Chapitre 1

1237 Words
-    Je n’ai pas envie d’y aller.    Ce sont les seuls mots qui effleurent mes lèvres depuis ce matin. Marcus me regarde en biais avant de reposer ses deux perles saphir sur son cellulaire dernier cri.    -    Chérie, je sais que tu n’aimes pas ce genre d’évènement, mais c’est pour ton image.  -    Mon image… Je t’en foutrais de l’image moi. Je marmonne, médusée.    Mon reflet dans le miroir me fait grimacer, les tenues que m’a ramené le grand brun ne me plaisent pas le moins du monde. Je ne me sens pas assez couverte. Mon regard croise le sien à travers la glace et il soupire devant mon malaise, il a compris.    -    Tu préfères la Dolce ?  -    Je préfère rester ici et me mater un film.  -    Cassie. Souffle-t-il, agacé. -    J’aurais essayé, je capitule.   Marcus fait la moue et s’éloigne pour prendre un appel, tandis que je retire mon ensemble trop court griffé Armani non sans proliférer quelques injures envers mon agent et aussi ami. Entre lui et moi, les rapports ont dépassé le professionnel, et il est difficile pour lui de prendre part.  Je n’aime pas la superficialité et le bling bling, mais je vis dans ce monde là, alors j’ai appris à m’y faire, mais voilà quelques fois, je ne supporte pas, comme aujourd’hui.    -    C’est quoi ça ? Dit-il après avoir refait son apparition dans la pièce.  -    Un jean, je réplique en enfilant mon demi curve préféré.   Son regard noir trahit son mécontentement mais je m’en cogne. Il sait que je l’aime bien mais que je ne ferais pas plus d’effort en ce qui concerne ma prétendue image. Depuis quand est-ce qu’on juge quelqu’un à la façon de s’habiller ?    -    Depuis toujours dans ce milieu. Répond-il à ma controverse qui a du dépasser ma pensée  -    Passe-moi le blaser Dolce.    Pour la première fois, ses traits anxieux laissent place à un rictus satisfait. C’est vrai que je lui en fait voir de toutes les couleurs avec mes sautes d’humeurs et mon caractère buté. Marcus check chaque article de presse qui me mentionne sans exception et avec minutie. L’idée que je puisse provoquer ne serait-ce qu’un scandale lui est insupportable.    Une dernière touche de rouge à lèvres, je pose la veste ivoire sur mes épaules et attrape ma pochette dans laquelle je glisse mon portable et quelques bricoles, puis j’attrape le bras du brun à mes côtés.      *   La chaleur se fait atrocement ressentir dans l’immense discothèque huppée du 16e. J’avance dans la foule, et claque la bise à chaque personne qui a le malheur de croiser mon chemin. Je n’en connais pas la moitié, et à mon plus grand bonheur Marcus ne me lâche pas d’une semelle.  On rejoint le bar, j’observe la foule en sirotant une Margarita fraise. On m’approche plusieurs fois, tantôt pour me saluer, tantôt pour prendre des photos.    - Juste une petite heure, le temps de faire quelques photos et qu’on te voit avec le guest. Glisse-t-il dans mon oreille    Je n’ai pas le temps de me lasser, il m’emmène dans un coin un peu plus isolé en hauteur. Quelques mannequins côtés sont posées sur les canapés en cuir, et sourient lorsqu’elles me voient débarquer.    -    Cassie, qu’est-ce que t’es belle !    J’active mon mode hypocrite et me poste près d’elles, le sourire aux lèvres. Je connais la plupart de ces filles, elles ont l’air sympathique en façade, mais en réalité ce sont les pires vipères que je n’ai jamais rencontrées au cours de ma carrière.    -    Je suis contente de te voir ici. Déclara l’une d’elles, le sourire aux lèvres. -    Moi aussi, je suis contente d’être là. Ça fait un bail.    Ma conscience me traite d’hypocrite, mais je la balaye d’un mouvement de tête. Tout le monde sait que dans ce genre de soirée commerciale rien n’est sincère. Je souris et jette un coup d’œil à Marcus qui reste en retrait, les yeux -comme toujours- rivés sur son téléphone.  On parle de tout et surtout de rien, la conversation est stérile et je regarde un peu trop ma montre au goût de mon agent qui n’a pas manqué de me le faire savoir à travers un regard noir. Je souffle discrètement et termine mon verre. Plus qu’une trentaine de minutes et je pourrais me casser de cet endroit.    -    Ça se passe chez Calvin Klein ?    Je lève la tête vers la provenance de la voix. Une jolie fille aux cheveux blonds vénitiens me sourit et attends patiemment que je réponde. Je donne quelques anecdotes sur l’agence sans pour autant trop en dire, c’est la règle dans le milieu. On évite de tout déballer pour sauver sa peau. Et je pensais bien faire, jusqu’au moment où une brune typée Asiatique décide de prendre part à la conversation.    -    Ils ne te garderont pas.  -    Pardon ? Je demande, incrédule. -    Ils ne te garderont pas, tu n’es pas assez grande, t’as les hanches trop larges et excuse moi de te dire ça, mais tu n’as rien d’exceptionnel. Elle ajoute, le ton grinçant.    Mon cœur fait un bond, je sens mes nerfs monter crescendo mais je tente de garder mon sang froid, ce n’est pas la première fois qu’on tente de me rabaisser en public, je connais l’histoire.  Je plonge mon regard dans le sien et reste silencieuse, ses yeux relèvent une pointe de défi, comme s’ils attendaient que je riposte. Dommage pour elle, je ne le ferai pas, les prises de bec avec filles comme ça, très peu pour moi. Ma conscience remercie mon manager au costume bleu marine, les mains liées pour m’avoir appris la sagesse.    -    Jenny. Intervient Gina, une jeune mannequin que je connaissais très bien. -    Quoi ? Rétorque-t-elle, je dis seulement que Thalys aurait dû être choisie à sa place et puis c’est toi qui disait qu’elle n’avait aucune chance au départ.    Je serre la mâchoire, pendant que certaines gloussent autour de la table. Ses paroles m’agacent plus qu’elles me blessent et l’atmosphère est insoutenable. C’en est trop pour moi, je décide de partir.    -    Excusez-moi.    Gina tente de me retenir mais je l’ignore royalement. Je quitte la discothèque d’un pas rapide, Marcus sur mes talons me demande de m’arrêter et court après moi jusqu'à la sortie.    -    Cassie, Cassie attends.    Je continue de marcher jusqu’à la voiture garée juste devant et cherche mes clés dans ma pochette pour déverrouiller le coffre, beaucoup trop en rogne pour n’adresser ne serait-ce qu’un regard à mon ami derrière.   -    Tu t’en fous de ces meufs p****n, elles sont jalouses c’est tout.    Je me tiens au silence et m’assois sur le bord du coffre pour ôter mes escarpins qui me font un mal de chien.    -    Qu’est-ce que tu fous ?  -    Je me mets à l’aise, j’en ai ras le c*l d’être présentable pour ce genre de personnes. Dis-je en brandissant ma chaussure hors de prix en sa direction. -    Cassie s’te plait p****n me fais pas ça, il faut qu’on te voit en compagnie du guest de ce soir, il doit faire un showcase dans cette boîte.  -    « Ne fais pas ci, ne fais pas ça… », tu me gaves Marcus. Laisse-moi respirer, m***e.    Il inspire bruyamment et baisse les yeux pour admirer mes old skool que j’enfile à la hâte. Marcus je l’adore, et je dois admettre que je ne suis pas très agréable avec lui, mais depuis que j’ai signé ce foutu contrat, il est toujours sur mon dos à surveiller mes moindres faits et gestes, je n’ai carrément plus le droit d’être spontanée, tout est calculé et réfléchi, et parfois je dois avouer que j’ai du mal à gérer les sentiments qui me submergent.     -    Tu comptes me laisser comme ça ? Demande-t-il, morose.   Je soupire à mon tour et garde la tête baissée, jusqu’à ce que sa soudaine euphorie attise ma curiosité.    -    Il est là. 
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