avec moi pour leur demander ? — Non merci. Il fait froid… Je suis mieux ici. — Il fera plus chaud dans la pièce principale. Ils ont allumé la cheminée depuis quelque temps. — Sans moi. Je reste dans mon terrier. Je lui ai tiré la langue, déçue par sa couardise, avant de m’engager dans le vieil escalier de bois qui menait auprès des plus grands. Mon père, ma mère, les parents de Basile ainsi que Paul et Marie, le couple de quadragénaires, étaient là. Ils se reposaient dans les larges canapés face au feu crépitant dans l’âtre. La pièce sentait bon le bois, l’humidité et la cendre. — Coucou, mon petit rat de bibliothèque ! a fait ma mère en me faisant signe d’approcher. Tu veux une tasse de tisane ? Papa, assis à côté d’elle, s’est empressé de faire couler dans sa propre tasse vide un liquide clair et fumant qui sentait la camomille. J’ai bondi sur les genoux de ma mère et me suis blotti contre elle. Je tenais mon roman dans la main, gardant mon index coincé à la bonne page pour ne pas la perdre. J’ai bu avidement la tisane. J’ai frissonné d’aise, et j’ai demandé, après un soupir satisfait : — Maman, tu sais ce que c’est, toi, un sextant ? — Je ne sais pas du tout ma puce. Où est-ce que tu as lu ça ? Je lui ai tendu le roman. Ses yeux ont glissé sur la ligne que je pointais du bout du doigt. Elle a haussé les épaules et m’a avoué son ignorance. Je m’apprêtais à ramper sur le canapé jusqu’à mon père qui n’avait pas entendu ma question quand quelqu’un a frappé à la porte. Paul, l’homme au crâne dégarni et aux traits pincés, s’est tourné vers mes parents. Il a laissé tomber avec une pointe d’appréhension : — On attendait de la visite, ce soir ? — Sûrement un de ces rats de voisins venu nous emprunter des bûches pour son feu, a ricané mon père en se levant. Personne n’était dupe. Aucun villageois ne se déplaçait par ce temps pour un simple service de ce genre, surtout quand on savait que les maisons voisines étaient chacune espacée de plusieurs centaines de mètres. Mon père s’est dirigé d’un pas hésitant vers la porte qui donnait sur le hall d’entrée. Anna, la mère de Basile, s’est emparée de son fusil qui reposait sur son support au-dessus de la voûte de la cheminée, méfiante. La porte s’est ouverte et un vent froid nous a mordu les mollets. — Sarah ? J’ai bondi. Ma tante nous rendait si peu souvent visite. Elle portait un imperméable noir et déchiré que le vent faisait claquer autour d’elle comme les ailes d’un corbeau. Elle a posé sur moi son regard brun et a esquissé un sourire. Elle a fait signe à mon père de la suivre à l’extérieur. La porte s’est refermée. Quelques secondes plus tard, ma mère les a rejoints, me demandant gentiment de remonter dans la chambre avec Basile. Intriguée, j’ai cherché dans les yeux de Paul, Marie, Anna ou Florian, son mari, une quelconque réponse. Quatre à quatre, j’ai remonté les escaliers et rejoint Basile. Il avait allumé une bougie pour continuer sa lecture. Je me suis assise en tailleur à côté de lui et lui ai fait part de mes inquiétudes. Il s’est montré tout aussi dérouté que moi. Il a posé son livre, a enfilé ses chaussons et a marché jusqu’à la fenêtre, tentant d’apercevoir quelque chose. — Il fait beaucoup trop noir maintenant… On n’y voit rien dehors. — Viens. On va essayer les autres pièces. Je l’ai entraîné jusque dans notre chambre, dont la fenêtre donnait sur une autre partie du jardin. Toujours rien. En désespoir de cause, nous nous sommes rendus aux toilettes et avons grimpé sur la cuvette pour atteindre la lucarne. J’ai trébuché sur le seau d’eau tirée du puits… — Je les vois ! s’est écrié Basile avant de baisser d’un ton. Ils sont à une quinzaine de mètres de l’entrée. La jambe trempée, je me suis hissée à ses côtés. Je les voyais aussi. Ou plutôt, je discernais vaguement les traits de mes parents et de ma tante, qui s’était équipée d’une lampe torche électrique. Il y avait d’autres personnes que je ne connaissais pas, engoncées dans des vêtements de pluie. Ils étaient accompagnés de trois chevaux. Les bêtes étaient sellées et transportaient des sacs de toile volumineux. Basile a déposé sur le sol mouillé sa bougie. — Combien tu en vois ? Qu’est-ce qu’ils font ? — Six personnes. Il y a mes parents… Je ne sais pas ce qu’ils font… On devrait peut-être aller voir… — Sois pas stupide, a dit Basile. Si les adultes en bas ne sortent pas, c’est que nous devons rester à l’abri. Si ça se trouve, c’est dangereux. — Regarde ! Regarde ! Vite ! J’ai appuyé sa tête contre la vitre. Sa respiration créait des petits ronds de buée. Il a hoqueté, plissant les yeux pour mieux discerner la scène. — Ils… C’est un homme ? — Pas sûr. Un des inconnus entravait les mouvements d’un autre individu à l’aide d’une corde, les mains liées et une cagoule sur la tête. Le prisonnier s’agitait, se tordait, se cabrait et se contorsionnait. Nous avons entrouvert la vitre. Derrière le rugissement du vent, nous avons perçu le râle malsain qui s’échappait de la gorge de l’homme encagoulé. Au rez-de-chaussée, je sentais que ça s’agitait. Des éclats de voix nous parvenaient depuis la pièce principale. Des discussions animées et des exclamations angoissées. Quelqu’un a donné un coup de pied derrière les genoux du prisonnier et il est tombé par terre dans un cri. Tatie Sarah s’est approchée. Elle a tendu à Maman un étrange masque blanc. Avec précaution, ma tante a ôté la capuche opaque du détenu avant de reculer vivement. J’ai crié et chancelé. J’avais reconnu ses traits secs et plongeants, ses cheveux bouclés rebellés sur son crâne large, son tatouage en vagues sur son front plissé… Mon oncle ! Le frère de Sarah et de mon père. Mon père a enfoui sa tête dans ses mains. Ses épaules secouées par un sanglot que nous devinions. Ma tante s’est approchée de lui et l’a obligé à la regarder. Ma mère a serré le masque blanc contre sa bouche et a couru vers la grange. Mon oncle gesticulait tel un dément. Sa tête brinque­balait sous la pluie. Ses lèvres étaient humides et son nez coulait. Ma mère est revenue. Elle tenait entre ses mains un objet avec lequel je m’étais déjà blessée plusieurs fois. J’avais failli perdre un doigt avec, en voulant couper une bûche trop grosse pour moi. Les adultes du rez-de-chaussée ont accouru, alertés par les cris. Je me suis jetée à plat ventre sur le carrelage des toilettes, tirant Basile avec moi. Il a hurlé, mais je l’ai serré fort. J’avais pressenti quelque chose de terrible et, instinctivement, je cherchais à l’éloigner du drame. Un bruit gris et pointu a déchiré la nuit. Les hurlements du prisonnier ont dérapé dans les aigus, puis se sont tus. Comme deux enfants confrontés pour la première fois à une réalité terrible, nous nous sommes mis à pleurer.

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