Chapitre 2

1843 Words
Chapitre 2 Les bâtiments sont impressionnants et bien gardés. Le tout est disposé en une forme carrée très commode, avec un parc orné d'une immense fontaine et des fleurs d’iris de tous genres et couleurs. Cette belle marée colorée m'envoûte au fil des secondes qui passent. Un des gardes m'accompagne à présent vers mon protégé pour que je rencontre enfin ce dernier. Suite à cela, il me conduira à ma chambre. Karl m'a abandonné à l'entrée de l'académie, mais cela ne me dérange pas plus que ça. Après tout, il ne m'était pas très utile non plus. Mes ballerines foulent le sol à une allure assez rapide, tentant de suivre celle de l'homme qui me guide. La curiosité commence à remonter à la surface de façon persistante, tandis que mon cœur s'emballe à la vue de ce palace. Pourquoi enfermeraient-ils des criminels ici ? Cela me paraît plutôt être un privilège qu'une punition ! Un moineau joue avec l'eau de la fontaine en marbre blanc, éclaboussant ses fines plumes. Cette scène me fait sourire. C'est tellement paisible et beau à la fois. La forêt qui avoisine l'académie avait l'air menaçante, mais maintenant que je suis ici, je ne vois plus que la beauté de cet endroit caché de tous. Le vent semble emporter une mélodie aux notes sucrées et douces. Cela me rappelle le parfum de cannelle qui emplissait autrefois ma maison natale. Le visage de mon frère se dresse devant moi, chose que je repousse aussitôt au plus profond de mon être. Je n'ai pas de temps pour du sentimentalisme qui me rend faible ! Mes yeux caressent les éblouissantes feuilles des iris. J'aimerais tellement laisser glisser mes doigts sur cette surface soyeuse ! De petites perles d'eau ornent leurs contours, provenant de la fontaine non loin de là. L'académie ressemble à un paradis interdit ! Soudainement, la question du caractère de Dennis me revient. Je suis bien curieuse de savoir quel genre d'homme il est, même si je ne m'attends à rien d'autre qu'un élève gâté venant d'une famille riche. On ne peut pas me faire croire une seule seconde que cette académie abrite des enfants d'un milieu défavorisé. Provenant moi-même d'un quartier pauvre, cette injustice m'a toujours dégoûtée au plus haut point ! — Demoiselle ? Le garde me rappelle à l'ordre, tandis que je me rends compte que tous les muscles de mon corps se sont peu à peu tendus, prêts à l'attaque. Cette découverte me surprend. Je n'ai jamais été une personne violente en dehors de mon travail. Je secoue la tête, tout en remettant mes idées en place. Je suis ici pour purger ma peine, pas pour l’alourdir. Mieux vaut ne pas se faire remarquer dès le premier jour ! Après avoir repris mes esprits, je continue mon chemin aux côtés de mon guide. C'est alors que mes pensées reviennent vers mon protégé. C’est le tempérament qui compte le plus lorsqu’il faut travailler ensemble et non pas le physique. Cela m'arrangerait même qu'il ne soit pas très ravissant, car les relations autres qu'amicales sont strictement interdites ici. Entre les étudiants et les gardiens en tout cas. Ce serait embêtant de devoir travailler avec quelqu'un de séduisant sans pouvoir tenter quoi que ce soit ! Je n'ai jamais été une séductrice, mais mon instinct animal pourrait très bien me faire changer d'avis. Malheureusement, je dois maîtriser ce dernier si je veux un jour rentrer chez moi, ce qui ne va pas être chose facile. Disons que ma louve n’est pas vraiment des plus sages, au contraire. Personne ne peut être plus impulsif qu’elle ! On est la même personne, tout en ayant des réflexes bien différents. La fatigue commence à se faire ressentir dans chacun de mes membres engourdis. La cause de cela ? Le voyage sous forme humaine bien sûr ! Depuis toute petite, j'ai toujours été entraînée en tant que louve et non en tant qu'humaine. Disons que mon endurance varie d'une forme à l'autre. Le soleil brûle lentement ma peau apparente, chose qui est assez rare dans cette tenue. La sueur, quant à elle, semble recouvrir mon corps entier à travers la chemise qui colle à mes membres. On ne m'a absolument pas autorisé à prendre quoi que ce soit de personnel. Même mes photos m'ont été enlevées ! Les traits des visages de ma famille vont tellement me manquer ! Mais il en est ainsi, même si cela me dérange de devoir purger une peine injustifiée. Je secoue la tête, évitant de me mettre encore plus en colère que je ne le suis déjà. L'homme qui m'accompagne doit bouillir sous son costume totalement noir et identique à celui de Karl. Lui non plus ne m'a pas adressé la parole depuis tout à l'heure, mis à part le moment pendant lequel il m'a rappelée à l'ordre. Ses pas se dirigent machinalement vers un bâtiment de forme circulaire qui ressemble à une immense tour. La pierre de la bâtisse est propre et blanche, comme si elle venait tout juste d'être construite. Après quelques longues minutes, je me trouve devant la porte d'entrée faite d'un bois clair. La laque qui recouvre celle-ci reflète les rayons du soleil, créant depetits arc-en-ciel. Le garde me fait impatiemment signe d'entrer, chose que je fais aussitôt. Il reste dehors, tandis que j'entre toute seule dans ce mystérieux espace. Un air frais vient à ma rencontre, provenant de la pierre naturelle qui tapisse les murs. Cette dernière retient la chaleur en dehors de cette pièce. La sueur qui trempe mes vêtements semble aussitôt s'arrêter de couler, ce qui me fait le plus grand bien. Les pierres, contrastant avec le mobilier moderne qui a soigneusement été installé, font un parfait mélange entre l'ancien et le renouveau. Je passe ma main sur la surface compacte du cuir blanc de l'immense canapé qui occupe une grande partie de l'espace. Les lampes blanches ont été allumées, mais ne servent à rien. Leur lumière est surplombée par celle du soleil. Le parfum de lavande qui flotte dans l’air me fait sourire, me rappelant celui de ma chère mère. Son rêve était de visiter les étendues violettes de la Provence française, chose qui n’arrivera sûrement jamais. Après tout, rêver est la plus belle chose qu’il soit. Un petit raclement de gorge me sort brutalement de mes pensées, me faisant sursauter. Derrière moi, un jeune homme entre dans la pièce, également habillé de l'uniforme de l'académie. Un étudiant! Mon cœur s'emballe lorsque je réalise que cet homme est sûrement le prénommé Dennis. Ses boucles blondes contrastent avec sa peau bronzée et ses yeux couleur noisette. Je baisse la tête en signe de respect. Il est beau, mais pas forcément mon type et cela me rassure. Son regard chaleureux s'aventure le long de mes courbes, ce qui me fait frissonner de dégoût. Je déteste les hommes de ce genre ! J'aurais presque envie de lui mettre une claque amicale pour lui montrer les limites de l'acceptable, mais je n'en ai malheureusement pas le droit. Je crois que, finalement, on ne va pas s'entendre tous les deux. Cette idée m'angoisse au plus haut point. J'inspire longuement, me rappelant à l'ordre. Tu n'as pas le choix Alicia ! Faire la difficile ne fera que me porter préjudice. — Bonjour, je m'appelle Georges. Me dit mon interlocuteur pour briser le silence. Il m'adresse un sourire de tombeur qui n'a que pour effet de me dégoûter encore plus de sa présence. Comment peut-on tomber dans un tel piège ? Tant de filles s’entre-tueraient pour pouvoir être à ses côtés, chose qui me fait grimacer. La bonne nouvelle est que cet homme n'est pas mon protégé ! Je pourrais donc quand même lui mettre des claques quand l'occasion se présentera, ce dont je me réjouis déjà. Mes muscles se détendent de nouveau un à un. Pourquoi suis-je tellement stressé pour une simple rencontre ? Après tout, ce n’est pas la première fois que je me retrouve en face d’un humain. Tout à coup, j'entends une porte claquer et je vois une autre silhouette entrer dans la salle sans grande envie. Il me semblerait même que le jeune homme voudrait plutôt repartir qu'autre chose. Sa barbe d'un jour lui donne un air légèrement négligé, ce qui me plaît incontestablement. Pourtant, il porte son costume avec une élégance inouïe. On ne peut pas être négligé et élégant en même temps n'est-ce pas ? Cette idée est largement contestée par l’apparition qui s'offre à moi. Mon cœur s’emballe lentement, me faisant comprendre que ce nouveau venu m’attire plus que son ami. Indifférent, nonchalant et charismatique ? C’est le parfait cocktail pour définir tout ce que j’aime ! Après tout, c'est exactement ce que les louves dominantes aiment. Ses larges épaules montrent qu'il pratique un bon nombre de sports, et son menton carré ne le rend que plus séduisant. Ses cheveux châtains sont courts et soignés. Je le salue de la même façon que je l'ai fait avec Georges, ce qui semble encore plus agacer mon interlocuteur qui lève les yeux au ciel.Je serre les poings, agacée par son comportement d'enfant gâté. Le sang commence aussitôt à bouillir dans mes veines face à tant de manque de respect, cela est un crime dans ma société respective. Je serre les poings pour tenter de me contenir. J'aurais dû m'en douter, mais prochaine fois il n’aura droit à rien d'autre qu'un regard méprisant ! Dans mon monde, il faut se faire une place et obtenir le respect de ses semblables, peu importe comment. Au lycée, personne n'a jamais été irrespectueux envers moi. Bon, pas devant moi en tout cas. J'ai travaillé dur pour être aussi respectée de mes semblables, mais cela ne compte pas ici. À présent, je ne suis plus qu'une criminelle, ni plus, ni moins. Ici, ces étudiants ne me voient que comme une nouvelle élève humaine, ce qui a le don de me frustrer. Cependant, lorsque nos regards se croisent, toute la colère s'apaise d'un seul coup. C'est comme si un cocon solide et réconfortant se forme autour de son regard bleu azur qui m’hypnotise entièrement. Mes membres tremblent face à cette nouvelle découverte qui n'est pas des moindres. Ce n'est pas bon ça ! Pas bon du tout ! Je serre les poings, contenant cette émotion qui se fraye un chemin à travers mon organisme entier. Mes poumons cessent toute activité, tandis que mes jambes se raidissent instantanément. La tension fait accélérer mon pouls et le temps semble s’arrêter autour de moi. Dennis ouvre sa bouche fine et bien dessinée qui m'appelle sans cesse. C'est comme s'il voulait dire quelque chose d'important, sans pour autant y parvenir. Je tente plusieurs fois de détourner le regard, mais des frissons envahissent mon corps entier à chacun de mes battements de cœur que j'entends résonner en moi. J'ai de plus en plus de mal à respirer entre la panique et la peur qui m'immobilisent entièrement. Depuis combien de temps cela dure-t-il déjà ? Je tente une dernière fois de me détacher de son regard pour n'attirer aucun soupçon. Moi qui voulais éviter les problèmes ! J'ai l'impression d'être tellement vulnérable, chose que je ne suis absolument pas. Soudainement, le jeune homme coupe le contact visuel sans le moindre effort. Est-ce que je suis la seule à avoir ressenti quelque chose ? Son air indifférent me fait mal. — Enchanté, je m'appelle Dennis. Bienvenue à l'Académie. Son ton est sec, tandis qu'il prononce ces mots d'un air robotique. Ses yeux fixent le mur derrière moi, évitant tout contact avec les miens. Suite à cette phrase, il sort de la pièce sans me jeter le moindre regard, suivi de Georges. Ce dernier semble n’avoir rien remarqué d'après ce que je peux voir. Je reste là, toute seule au milieu de cet immense espace, tentant en vain de comprendre ce qui vient tout juste de se passer. Un sentiment de rejet anime mon organisme, me faisant réfléchir. Mes mains tremblent lorsque je relâche la pression que j'effectuais sur celles-ci. Je regarde longuement le sol, me perdant dans la recherche d'une réponse plausible. Espérons qu'il y en a bien une.
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