couverture-2

2036 Words
Complètement à l'opposée de moi. Je suis plus petite et beaucoup plus timide, ce qui me pose pas mal de problèmes, notamment dans mon approche de la gente masculine. Je l'envie parfois, j'aimerais avoir son entrain et cette confiance qui lui permet d'affronter tous les aléas. Je baille et m'étire dans mon lit en grognant. Je n'ai aucune envie de me lever, alors je m'octroie encore un petit moment. Un bruit sourd et répété me tire de mon sommeil. Décidément, il n'y a pas moyen de dormir tranquille! Je peste tout en jetant un œil à l'heure: dix-huit heures quarante-cinq! Mince, je ne pensais pas m'être rendormie tout ce temps. Je saute du lit et vais ouvrir la porte. Mélanie déboule dans le salon, les bras chargés de deux grands sacs en papier arborant les logos des magasins. Je la regarde faire, poser tout son bordel sur mon canapé en tissu beige, tandis que je galère à ouvrir correctement les yeux. Quand elle me voit en pyjama, elle se stoppe et me dévisage, bouche bée. — Ne me dis pas que tu t'es rendormie ! me gronde-t-elle. — Euh.... — Je m'en doutais. Tu me fais un remake de la belle au bois dormant ou quoi ? me dit-elle sur un ton faussement exaspéré. Sauf que c'est un conte de fées et que nous sommes dans la vraie vie, Lulu. Ton prince charmant ne viendra pas comme ça. Il ne connaît pas ton adresse, il faut aller le chercher par toi-même. Quel rabat-joie! Elle pouffe de rire et je finis par la suivre. — Allez hop ! On se prépare. Heureusement que je suis arrivée un peu plus tôt. Elle glousse puis m'entraîne dans la salle de bain avant que je n'ai le temps de dire quoi que ce soit. — Tu avais prévu de mettre quoi ? Je regarde autour de moi, à la recherche d'un plan. Étant donné que Morphée m'a kidnappé, il est bien évident que je n'ai absolument pas pensé à ma tenue de ce soir. Des vêtements accrochés à un cintre me donnent une idée. — Euh...mon jean noir avec mon top rouge. — Tu plaisantes, j'espère ? Lucie, tu es vraiment un cas désespéré. Heureusement, j'ai tout prévu. Aïe, je m'attends à tout. Contente d'elle, Mélanie sort d'un premier sac une sublime robe noire, assez décolletée avec un dos nu. Je l'enfile puis je me tourne vers ma meilleure amie, d'un air dubitatif. — Waouh, tu es sublime, très...sexy. Je regarde le bas de ma robe qui arrive à mi-cuisse. Je tire dessus dans l’espoir que le tissu se rallonge un peu. — Oh non, je te vois venir. Non, non, ce n'est pas trop court pour toi, au contraire, elle met tes jambes en valeur. Et ce décolleté… Elle me fixe en se mordant l'index. — Il est horrible. Je n'ai pas de poitrine, ça ne ressemble à rien, la coupé-je. Je complexe beaucoup sur ma poitrine, que je ne trouve pas assez ferme, pas assez ronde, trop petite...enfin pas jolie quoi. Alors mettre un décolleté comme ça, ce n'est pas fait pour moi. — Taratata, arrête de ronchonner et fais-moi confiance. Si dans cette tenue, tu ne te trouves pas un mec, je te jure que je rentre au couvent. On éclate de rire devant cette pensée aussi ridicule qu'improbable. Mélanie, en bonne sœur ? Elle serait capable de dévergonder le curé. Je coiffe mes cheveux en queue de cheval et Mélanie m'aide à me maquiller un peu. Note à moi-même, il faut vraiment que je passe chez le coiffeur, j'ai besoin d'une bonne coupe rafraichissante. De son deuxième sac, ma rouquine sort une paire de chaussures à talons aiguilles, assortie à la robe. Je l’enfile puis fais quelques pas. Oui, bon, va falloir que je m'y habitue, ce n'est pas facile de marcher avec ces trucs-là. D'habitude, je mets des talons beaucoup moins hauts ou des baskets. — Voilà, là tu es parfaite. Elle semble contente d'elle, sautille sur place en tapant dans ses mains. Je file me regarder dans le miroir de ma chambre. Je suis stupéfaite ! Elle a raison en fin de compte, le résultat est plutôt bluffant. Je ne me reconnais presque pas. Mélanie a toujours eu bon goût en matière vestimentaire. Moi, beaucoup moins, ce n'est pas mon truc. Tant que je suis habillée et que ça me plaît, au diable la mode. Je me trouve assez jolie avec cette robe. Hélas, ce n’est pas suffisant. Avec le peu de confiance en moi, je n'oserais jamais aborder un homme. Ma timidité, voilà mon plus gros problème. Ça me pourrit la vie et m'empêche d'en profiter pleinement. Si un homme me plaît, je perds tous mes moyens et m’empourpre au moindre regard. Très peu pratique pour entamer une conversation. Et à vrai dire, je n’ai pas non plus eu souvent l’occasion de flirter avec un homme. Pour ainsi dire jamais. Je ne suis pas le genre de fille sur qui on se retourne comme ça. — Allô la lune, ici la Terre. Nous avons perdu Lucie dans les étoiles. Mélanie me tire de mes pensées. Elle a toujours le mot pour rire et me mettre de bonne humeur. — Tu es prête ? dit-elle, tout excitée. — Oui. Mais au fait, on va où et comment ? — On va se faire un petit resto d'abord. Ryan nous rejoindra. Ensuite, direction l'Opium pour une nuit de folie ! Pour ce qui est du transport, comme tu ne bois pas, on avait pensé que tu pourrais peut-être faire le chauffeur? demande-t-elle en me faisant les yeux doux. — Je n'ai plus de voiture pour le moment, j'ai eu un...léger accrochage ce matin. — Quoi ? Comment ça ? Et tu ne m'as rien dit ? dit-elle un peu surprise et énervée. Je lui raconte en détail mon début de journée. Ça me fait penser que je n'ai pas rappelé le responsable de tout ça. Il faut que je le fasse demain. — Il était beau gosse au moins ? Qu'il y ait au moins quelque chose de positif. Elle est infernale, ce n'est pas possible. — Qu'est-ce que ça peut faire ? Ça ne réparera pas ma voiture. Et puis, tu crois que j'avais la tête à ça ? Je sortais du boulot je te rappelle. Je ne suis pas sûre d'avoir adopté un comportement très convaincant. Mélanie m'observe et attend que je lui réponde, les bras croisés sous sa poitrine. De toute évidence, elle ne lâchera pas l'affaire. Je soupire et hausse les épaules en signe de défaite face à sa curiosité. — Bon ok. Oui, il était plutôt pas mal du peu que j’en ai vu. Voilà, ça te va ? — Haha tu l'as maté, répond-elle avec un sourire ironique et fière d’elle. Je lève les yeux au ciel puis j’attrape mon téléphone pour appeler un taxi. *** L'Opium est une boîte de nuit branchée de Paris. Les plus grands DJ viennent y animer des soirées et des nuits endiablées. Je ne suis pas une adepte de ce genre d’endroit, étant donné que je danse comme une baleine échouée. Mais Mélanie adore et une soirée de temps en temps, ça ne va pas me tuer. Puis, elle a raison sur un point, ce n'est pas en restant chez moi que je vais rencontrer le prince charmant. Cependant, vu mes critères, je doute qu'il puisse exister. Comme on dit, l'espoir fait vivre. Alors, allons-y gaiement. Une fois rentrés, nous nous installons à une table. Je regarde autour de moi, l'endroit est plutôt classe et design, dans les tons gris et violet. Il y a deux bars, un sur le côté et un circulaire en plein milieu de la piste de danse, où les employés s'affairent pour servir les clients. — Mesdemoiselles, que voulez-vous boire ? nous demande Ryan. Il nous a rejoints au restaurant en début de soirée. C'est un bon ami à Mélanie, enfin, un ex avec qui elle a gardé de bons contacts. Peu à peu, c’est devenu aussi un ami pour moi. Plus j'apprends à le connaitre et plus je l'apprécie. — Pour moi, un jus de fraises, s'il te plait. — Et moi une vodka, dit Mélanie. — C'est comme si c'était fait, nous répond-il en nous faisant un clin d'œil, avant de disparaître au milieu de la foule. Pendant ce temps, Mèl scrute attentivement les alentours, un doigt tapotant ses lèvres. — Mèl ? Tu attends quelqu'un ? lui demandé-je, curieuse de savoir ce qu'elle manigance. — Hum, attends une minute... ah ! C'est parfait. Elle se tourne vers moi, tout sourire. — Qu'est-ce que tu penses de ce type là-bas ? Celui accoudé au bar, en jean et veste noire. Il n’est pas mal, non ? J’ai l’impression que mes yeux vont sortir de leurs orbites. Heureusement que je n’ai rien dans la bouche, j’aurais été capable de tout cracher sur la table. Ce n'est pas croyable, elle est en train d'essayer de me caser ! Encore ! J'observe le gars en question, et comme s’il sentait nos yeux sur lui, son regard se tourne vers nous, pendant qu’un affreux sourire s’affiche sur son visage. En même temps, vu le comportement peu discret de Mélanie, il ne peut en être autrement. — Franchement ? Bof, non pas terrible. Je n'aime pas l'arrogance qu’il dégage. Puis, on dirait qu'il sort d'un moule en silicone tellement ses traits sont tirés de partout. Et regarde ça, le pot de gel a dû lui tomber sur la tête. Elle souffle d’exaspération puis me montre d’autres spécimens de la gente masculine. Sans succès. Trop vieux, trop jeune, trop sûr de lui, trop gros ou trop maigre, trop sportif... bref, aucun ne m'attire plus que ça et Mél finit par abandonner. Pour mon plus grand soulagement. Ryan revient enfin avec nos consommations. Il était en train de draguer la serveuse, mais vu la moue qu'il tire, ça n'a pas dû être concluant. Il n'a pas pour habitude de se prendre un râteau par une fille. Ses beaux yeux verts, la blondeur de ses cheveux et son allure de sportif ont souvent raison de ces demoiselles. Mais visiblement, ce soir son charme n'a pas opéré. — Ton côté surfeur ne l’a pas convaincu ? le taquine Mélanie. — Elle doit être lesbienne, c’est la seule raison, répond un Ryan ronchon. Il s’assoit à notre table et sert nos verres. Mélanie et moi nous regardons, avec l’envie de pouffer de rire, devant son comportement de petit enfant qui n’a pas eu son jouet. La musique bat son plein et ma meilleure amie m'entraine vers la piste de danse, le temps que monsieur Grognon retrouve le sourire. Je ne suis pas fan de musique techno mais au bout d’un moment, je me laisse emporter. Il y a beaucoup de monde et ce n'est pas facile de danser sans se faire écraser par ces gens qui sautent de partout avec des gestes totalement désordonnés. Je ralentis mes mouvements. L’impression d’être observée me colle à la peau depuis quelques minutes, surtout lorsqu'un homme s'approche un peu trop près de moi. En tournant la tête, je vois que Ryan a disparu de notre place. Doucement, je sens deux mains se glisser sur ma taille. Je me retourne violemment et tombe nez à nez avec Ryan. — Je crois que je ferais mieux de rester près de toi, vu les regards salaces de certains sur ton corps bien moulé, me souffle-t-il dans l'oreille. J'explose de rire. Il a toujours eu ce côté protecteur avec Mél et moi. — Mais comment veux-tu qu'elle se trouve un mec si tu restes dans les parages ? grogne Mèl envers lui. Regarde-moi ça, on dirait un couple. — Ouais, c'est très bien comme ça. Je secoue la tête avec un petit sourire en coin. Ils adorent se chamailler tous les deux. Au bout d'une demi-heure environ, la chaleur est telle que je décide de faire une pause pour me rafraîchir. J’avertis mes amis en hurlant par-dessus la musique pour qu'ils m'entendent puis me faufile pour aller jusqu'aux toilettes. Mais il y a tellement de monde que je trébuche et atterris sur la personne qui est dos à moi. Quelle maladroite ! — Oups, euh…pardon. Je me relève avec autant de grâce et d'élégance qu’il possible habillée comme je le suis et, sans lever les yeux, je continue ma route. Sauf qu’une main attrape fermement mon poignet et me retient. — Décidément, c'est la deuxième fois qu'on se rentre dedans aujourd'hui. Je connais cette voix... Je me retourne et tombe sur de magnifiques yeux chocolat qui me fixent entre deux mèches brunes. Mon regard accroche le sien et devant ma surprise, il sourit, adoucissant ses traits. — J'attends toujours ton appel pour que nous puissions régler ce problème...d'accident. Au fait, nous n'avons pas été présentés. Je suis D... — Davis Preston, je suppose ? C'est écrit sur votre carte de visite, lui rétorqué-je un peu froidement au souvenir de son comportement de ce matin. En effet, nous ne nous sommes pas présentés, vous étiez trop occupé à brailler ! Waouh, j’ai vraiment dit ça? J’essaye d’adopter un ton sûr de moi, mais je ne suis pas persuadée d’être convaincante avec ma voix tremblante. De plus, le sourire qui étire ses fines lèvres me déstabilise. Je continue de le dévisager sans savoir réellement pourquoi je suis incapable de détourner les yeux. Il m'hypnotise complètement. Ma gorge s'assèche, j'ai du mal à déglutir. J'ai l'impression que le temps vient de se figer, que plus rien n'existe autour de nous, comme pour marquer cet instant. Je secoue la tête pour me sortir cette sensation débile de mon esprit.
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