Dimanche 15 septembre

1021 Words
Ce matin, j'ai à peine eu le temps de me réveiller et d'espérer que tout se passerait sans anicroche, que Magdalena m'appelait pour m'annoncer le retard de son avion. Ce qui allait affoler toute la maisonnée, bien que cela ne nuise pas spécialement au programme de la journée, puisque le plus important est qu'elle sera là avant le départ. Mais je connais mes sœurs, tout est organisé à la lettre, sur le bout des doigts et à la minute près. Mag le sait parfaitement, c'est certainement pour cette raison que c'est moi qu'elle a prévenue. Alors, j'ai attendu le dernier moment pour leur annoncer la nouvelle, et je me suis enfuie dans la cuisine quelques secondes avant que la crise explose dans le salon. Mes trois neveux y étaient déjà. Les fils de Sara et Damien, Jonathan et Nathaniel, des jumeaux de six ans, ainsi que Léo, trois ans, étaient installés à un bout de la table avec chacun son paquet de céréales et son paquet de bonbons. En leur présence, on oublie tout. Il n'y a que joie et bonne humeur. Ils sont notre havre de paix. Peut-être était-ce la raison pour laquelle mes aînées avaient été si heureuses, en apprenant que ces enfants seraient des garçons. Et que maman leur autorise vraiment tout et n'importe quoi, d'où les bonbons nounours, en gélatine, mélangés dans le lait avec les céréales, même si ça rend dingue leur père. Ils rompent le cercle féminin, ça fait du bien. Damien ne s'était que rarement montré chez nous jusqu'à l'an dernier, quand Magdalena s'est mariée avec Lincoln, et que Rosélia et Katarina se sont fiancées, respectivement avec Axel et Oliver. Ensuite, il s’est senti mieux, quand les autres ont intégré les rangs autour de la table pour les repas de famille et qu'il n'était, enfin, plus le seul homme dans notre cercle familial. Enfin bref. Nous partons dans quelques minutes, tout le monde s'affole, sauf moi. C'est tout juste si j'ai eu la permission de mettre mes chaussures toute seule ; ce qui n'était pas bien compliqué, il ne me restait plus que mes ballerines, Carolyne ayant empaqueté toutes les autres. Mes sœurs et ma mère se sont occupées de tout, Damien a pu mettre les bagages dans la voiture lui-même, à force d'insister, et mes neveux veillent à ce que je fasse le plein de bonbons, en faisant en sorte que ma bouche ne soit jamais vide plus de quelques secondes. Magdalena est arrivée vers dix heures moins le quart, j'ai à peine eu le temps de la voir, pour qu'elle me fasse la surprise de nous accompagner Sara et moi, et qu'elle m'annonce qu'une autre surprise m'attendait à Newport Coast (ma destination !). Ensuite, elle n'a pas arrêté de s'activer dans la cuisine avec maman. La seconde préparait des cupcakes, en supervisant la première qui préparait les sandwichs et tout ce dont nous pourrions avoir besoin pour les deux jours à venir, bien que Mag ait toujours respecté à la lettre les conseils de maman. - Kristen, tu es prête ? C'est l'heure, il faut partir, m'informe Sara. Comment n'aurais-je pas pu l'être ? Je n'ai eu qu'à m'occuper d'emballer mon ordinateur portable et vérifier le contenu de mon sac à main ! Je lui fais un sourire avec un signe de tête affirmatif. Puis, elle se tourne vers ses fils. - Maman revient dans une semaine, promettez-moi d'être sage avec grand-mère. C'est elle qui s'occupera de vous quand papa sera au travail. - Promis ! Hurlent-ils en cœur de leurs petites voix pleines d'amour, en se jetant dans les bras de leur mère. Je les embrasse à mon tour, Jonathan me tend un magnifique petit cadre photo, qu'ils ont peint eux-mêmes, dans lequel se trouve une photo de lui et de ses frères. Elle exprime tellement toute la véracité de leur joie de vivre et de leur amour, qu'une larme m'échappe. - Merci beaucoup les garçons, je la mettrai près de mon lit, comme ça, je verrai votre sourire tous les matins au réveil et tous les soirs avant de m'endormir. Je les serre dans mes bras chacun à leur tour, puis je vais embrasser mes sœurs. Rosélia me souhaite un bon voyage, mais je lis dans ses yeux sa réticence à me laisser partir. Je n'ai pas été très proche d'elle et de Katarina cette dernière année. Depuis qu'elles se sont fiancées, en fait. Non pas parce qu'elles étaient moins présentes à la maison, mais plutôt parce qu'elles étaient sur leur petit nuage d'amour et que tout en m'échappant complètement, leur bonheur a fait naître en moi une certaine jalousie que je ne comprenais pas et je m'en voulais terriblement. Mais je sais que je peux les appeler à n'importe quel moment, elles seront toujours là pour moi. Ce que me confirme Katarina en m'embrassant à son tour. Ludovica me fait promettre de lui faire un compte-rendu tous les jours. Je ne crois pas que ce soit de ma vie qu'elle parle, mais plutôt des nouveaux petits potins mondains qui peuvent en résulter. Élisabeth me souhaite de rencontrer l'amour et Carolyne, d'en profiter et de m'amuser tant que je le peux. Malgré son sourire, la colère et la peine se lisent encore dans son regard. Je finis en embrassant ma mère. - Appelle-nous immédiatement si quelque chose ne va pas. Quoi qu'il se passe. - Ça va aller maman, ne t'inquiète pas. Je t'aime. - Une dernière chose, me dit-elle en me prenant à part. Il est grand temps que tu acceptes de prendre ceci. Elle me tend ma carte bancaire. Je n'ai jamais voulu l'avoir, mais je n'ai plus le choix, je vais devoir me débrouiller seule maintenant et je ne vais pas pouvoir demander à maman de me débloquer un peu d'argent dès que j'en ai besoin. - Merci maman, soupiré-je. - Je t'aime chérie. Mon sac sur l'épaule, je file dans la voiture suivie de mes deux aînées, avant que quelqu'un d'autre trouve encore une excuse pour nous retarder. Damien me dit de prendre soin de moi en claquant la portière et nous souhaite un bon voyage.
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