Chapter 2

656 คำ
CHAPITRE IIDe la nativité du très redouté PantagruelGargantua à l’âge de quatre cent quatre-vingt quarante et quatre ans eut son fils Pantagruel de sa femme Badebec, fille du roi des Amaurotes en Utopie qui mourut en lui donnant le jour, car il était si merveilleusement grand qu’il ne put naître sans suffoquer sa mère. Mais pour comprendre parfaitement la cause et la raison de son nom, qui lui fut donné en baptême, vous noterez qu’en cette année il fit une sécheresse tellement grande dans tout le pays d’Afrique, que les habitants passèrent trente-six mois trois semaines quatre jours seize heures et quelque peu davantage, sans pluie, avec une chaleur de soleil si véhémente que toute la terre en était aride. Elle ne fut, au temps d’Hélie, plus échauffée qu’alors. Car il n’y avait arbre sur terre qui eût feuille ou fleur : les herbes étaient sans verdure, les rivières taries, les fontaines à sec, les pauvres poissons délaissés de leur élément, voguant et criant par la terre horriblement, les oiseaux tombant de l’air faute de rosée : l’on trouvait par les champs les loups, les renards, cerfs, sangliers, daims, lièvres, lapins, belettes, fouines, blaireaux et autres bêtes, mortes la gueule béante. À l’égard des hommes, c’était une grande pitié : vous les eussiez vus tirant la langue comme lévriers ayant couru six heures, plusieurs se jetaient dans les puits. Toute la contrée était à l’ancre ; c’était pitoyable de voir le travail des humains, pour se garantir de cette horrifique altération. Car il y avait prou à faire de sauver l’eau bénite des églises pour qu’elle ne fût pas volée. Oh ! combien fut heureux, cette année, celui qui avait une cave fraîche et bien garnie ! Le philosophe raconte, en mouvant la question pourquoi l’eau de mer est salée, qu’au temps où Phébus donna le gouvernement de son chariot lucifique à Phaéton, le dit Phaéton, mal appris en l’art, et ne sachant suivre la ligne écliptique entre les deux tropiques de la sphère du soleil, varia de son chemin, et approcha tellement de la terre, qu’il mit à sec toutes les contrées subjacentes, brûlant une grande partie du ciel, que les philosophes appellent via lactea ; quoique les plus huppés poètes disent que c’est la partie du ciel où tomba le lait de Junon, lorsqu’elle allaita Hercules. Alors la terre fut tellement échauffée, qu’il lui vint une sueur énorme, dont elle sua toute la mer qui, pour cette raison, est salée, car toute sueur est salée. Ce que vous reconnaîtrez être vrai si vous voulez tâter de la vôtre propre ou bien de celle de votre voisin, ce qui m’est parfaitement égal. Quasi pareil cas arriva en cette dite année : car un jour de vendredi, que tout le monde s’était mis en dévotion et faisait une belle procession avec force litanies, suppliant le Dieu tout puissant de les vouloir bien regarder de son œil de clémence dans un tel malheur, l’on vit parfaitement sortir de terre de grosses gouttes d’eau, comme quand quel que personne sue copieusement. Et le pauvre peuple commença à se réjouir comme si c’eût été une chose à lui profitable : car quelques-uns disaient qu’il n’y avait aucune goutte de vapeur dans l’air, dont on espérât avoir pluie et que la terre y suppléait. Les autres gens savants disaient que c’était une pluie des antipodes : comme Sénèque narre au quatrième livre Quæstionum naturalium, parlant de l’origine et source du Nil. Mais ils y furent trompés ; car, la procession finie, alors que chacun voulait recueillir de cette rosée et en boire à plein godet, ils trouvèrent que ce n’était que saumure pire et plus salée que n’était l’eau de la mer. Et parce qu’en propre jour naquit Pantagruel, son père lui imposa un tel nom ; car Panta, en grec, vaut autant à dire comme tout, et Gruel, en langue arabe, vaut autant comme altéré. Voulant inférer qu’à l’heure de sa nativité le monde était tout altéré, et voyant en esprit de prophétie qu’il serait quelque jour le dominateur des altérés : il vint au monde velu comme un ours, dont une des matrones dit en matière de prédiction : « Il est né velu, il fera des choses merveilleuses, et s’il vit il aura de l’âge. »
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