Épisode 2

2016 Words
Une nuit sans lendemain Épisode 2 Un an plus tard… — Je ne comprends pas pourquoi tu ne vas pas le trouver à son bureau pour lui demander de t’aider, dit Angela , ma colocataire et meilleure amie . Elle tenait dans ses bras le petit Erwan . Pour une fois, il dormait à poings fermés. Angela était vraiment dévouée ! Erwan ne faisait pas ses nuits depuis que je suis rentrée de l’hôpital. Je prend un échantillon et le sens . Essence de roses. Cela fait surgir dans mon esprit la vision d’une profusion d’opulentes fleurs rouges : celles du jardin de ma grand-mère. Qui appartenait désormais à quelqu’un d’autre, puisque j’ai perdu la propriété depuis plusieurs mois. — Je ne peux pas aller le voir, angi . Il m’a signifié clairement qu’il ne voulait plus avoir affaire à moi. Je n’ai pas oublié le cuisant rejet que m’a infligé André Néves . Pour moi, c’était comme si l’affront datait de la veille, j’avais aussi l’impression , que le diable emporte cet homme qui venait de me faire merveilleusement l’amour. Pourquoi mon corps s’obstinait-il à se troubler au souvenir de notre unique nuit ? Heureusement, mon esprit, lui, ne s’en laissait pas conter : il débordait de rage. Même si, au fond, ce n’était pas entièrement vrai… ma réaction ressemblait à un parfum. La note de tête était la fureur ; la note de cœur, le mépris de soi et la note de fond celle qui tardait à se dissiper, la honte. Comment j’ai pu me montrer aussi naïve et en quête d’affection ? Quelle mouche m’avait piquée de tomber dans les bras d’André avec tant de facilité et d’abandon ? Ce n’était pas dans mon caractère ! Plus jamais je n’aurais une conduite aussi stupide. La leçon avait porté. Je m’étais montrée si crédule et confiante ! Rien que d’y repenser, j’en étais malade. Et je ne pouvais pas m’empêcher, jour après jour, de ruminer ma folle erreur… André m’a appris à être soupçonneuse, prudente, à m’interroger sur les motivations réelles des gens surtout les hommes. Il avait fait de moi une femme méfiante et, pour cette raison, je le détestais. Mais quand je voyais mon fils, j’étais submergée d’un sentiment d’amour. Erwan était une petite merveille. Il illuminait ma vie. En lui, tout était adorable, même si son père n’était qu’un individu arrogant au cœur sec. André , c’était la pire chose qui me soit arrivée, mais Erwan , lui, était la plus belle. Etrange retournement du sort… — Il réagirait peut-être autrement, s’il était au courant, pour Erwan ? . — Il est hors de question que je le mette au courant André provoquait en moi ce genre d’impulsion. Mais je ne devais pas faire peser ma rancœur sur angi — J’ai essayé de l’avertir. Mais sa secrétaire a affirmé qu’il ne voulait pas me parler. Je lui ai envoyé une lettre, elle est restée sans réponse. — Mais enfin, on n’est plus à l’âge de pierre !. Publie ça sur f******k. Il réagira, crois-moi. Je frissonne. Jamais je n’exposerais ainsi ma vie privée ! — Il ne réagira pas, j’en suis sûre. Et puis, tu ne veux quand même pas que je m’humilie de cette manière ! Tant pis pour lui. Il a laissé passer sa chance. — Je sais, dit angi en contemplant le visage angélique de Erwan . Mais ce petit bonhomme devrait avoir droit à ce qu’il y a de meilleur au monde. Cette déclaration frappée au coin du bon sens ne me laisse pas insensible. Je regarde notre petit appartement, et des larmes me picotèrent les paupières. Après mon retour à bonoua , j’ai perdu la maison de ma grand-mère, mon rêve de devenir créatrice de parfums s’était effondré, et j’ai déménagé à grand Bassam où j’ai accepté un travail de serveuse dans un bar, qui n’avait rien d’idéal mais qui valait de bons pourboires. Angi était installée ici depuis l’année précédente, avant la mort de ma grande mère et m’a encouragé à la rejoindre lorsque celle-ci avait découvert ma grossesse. J’ai accepté avec gratitude. Jamais, en effet, je n’aurais pas pu rester à bonoua . Ma grand-mère avait été très respectée dans la communauté. Si elle avait été encore en vie, elle aurait soutenu sa petite-fille. Mais elle n’était plus là. Et je ne voulais pas faire honte à sa mémoire en alimentant les ragots de la ville. Je ne voulais pas non plus exposer mon fils à la réprobation des mauvaises langues. Il y avait encore, dans la ville, des gens qui trouvaient honteux d’être mère célibataire. Au 21eme siècle ! — Je fais de mon mieux, — Mais bien sûr ! s’écria angi,. Excuse-moi, j’ai manqué de tact. En fait, je me suis laissé emporter en pensant à ton petit bout de chou. Vraiment, son père n’est qu’une brute ! Mais quand Erwan sera devenu président des du pays , la branche paternelle de la famille s’en mordra les doigts ! Je ne pu m’empêcher de rire malgré ma contrariété. Angi avait décidément le don de me faire sourire . Je serre affectueusement le bras de mon amie. — Tu es la meilleure. Tout va s’arranger, tu verras… Je créerai un parfum qui fera sensation et on me remarquera enfin. Il y a dans le monde d’autres rois de la cosmétique que André Néves contrairement à ce qu’il s’imagine ! — Il a raté l’occasion de sa vie, quand il t’a renvoyée sans même tester ton parfum. De nouveau, je sens la brûlure de l’humiliation. Oui, André m’avait renvoyée sans ménagement… Après notre magnifique nuit d’amour, il avait préparé le petit déjeuner et me l’avait servi au lit. J’étais alors au comble du bonheur et me sentait merveilleusement bien. Nous avions discuté en déjeunant, puis il avait fait apporter ma mallette lorsque j’avais pensé à la réclamer. — Qu’est-ce que c’est, ma belle ? avait-il demandé, intrigué. — Ce sont mes échantillons( le coeur battant ). — Des échantillons ? — Oui, de mes fragrances. Je crée des parfums. Je n’avais pas pris garde à l’éclat menaçant de son regard lorsqu’il avait ouvert la mallette. Il avait sorti une fiole de fleur et l’avait élevée devant ses yeux pour examiner le liquide ambré, en plissant les paupières. — Explique-toi, avait-il dit d’une voix tendue. Un peu déconcerté , j’avais cependant obtempéré, encore sous le charme de la nuit merveilleuse que nous venions de passer. André était un amant passionné et sensuel, et c’était, de surcroît, un homme délicat et attentionné. Il n’avait rien de redoutable… A présent, je porte ma main à mon cœur, cherchant à contenir ma vive douleur à la pensée de ce qui s’était produit ensuite, et surtout de ma stupidité : je n’avais rien vu venir ! Je me remémore le beau visage de André déformé par la colère, son regard étincelant. Une réaction qui m’avait alarmée… Il avait lâché le petit flacon dans la mallette, qu’il avait poussée vers moi. Puis il avait dit d’une voix basse et dure : — Va-t’en. — Mais, André … — Disparais de chez moi et n’y reviens jamais plus. Avant même que j’ai le loisir de prononcer un mot, il avait quitté la pièce en claquant la porte. Quelques minutes plus tard, une domestique en uniforme était arrivée, l’air mal à l’aise. Elle avait suspendu à un cintre mon tailleur en disant : — Quand vous serez prête, mademoiselle, Yao vous ramènera. J’ai fermé les yeux en me remémorant cet horrible instant. Ce moment où j’avais compris que André ne reviendrait pas. Je n’avais pas réussi à lui prouver mes compétences parce je m’étais laissé distraire de mon but. Parce que j’avais été lâche, crédule et stupide. J’ai consenti à ce que André Néves me fasse l’amour , privilège que je n’avais pas accordé à aucun autre homme. Et j’avais cru que nos entente sensuelle était unique, que j’avais vécu des instants inoubliables, et lui aussi.Pauvre idiote… Il m’avait chassée comme si j’étais qu’une prostituée. Mon attitude n’était-elle pas une forme de de prostitution? Me chuchota une petite voix. Après tout, je n’étais pas irréprochable. Pendant toute une journée, j’avais feint d’être une autre, avec l’espoir de convaincre Sa Majesté le P.-D.G. de Néves Cosmetics que j’avais le talent nécessaire en matière de parfums. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de lui avouer la véritable raison de ma présence auprès de lui, mais je n’était tue. J’ai envisagé la situation comme une aventure : celle de la villageoise « partant à la grande ville » et entraînée dans une histoire digne d’un mougou pan . Pire : j’ai tout compliqué en cédant au charme dévastateur de André . Je savais très bien ce qu’il avait dû penser, lui, l’homme puissant qui tenait entre ses mains la clé du succès de fleur Il m’a prise pour la pire des menteuses, pour une aventurière, et les apparences lui avaient donné raison. Je contemple mon fils, le cœur débordant d’amour. Oui, j’aurais dû dire à André qui j’étais et ce que je voulais . Mais si j’avais parlé, je n’aurais pas eu Erwan ! Je n’aurais pas connu ce bonheur délicieux d’avoir un fils, je suis avec les larmes émue aux larmes. Ma grand-mère m’aurait affirmé qu’il ne fallait pas penser au passé. Cela ne servait à rien, car on ne pouvait pas le changer. — Il est l’heure que je parte au travail( je dis à angi après m’être essuyé les yeux. )Pourras-tu garder Erwan jusqu’à ce que Tantie Hélène passe le prendre ? — Je ne relaie pas ma collègue avant deux heures, ne t’inquiète pas, assura à gor , qui tenait toujours Erwan dans ses bras. Je m’inquiétais tout le temps, en réalité, mais je me garde de l’avouer. Je ne faisais du souci pour Erwan parce qu’il n’avait que trois mois et que je travaillais trop pour m’occuper constamment de lui ; parce que je ne pouvais pas le nourrir au sein et qu’il devait prendre du lait maternisé ; parce que j’avais à peine de quoi pourvoir à mes besoins. J’embrasse mon adorable bébé avant d’enfiler mon uniforme : chemisier blanc, nœud papillon et jupe droite noire. Je glisse mes escarpins à talons dans ma besace, puis chausse mes tennis et part. Ayant gagné l’Abribus en un temps record, j’arrive en avance, ce qui me permet de retoucher mon maquillage avant d’enfiler mes escarpins, puis de réunir mes affaires pour prendre mon poste. Jamais je n’aurais imaginé, à vrai dire, devenir un jour serveuse de bar . Pourtant, j’étais là, disposant sur mon plateau des serviettes, un carnet et un stylo, avant de me glisser dans la foule amassée près des tables et des comtoises pour prendre les commandes en m’apprêtant à subir les familiarités déplaisantes de certains consommateurs. J’avais horreur de cela mais j’évitais de protester : j’avais trop besoin d’argent, ayant du mal à boucler mon budget. Je m’approche d’un groupe .ils étaient tous concentré sur leurs conversations, et plus particulièrement par l’homme assis à une extrémité de la table, auquel une beauté brune, penchée sur son épaule, murmurait quelque chose. Il avait un visage hors du commun, superbe et d’une architecture parfaite. Et ses traits n’étaient que trop familiers ! Pendant un court instant, je reste figée. Combien de chances y avait-il pour que Néves mette les pieds dans ce bar de grand Bassam et prenne place à l’une des tables dont j’ai la charge ? Une sur un million ? Pourtant, il était là, dans toute sa maudite splendeur et son arrogance… Quelle affreuse malchance ! Je cherche du regard ma collègue,, afin de lui demander de s’occuper de ce secteur. Je me sentais mal à l’idée de servir André et sa maîtresse. La panique me gagnait. Hélas, ma collègue n’était pas en vue, ce qui ne me laisse pas le choix. Ayant pris mon parti, je sens monter en moi un autre sentiment : la colère.... A suivre ... 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