Prise à son Piège

- Bonjour mademoiselle, soyez la bienvenue. Vous pouvez entrer. Monsieur vous attend. Tara afficha l’un de ses plus beaux sourires et se leva. Elle suivit la secrétaire jusqu’au bureau de Dany Carvalho, l’un des plus grands hommes d’affaire d’Aveiro, une magnifique ville portugaise. Malgré son assurance et sa détermination, Tara n’arrivait pas à ordonner aux battements de son cœurs de cesser d’être aussi rapides et désordonnés. Il y avait quand même de quoi être dans tous ses états. Elle allait enfin rencontrer son pire ennemi. Cela faisait des années qu’elle planifiait cette rencontre et voilà qu’enfin, elle allait pouvoir réalisé son rêve le plus cher. Il fallait que tout se passe bien et pour cela, il fallait qu’elle parvienne à se contrôler. Elles venaient d’arrivée à la porte du bureau de monsieur Carvalho. Tara prit sa plus profonde inspiration et attendit. Tout sourire aux lèvres, la secrétaire toqua une fois la porte et l’on entendit une voix forte ordonner d’entrer ! - Allez-y maintenant ! chuchota-t-elle à l’endroit de Tara qui la remercia et pénétra la pièce. Dès qu’elle fut à l’intérieur, la porte se referma comme par enchantement. Comme si le destin avait lui aussi décidé qu’elle soit exactement à cet endroit en ce moment précis. Tara avala un court moment sa salive et leva le menton pour se donner une assurance sans faille. Elle profita de ce moment pour parcourir rapidement la pièce du regard. C’était une immense salle avec une vue magnifique sur la ville déjà bondée à cette heure de la matinée. Méticuleusement rangée, elle était repeinte d’un couleur sombre mais les outils d’ameublement antique lui donnait un certain charme. Tout en ce lieu respirait le pouvoir et l’opulence, et c’était bien normal vu le statut de l’homme à qui tout cela appartenait. « Te voilà dans l’antre de l’ogre, Tara, se dit-elle. » Les secondes parurent beaucoup plus longues que d’ordinaire mais déjà, Tara revint à la réalité. Il fallait se concentrer et ne surtout pas se laisser impressionner. Elle se tourna vers le bureau. Il était là ! Debout face à l’immense baie vitrée, une main dans la poche de son pantalon, profitant de la vue ou peut-être faisait-il semblant. Il n’avait daigné se retourner afin de lui souhaiter la bienvenue qu’il ordonnait déjà : - Asseyez-vous ! Tara obéit sans aucune hésitation. Elle s’avança puis s’installa avec toute la grâce qu’elle pouvait contenir et entreprit de se revêtir de son masque longuement travaillé, au même moment qu’il se retournait. Elle n’eut aucune réaction mais au fond d’elle, son cœur avait fait un énorme bond dans sa poitrine. Il paraissait bien jeune et qu’il était… sexy ! « Stop ! » s’intima-t-elle. Les yeux de Dany Carvalho se posèrent sur elle et la détallèrent un moment qui lui parut une éternité. Il avait l’air intrigué mais ne fit aucun commentaire, se contentant de juste la scruter du regard comme si ça avait été un cadeau surprise offert à noël. « Espèce de s****d ! » se dit Tara en voyant à quel point il ne semblait avoir aucune gêne à l’étudier du regard. Son pouls recommençait à battre rapidement et malgré l’air conditionné, elle sentit une sueur froide lui traverser l’échine. Il ne fallait pas flancher, ce n’était nullement le moment. - Bonjour ! finit-il par dire de façon tout à fait neutre avant de prendre à son tour place. - Bonjour… monsieur. - Merci d’avoir attendu. J’avais un appel très important à prendre à la dernière minute. - Oui, votre secrétaire m’en a informé. Ne vous en faites pas pour cela, je comprends tout à fait. Je vous remercie également de m’avoir toutefois reçu. - Le plaisir me revient… Alors, vous postulez pour remplacer Maria c’est ça ? « Comme si tu ne le savait pas, pauvre c*n ! » - Exact monsieur ! - Très bien. Quel est votre nom ? - Tara. Tara Willems. - Enchanté mademoiselle Willems. Vous êtes anglaise ? - A moitié oui. Ma mère était Anglaise et mon père Portugais. Je suis néanmoins née en Angleterre et j’y ai fait mes études. - Intéressant. - Vous avez de la famille ici ? Tara crispa la mâchoire. - Non. - Un sujet sensible ? questionna Dany en la voyant changer brusquement de ton. - Plus ou moins. Je préfère ne pas invoquer cette partie de ma vie. - Si vous voulez. Vous êtes au Portugal depuis combien de temps ? - Cinq ans, mentit-elle sans ciller. - Maria vous a-t-elle expliqué en quoi consistait son travail et quelles sont mes exigences ? - Oui monsieur et je peux vous dire que je saurai être à la hauteur de vos attentes si vous vous décidez à m’embaucher. Dany sourit. - Et… quelles sont mes attentes selon vous ? - Selon ce que j’ai bien pu retenir, vous êtes un homme extrêmement occupé mais aussi qui voyage beaucoup. Vous avez donc besoin d’une assistante qui puisse suivre votre rythme de travail, planifier vos rendez-vous et au besoin, vous assister dans vos voyages d’affaire et réunions. Vous recherchez une personne disponible et avec de l’expérience. - Je vois que vous êtes assez bien informée ! cependant avez-vous de l’expérience Tara ? Il avait prononcer son prénom avec un accent particulier qui la fit frissonner malgré elle. Dur de rester concentrer fasse à ce playboy ! pensa-t-elle. - Oui monsieur. Dany se leva un sourire au coin des lèvres et vint se poster derrière elle ! Tara n’osa pas se retourner mais le regard dans son dos éveillait un piquotement désagréable sur sa nuque. - Etes-vous fiancée ? La question ne la surprit pas autant que cela. Elle s’empressa de répondre : - Non monsieur ! Puis-je savoir s’il vous plait pourquoi une telle question ? Il contourna le bureau et revint s’asseoir en croisant devant lui ses longs doigts parfaitement manucurés. - Parce que je suis quelqu’un de beaucoup plus exigent que vous ne le pensez ! Je n’aimerais pas avoir à assister à une scène de couple ou des excuses bidons parce que le petit ami de mon assistante se plaint de ses absences beaucoup trop répétées. J’ai besoin d’une personne totalement indépendante et accessible à tout moment. Quelqu’un de flexible et qui ne viendra pas elle-même se plaindre parce qu’elle a manqué un dîner en amoureux ou une sortie au cinéma. Quelqu’un d’accessible comme je résume. « Tu en auras de l’accessibilité ! » se dit-elle avant de répondre : - Ne vous inquiétez nullement sur ce point monsieur. Je réponds à mon humble avis, à vos critères et j’espère pourvoir vous prouver cela en travaillant à vos côtés ! Maria m’a fait part d’informations pouvant me permettre de débuter en toute quiétude. Je ferai mon maximum pour les suivre et aussi déployer mon plein potentiel pour vous apporter mon aide au besoin. - Bien. Alors vous êtes embauchée ! Vous commencez dès lundi et ce de très bonne heure. J’évaluerai vos aptitudes professionnelles au fur et à mesure. Quoique s’étant préparée à ce qu’il morde à l’hameçon, Tara parut surprise de la réponse spontanée. Il s’en aperçut et la scruta un moment du regard. - Pourquoi faites-vous cette tête ? questionna-t-il ensuite. - Euuh… je… - Ecoutez, j’ai besoin impérativement d’une assistante et la maladie de Maria a chamboulé mes plans. Elle vous a recommandé, j’ai lu minutieusement votre curriculum vitae et je suis donc plus ou moins rassuré de son choix. Ce sera à vous de faire vos preuves. Je vous embauche donc dès maintenant et j’espère que vous saurez mettre en pratique tout ce qu’elle a eu à vous conseiller en ce qui concerne ce travail. Si cela n’a pas été entièrement fait, je vous demanderai de la recontacter au plus vite car je n’admettrai aucun manque de tac, encore moins une faute aussi légère qu’elle puisse être ! « Quel macho ! » pensa Tara mais pour toute réponse, elle hocha la tête, un sourire forcé aux lèvres puis dit : - Je ne vous décevrai pas monsieur. Merci de me permettre de mettre mes compétences à votre service et à celui de votre entreprise… Elle avait dit la dernière phrase sur un ton doucereux qui fit lever un sourcil à Dany mais il n’en fit pas de débat. - Très bien, je crois que c’est tout pour aujourd’hui. Vous pouvez disposer et tâchez d’être là à l’heure lundi ! Bonne journée. Elle le remercia et quitta la pièce. Lorsqu’elle fut au volant de son véhicule, Tara souffla un bon coup et se passa une main dans les cheveux d’un air nerveux avant de démarrer et se perdre dans le trafic. Elle avait réussi… Elle devrait être satisfaite mais non… elle se sentait très bizarrement nerveuse mais le mit sur le dos du rôle qu’elle devait jouer et qui n’avait rien de simple. Il fallait qu’elle arrive à plus se contrôler et surtout parvenir à faire taire cette voix qui n’arrêtait jamais de résonner dans son oreille. C’était frustrant mais… logique puisqu’elle jouait un rôle.