PROLOGUE— C’est bon, le vieux est parti, on va s’occuper de notre cible préférée, dit une voix qui, à l’évidence, ne souhaitait pas être reconnue.
Elle était néanmoins reconnaissable entre toutes, puisqu’elle effrayait depuis des mois les gens et les animaux.
« Pipiot s’approche ! » hurlait-on dès que le cruel garnement errait à la recherche d’un souffre-douleur humain ou d’une bête à persécuter. Il lui suffisait d’ailleurs de chanter son vaudeville du Pont-Neuf pour que Tire-Laine, Fagotin et Dépavé accourent vers lui en grande hâte :
Dans la rue de la Tournelle
Un coup de foudre est tombé.
Il n’a pas cassé de cervelles,
Car il n’en a pas trouvé.
Leur « cible préférée » était un jeune garçon, surnommé l’Habillé de soie, qui, après avoir partagé leurs espiègleries de gamins, n’avait plus qu’un seul désir : peindre. Mais le C’est bon, le vieux est parti du Pipiot lui avait fait comprendre que ce onzième jour de novembre 1718 serait à marquer d’une pierre noire.
DOUZE ANS PLUS TARD
PREMIÈRE PARTIE« Le temps viendra où les gens regarderont le meurtre des animaux comme ils regardent aujourd’hui le meurtre des êtres humains. »
Léonard DE VINCI