Désillusion

2071 Words
Isabelle Jeudy Il était midi lorsque je rejoignais Ernso au cafétéria du campus pour manger un bout. Je ne m'attendais vraiment pas à tomber sur du maïs avec de la purée d'haricots noir, le tout accompagné de légumes. Tout ce que je n’aime pas manger. J’étais dégoûtée. - Beurk ! Du maïs ? Un lundi, carrément ? D'où est-ce qu'ils viennent ces gens là ? Depuis quand un haïtien consomme du maïs un lundi ? A midi en plus. - Tu ne manges pas ça chez toi ? Il me demande surpris de ma reaction. - Si. Une fois parfois. Quoique je n'aime pas ça, lui répondis je dégoutée. Pas un lundi quand même. - Mwen ki soti latibonit. M pap fè tankouw (moi qui suis originaire de l'Artibonite, je n'aurai pas reproduit ce que t'as fait). On aurait dit que c'était infect à suivre ta mimique dégoûtée. Je mange de tout moi. Tu devrais penser à en faire autant. C'est plus équilibrée comme alimentation. Ton corps te remerciera. - Ne te méprend pas à propos de moi. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Je ne suis pas de celle qui minimise les aliments. Mais quand même. Quand je rentre dans un resto un lundi, je m'attends à être servie d'un bon petit plat de riz avec de la purée de pois et de la sauce. - On peut toujours aller en face si tu veux. Il y a un restaurant dehors, il me propose. Sauf que là-bas, il n'y a que des pattes à cette heure de la journée. - Allons y, je lui dis alors que j’étais déjà débout prête à quitter les lieux. Ce serait mieux, je pense. On est sorti ensemble lui et moi. Il a prit les devant afin de m'orienter vers l'endroit qu'il avait mentionné plus tôt. Je n'ai pu m'empêcher de le reluquer alors qu'il avançait devant moi. Je me pince les lèvres surexcitée. J'adore trop sa démarche. Perdue dans mes pensées, je n'ai pas eu le temps d'esquiver un jeune homme qui se tenait dos à moi à la sortie. On s’est heurté. Étant donné qu'il me donnait dos, c'était à moi de ne pas aller droit sur lui. Malheureusement c'était déjà arrivé. Alors il me fallait m’excuser. Et c'est ce que je m’appretais à faire. - Oh ! Sorry ! Je ne t'avais pas vu, m’excusais je. - Tu veux donc dire que je suis invisible ? C’est donc cela ? Il s’offusque. - Euh... Non. Pas du tout. Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je... - Pourquoi tu t'excuses alors que c'était à lui de le gaire ? Me reprimande Ernso. Et toi, tu dégages de là Olivier, il le menace. Va poser tes yeux ailleurs. Et laisse la petite tranquille. Le fameux Olivier, qui semble n'avoir remarqué Ernso qu'au moment où celui ci a parlé, a libéré les lieux sans broncher. Pourquoi avait t'il autant peur d’Ernso ? Ça, je suppose que je n'allais jamais le savoir. - Tu n'avais pas besoin d'user d'autant de violence Ernso. Il aurait compris même si tu avais parler plus bas. De plus, j'étais en tord. C'était à moi de m'excuser. - Si tu le dis, il me répond sans grande conviction. On a continué notre route sans rien ajouter de plus. En vrai, on a juste eu besoin de traverser la rue pour être à l'endroit qu'il avait mentionné plus tôt. C’était un petit resto en plein air. Il y a à peine une dizaine de table bien arrangé. Néanmoins, l’espace est très attrayante. J’adore. Surtout comment les tables sont disposées. C'est typiquement local. C'est Ernso qui a placé commande dès notre arrivée. - Parle moi de toi Isabelle, il me demande en me regardant avec envie. - Que souhaiterais tu savoir exactement ? Je lui répond alors que j’étais mal à l’aise par son regard trop appuyé. - Je ne suis pas quelqu'un qui y va par quatre chemins quand je dois dire quelque chose Isabelle, me dit il en me prenant les mains entre les siennes. Je suis sûre que tu as dû deviner mes intentions en me rapprochant de toi. Si ce n'est pas clair jusque là, je te l'explique en langage plus clair. Jamais je n’ai eu besoin d’amie du sexe opposé. Et cela ne va pas commencer de si tôt. Pour te dire vrai, moi même, je ne crois pas du tout en ce genre d’amitié d’ailleurs. Des amis j'en ai 3 superbe gars. Pour dire ce qui est, tu me plais beaucoup Isabelle. Et j'aimerais juste savoir si je peux attendre quelques choses de toi en retour, m’avoue t'il après avoir marqué une pause de quelques secondes. Je suis carrément choquée par son manque de timing. Sa franchise est déconcertante. Comment peut on faire autant dans la précipitation ? - On se connait à peine, finis-je par dire. - Et on aura assez le temps pour ça ma belle peu importe l'orientation de notre relation. Déjà, tu vis où ? Avec qui ? Je pourrais passer te voir chez toi sans problème si besoin ? Pourrais je t’inviter à sortir aussi ? De toute ma vie je n'ai jamais croisé quelqu'un d'aussi direct. Rien que ça, ça m'a refroidi. Il avait pourtant la majeure partie des critères physiques pour me plaire, pourtant. J'ai tout de même répondu à ses questions. Mais, je ne me voyais plus dedans. Il est tout ce que je déteste comme homme. Sans tact... impatient. C'est tellement frustrant une conversation avec ce genre de personne. Heureusement qu'on est revenu avec nos plats. Je n'avais vraiment pas envie de continuer cette conversation avec lui. Il avait commandé des pâtes comme c'était la seule chose qu'il y a vu avait à cette heure. Chose que je n'aime pas trop non plus. Étant donné qu'il m'avait bien prévenu, et aussi pour ne pas changer une deuxième fois de suite dans la même journée, j'ai essayé d'avaler quelques branches. Il m’observe manger. Je crois qu'il a compris le message. - Tu n'es pas chaude pour les pâtes non plus ? Il semblait avoir pitié de moi. Je grimace et je repose mon regard dans mon plat. - Tu vas devoir aimer, me prévient il. Entre les moyens économiques et le manque de temps, la majeure partie du temps c'est ce que tu vas manger ici. Se manje etidyan (c'est la nourriture des étudiants). On a eu une heure de pause. Durant ce laps de temps, Ernso ne m'a lâchée d'une semelle. On a eut le temps de faire le tour du campus. Je n'ai pas voulu le faire lors de l'inscription car je me suis dit que j'aurais assez de temps pour le faire automatiquement que je serai admise. Plus encore parce que c'est ce que faisaient les autres. On doit dire que je suis assez complexée comme personne. Je n’aime pas faire les choses comme tout le monde. J’ai appelé Jessica pour lui expliquer ce qu'il s’est passé une fois chez moi. Avec Sofiane, elles sont mes seules amies et on s’adore tellement. Elle m’a dit que je ne devrais pas juger Ernso du premier coup et restée sur cette fausse note alors je décide de lui accorder une autre chance pour juger. La semaine est passée à une vitesse folle. Ernso m'a invitée à passer chez lui en weekend. Il m'a dit habiter à Limonade une localité non loin du campus. Alors, le samedi après midi, je me suis faite toute belle pour me rendre chez lui. Il n'y avait personne à mon arrivée. Ce qui m'a paru étrange. Dans sa chambre, il n’y a qu'un lit sur lequel il m'a proposé de m’asseoir. - Tu vis seul ? Je lui questionne un peu perplexe. - Pas du tout, il me repond très détendu. On est en tout 4 étudiants qui partagent la chambre. - Ah ! Et où sont les autres ? Pourquoi il n'y a que nous deux ici en ce moment ? Je lui demande la peur au ventre. - Tu n'es pas à l'aise pour rester seule avec moi ? Il me demande sans me regarder. - Je n'ai pas dit ça, répétais je sans conviction. Il s'est assis à mes côtés, s’est approché de moi en traînant les fesses et a commencé par me faire des attouchements. Il laissa filer sa main entre mes cuisses et allait la faire remonter jusqu'à mon entre-jambe lorsque je l'ai repoussé brusquement. - Tu fais quoi ? - Mes intentions sont claires pourtant. Il revient à la charge. - Tu le savais en venant ici, je pense. Mes intentions n'ont jamais été masquées. Tu me plais Isabelle. Et je souhaite te montrer à quel point, il répond face à mon air ahuri. - Et ? Cela signifierait-il que tu puisses me manquer de respect pour autant ? Je l’interroge. - Je ne fais pas les choses comme une chocotte Isabelle. Tu aurais voulu que moi Ernso je te fasse la cour ? Quoi ? Tu ne me feras pas croire que tu es encore vierge Isabelle, il me balance au visage en se faisant insistant. La b***e, tu connais, n'est ce pas ? - Selon toi, il n'y a que ma virginité qui pourrait représenter un frein pour toi ? Si je ne suis pas vierge je ne peux pas ne pas vouloir coucher avec toi Ernso ? C'est quoi cette mentalité ? On ne se connait pas tant que ça, toi et moi. Pourquoi vouloir coucher avec moi ? Il ne me dit rien. Mais à son regard, on sent bien qu'il est énervé. - D'abord tu te prends même pour qui ? Venir chez toi ce soir était une très mauvaise erreur de ce que je vois. Je te croyais plus civilisé que ça, je lui dis en ramassant mon sac avant de filer droit vers la sortie. Je n'ai pas eu le temps d'arriver jusqu'à la porte qu'il m'a bloquée contre celle ci. Son souffle chaud contre mon cou ne me fait plus aucun effet tellement je suis en colère. - Pas civilisé ! Moi ? Il m'arrache un b****r avant de continuer sa réplique. - Tu savais ce que je voulais. Tu es quand même venue Isabelle. C'est que tu l’avais voulu toi aussi. Alors ne vient pas jouer les saintes avec moi maintenant. Tu l’as voulu tout autant que moi. Avoue le. - Sois un homme et comprend quand une femme te dit non Ernso, dis je en me dégageant de son emprise. Venir ici ne peut en aucun cas signifier que j'ai donné mon approbation pour autre chose que discuter avec toi. Pour faire l'amour il faut être deux. - L’amour ? Qui t'a dit qu'on allait faire l'amour ? Tu as quel âge ? 15 ans ? Ne me dis pas qu'à ton âge tu crois encore au prince charmant ? - Peut être pas. Mais les brutes de ton genre ne me donne pas envie malheureusement. A m'entendre le traiter de brute, il devient s'emporte d'autant plus. - Fout ou deyò lakay mwen an (dégage de chez moi), il explose de rage. Tu crois être où ? On t'a appris que j'avais pris la place de l'amoureux transit ? Cupidon t'a loupée ma petite. Chez moi ce n'est pas un hôpital. On ne reçoit pas les visites. - Avec plaisir pauvre c*n. Je lui sors en m’en allant folle furieuse. Il s'est écarté pour me laisser passer. La veine de son front était bien visible. Mais de ça, je n'en avais rien à foutre. Je ne suis pas venue à l'université pour me faire coucher par tout le monde. Dès les premières semaines encore moins. S'il veut quelque chose avec moi, qu'il change sa sauvagerie d'abord. Et après, on verra. - C'est quel genre de conneries ça ? Et c'est pour après aller gâter mon nom avec ses potes plus tard en leur expliquant toutes les positions dans lesquelles il m’a prise. Et bien, ça a échoué. Je ne suis pas de ses filles qui couchent avec le premier venu. Me plaire c'est une chose et coucher avec, une autre. Pour être avec quelqu’un, il me faut ressentir cette petite connexion... cette alchimie... Qu'il ne me tente surtout pas une deuxième fois le petit c*n. Et dire que je l'aimais bien. - Un beau visage et puis rien du tout. Quel gâchis !
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