Chapitre 1 - La Gaffe

603 Words
« Il m’attrape par la taille et me plaque contre le mur humide et froid. Son regard est sombre, sa voix rauque et ses gestes brusques me font trembler d’effroi.  Pourtant j’aime ce qu’il me fait, ce qu’il me fait ressentir à chaque fois qu’une infime parcelle de sa peau se retrouve en contact avec la mienne. C’est malsain je le sais.  Et lui aussi le sait, mais sa réticence est bien trop faible face au désir qui le consume de me sentir contre lui. Ses lèvres se scellent aux miennes dans un b****r abrupt mais parfait. »   Je rigole et ferme l’appli.  Dingue qu’une gamine s’imagine une life avec moi.  C’est marrant, mais parfois troublant. Difficile d’imaginer qu’on fantasme sur nous au point d’en faire une histoire à deux cent mille vues.  De plus que cette tipeu amasse plus de vues avec sa fiction à mon effigie que j’aie sorti de disques. Si c’est pas aberrant.  Mon côté capitaliste me pousse à la rencontrer et à lui réclamer la thune qu’elle me doit à employer mon blaze comme si on avait élevé les cochons et tout la panoplie ensemble. Heureusement que j’suis pas un rapiat en manque de flouz. Ça me rappelle d’ailleurs que je dois bouger, j’ai rendez-vous avec Gibbs pour passer parler affaire dans une petite soirée tranquille avant le concert que je donne le lendemain au Cabaret sauvage.    Je suis comme un gosse.    -       Tu vas où, toi ? Demande Esso quand il voit que je me lève du canapé.  -       J’ai à faire, gros. On se capte plus tard ?   Je réenfile mon bonnet et sors.  Il fait nuit noire et je crois que j’aurais flippé ma mère si je ne connaissais pas ce quartier mal famé avec tous les dealeurs qui me zieutent dans l’espoir que j’achète leur vieille cons’ diluée à la mort au rat. C’est bien le seul tiekar que je déteste du dix neuvième. Et paradoxalement c’est limite mon ter-ter.    J’arrive au bar dans lequel on s’est donné rendez-vous.  Je dois être le premier vu que je ne le vois pas.  Le barman m’examine et je devine à ses yeux plissés qu’il essaye d’assigner un nom à mon crane chauve qu’il a sûrement reconnu.    -       Qu’est-ce que je vous sers, Vincent Lagaffe ?     Ah ouais, chaud.    -       La gaffe c’est toi qui vient de la faire frérot mais sers moi un petit Hennessy.  Il s’exécute.   Gibbs débarque avec son g**g qui mettent une p****n de tannée à la salle tellement leur style est bon.  -       Il dit quoi le dégarni ? Me dit le renoi dans une accolade.  -       Dosé de voir que j’suis pas le seul à chopper des rhumes de crâne.    Il rigole et la soirée glisse.  On m’accoste plusieurs fois, et même si j’admets ne pas avoir fait la vidange ces deux dernières semaines, j’suis pas chaud pour ce soir. J’ai trop de trucs en tête.  Ma mini tournée me pompe toute mon énergie, et ça fait un moment que je me suis pas produit sur Paris. J’ai hâte à un tel point que j’en rêve la nuit.  -       Chaud pour mardi ? Demande Yass qui lui aussi, est de la partie.  -       Bouillant.  -       J’serais bien venu mais j’ai un mauvais plan ce soir là, tu m’en veux pas ?  -       Tout roule, c’est pas comme si je t’avais invité.    Il rigole et me tcheck.  -       En tous cas si je peux te donner un conseil, gros.  -       Mmh ?  -       Prépare ta teub, si y a bien un moment pour toutes les pécho c’est celui-ci.    Je souris.  -       J’ai pas besoin d’une occasion spéciale pour faire pleurer le cyclope.  -       Dans ce cas. Dit-il après avoir ricané.  Il me brandit son verre à shot et nous trinquons à la soirée.    Je m’évince aux alentours de deux heures du mat. J’ai préféré jouer la tecar du gars raisonnable qu’à des responsabilités. Je dois garder mes cordes vocales au chaud pour tout déchirer demain. 
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