DÉCHIRURE

DÉCHIRURE PROLOGUE Manila : maman, tu en penses quoi du divorce de papa ? Je pose doucement la cafetière bouillante que j’avais dans la main avant de penser à cette question. Moi (sous le choc) : ton père a encore divorcé ? Manila : oh ! Tu ne savais pas ? Je secoue négativement la tête. Manila (levant les yeux) : papa a divorcé depuis quelques jours. Moi : ah ! Elle pioche dans son plateau posé devant lui avant de changer la chaîne de télévision vers les émissions téléréalité que je ne supporte pas du tout pour son âge. Moi : eh Manila change, change. Tu sais bien ce que je pense de ces émissions. Manila (soupirant) : mais maman Je lui prends la télécommande des mains avant de m’arrêter sur une chaîne d’enquête. Moi : voilà tu peux suivre cette émission Elle soupire, tire la bouche avant de grogner. Manila : chez papa, je peux regarder ce que je veux. Moi (pouffant) : oui chez ton père mais pas chez moi. Manila : rohhh Moi : Manila ! Elle prend son assiette avant de se diriger vers le lavabo. Moi : ta fille gâtée capricieuse peut-être ton père supporte ça mais chez moi ce sera selon mes commandes. Elle rince son plat, la range et revient comme si de rien était me faire une bise. Manila : passe une bonne journée maman Moi : hum Elle arrive toujours à me faire culpabiliser cette petite et dire qu’elle n'a que douze ans mais elle est tellement mâture pour son âge que ça en devient effrayant. Elle prend son sac à dos et sors sous la surveillance de la nounou qui devra l’accompagner jusqu’à l’arrêt du bus. Je soupire avant de prendre une tasse pour y verser l’eau chaude et du café j’allais y mettre du sucre mais un sentiment de dégoût me saisit d’un coup et je repousse la tasse en prenant mon sac pour le bureau. ***AU BUREAU Souko (entrant en trombe) : devine, devine ma belle. Je lève la tête de mon écran d’ordinateur pour la regarder l’air excité comme si nous venons de gagner le jackpot. Moi : oui ? Souko : tu te rappelles de la réservation du groupe qui doit quitter les Etats-Unis pour une durée d’un mois ? Moi : oui Souko : bah ils viennent de valider. Moi (surpris) : quoi ? Je n’arrive pas à y croire, eux ? Avec ça l’agence pourra afin renaître de ses cendres. Déjà qu’on vient de traverser un mauvais passe et encore je pensais dernièrement à fermer l’agence sous peine de crouler sous les dettes. Moi : waouh afin Dieu a répondu à nos vœux. Souko : vraiment, ils vont quitter le sol américain le 15 juillet prochain et resteront ici jusqu’au 14 Août. Moi : ce sera merveilleux Moi (impatiente) : quel villa ils ont choisi pour leur séjour ? Souko (grimaçant) : euh, c’est là où se situe le problème. Moi (perdu) : comment ça ? Souko : ils ont choisi King K Moi (clignant des yeux) : hein ? Elle secoue positivement la tête et je sens déjà comment les choses vont se torcher. Mon cœur palpite déjà. Moi : tu as essayé d’avoir la réception pour la villa ? Souko : ils ont dit que c’est déjà réservé pour cette période. Moi : merda ! Souko : qu’est-ce qu’on va faire, on ne peut annuler cette réservation sinon ça va nous coûter gros sur le bilan du mois. Moi : je sais bien Souko : tu ne peux penser à appeler Khal… Moi (d’un ton sec) : non ! Souko : ok, c’était juste une proposition parce que on en a vraiment besoin de cet argent. Moi : je sais Souko : alors ? Moi (inspirant) : laisse-moi d’ici demain, je trouverai une solution. ****** ***LE SOIR Je viens de descendre et suis fatiguée pourtant me voilà derrière les fourneaux pour nous concocter ma fille et moi quelque chose à manger. Manila : tu n’as l’air dans ton assiette maman. Moi : hum Manila (me questionnant) : quelque chose ne va pas ? Moi : oh si, c’est juste le boulot. Manila : repose-toi. Moi (tournant le visage) : pas encore, euh en passant tu as parlé avec ton père ce soir ? Manila : oui tout à l’heure Moi : d’accord J’essaie de me reconcentrer mais déjà je ne peux m’empêcher de lui jeter des coups d’œil. Manila : y’a quoi maman pourquoi d’un coup tu me parles de lui ? Je diminue le volume du gaz avant de me tourner vers elle avec un air sérieux. Moi : ça ne fait pas plaisir de te mêler à ça. Mais tu ne pourrais pas parler à ton père pour moi ? Manila : hein ? Moi : j’ai besoin de son aide. Manila : Moi, mais tu n’espères quand même pas que je vais lui demander de t’aider ! Tu as toujours dit que tu ne lui réclamerais même pas un morceau de pain si tu mourais de faim, ou une goutte d’eau si tu mourrais de soif. Moi (soupirant) : je ne veux ni pain, ni eau juste d’un de ses villas le temps d’un mois. Manila : alors appelle le, n’est-ce pas vous communiquez toujours par téléphone. Où est le problème ? Moi : Nous ne parlons que de toi, Manila. Qui va te prendre et quand ? De rien d’autre, même pas du temps qu'il fait. Manila (secouant la tête) : complètement fou Moi : peut-être mais c’est ainsi Manila : eh bien, c’est bien dommage pour vous. Moi : tu ne vas pas m’aider ? Manila (tournant les talons) : débrouille-toi maman. Cette fille parfois je me demande si elle ne préfère son père à moi. Même quand je finis le dîner et que je relance le sujet, elle campe sur sa décision à ne pas se mêler de ça. Elle ne veut même pas savoir de quoi il s’agit pour elle juste hors de question de parler à son père pour moi. Je me demande bien s’il s’agit de ma propre fille. ***LE LENDEMAIN Je croyais que cette traîtresse changerait d’avis ce matin mais elle m’a encore dit de chercher une solution moi-même… oh l’ingratitude des enfants… Je compose le numéro de bureau de Khalil et sa secrétaire me répond au bout de quelques minutes. J’ai les mains moites mais j’inspire fortement pour ne pas faire une attaque. Moi : allô mademoiselle pourrais-je joindre Mr Diao Elle : Mr Diao est actuellement en conférence avec des responsables de GRH. Moi : mais c’est urgent ce que j’ai à lui dire Afin elle me demande de patienter et à peine une minute j’entends sa voix rauque à l’autre bout du fil. Khalil (répondant) : il est arrivé quelque chose à Manila ? Moi : non Khalil (très froid) : alors pourquoi m’appelles-tu ? Moi (prenant mon courage en main) : j’ai besoin de ton aide Khalil : tu te fous de moi Samina, dis moi si quelque chose s’est passé avec ma fille. Moi : je te le répète ta fille se porte merveilleusement bien, c’est moi qui aurait besoin d’un service. Khalil : quoi qu’il te faille demande-le à quelqu’un d’autre Samina. Moi : Khalil, demain onze heures je serai à ton bureau. Il raccroche sans se donner la peine de me répondre. Je vois que malgré les années certaines choses ne changent pas. ****LE LENDEMAIN J’arrive pile à l’heure devant le bureau de Khalil, je sais qu’il est ici parce que j’ai vu sa nouvelle Range Rover garé en bas. Là je suis assis dans la salle d’attente pour patienter jusqu’à l’heure précise. Quand je vois la montre afficher onze heures pile, je me lève en avançant vers la secrétaire   Moi : je peux y aller ? Elle lève les yeux sur moi avec son air de dédain. Elle : je vous l’ai dit tout à l’heure madame, Monsieur Diao a un planning chargée aujourd’hui. Je secoue positivement la tête et alors qu’elle pense sûrement que je vais tourner les talons, je me dirige vers le couloir du dit bureau alors que je l’entends crier derrière moi. Mais trop tard puisque j’ouvre déjà le bureau de Khalil qui lève simultanément les yeux sur moi. Moi (sourire aux lèvres) : bonjour Khalil Il me regarde … sa secrétaire arrive au même  moment accompagné d’un de leur garde de sécurité. La secrétaire : je m’excuse monsieur… Elle allait poursuivre mais Khalil l’interrompt en levant la main. Sécurité : veuillez me suivre madame. Moi : je ne bougerai pas d’ici. Il allait s’approcher de moi jusqu’à ce que Khalil parle. Khalil : c’est bon laissons nous. Ils regardent bien leur patron pour savoir si c’est réellement ce qu’il veut avant de sortir tout en se confondant en excuse. Je viens m’assoir en face de lui alors qu’il semble être en train d’étudier un dossier important. ********KHALIL********* Moi : quoi ? Samina : comme je te le disais hier, j’ai besoin de toi pour une affaire urgente. Moi : et que je crois bien t’avoir signifié que je n’avais rien à cirer. Samina : j’aurais besoin de votre villa King K pour une durée d’un mois. Cette g***e a besoin d’une bonne fessée, penser que j’ai pu un jour épouser une fille aussi vil si égoïste et si cynique me donne envie de fredonner. Que ma fille avec une mère pareille soit ce qu’elle est aujourd’hui est un miracle de la vie. Moi : et pourquoi n’avoir pas passé à la réception comme le font tous les autres. Moi : Souko a appelé mais on lui a dit que la villa était réservée à cette période. Moi : et qu’est-ce que je peux faire là-dessus ? Moi : c’est toi le proprio des chaînes d’hôtel et des villas d’hôtes alors normalement tu pourrais changer les choses si tu le veux. Moi (levant les yeux) : tu es folle de penser que je vais lever le seul petit doigt pour toi, même s’il ne y’avait pas de réservation on ne vous l’aurait pas donné. Tu as oublié comment vous rompu le contrat qui nous lier ? Samina (levant les yeux au ciel) : oublie le passé Moi : tu as intérêt à sortir de mon bureau avant de je ne décide de te sortir par la force.