Chapter Two

1165 Words
Montconseil, Corbeil Essones 91100 -Kamar : Rina ! Elle retire rapidement ses chaussures et saute sur mon lit et sur moi par la même occasion. Kamar c'est ma plus grande amie ou devrai-je dire plutôt, ma seule amie. Celle qui m'a soutenue dans ma maladie, celle qui est toujours là quand je vais mal. Bref c'est Kamar quoi, une folle et impulsive. Sûrement la fusion entre son sang algérien et marocain. -d'une voix étouffée, Kamar lève toi, tu me fais mal. -Oh désolé, en se levant, je voulais pas te casser. -Me casser carrément, dis-je en riant -Alors il t'es arrivé quoi ? -Une crise comme d'hab', ma mère a absolument voulu m'emmener à l'hôpital. -Ça s'est passé comment ? -Bah rien, l'hôsto' quoi. -Bon, je vais te changer les idées, lève toi. -Quoi ? Non je suis bien là, râlais-je. -Allez aucune excuse, en me tirant le bras, debout. Je soupire et me lève. J'enfile un jogging Adidas et un gros sweat qui appartient à mon frère. Je rassemble mes cheveux et fais un vieux chignon sur le haut de mon crâne puis enfile ma paire de basket. -Sérieux Rina, t'aurais pu faire un effort. -Je suis sur mon 39 la, me défendais-je. Elle lève les yeux au ciel et on sort de chez moi. On monte dans sa voiture et elle roule en direction d'un vieux garage abandonné où il n'y avait jamais personne. Kamar et moi on aime bien venir ici et on fait des tags sur les murs. On prend chacune une bombe et on décore ce mur un peu trop maussade à mon goût. [21h50] -Tu manges ! m'ordonna ma mère d'un ton ferme -Mais j'ai pas faim. -Arrête Rina. -Quoi ? Je vais pas me forcer, j'ai pas faim c'est tout. -Allez juste ça. J'ouvre la bouche et elle m'enfonce rapidement la cuillère remplit de riz. -C'est bon maintenant, dis-je la bouche pleine. -J'abandonne. Elle sort de ma chambre et peu de temps après, mon téléphone sonne. C'était bien évidemment Kamar. De toute façon je vois pas très bien qui pourrait m’appeler mise à part elle. Elle a passé sa soirée à se plaindre de son histoire d'amour avec son voyou alias Hakim. Quand j'ai commencé à être fatiguée, je l'ai laissé, elle était encore sur les nerfs. J'ai pris mes médicaments et je suis partis me coucher. [...] Aujourd'hui j'avais un rendez-vous à l'hôpital. Mon frère m'a déposé et puis il est repartit. Il supporte pas les hôpitaux. Je rentre et attend quelques minutes avant que le médecin me reçoit. J'ai fais quelques radios, analyses etc. En fait il y a quelques jours, j'ai fais une petite crise mais je voulais pas retourner ici. Il a dû remarquer que quelque chose n'allait pas puisqu'il m'a dit de rester juste pour cette nuit. Je préviens ma mère que je reste ce soir et soupire avant de m'affaler sur le lit. J'ai passé mon après-midi à regarder une série sur mon téléphone. Kamar est venue me voir pour me déposer quelques affaires. Puis, vers 22h30, quand je suis sûre qu'aucun personnelle ne rôde dans les couloirs, je sors de ma chambre et atterris sur le parking. Je m'assois sur un banc, quand soudain, une présence se fit sentir à ma droite. Je n'y prête pas attention jusqu'à ce que cette personne coupe ce silence. -T'es une abonnée. Je tourne ma tête et remarque que c'était le mec de la dernière fois. Ses mots étaient toujours dans ma tête et le fait de le revoir m'avait remis dans l'esprit ma maladie que je supportais depuis déjà 8 ans. -Comme tu dis. -Ça doit être compliqué. -On s'habitue. -Pour une malade, t'es sûre de toi. -Il faut bien que quelqu'un croit en moi. Il y a eu un petit moment de silence, il avait l'air de réfléchir. Je regardais toujours droit devant moi. Lui avait ses coudes sur ses cuisses et fixait le sol. -Excuse pour la dernière fois. -Je suis pas rancunière. -Encore heureux. -Pourquoi ? -Je comptais pas te courir après. -Encore heureux. -Pourquoi ? -Animaux ou humain, j'ai jamais aimé les chiens. Il rigole et tourne sa tête vers moi. On se regarde quelques instants avant de chacun détourner notre regard vers le sol. -T'as du répondant, j'aime bien. -C'est pas commun de fumer dans un parking d'hôsto. -Je viens voir mon frère, il est malade, comme toi. -Arrête de m'associer avec la maladie. -C'est ce que tu m'inspire. -Il a quoi ton frère ? -Leucémie. -Il a quel âge ? -7 ans. - ... -Et toi ? -Quoi moi ? -Bah t'as quoi ? -Maladie du cœur. -T'as quel âge ? -... -Crois pas que je veux te guer-dra. -petit rire, 20 ans. -T'es petite, c'est jeune pour mourir. J'ai remarqué que c'était quelqu'un de très direct. S'il veut dire quelque chose il le dit sans se demander si ça peut blesser ou pas et j'avoue que j'apprécie finalement. J'aime pas qu'on me prenne en douceur juste parce que je suis malade. J'ai envie de me sentir comme tout le monde, même si au fond je ne le suis pas. -Y'a pas d'âge pour mourir, dis-je en creusant mes poings dans mes poches -Pas faux. Il sort une cigarette de sa poche et l'allume avec son briquet. Il prend une grosse bouffée et recrache la fumée. J'observe tous ses faits et gestes et il finit par se tourner vers moi. -Tu devrais rentrer, dit-il. -Je suis bien dehors. -Avec moi ? -Je serais encore mieux sans toi. Il rigole et continue de fumer sa cigarette. -C'est quoi ça ? me demande t-il en pointant mon nez. -C'est un masque d'oxygène. -Et tu le porte tout le temps ? -Non, que quand ça va très mal, ça m'aide à respirer. -Ça fait combien de temps que...'fin ta maladie quoi. -Depuis mes 12 ans. -T'avais des problèmes avant ? -T'as épuisé ton stock de question. -Ok alors si on fait chacun une question, j'aurais le droit de t'en poser ? -C'est moi qui commence. -Je t'écoute. -Pourquoi t'es venu t'excuser ? -Je trouvais que j'avais dépassé les bornes, dit-il, dès que c'est sorti j'ai regretté mes mots. Je sais ce que ça fait d'avoir ses jours comptés, enfin pas directement mais à travers mon frère. À moi, de quoi t'as peur ? -De quoi j'ai peur ? T'as pas mieux comme question ? dis-je en me moquant de lui -T'as pas l'air de vouloir répondre pourtant. C'est vrai, j'avais pas envie d'y répondre. -Alors ? insiste t-il -De quoi j'ai peur, soupirais-je, j'ai peur qu'on me laisse...non je crois que ma plus grande peur c'est de quitter ce monde sans avoir accompli de belles choses. Tu vois, mourir sans avoir fait quelque chose de ma vie. -Et qu'est-ce que tu veux faire de ta vie ? -C'est à mon tour. -Oui c'est vrai, je t'écoute. -C'est quoi ton point faible. -Mon point faible ? Trop fort. -Allez sérieusement. -Mon point faible...je dirais l'amour, quand j'aime je suis vulnérable, je donne sans compter, je fais tout pour protéger ceux que j'aime, que ce soit ma famille, mes amis ou...une femme. -.... -À moi, je répètes, qu'est-ce que tu veux faire de ta vie ? -Je veux voyager, je veux voir des choses extraordinaires, je veux m'amuser, je veux rigoler à ne plus en avoir de souffle, je veux profiter de la vie, tellement profiter que j'en oublies ma maladie, je veux connaître ce que j'ai jamais connu. -Comme quoi ? -L'amour. Il n'a rien dit, il m'a simplement regardé. -Tu m'as eu, j'ai répondu à deux questions de suite, dis-je pour briser le silence Je me lève et m'apprête à partir mais il me retient par sa voix. -Eh ! -Ouais ? -Azhar. -... -Et toi ? -Appelle moi la malade.
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