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Jîhen - Sous mon voile

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Blurb

Une fleur si douce entre des mains si rudes. Une adolescente au cœur meurtri rencontrera celui qui la sortira de cet enfer.

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Chapitre 1
Jîhen On dit souvent que les écrits restent quand les paroles s'en vont, alors j'ai décidé d'écrire mon histoire, ainsi peut-être elle restera. Je ne trouve pas qu'elle est spéciale, d'autre la trouveront particulière, moi je la trouve belle là où, encore une fois, d'autres la trouveront misérable mais au final c'est juste ma vie. La vie d'une petite fille yéménite, ayant fuit son pays en guerre à l'âge de 8 ans auprès de sa famille. Je ne me rappelle plus trop de mon enfance, à vrai dire tout est flou. Quand t'es enfant tu vis dans une insouciance qui me manque quand j'y repense. Je sais que ce n'était pas facile, les tension, le danger, la peur au ventre, mais quand t'es enfant tu interprètes tout d'une manière différente. On a fuit le pays, c'était mieux pour nous. Mon père, ma mère, mes deux frères, ma sœur et moi, la petite dernière. Je me souviens par contre comme c'était compliqué une fois en France. Vous savez les enfants entre eux peuvent être méchants, surtout lorsqu'un est différent, j'étais différente. J'avais du mal avec le français même si j'apprenais vite, j'ai toujours été une fille assez intelligente. J'ai vite compris que si je voulais sortir de là, je devais travailler. J'avais une certaine maturité pour mon âge qu'on pouvait trouver admirable. Moi je trouve ça nul, j'aurais préféré rester avec mon âme d'enfant et toute l'inconscience qui va avec. Je n'ai jamais reçu un amour maternel ou paternel ni fraternel d'ailleurs. Je suis ici d'une famille avec une très vielle mentalité qui, de ce que je sais, provient d'une vieille histoire qu'a eu mon arrière-grand-père. Quand il avait 16 ans, il y avait une cabane près d'un fleuve où il adorait se promener et ça depuis son plus jeune âge. Son père le lui interdisait mais il n'avait que faire. Un jour, alors qu'il s'y rendit comme à son habitude, il vit une femme qui semblait légèrement plus vieille que lui, assise là, à la place où il avait l'habitude d'aller. Il prit place près d'elle, celle-ci se tourna vers lui et posa sa main sur sa joue. Mon arrière-grand-père aurait qualifié de ça comme un sort, dans lequel il tomba éperdument amoureux d'elle. Tous les gens qui le connaissaient pouvaient témoigner de l'amour qu'il avait pour cette femme. Quand il eut 17 ans, il se maria à elle et quelques mois plus tard, elle tomba enceinte. À l'accouchement, sa femme mourra, le laissant seul avec sa fille, il était dévasté. Il avait une haine envers ce petit bout de chair qui venait de venir au monde. À la suite de quoi, il ne lui arrivait que malheur, il perdit son travail de charpentier qu'il aimait tant, il perdit sa maison et le respect qu'il avait auprès des gens. Il prît sa fille comme une malédiction et la tua. Suite à quoi il réussit à relever la pente, se maria à une autre femme, eut deux fils et vit dans une telle harmonie qui lui confirma son idée qu'avoir une fille était une malédiction. Cette idée se retransmit de fils en fils, jusqu'à mon père. C'est débile, je le sais, on a tous une vieille histoire de famille un peu bête, moi c'est celle-ci, une histoire sans logique mais à laquelle tous les hommes de la famille de mon père y croit. Les femmes avec qui ils se marient en général seront soit de la famille éloignée comme une cousine lointaine pour qu'elle soit définie comme "pure", soit une femme qui a été élevée depuis le berceau avec cette histoire, enfermée chez elle depuis toujours pour qu'elle soit également définie comme pure comme c'est le cas de ma mère. Avec le temps elles-même grandissent avec cette idée selon laquelle avoir une fille serait une vie de malheur. Certains les tuent, d'autres les traitent de manière abominable. Quand ma mère m'a eu et qu'elle a appris que c'était une fille elle était prise d'une colère folle. Elle frappait son ventre, prenait de forte dose de médicament pour me tuer alors que je n'étais qu'un fœtus. L'avortement était autorisé mais très mal vu. Mon père l'encourageait dans sa démarche, comme par exemple en lui crachant la fumée de sa cigarette au visage. Puis un jour, ma mère a finit à l'hôpital et j'ai vraiment faillit y passer et elle avec moi. Alors ils décidèrent de cesser toutes ses tentatives de meurtre envers moi. Mais c'est alors le début d'un cauchemar. En venant en France, mon père s'est très vite adapté au quotidien français. Il est vrai que comme tout immigré dans un nouveau pays, c'était très compliqué au départ, pas la même culture, les débuts se font dans une grande pauvreté mais ce qu'il avait mon père c'était de l'expérience, beaucoup d'expérience, et une fois repéré il s'est fait sa place dans une entreprise. Place qui fut peu à peu, de plus en plus importante et valorisée. La pauvreté s'est dissipée laissant place à une vie assez aisée. Aujourd'hui, on vit dans une grande maison dans une zone assez calme. Enfin, c'est plutôt eux qui vivent dans une grande maison, moi je vis seulement dans la petite cabane du jardin. Je dors à même le sol, je dois subir les périodes hivernales. Mais je ne me plains pas, ça aurait sûrement pu être pire. Je peux rentrer à l’intérieur de la maison seulement pour faire le ménage, leur faire à manger et d'après eux ils sont gentils de me laisser me laver et faire mes besoins sous leur toit. Le premier coup que je me suis pris c'est à mes 10 ans je me rappelle et c'est parce que j'avais laissé de la poussière et depuis s'en est suivit de longues années de coup et de maltraitance. Il arrive à mon père de brûler son mégot de cigarette sur ma peau quand il fini de fumer. Comme il arrive aussi à ma mère de me frapper à coup de chargeur ou de ceinture parce que je la regarde dans les yeux. Des raisons de plus en plus futiles parce que chaque excuse sont bonnes pour se défouler. Je ne me plains plus c'est mon quotidien de recevoir des coups chaque jour. Je n'ai pas le droit d'avoir d'amie, je n'ai pas le droit de sortir seule, je dois rester dans ma petite cabane, faire ce qu'ils me demandent et me faire le plus petite possible. Le reste de ma famille se compose Nahil, âgé de 25 ans. C'est un homme tout aussi mauvais que mes parents, parfois je me demande ce qui ne va pas chez lui. Il me frappe quand je range mal sa chambre ou quand son repas est froid. Puis viens Halim âgé de 23 ans. Lui c'est une sorte de carapace, il ne parle à personne mais ce qui est bien c'est qu'il ne me frappe pas, le seul qui ne m'a jamais touché. Il est mystérieux et c'est fou de dire cela à propos de son frère mais j'aimerais bien le connaître. Malheureusement il est très fermé, et puis c'est pas comme si j'avais le temps d'avoir une grande discussion avec lui. Il avait un temps où j'avais une sœur, Meyna, la dernière fois que je l'ai vu elle avait 18 ans et moi 16. Elle subissait les même choses que moi voir pire car elle a beaucoup plus de répondant que moi. Elle en avait marre de subir cela alors elle se ôta la vie, d'après ce que mes parents ont dit. Il n'y a pas un jour où je ne pense pas à elle, c'était ma force, grâce à elle je tenais dans cet enfer. Sa mort a été comme un traumatisme auquel j'ai réagi de manière particulière. Je n'ai tout simplement plus jamais parler depuis cela. Je suis devenue comme muette. Des fois je me regarde dans le miroir, je vois une fille au cœur brisé qui ne demande qu'à être libre. Je veux savoir ce que sait d'aimer et d'être aimé en retour, savoir ce que c'est la vie normale. Je m'appelle Jîhen et tout ça, c'est mon histoire, mon histoire qui restera quand mes paroles s'envoleront.

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