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Duchesse Léonord

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Deux heures après le début du bal s'est prières furent enfin exhaussées et les portes dorées s'ouvrirent projetant un silence sur toute la salle. L'orchestre lui même s'arrêta de jouer un instant avant de jouer quelque chose de légèrement plus silencieux ainsi que plus adapté pour une entrée imposante. Parce que oui la duchesse avait visiblement un penchant pour se faire remarquer.

Précédée de Louis la duchesse se fraya un chemin dans la foule en balayant du regard les invités et en les saluant de la tête. Son visage restait cependant de marbre ce qui était assez perturbant. Elle saluait les personnes sans une once de bonheur à l'idée de les voir. A vrai dire on aurait même dis qu'elle ne pouvait pas les voir. Son regard les transperçait comme s'ils n'étaient même pas présents et elle se contentait d'hocher la tête dans le vide forcée par l'étiquette.

Je ne pus m'empêcher de sourire. Je ne m'étais pas attendu à ce que la duchesse se croit forcée à respecter l'étiquette devant qui que ce soit. Elle était plus que malpolie devant nous autres mais visiblement les aristocrates méritaient sa politesse. Elle qui prétendait laisser partir des esclaves considérant qu'ils étaient pareils à des membres du personnels et pourtant elle ne nous traitait pas de la même manière que les riches. Sa morale avait visiblement des limites. Pitoyable.

Alors que je me disais cela le regard de la duchesse passa sur mes yeux comme si elle m'avait entendu. Elle ne s'arrêta pas sur moi. Elle m'avait balayé comme si j'avais été une poussière dans l'univers. Ne m'accordant même pas un signe de tête. Mon cœur loupa un battement d'indignation mais soudain son expression alors que je lui serrais la gorge me revint en mémoire. J'ignorais pourquoi j'y repensais maintenant alors que j'avais fais de mon mieux pour enfouir ce souvenir.

Alors que mes mains étaient serrées autour de son cou la duchesse n'avait exprimé aucune peur ou espoir que je la lâche. Elle était restée de marbre dénuée d'émotions tout comme maintenant. Elle avait regardé la mort de la même manière qu'elle nous regardait nous tous dans cette salle. Je me demandais ce qu'elle avait appris quand elle avait transpercé la mort du regard. Quelque chose me disait même que ce n'était pas la première fois que cela arrivait. Personne ne pouvait réagir ainsi la première fois.

Le fait qu'elle nous mette au même niveau que la mort avec son regard faisait naitre une émotion étrange dans mon ventre. J'ignorais si ce sentiment était positif ou négatif mais dans tous les cas il était étrange.

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Chapitre 1
Une soudaine pression entre mes omoplates me força à me mettre à genoux. Je me serais bien battu pour rester debout mais j'étais à bout de forces. Je m'effondrais dans un bruit sourd et concentrais mes derniers efforts pour garder la tête haute. Le peu de vêtements que je portais ne me protégeaient pas du froid ambiant. Je frissonnais de la tête aux pieds essayant d'oublier que j'étais torse nu. Mes dents se mirent à claquer alors je serrais la mâchoire. Les curieux s'arrêtèrent pour nous détailler comme si nous étions de simples chevaux. Certains essayèrent même de nous toucher. La colère monta en moi ce qui me permit de me réchauffer un tant soit peu. Mon bourreau nous désignait un par un et nous décrivait physiquement tout en soulignant à quel point nous étions serviables et indispensables. Les bourgeois se disputaient les esclaves qu'ils trouvaient les plus intéressants décidés à rentrer avec eux. Ceux qui gagnaient l'enchère se faisaient jalouser tandis qu'ils tiraient après eux sans aucune douceur leurs nouveaux jouets. Je ne connaissais pas les deux premiers hommes qui se firent acheter. Ils avaient tous les deux dépassé la cinquantaine et avaient l'air d'avoir encore assez d'énergie pour travailler. Le troisième esclave que l'on fit se lever était un jeune garçon de 16 ans avec qui j'avais eu l'occasion d'échanger quelques mots. Il s'appelait Jérémie et avait été vendu par sa mère pour être esclave. Il fallait comprendre la mère de Jérémie. Elle avait perdu son mari et avait cinq autres enfants à nourrir. Il fallait bien qu'elle gagne de l'argent. Contrairement aux deux premiers hommes qui avaient accepté leur destin et qui étaient restés de marbre durant l'enchère, le petit Jérémie pleurait le dos courbé. On pouvait lire la peur sur son visage. Il balayait la foule su regard espérant trouver du soutient mais je vis son cœur se briser quand il comprit qu'il était seul dans cette épreuve. C'était horrible de voir un petit garçon se transformer en homme en l'espace de quelques secondes... Une femme qui débordait de son corse violet devint l'heureuse propriétaire de Jérémie. Elle l'attrapa par l'oreille et le tira après elle en lui donnant déjà des indications. Le pauvre Jérémie grimaçait de douleur tandis que la foule riait de bon cœur. Je fermais les yeux un instant souhaitant à Jérémie de ne pas être trop mal traité. Vint le tour d'une jeune femme enceinte pour se faire vendre. Je l'avais aperçue dans le bateau mais je n'avais pas eu l'occasion de lui parler. Elle était sûrement pas loin d'accoucher et je le souvenais de ses gémissements de douleur qu'elle essayait d'étouffer. Elle avait beau être à son douzième mois de grossesse, on ne la ménageait pas. Elle s'était même faite gifler parce qu'elle faisait trop de bruit d'après un des membres de l'équipage. Je m'étais redressé autant que mes chaînes me l'avaient permis et j'avais ordonné qu'on la laisse tranquille ce qui m'avait permit de me faire frapper. J'avais continué à crier jusqu'à ce que je m'évanouisse de douleur. J'avais dormi le reste du trajet et j'avais été réveillé sans douceur une fois que nous fûmes arrivés au port. Évidemment mon bourreau ne prit même pas la peine de dire le prénom de la jeune femme quand il la força à se lever avec cette douceur qu'il réservait aux esclaves. Elle était tellement jeune et pourtant ses traits étaient dures comme si elle avait perdu sa pureté. Je voyais bien sur son visage qu'elle souffrait. Cette vision me redonna de l'énergie et je criais au marin: «Lâche la immédiatement!» Tous les regards ne tardèrent pas à se braquer sur moi. Le marin sourit de façon machiavélique avant de pousser la femme enceinte à terre. «Quelqu'un est impatient visiblement. Tu étais le numéro 9 mais je vais changer l'ordre pour toi.» Des mains puissantes me forcèrent à me lever et le marin se mit à faire l'éloge de ma force et de mon caractère rebelle avec un sourire à la fois irrité et amusé. Je n'allais pas rester à ne rien faire tandis qu'ils me vendaient. Je coupais de nouveau le marin qui cette fois me regarda avec beaucoup moins de patience. «Je suis plus humain que vous! Jamais vous ne me vendrez! Je suis un homme libre!» Un coup de fouet me coupa dans mon élan et je tombais lourdement sur le ventre. La foule rit de ma misère. Je ne pouvais pas abandonner maintenant. «Vous êtes des monstres!» Un deuxième coup de fouet me fit grimacer. «Je me vengerai!» Les coups de fouets se firent de plus en plus nombreux. Je hurlais aveuglé par la douleur. Je n'entendais plus rien autour de moi à part les battements douloureux de mon cœur. Soudain les coups s'arrêtèrent et je me recroquevillais sur moi même. J'ouvrais les yeux et vis la femme enceinte. Elle me sourit à travers ses larmes. Je voyais bien dans ses yeux qu'elle était désolée pour moi. Je lui rendis son sourire mais mes lèvres furent vite tordues d'une grimace lorsque les mains qui m'avaient fouetté me forcèrent à me redresser. Je sentais le sang couler le long de mon dos et le froid brûler mes plaies ouvertes. Des larmes brouillèrent ma vision mais je les refoulais. Je ne pouvais pas me montrer faible devant ces barbares. L'enchère continua et j'étais trop affaibli pour essayer de nouveau d'y mettre fin. Je me maudissais de l'intérieur tandis que les prix montaient. Visiblement les riches trouvaient que j'étais un de ces esclaves à ne pas laisser derrière. Peut être que j'aurais dû faire comme si j'étais malade. Une femme à la coiffe verte annonça un prix tellement élevé que personne n'osait proposer plus. La femme qui pendait au bras de son mari et qui visiblement allait m'acheter affichait un sourire glorieux. Au dernier instant une femme apparut dans la foule et surrenchérie de sa voix aiguë et imposante. Les spectateurs de l'enchère s'éloignèrent sur son passage et même la femme à la coiffe verte abandonna le combat. La nouvelle venue fendit la foule et s'arrêta à quelques centimètres de la scène. Elle portait une robe raffinée couleur sang qui comportait beaucoup moins de bijoux et de fantaisie que les robes des autres femmes présentes ce qui était assez étrange puisque cette femme venait de m'acheter pour un prix extrêmement élevé. «Et la duchesse remporte le rebelle!» Cette femme était donc duchesse. Quelque chose dans sa démarche et dans sa tenue aurait dû me le faire deviner. La duchesse me regarda dans les yeux et je me figeais. Quelque chose dans son regard me terrifiait et je me giflais intérieurement pour réagir comme cela. Ses yeux étaient perçants et j'avais l'impression qu'elle pouvait voir mon âme. Je me sentais encore plus nu. Une flamme de détermination brûlait dans les yeux bleus foncés de cette femme ce qui entrait en contradiction complète avec la pâleur de son visage. Ses traits étaient comme sculptés dans de la pierre et je frissonnais rien qu'en la regardant. Soudain la duchesse détourna son regard sans vie de moi et se concentra sur la jeune femme enceinte que j'avais tenté de sauver. Elle la détailla quelques instants avant de dire de sa voix calme et tranchante: «Je la prends aussi. -Elle est enceinte ce qui fait que nous la vendons pour le double d'un esclave ordinaire... -Je la prends.» Le marin qui se tenait au centre de la scène sourit satisfait. Un homme vêtu de noir apparut derrière la duchesse et donna l'or au marin. Ce dernier ouvrit la pochette en cuire et compta les pièces avant de soulever son chapeau avec un large sourire. «C'est un plaisir de faire affaire avec vous duchesse.» La duchesse gratifia le marin d'un signe de tête presque indéchiffrable avant de me tourner le dos et de s'éloigner de la foule vers une somptueuse calèche noire avec quelques ornements blancs. L'homme qui avait payé au nom de la duchesse prit la corde reliée à mes chaînes ainsi que celle de la femme enceinte avant de nous tirer sans ménagement pour qu'on se lève. J'avais beau trembler de douleur je n'étais pas décidé à rendre sa tâche si facile. J'attrapais donc l'autre bout de ma corde et me mit à la tirer de toutes les forces vers moi. L'homme en noir eut du mal à garder la corde dans ses mains mais ne lâcha pas. Il prit un meilleur appuie sur ses jambes et d'un coup sec me fit tomber à ses pieds. La foule se remit à rire tandis que je crachais de la poussière. La femme qui avait été achetée en même temps que moi s'agenouilla à mes côtés et posa doucement ses mains sur mon dos tentant d'éviter mes plaies. Soudain je vis apparaître le bas d'une robe rouge devant mes yeux. Je levais la tête pour voir la duchesse me surplomber de toute sa hauteur. Son visage n'exprimait aucune émotion ce qui était fortement troublant. Elle me détaillait de ses grands yeux bleus comme si j'étais une simple mouche. Les mains de la femme se crispèrent sur mon dos tandis que la duchesse se baissait très légèrement pour me parler. «Lève toi.» La foule s'était tut dès que la duchesse avait ouvert la bouche. C'était comme si tout le monde se mettait en pause lorsqu'elle ouvrait la bouche. Sauf que j'étais décidé à ne pas faire partie de ceux qui se taisent devant ce visage de glace. Je restais donc allongé de tout mon long à fixer la duchesse droit dans les yeux. Je crus voir ses sourcils se froncer l'espace d'un instant mais ce fut tellement bref que je l'avais sûrement rêvé. La duchesse se redressa et posa ses mains sur ses hanches comme le ferait une mère qui sermonne son enfant. Sauf qu'elle n'était pas ma mère. «Je ne me répèterai pas.» Je hochais la tête en essayant d'être le plus hautain possible. «Tant mieux.» La foule retenait son souffle attendant la réaction de la duchesse. Je devais avouer que ma respiration aussi se bloqua quelques instants. Je vis passer l'ombre d'un sourire sur les lèvres de la duchesse qui retira ses mains de ses hanches et dit d'une voix qui donnait froid dans le dos: «Après avoir passé quelques jours dans mon château tu ne seras plus si bavard.» Elle me tourna le dos et me laissa là. Je la regardais monter dans sa calèche les sourcils froncés ne m'attendant pas à tant de calme. Décidément je ne pouvais pas la faire sortie de ses gonds et cela m'énerva plus que si elle m'avait frappé. Moi qui avait demandé de la violence je fus servi. Une fois sa maîtresse disparue dans la calèche, l'homme vêtu de noir tira sur mes menottes me forçant à me mettre debout si je ne voulais pas me r***r sur le sol. La femme enceinte m'aida autant qu'elle le pouvait et nous grimaçions ensemble de douleur. L'homme en noir nous tira vers la calèche et je fus surpris qu'on me fasse monter dedans et que je n'avais pas à marcher après cette dernière. On m'assit en face de la duchesse à droite de la femme enceinte. J'ignorais si j'admirais la duchesse pour son courage de se faire enfermer avec deux esclaves sans garde pour la route ou si je la trouvais pitoyable. La calèche se mit en route et j'entendis l'enchère reprendre qu'une fois que nous fûmes à bonne distance. Je m'attendais à ce que la duchesse regarde droit devant elle sans un mot durant tout le trajet et qu'elle m'ignore si jamais j'essaye de lui parler mais elle n'en fit rien. Je sursautais presque en entendant sa voix légèrement moins sévère qu'il y a quelques instants retentir dans la calèche. «Je n'ai jamais aimé les marchés.» La femme enceinte me regarda en tremblant ne sachant que faire de cette information. Je lui rendais son regard. La duchesse suivit mon regard et demanda à la femme enceinte: «Comment tu t'appelle?» La jeune femme me regarda de nouveau intimidée avant de répondre la tête baissée: «Audrey Dardel. Je me nomme Audrey Dardel, madame... -Appelle moi Léonord, Audrey.» Audrey se détendit légèrement tandis que la duchesse tourna son regard de glace vers moi. «Et toi?» Je ne répondais rien. Pourquoi cette femme voulait-elle savoir mon prénom? Je n'étais que son esclave après tout. Voyant que je ne répondais pas la duchesse continua à me fixer en silence. Je détournais le regard vers la fenêtre décidé à ne pas rentrer dans ce petit jeu. Je regardais donc le paysage défiler tandis que je sentais le regard brûlant de la duchesse sur mon visage. Je faisais tout mon possible pour ne pas me tourner vers les picotements désagréables. Je crus que j'allais craquer quand la duchesse tourna la tête vers Audrey vaincue. Mes lèvres s'étirèrent en un sourire en coin mais je l'effaçais vite. «Vous êtes enceinte de combien de mois?» Audrey se figea et je posais ma main sur la sienne pour qu'elle se sente épaulée. Je n'allais laisser personne faire du mal à elle ou à son bébé. «Je suis enceinte de 35 semaines, madame.» Audrey se tut en voyant le regard désapprobateur de la duchesse. Elle se rattrapa: «Enfin, Léonord.» Ce prénom sonnait très étrange dans la bouche d'une esclave mais la duchesse eut un microscopique sourire satisfait. Je levais les yeux au ciel ce qui n'échappa pas à la duchesse qui se tourna de nouveau vers moi. «Puis-je savoir ce qui vous fait lever les yeux?» Je fronçais les sourcils de plus belle. «Vous?» Décidément cette duchesse était de plus en plus étrange. Quelle bourgeoise vouvoyait son esclaves? «Si votre but est de vous faire passer pour notre amie pour assouvir votre ennui ou pour nous construire pour ensuite mieux nous détruire alors c'est perdu d'avance. Vous n'êtes pas notre amie. Vous nous avez achetés. Vous vous considérez comme notre maîtresse. Vous pensez que nous sommes vos jouets mais non. Non! Nous sommes des personnes vivantes tout comme vous. Nous sommes égaux et personne ne peut acheter notre humanité!» La duchesse écoutait avec un calme inquiétant ma tirade que j'avais prononcé avec autant de dédain dont j'étais capable. Un silence pesant s'installa quand j'eus prononcé mes derniers mots. La duchesse me regardait droit dans les yeux et c'était fortement intriguant de ne pas savoir comment elle allait réagir. Plus le silence s'étendait, plus les muscles d'Audrey se crispaient. La duchesse finit par mettre fin à notre attente et je devais avouer qu'elle avait le don de me surprendre. «Alors pourquoi me vouvoyez vous si vous dites que je n'ai aucun droit de vous posséder?» Je me tus suite à sa question pris de court. Les yeux de la duchesse s'agrandirent légèrement curieuse de ma réponse. Je me repris vite décidé à ne pas lui laisser le dernier mot. «Vous aussi vous me vouvoyez. Pourquoi?» Elle n'avait pas l'air d'être du genre à être gênée par l'ennui. La duchesse marqua un léger silence avant de me répondre. J'avais l'impression qu'elle pesait tous ses mots avant de les prononcer. «Je vouvoies toujours les étrangers tant que je ne connais pas leurs prénoms. Par respect.» Je haussais les sourcils indigné et surpris. «Respect vous dites? Vous me vouvoyez par respect? C'est respectueux de tenir des esclaves? -Vous devriez me remercier.» Je ris jaune. Comment cette jeune femme pourri gâtée pouvait-elle dire que j'avais de la chance? J'avais de la chance d'être un esclave? J'avais de la chance d'avoir des plaies à cause des nombreux coups de fouets? J'avais de la chance d'être vendu comme si j'étais un vulgaire bout de viande? J'avais de la chance de ne pas être considéré comme étant humain? La rage s'empara de moi et sans réfléchir je crachais au visage de la duchesse. Pour une fois son visage parfaitement lisse se crispa et elle essuya sa joue avec dégoût. La flamme que j'avais vu dans ses yeux doubla de volume et si je n'avais pas été tant en colère j'aurais eu peur pour ma vie. Quand la duchesse leva ses yeux couleur océan vers moi mon cœur se serra. Je pouvais lire dans son regard des émotions. La colère, la déception et l'incompréhension. Mais je n'avais que faire des émotions d'une bourgeoise. Je souris de façon machiavélique satisfait de la réaction que j'avais réussi à avoir chez elle. Dès qu'elle vit mon sourire, le visage de la duchesse redevint dure et indéchiffrable comme la pierre. Elle toqua deux fois sur le mur de la calèche et cette dernière s'immobilisa immédiatement. Audrey qui n'avait pas lâché la main depuis me la serra apeurée. Quant à moi je voyais plutôt cela comme une chance pour m'échapper. Nous nous étions arrêtés en plein milieu d'une forêt. Si la duchesse me faisait descendre pour me battre et que j'arrivais à la prendre de court et à avoir ne serait-ce que quelques mètres d'avance alors j'allais pouvoir me cacher. Mais qu'en était-il d'Audrey? Je ne pouvais pas la laisser seule avec la duchesse... La duchesse attendit que l'homme en noir vienne ouvrir la porte ayant retrouvé son air impassible. «Pourquoi avez-vous toquer Léonord? demanda l'homme en noir. -J'ai mal aux pieds je vais marcher.» Sans attendre la réponse de qui que ce soit, la duchesse se leva et disparut de mon champ de vision. Cela se fit à la fois avec rapidité et grâce. L'homme en noir nous regarda Audrey et moi tour à tour intrigué avant de refermer la porte et de remettre la calèche en marche. Je me tournais à mon tour vers Audrey qui tremblait légèrement ne croyant pas ce qu'il venait de se passer. Je devais avouer que moi même j'avais été pris de court. Après un long silence Audrey me dit de sa petite voix: «Tu pense qu'elle va nous punir?» Elle leva vers moi ses yeux verts brillants et agrandis par la peur. «Je pensais qu'elle me punirait...» Après un autre silence Audrey me dit: «Merci...» Cette fois ci elle ne me regardait plus. Elle avait concentré son regard sur une de ses mèches blondes avec laquelle elle jouait gênée. Elle me remerciait pour avoir essayé de la sauver lors de l'enchère mais aussi parce qu'elle n'avait pas à surmonter cette épreuve seule. Je sentais que même si elle était désolée pour moi, elle était contente que je sois vendu à la même personne qu'elle. Après tout c'était toujours plus facile de partager ses peurs et ses souffrances. Moi même j'étais content de l'avoir à mes côtés. Au moins j'avais quelqu'un à protéger et cela me permettait d'avoir un but, d'avoir de la compagnie. Il n'y avait pas de mots assez justes pour décrire notre situation alors je ne dis rien. Je souris simplement à Audrey qui se réfugia dans mes bras laissant couler quelques dernières larmes. Je plaçais mon bras autour de ses épaules ce qui me fit grimacer et je me mis à lui caresser doucement le dos comme pour lui promettre que j'allais la protéger. Quelques minutes après la calèche ralentit avant de s'immobiliser pour de bon. Je regardais pas la fenêtre et restais bouche bée. Nous nous étions arrêtés devant le plus beau château que je n'avais jamais vu. Faite de pierre couleur miel, elle était à la fois simple et raffinée. Il n'y avait pas de surcharge de décoration et tout était symétrique. Le château au plan carrée semblait solide comme un bunker et comportait quatre étages possédant toutes de grandes fenêtres aux rideaux couleur sang. L'homme en noir nous ouvrit et nous fit signe de descendre. Audrey me lança un regard apeuré alors je descendais en premier et l'aidais à faire de même. Elle essaya de rester droite mais elle grimaça avant de se voûter en tenant son ventre rond. Je voulais la soutenir mais elle me fit signe qu'elle allait bien. C'est alors que je vis que la duchesse nous avait devancés. Elle se tenait sur les marches menant à l'entrée de sa demeure avec une posture parfaitement droite et un regard d'acier. Quand nos regards se croisèrent elle souleva les pans de sa robe et s'avança vers nous d'un pas lent et déterminé. Elle s'arrêta à une distance raisonnable et croisa les mains en dessous de sa taille. «Vous devez avoir faim. Louis vous accompagnera à vos chambres pour que vous puissiez vous laver et vous changer puis j'enverrai quelqu'un pour vous montrer la cuisine.» N'attendant encore une fois aucune réponse, la duchesse nous tourna le dos et souleva de nouveau sa robe pour monter les escaliers avant de se faire engloutir par la demeure. L'homme en noir qui se nommait donc Louis nous fit signe de le suivre et nous montâmes à notre tour les escaliers de pierre. L'intérieur du château était tout aussi simple et raffiné que l'extérieur. Le sol était de marbre blanc ainsi que l'immense escalier qui trônait au fond de l'entrée. Un lustre de cristal se charger d'illuminer la pièce bien que les nombreuses fenêtres laissaient filtrer assez de lumière pour se passer du lustre. Je ne voyais aucune peinture sur les murs ou de sculptures et les seules décorations étaient des vases remplies de fleures de toutes les couleurs fraîchement cueillis. Louis ne nous parlait pas et marchait tellement vite qu'Audrey avait du mal à le suivre. Je la pris donc par le bras pour l'aider en priant pour que nos chambres ne soient pas trop loin. Ma prière fut ignorée. Nous tournâmes tant de fois que j'en oubliais d'où nous venions. Nous passâmes devant des centaines de portes sans nous arrêter et croisâmes quelques membres du personnel. Certains s'arrêtèrent quelques instants pour nous regarder intrigués mais la plupart étaient trop occupés pour nous remarquer. Nous finîmes par nous retrouver dans un couloir aux murs peints dans une couleur plus sombre que les autres que j'avais vu jusque là. Au fond de ce couloir partait un autre couloir identique vers la gauche ainsi qu'un vers la droite. Louis s'arrêta enfin et se tourna vers Audrey et moi. «Les dortoirs du personnel féminin sont à votre droite tandis que ceux du personnel masculin sont à gauche.» Louis désigna d'un signe de tête le couloir à sa droite avant de me regarder. «Votre chambre est la troisième à partir de la fin.» Je hochais la tête. Louis désigna ensuite l'autre couloir avant de regarder Audrey. «La votre est la dernière.» Audrey me regarda paniquée à l'idée d'être séparée de moi mais je lui pressais la main comme pour lui dire que l'on se revoyait à la cuisine. Louis resta là pour s'assurer que nous entrions bien dans nos chambres. Je trouvais la mienne sans soucis et inspirais un coup avant de tourner la poignet. C'était une chambre assez spacieuse avec un lit simple, un placard et une table en bois avec la chaise qui allait avec. Tout était parfaitement propre et dans une couleur entre le verts et le bleu. Je fus même surpris de voir que j'avais ma propre salle de bain. Je n'attendais pas et prenais une douche. L'eau brûlante me faisait grimacer de douleur à chaque fois qu'elle touchait une plaie mais cela me faisait trop de bien pour que j'éteigne l'eau. Je finis par m'immobiliser sous le jet d'eau la tête baissée et les yeux fermés laissant libre court à mes pensées. Je me repassais les événements de la dernière semaine dans la tête en m'attardant particulièrement sur le marché. Plus particulièrement sur cette mystérieuse duchesse qui était apparue de nul part pour nous acheter Audrey et moi. Je n'arrivais pas à comprendre ce qu'elle avait derrière la tête. Elle ne nous avait pas encore donné de travail, elle ne m'avait pas puni, elle avait même été celle qui était sortie de la calèche et pas nous. Elle m'avait donné une chambre confortable avec un vrai lit et ne me faisait pas dormir sur le sol. Je me demandais ce qu'elle réservait d'autre comme surprise... Je devais rester sur mes gardes. Les personnes qui tournent plusieurs fois leurs langues dans leurs bouches avant de parler ont toujours été celles que je trouvais les plus dangereuses.

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