Chapitre huitième

3041 Words
Andréa pressa le pas pour rejoindre Raphaëllo dans le parking de l'immeuble. Pas que l'idée de se retrouver dans le même habitacle que lui la plaisait, loin de là mais il ne lui avait même pas donné le temps de répliquer. Tout à l'heure, Emma avait essayée de lui faire comprendre qu'il aimait bien sa compagnie raison pour laquelle il tenait à la conduire au dîner ce qui semblait vrai. Mais le mannequin ne voulait pas se bercer d'illusions. Ce Raphaëllo Pérez avec sa beauté à couper le souffle ressemblait trop à ses hommes là qui accumulaient les maîtresses d'un soir et qui savaient jouer avec les émotions des femmes. À peine a t-elle mis pied dans le parking privé que son regard fut attiré par un homme à la carrure imposante habillé d'un impeccable costume noir. Il était adossé à une voiture luxueuse tout aussi noire, les mains croisées sur sa poitrine et ses cheveux blancs attachés en queue de cheval basse contrastaient admirablement avec le tout. - Où est Garry? s'enquit-elle. - Il nous a faussé compagnie à la dernière minute prétextant avoir une affaire urgente à régler. Sans blague ! - Ok d'accord, répondit simplement la jeune femme alors que son corps frissonnait à l'idée de se retrouver maintenant toute seule avec cet homme mystérieux pour les prochaines heures. Il montèrent tout les deux dans la voiture et Raphaëllo démarra, un sourire machiavélique flottant sur les lèvres. En vrai, Garry n'avait eu aucun imprévu au contraire, il avait juste joué la carte de la vérité pour que le chef de Perfect's Design soit écarté du dîner et ça avait marché. Il ne pensait pas vraiment que Garry serait enthousiaste à l'idée qu'il fleurte avec son mannequin mais celui-ci lui avait fait comprendre que c'était la vie privée d'Andréa et que c'était à elle de décider. - On va où ? La voix de la jeune femme le sortit de ses pensées et il ne put cette fois se retenir de la regarder. - Quoi, j'ai un truc sur la face? demanda t-elle le regard toujours rivé devant elle. - Vous posez trop de questions Mlle Grants et pour répondre à la première, Garry m'a indiqué un lieu qui selon lui serait parfait pour nous. Pour nous ! - Je vois, fit-elle simplement. Il lui adressa un dernier regard avant de se concentrer sur la route. Mais au même moment, son téléphone sonna. Il décrocha et activa le haut-parleur. - Raphaëllo Pérez, dit-il de sa voix autoritaire. Ce n'est qu'à ce moment là qu'Andréa se rendit compte qu'il essayait de changer le ton de sa voix à chaque fois qu'il lui adressait la parole. Il devenait plus doux comme si il craignait de lui crier dessus. - Bonsoir monsieur Perez, votre séjour aux États-Unis se passe bien j'espère ? fit une voix féminine à l'autre bout du fil. - Je vais bien merci Marina et vous aussi j'espère ? répondit le créateur de mode. - Ça va bien merci. Au fait, hier avec Mr de Vinci, le contrat a été signé. Il demande maintenant à savoir quand est ce que la première cargaison arrive. Les lèvres du jeune homme s'étirèrent en un sourire satisfait. - Veuillez m'envoyer les modalités du contrat. Vérifiez si tout est prêt au niveau de la cargaison 245, vous chargerez à mon signal. - Bien monsieur. Vous aimeriez autre chose ? s'enquit la dénommée Marina. - Ce sera tout, merci. - Très bien, au-revoir Monsieur Perez et passez une excellente soirée. - Merci et à vous pareillement. - Je vous en prie. Il raccrocha et accorda toute son attention au volant. À cette heure-ci de la nuit, New-York était plus animée que jamais et ils se retrouvaient souvent bloqué dans des embouteillages. - J'espère que vous n'avez pas trop faim parce que sinon votre estomac risque de souffrir un peu, fit-il en transperçant le pare-brise de son regard glacé. Andréa se retourna pour la première fois depuis qu'ils étaient dans la Bugatti pour le regarder. Ses cheveux blancs toujours aussi soigneusement attachés en queue de cheval basse reposaient sur son costume noir. Pourquoi des cheveux blancs ? Il est né comme ça ou c'est juste une teinte qu'il aime? Cependant il y avait la lumière des phares des autres voitures qui jouaient sur son profil lui donnant un air si mystérieux et captivant. Tellement concentré sur l'embouteillage, il ne remarqua pas que la jeune femme bavait pratiquement sur lui. - Je crois pas avoir le choix, finit-elle par répondre en se ressaisissant. La circulation se fluidifia et il s'empressa de continuer son chemin. Quelques minutes plus tard, ils se garerèrent devant un restaurant qu'Andréa ne semblait pas connaître. À voir de loin, on aurait cru qu'il s'agissait d'une propriété en raison de la haute clôture de fleurs qui l'entourait si il n'était pas écrit en lettre lumineuses sur ladite clôture « Eatery's Flowers». Raphaëllo s'engagea à l'intérieur du domaine et le mannequin fut émerveillée face à la construction uniquement faite de baies vitrées qui trônait au milieu d'un immense parterre de fleurs de tout genre bien entretenu. On pouvait voir les gens manger tranquillement à l'intérieur qui était illuminé contrairement au dehors où filtrait uniquement le clair de lune. Ils sortirent tous deux de la voiture et Andréa s'arrêta pour contempler les fleurs. Oh des hibiscus, j'adore les hibiscus. - Je dois avouer que Garry a fait un excellent choix, commença le créateur de mode. - En effet, c'est vraiment magique par ici, rêva Andréa. Raphaëllo sourit et s'approcha de la jeune femme pour passer une main sur sa taille fine. - On y va vous voulez bien ? Sous l'emprise du jeune homme, Andréa ne put piper mot et se contenta seulement d'avancer en direction de l'immense baie vitrée. La main de Raphaëllo sur sa taille lui envoyait des décharges électriques partout dans le corps et elle en frissonnait malgré elle de plaisir. Une seconde ! Comment se faisait-il qu'il n'a jamais été vu avec une femme mais que là, elle se rendait avec lui au restaurant ? Celà voudrait-il signifier qu'il savait bien cacher son jeu? Cette question lui brûlait les lèvres. Après tout, elle devra tôt ou tard chercher réponse à ça puisqu'elle prépare un article sur lui. Alors pourquoi ne pas commencer en même temps ? Un homme placé à l'entrée du restaurant leur ouvrit la porte et s'écarta en leur souhaitant la bienvenue et bon appétit. Andréa lui sourit et pénétra à l'intérieur suivit de près par son compagnon. Presque tout le monde se retourna à leur passage et certaines femmes ne purent cacher leurs rougissement lorsque leurs regards se posèrent sur Raphaëllo qui ne leur portait même pas attention. Décidément, tout est fait de verre ici, remarqua Andréa tout bas pendant que Raphaëllo allait leur trouver une table. - Tu crois que le propriétaire du restaurant aussi est en verre ? demanda sa conscience. - Mais non, qu'est ce que tu racontes ? - Je ne faisait que poser une question ! - Mais ta question est ridicule voilà. Maintenant va te coucher, tu ne m'aides en rien ici à part dire de n'importe quoi. Sa conscience pris une mine de chien battu et alla se coucher comme demandé. - C'est bon, venez, dit Raphaëllo en la précédant vers une jolie table de verre près d'une des baies vitrées. Ils prirent tout deux place l'un en face de l'autre et un serveur vint illico presto à leur rencontre. - Bienvenus à Eatery's Flowers. Voici le menu du soir, dit-il en leur tendant des dépliants dont ils s'emparèrent chacun. Ils passèrent leur commandes et le serveur s'éclipsa après avoir noté. - Je ne savais pas que Garry connaissait des endroits pareils. Je me demande bien comment est ce qu'il a pu dénicher ce coin. - Il m'a appris qu'il y venait souvent avec sa femme, informa l'homme aux cheveux blancs. - Ah oui, Claire... - Et au ton qu'il a employé, j'ai l'impression que ce n'est plus tout à fait romantique entre eux. Andréa s'adossa dans son siège et soupira. Garry et Claire formaient un couple adorable mais depuis qu'ils se sont mariés, les choses ont changés. Ils passent leurs temps à s'engueuler pour un rien. Ils ne peuvent presque plus rester dans la même pièce deux secondes sans s'envoyer des piques. Un vrai désastre ! - C'est à croire que le mariage peut changer les gens, souffla t-elle. L'italien pencha la tête sur le côté pour mieux la regarder. - Cela est-il votre avis ? s'enquit-il - Non non, c'est juste au vu de la relation Garry-Claire que je m'exprime. - Alors dîtes-moi qu'elle est votre conception du mariage ! Sa conception du mariage ? En avait-elle vraiment une? Elle fut sauvée par le retour du serveur avec leurs commandes. Il les disposa soigneusement devant eux et elle fut happée par l'odeur du poisson qu'elle avait commandée. - Alors vous n'avez toujours pas répondue à ma question Mlle Grants, fit Raphaëllo une fois le serveur partit. - Eh bien moi je pense que le mariage est l'union de deux personnes qui s'aiment vraiment. C'est un engagement en fait. Un engagement qui peut durer toute une vie si on choisit la bonne personne. Les lèvres du jeune homme s'etirèrent en un large sourire. - Et selon vous, comment choisis-ton la bonne personne ? Il déboucha la bouteille de vin sur leur table et remplit leurs deux verres. Andréa le remercia. - Eh bien pour tout vous dire, je n'ai moi-même pas réponse à cette question. L'italien hocha la tête et leva son verre de vin. Le mannequin s'empressa de faire de même et ils trinquèrent alors. Il le porta à ses lèvres sans la quitter du regard. Lorsqu'elle reposa sa coupe sur la table, Raphaëllo se retint difficilement de se lever pour aller lui arracher un b****r tumultueux. Ces lèvres roses pulpeuses étaient humidifiées à cause du vin et lorsqu'elle les mordit inconsciemment, le créateur de mode bougea sur sa chaise. - Vous allez bien ? s'enquit-elle Comment peut-elle lui poser cette question alors qu'elle était en train de l'allumer sans faire semblant. - Oui, cessez tout juste de vous mordre la lèvre, ça me donne envie de la mordre aussi, répondit-il d'une voix rauque. Jusqu'au sang! completa la conscience du jeune homme La ferme ! Andréa eut un hoquet de surprise quant aux paroles de son compagnon. Mais sa conscience revint à la charge en jubilant parce qu'il était sûr maintenant qu'elle aussi lui faisait de l'effet. C'est réciproque quoi. - Oh, dit-elle simplement en rougissant. Elle priait intérieurement pour que la terre s'ouvre et l'engloutisse parce que niveau honte, elle était à 70%. - Soyez pas timide Mlle Grants, vous avez plus de cran que ça. Ces paroles la transpercèrent et elle eut envie de lui hurler que c'est lui la base de ce semblant de timidité mais elle est une grande personne maintenant, elle a quittée l'étape de l'adolescence depuis pour faire une telle chose alors elle inspira, reposa ses couverts et planta son regard dans le sien. - Vous m'intimidez! - Je m'en doutais, figurez-vous. Il prit le temps de finir son repas puis s'essuya la bouche avant de prendre une gorgée de vin. La jeune femme aussi avait déjà terminée son repas et s'attelait juste à vider sa coupe de vin. Ils restèrent un moment silencieux avant qu'une sonnerie ne les pertubent. Nullement pertubé, Raphaëllo sortit son iPhone de la poche de son pantalon et regarda à qui il avait affaire et au vu de son froncement de sourcil il appréciait pas cette personne. - Veuillez bien m'excuser le temps que je prenne cet appel, s'excusa t-il durement avant de se lever. Il se dirigea vers la sortie et s'éclipsa dehors. Andréa soupira et se servit encore du vin. Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua même pas la jeune femme qui avait pris place devant elle à la place de Raphaëllo. - Êtes-vous sa petite amie ? demanda t-elle sans préambule. Andréa sursauta et prit conscience d'une présence autre que le créateur de mode en face d'elle. Elle détailla son interlocutrice ouvertement. Moins grande que le mannequin, des cheveux roux en carré parfait, elle était vêtue d'un tailleur femme sur mesure impeccable de couleur bleu ciel et des Louboutin assortis moulaient ses pieds. Non mais c'est qui celle-là? - Et je peux savoir qui vous êtes ? Jetta Andréa en haussant un sourcil interrogateur. - C'est sans importance. Je vous ai vue entrer ici tout les deux et la façon dont votre dîner s'est déroulé, je pense qu'il y a bien plus que de l'amitié entre vous, répondit la rousse posément. Andréa émit un rire jaune. Vraiment ! Eh bien bravo la détective, vous avez assurée. - Je suis vraiment navrée pour vous mais entre Monsieur Perez et moi, ce n'est que professionnel. Il est créateur de mode et moi mannequin. Je ne sais pas d'où vous sortez vos bêtises mais j'en suis vraiment surprise. La rousse s'empara du verre de vin de Raphaëllo qui était à moitié vide et en but une gorgée. Elle a du culot en plus ! - Vous êtes bien Andréa Grants n'est ce pas ? - Oui et alors ? répondit une voix masculine derrière Andréa. Celle-ci n'eut pas besoin de se retourner pour voir qu'il avait déjà fini son appel. - Phaël, souffla la femme rousse en posant son regard vert sur lui. - Almara, je pensais pas te revoir de si tôt, grogna Raphaëllo - Moi non plus mais la coïncidence existe, sourit-elle Il consulta sa montre et déclara. - Il se fait tard, il faut que je ramène Mlle Grants chez elle. Almara se leva lentement en y mettant toute sa prestance et s'approcha de l'italien. Elle lui murmura quelque chose et tourna les talons. - On s'en va! Vous voudrez bien avancer vers la voiture en attendant que je règle l'addition ? - Bien sûr, acquiesça Andréa en prenant son sac à main pour le devancer. À peine est-elle arrivée à la Bugatti qu'il vint la rejoindre... Le chemin jusqu'à l'immeuble de la jeune femme se fit rapide mais surtout silencieux à croire que l'intervention d'Almara avait jetté un froid sur leur contact. Il stoppa la voiture et éteint le moteur. - Euh, je... Merci beaucoup pour cette soirée. Il ne répondit pas et se contenta seulement de la fixer. - J'ai un frère, lâcha t-il brusquement. - Je ne parle jamais de moi mais avec Almara, je vous dois au moins ça. Néanmoins je n'entrerai pas dans les détails et je veux que vous me promettez que tout ce que je vous dirai ici et maintenant, vous le garderez pour vous quoi qu'il en soit, continua t-il - Je vous le promets, Jura le mannequin sans hésiter. Confiant, l'italien se retourna sur son siège pour bien faire face à sa compagne. - Almara fut la petite amie de mon frère mais tout est parti en vrille lorsqu'elle lui a avoué avoir des sentiments pour moi. Personnellement, je ne m'en suis jamais douté et Almara avait toujours été une bonne amie pour moi. Bref, elle continue encore de courir après moi mais c'est peine perdue. - Oh je vois. Ainsi donc il a un frère. Mais pourquoi est-ce que même ça personne ne sait? - Elle pensait que j'étais votre petite amie. Raphaëllo éclata d'un rire franc. Le rire de Raphaëllo Pérez. C'était pour la première fois qu'Andréa l'entendait rire et elle adorait ça bizarrement. Même son rire reflétait sa personnalité. - Vous devriez rire souvent vous savez ? Ça vous déride, fit-elle sérieusement. Raphaëllo s'arrêta immédiatement de rire et toucha sa joue. - Sérieusement ? J'ai des rides? s'exclama t-il. La jeune femme ne put retenir son rire face à la mine affolée de l'italien et éclata à son tour. - Vous vous moquez de moi simplement, ronchonna t-il. - Vous aurez dû voir votre mine, on aurait cru que vous aviez peur de vieillir. Si seulement elle savait. - Avoir des rides à 26 ans, c'est grave! Andréa pouffa encore une fois et Raphaëllo ne put se retenir cette fois ci et plongea sur les lèvres de la jeune femme. Elle poussa un hoquet de surprise et se figea un moment avant d'entre-ouvrir ses lèvres. Leur langue s'emmêlèrent alors dans une danse érotique et sensationnelle. Le corps d'Andréa fut parcouru de nombreux frissons agréables qui s'accentuèrent lorsque l'italien l'attira à lui par la hanche pour approfondir leur échange. Elle passa ses bras autour du cou du jeune homme et ne put s'empêcher de gémir lorsqu'il lui mordilla la lèvre inférieure. Raphaëllo quant à lui luttait pour ne pas flancher. Le désir montait en lui à vitesse fulgurante et l'odeur de la jeune femme ne faisait qu'empirer les choses. Il émit un grognement rauque et enfouis son nez dans le cou d'Andréa pour le parsemer de baisers langoureux. Ils finirent par se séparer à bout de souffle et Raphaëllo planta son regard glacé dans les prunelles gris-bleu de sa compagne. Cette dernière reprenait son souffle et ne s'était pas encore totalement remise de leur b****r tant ses lèvres étaient gonflés. Ce détail attisa encore plus le désir de l'italien pour le mannequin mais il y mit tout son self-control pour ne pas flancher comme tout à l'heure. - Je ne dirai pas que je m'excuse mais c'était plus fort que moi. Elle sourit et il colla son front au sien. - Je vais vous laisser rentrer chez vous et vous reposer, lui murmura t-il Incapable de prononcer le moindre mot, elle sortit de la voiture et prit la direction de son appartement mais il l'interrompit. - Une dernière chose Mlle Grants. Je n'aimerais pas que vous vous berciez d'illusions. Nous nous sommes embrassés certes mais c'était juste un manque de contrôle de ma part. Nos liens restent purement et simplement professionnels. Elle hocha la tête et s'enfuit sans demander son reste. L'italien la regarda s'en aller le cœur serré. Il éprouvait quelque chose d'inconnu pour elle qui le poussait à la protéger. Et comment pouvait-il la protéger s'il était lui-même le danger? Si jamais il se laissait aller, le jour où elle découvrira ce qu'il s'évertue tant à cacher, elle le fuira et il ne pourra le supporter. Pour elle, il sera un monstre. Il fallait qu'il fasse tout pour la tenir éloigné de lui quitte à aller à l'encontre de ses sentiments pour Andréa... Le plus long chapitre pour le moment ✨. Bonne lecture❤️.
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