Prologue-2

2004 Words
« Tu m’as manqué. — Vraiment ? » Je hochai la tête avec vigueur. Il se pencha pour m’embrasser. Avec un soupir appréciateur, je promenai mes doigts sur son pull pour l’encercler de mes bras tandis qu’il retirait ses lèvres. Son sourire espiègle fendit son visage. « Serais-tu jalouse ? » Surprise, je reculai ma tête pour mieux le dévisager. « Pas du tout. Pourquoi tu dis ça ? » Alors il me transperça de ses yeux bleu azur, étincelants d’amusement. « Ton b****r était possessif. De plus, ce fameux regard en disait long. — Mon cher, mon regard n’était qu’un avertissement. Que toute fille sait décrypter. C’est comme un code entre nous. » Dressant un sourcil intrigué, il inclina la tête sur le côté. « Ah bon ? Et c’était quoi le message ? — Pas touche. Propriété privée. » Matt éclata de rire en rejetant la tête en arrière. Un rire si franc qu’il attira l’attention des deux Barbie qui nous regardaient comme des moucherons écrasés sur leur pare-brise. — Et puis quoi ? Je n’aime pas quand on touche à ce qui m’appartient, m’offusquai-je en m’écartant. Enfin, je ne veux pas dire que tu es un objet… Aussitôt, il me fit taire avec un b****r et me plaqua contre son torse d’une forte main. — Mais tu as raison. Je suis ton objet. Je suis ta propriété privée. — Je t’interdis de te moquer ! — J’aurai dû accepter son invitation masquée pour voir jusqu’où pouvaient aller tes codes visuels. Toujours prisonnière de ses bras, je reculai vivement la tête en le fusillant d’un regard irrité. — Là, c’est toi que j’aurais électrocuté sur place ! Je faisais profil bas depuis des mois. Je n’utilisais presque jamais mes pouvoirs, sauf pour les rares séances d’entraînement au Manoir, à l’abri des regards. Je pouvais faire quelques exceptions et cela en était le parfait exemple… Son rire redoubla, je me ressaisis immédiatement. — Mince alors ! Je suis jalouse. Acquiesçant, il arbora un sourire satisfait, puis sa bouche s’attaqua à mon cou. « Bienvenue au club. » Inclinant la tête pour lui donner un meilleur accès, il parsema ma peau de légers baisers, s’acheminant avec une lenteur frustrante jusqu’à ma bouche. Il chassa ma jalousie d’un b****r intense, m’envoûtant sur-le-champ. Dès l’instant où nos bouches dansèrent avec tant de passion, je fus traversée par cet agréable frisson et une onde de plaisir jaillit dans tous les sens. Il passa ses mains sous mon pull et s’agrippa au bas de mon dos. Sentant une vague de chaleur émaner de Matt, je fus à deux doigts de fondre. Posant mes mains sur son torse, je le poussai gentiment. Une fois n’est pas coutume, il me mordilla la lèvre inférieure, n’approuvant pas la séparation de nos bouches. — Aurais-tu oublié que nous ne sommes pas seuls ? Une étincelle farouche traversa ses iris. — Tu sais bien que j’ai du mal à me retenir. — Faut-il que je pense à t’apprendre à te tenir en public ? Il haussa les épaules. — Rien ne les force à regarder. Il retira ses mains et les mit dans les poches arrière de mon jeans. Un geste possessif, intime, qui ne me gênait plus. — Tu sais ce que je veux, moi ? Qu’on s’échappe d’ici et qu’on s’enferme dans une grotte… Juste toi et moi, murmura-t-il sur un ton prometteur. — Ce n’est pas toi qui voulais boire un verre ? Il se pencha vers mes lèvres. — Plus maintenant. Je crains qu’il n’y ait pas ce que je désire sur leur carte. Souriante, je compris exactement à quoi il faisait allusion. Tirant sur ses avant-bras, je plaquai nos mains, entrelaçant nos doigts. Tout à coup, sa bouche se durcit contre la mienne et je vis une ombre froide traverser ses pupilles. D’abord, je crus à une désapprobation de mon geste. Or, son visage se figea de sévérité, me laissant deviner que son revirement était causé par autre chose. Confirmant mes doutes, il se retourna et s’exclama haut et fort. — Moi ! Son ton était rude. L’instant d’après, je perçus un hoquet de surprise. Penchant la tête sur le côté, je vis la blonde, les yeux écarquillés et la bouche ouverte de stupeur. « Que se passe-t-il ? » Contrarié, Matt ne répondit pas, continuant à la fusiller du regard. Je tirai sur son pull pour attirer son attention. Étouffant un grognement, il détourna les yeux et revint vers moi. Je l’interrogeai du regard pendant que son visage se détendait. « Ce n’est rien. » Au même instant, il m’encercla la taille de ses bras et me serra contre son torse. « Hey, la brute ! Tu viens de grogner. Ce n’est pas rien. Je t’écoute. » Après quelques secondes, il émit un soupir résigné. « Cette greluche se demandait ce que tu avais de plus qu’elle. J’étais obligé de lui répondre. — Oh ! » La greluche avait certainement utilisé un vocabulaire plus virulent. Cela me passait au-dessus de la tête. La réponse de Matt était la seule chose qui m’importait. Lisant dans mes pensées, il desserra son étreinte et me leva le menton, plongeant ses yeux dans mon regard. « Je t’appartiens. C’est un fait irréfutable. — Intéressant… je n’étais pas au courant. — Quoi ? Tu ne le savais pas ? » Je réprimai un rire et secouai la tête, indiquant que non. Un air de vaurien frémit sur son visage. « Inadmissible ! Il va falloir que je remédie à ça. » Sur ce, il me souleva d’un seul bras et sa bouche s’écrasa sur mes lèvres d’une manière sauvage, tandis que sa main retenait ma tête. Faisant taire un hoquet de surprise, je ris contre sa bouche, enlaçant son cou de mes bras. — Vous ne pouvez pas attendre d’être seuls pour faire vos cochonneries ? Vous avez fait fuir les demoiselles, laissa tomber Sami. Libérant mes lèvres, Matt posa mes pieds au sol. — Si au moins nous pouvions les faire, ces cochonneries, je ne sortirais pas de la chambre, répliqua-t-il en lui jetant un regard. Sami s’immobilisa en agitant les mains. — Stop ! Stop ! Je ne veux rien savoir. J’ai eu mon quota d’horreur pour la journée. Au même moment, je m’écartai en donnant un coup de coude dans les côtes de Matt. Croisant mon regard noir, il me sourit à pleines dents, se contentant d’un haussement d’épaules. Il passa un bras sous mon menton pour me plaquer le dos contre son torse. — Ta journée s’annonce plutôt bien, dit-il à Sami. Ce dernier brandit un papier entre deux doigts, où je pus distinguer un numéro de téléphone. — Mes charmantes nouvelles amies sont impatientes de me revoir. — Je commence à cerner ton genre de fille. Tu mérites mieux que ces deux cinémas-là, grommelai-je en grimaçant. Sami s’affala sur la banquette. — Elles peuvent faire tout le cinéma qu’elles veulent, ça ne me dérange pas tant que j’obtiens ce que je veux. Autrement dit, un petit rendez-vous pour un agréable moment. « Oh, les hommes ! » — Hé, les mecs ! Comme d’hab’ ? héla Joey du bout du comptoir. — J’ai envie d’un « Câlin GynSarah ». Tu aurais ça en stock ? s’exclama Matt, en riant. Du coin de l’œil, je vis Sami se poser une main sur le front en levant les yeux au ciel. — Hein ? répondit Joey, perplexe. Puis il vit mon expression. Bouche bée, les yeux ronds, peut-être même les joues rouges. Joey rit à son tour. — Oh ! Ça ! Non, désolé. — Dommage. Alors, comme d’hab’, une bière en bouteille. — Deux, ajouta Sami en levant deux doigts. — C’est comme si c’était fait ! Après qu’il se fut retiré pour préparer la commande, je me tournai vivement. — Non, mais ça va pas ! Qu’est-ce qui t’arrive ? — Il a le petit popol en feu, lança Sami. Je l’assommai brusquement d’un regard tranchant. Sami leva les mains en signe d’apaisement. — D’accord… Je me mêle de mes oignons. Quand je revins sur Matt, j’interrompis son rire muet avant qu’il ne réponde, feignant un air innocent. — Je demande, c’est tout ! Qui sait ? Peut-être que ça existe. — Tu ne peux pas être sérieux deux secondes ! Tu m’as mise mal à l’aise. Je fis un pas vers la banquette, continuant à marmonner. Mais il me retint en glissant ses doigts sous ma ceinture. Il me ramena à lui d’un coup sec. — Où vas-tu comme ça ? — Je vais m’asseoir. J’aimerais bien finir mon café. Il verrouilla nos regards, réalisant qu’il m’avait vraiment mise dans l’embarras. Puis, il prit délicatement mon menton avec deux doigts, son pouce caressant doucement ma peau sous ma lèvre inférieure. Me forçant à lever la tête, il frotta son nez contre le mien avec une lueur navrée dans les yeux. C’était sa façon de s’excuser. Et, comme toujours, l’instant d’après, je lui pardonnai. Me hissant sur la pointe des pieds, je pris donc son visage en coupe et déposai un b****r sur son nez. Lorsque je me retirai, il me regarda avec son sourire espiègle. « Tu ne peux pas résister à mon charme. » Exaspérée, je levai les yeux au ciel. S’asseyant sur la banquette, il poussa la table de son pied pour m’installer sur ses genoux. Je passai un bras autour de son cou. — Alors, ta voiture ? Où ça en est ? demandai-je à Sami. Il se redressa, ses yeux vert-jaune étincelant de colère. — Il va falloir changer tous les sièges. À cause de cette vipère, ça va me coûter la peau des fesses, cette histoire. — Hé ! Tu l’as bien cherché toi aussi. Tu sais très bien que brancher Ash sur ses cheveux la rend furax, lui rappela Matt, promenant ses doigts sur ma cuisse. — Ouais ! Mais une vanne ne vaut pas un tel c*****e. Elle a bousillé ma voiture ! Prenant ma tasse, j’y trempai mes lèvres. Mon café était froid. Je bus tout de même quelques gorgées avant de la reposer. Sami et Ashley étaient très proches avant cet incident. Sami était devenu froid et distant avec elle. Beaucoup trop fière, Ashley n’admettrait jamais que cette situation la rendait très triste. — Pourquoi tu ne laisses pas ta trottinette comme ça ? Cela lui donne un certain charme, plaisanta Matt. — T’as craqué mon pote ! À chaque fois que je fais monter une fille, elle se défile. C’est comme si j’étais marqué au fer par ce diablotin. Non, il est impératif que je les change si je veux reprendre la chasse à la petite culotte. J’objectai sur un ton critique : — Sami, je ne comprends pas pourquoi tu lui fais encore la gueule. Ça fait plusieurs mois maintenant. Un air boudeur relaya sa colère naissante. — Elle est allée trop loin. Elle sait pertinemment qu’il ne faut pas toucher à mon bébé. Il me faudra du temps pour digérer. — Voilà, les mecs ! dit Joey au même moment, en déposant les bières. Je continuai à observer attentivement Sami. Son bébé était une Mustang V8 cabriolet. Franchement, elle n’avait rien de spécial à mes yeux. Lui, en revanche, aurait vendu son âme au Diable pour la préserver. Quoi qu’il en soit, l’expression qui traversa quelques secondes son visage indiquait clairement qu’il était tout autant contrarié par la tension entre Ashley et lui. — J’arrive ! lança Joey à un client. On se fait une partie de billard dès que mon père prend la relève ? — Pourquoi pas ? répondit Matt. Tandis que Joey s’éloignait, il se tourna vers moi. — Tu joues avec nous ? Il nous faudra un quatrième joueur. Quatrième joueur ou pas, je faisais toujours partie du jeu. Malgré moi, il m’avait appris à jouer au billard, même si je préférais de loin le poker. Je me remémorai notre première rencontre au Manoir. Il avait clairement fait comprendre que je n’étais pas la bienvenue dans ces parties. — Surtout, ne fais aucune réflexion, prévint-il, devinant mes pensées. — Je n’allais pas t’en faire. Il resserra son bras autour de ma taille alors que je m’intéressai de nouveau à Sami. — Tu es un idiot. Tout ça à cause d’une voiture. Vous étiez cul et chemise tous les deux. Et franchement, cela vous rend aussi malheureux l’un que l’autre. Pourquoi tu n’acceptes pas ses excuses ? Il finit de boire sa gorgée de bière. — Moi, malheureux ? C’est vrai que ça m’emmerde. Mais malheureux, non. J’en ai marre de son caractère de chien. Un ours grognon suffit largement. L’attention de Sami dévia une seconde sur Matt, l’ours grognon. Il continua : — Tu ne peux même pas rire avec elle. Il faut constamment faire attention à ce que tu dis pour pas l’énerver ou la vexer. Ça devient gonflant à la fin. Cela dit, elle ne m’a pas l’air d’être si mal. — Bien sûr qu’elle l’est. Pourquoi crois-tu qu’elle sorte de la pièce à chaque fois que tu y es ? Elle ne supporte pas que tu l’ignores. Et… possible qu’elle t’ait vraiment marqué. Elle est peut-être jalouse que tu sortes avec d’autres filles. Subitement, il éclata de rire en se retenant les côtes. — T’es tombée sur la tête, Sarah ! Nous parlons d’Ashley. La seule chose qui l’inté­resse chez moi est de me mener la vie dure. — Ne rigole pas trop. Elle n’a pas tort. Ça expliquerait sa réaction excessive avec ta voiture. Les filles jalouses ont un comportement très impulsif, lança Matt en me jetant un coup d’œil amusé. — Absolument, confirmai-je, lui tapotant le bout du nez avec l’index. Alors, attention ! — Arrêtez vos conneries. Vous avez pété les plombs, rétorqua l’intéressé. Matt se détourna vers lui. — C’est toi qui es aveugle. Avec le ton que Matt employait, je devinai que je n’étais pas la seule à être convaincue de cette attirance.
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