Chapitre 02

1157 Words
J’avais froid, ce fut la seule pensée qui m’ait traversé l’esprit lorsque j’ai ouvert les yeux et que j’ai constaté dans quel merdier je me trouvais : j’étais attaché étroitement sur une chaise avec un scotch collé à la bouche. Était-ce la fin ? Qu’est-ce que je faisais ici ? Mes pensées se sont emmêlées les unes après les autres. L’authenticité m’a commotionné plus farouchement que ce à quoi je me serais attendu. On m’avait enlevé, puis après cela, ligoté et enfermé dans ce lieu lugubre pour une raison qui ne m’était pas intégralement inouï. Je savais dans quoi mon géniteur trempait, je n’avais donc pas besoin de chercher loin. Je savais en outre que je n’allais pas ressortir rescapé de cette situation. J’inspire et expire, mes yeux se ferment, je réprime un sanglot tandis que mon estomac se tord de crainte dans mon ventre : mon cœur bat atrocement dans ma carotide, ma respiration est presque inexistante, j’ai l’impression de suffoquer sans vraiment le faire. J’ai eu une prise de conscience face à ma situation actuelle : il n’y a aucune échappatoire, tout ce que je peux faire en ce moment, c'est prier pour que la mort qui m’attende ne soit pas lente et douloureuse, mais ça aussi, j'ai l’impression que c’est quelque chose que je ne vais pas avoir la chance de connaître. Je ne m’accommode pas à ce qui m’attend, je me rends juste à l’évidence : là, dans cette pièce sombre et miteuse, personne ne viendra me sauver, même pas mon père. Des larmes silencieuses ont roulé sur mes joues, tandis que je me suis sentie reniflée, ma tête est retombée en arrière, je me suis mis à penser à toutes les fois où j’ai refusé que mon père me fasse surveiller ou même accompagner par ses hommes de mains. Aujourd’hui, je regrette… Mais le regret ne changera rien à ma situation, je suis déjà condamné. Plus vite, je l’aurais accepté, moins, ce serait douloureux. On ne se prépare pas dans ce genre de situation, on ne peut qu’attendre avec crainte la mort venir nous chercher, en espérant que Dieu ait pitié de nous et nous donne ne serait-ce qu'une infirme place dans son royaume. - Une mort rapide s’il vous plaît, une balle dans la tête, et ça ira, pensais-je. Cela fût mes dernières paroles et mes dernières pensées, j’aurais aimé voir Kayra une dernière fois… Et papa aussi. Même s’il ne me montrait pas vraiment son amour, je le savais grâce à les b****r qu’il me donnait au front alors qu’il pensait que je dormais, qu’il m’aimait. Pourquoi ferait-il cela s’il ne m’aimait pas ? Pourquoi insisterait-il tous les jours pour que je me fasse accompagner par ses gardes s’il ne m’aimait pas ? Mon père m’aime, je le sais. La porte de l’endroit lugubre dans lequel j’étais retenu prisonnière s’ouvrît presque avec rudesse, m’arrachant à l’instant même un soubresaut d’effroi. Deux corps imposant et intimidant apparurent dans mon champ de vision, se mouvant avec une assurance flagrante dans ma direction. Immédiatement ma carotide reprise de plus belle ses battements tenace, allant jusqu’à même à déformer les traits de mon visage. Mon estomac se noua et ma vue se brouilla. La peur coulait à flot dans chaque veine de mon corps, elle se propageait jusqu’à mon cerveau m’empêchant ainsi d’avoir la moindre pensée cohérente. Rien était en place dans ma tête. Tout ce que je voyais, c'était ma mort arrivée. Une fois que les deux hommes fût arrivé mon niveau, mes yeux se sont écarquillés, mon cœur s'est arrêté, chaque cellule de mon corps s'est mis sur pose, la déglutition que je m’apprêtais à faire m’est resté coincé en travers de la gorge. Mon regard apeuré, c'est porter sur l’homme qui semblait être le moins menaçant. – Avale, dit-il en retirant d’un geste brusque le scotche sur mes lèvres. Mes poils se hérissent, je deviens livide, l'homme que je regardais avec effroi avait finalement fini par articuler, cinq lettres, un seul mot, pourtant cela a suffi à faire tomber mon cœur dans mon estomac. -P-pardon ? Bafouillais-je. -Ta déglutition, avale. Mes yeux se sont davantage écarquillés, devant son fort accent italien, alors que j’ai avalé lentement la grosse bave de salive coincée dans ma gorge. L’homme en face de moi me sourit d’un air satisfait et s’est approché encore plus de moi. Le costume beige de trois pièces qu’il portait et sa coupe de cheveux bien soignée m’indiquait qu’il devait sûrement revenir d’une soirée où d’un truc du genre, contrairement à lui, l’homme qui se tenait à sa gauche était vertus d’un pull à capuche noire et d’un jeans cargo vert. Il avait le crâne rasé, tandis qu’un piercing ornait son nez et son arcade sourcilière. Un tatouage de crâne de mort reposait sur le côté gauche de sa nuque. Il était la définition même du bandit. - pecora, tu sais pourquoi tu es là ? «pecora?» Il donne un coup de pied brutal à ma chaise, je sursaute en poussant un cri de surprise, mais cesse tout mouvement lorsque tout doucement, il pose son indexe sur ses lèvres pour me sommer de me taire : - capisci l'italiano? Articule, l’homme au costume beige. - p-pardon ? Il sourit, sort ensuite une arme de sa veste et articule à nouveau, mais plus fermement cette fois. -Ti faccio di nuovo la domanda, capisci l'italiano? - j-je ne comprends… - ouvre la bouche trésor. Mes yeux se posent avec effroi sur l’arme qu’il tient dangereusement dans sa main droite. Il me demande d’ouvris la bouche, mais pourquoi ? - p-pourquoi ? Me risquais-je de demander. - pour jouer au monopoly, maintenant ouvre-moi cette bouche. - s’il vous plaît… Je vous en prie , sanglotais-je en reniflant. - ouvre la ! . Son ton était sec, son regard menaçant et sa carrure impressionnante. J’avais peur pour ma vie, p****n. J’ouvre la bouche et effectue intérieurement mes dernières prières, je prie pour que cette mort soit rapide et non lente et douloureuse. Le canon de l’arme s’enfonce directement dans ma bouche, le métal froid me fit frissonner et mon cœur cessa une seconde de battre : -cavolo, capisci l'italiano? Je secoue négativement la tête et laisse des larmes rouler sur mes joues, je pleure silencieusement n’étant pas du tout préparé à la mort qui m’attend . - tu comprends italien ? Je secoue la tête tremblante et ferme les yeux pour ne pas voir ce qui va suivre, mais rien ne vint, la différence, c'est qu’il n’y avait plus d’arme dans ma bouche. J’ouvre les yeux, craignante , et remarque que l’homme n’avait plus son arme à la main. À en voir ses expressions faciales, je suis pratiquement sûr qu’il est en train de m’évaluer. Finalement, il articule, mais en italien : -Penso che ci stia dicendo la verità. Il me jauge un instant, puis se tourne vers son acolyte : -lasciamo questo posto squallido.
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