Résister, Seigneur ! Dites-moi, avez-vous jamais vu si misérable assemblage ? Pas une pièce de l’armature qui soit en bon état ! Les roues se sont usées à rouler pendant dix ans au moins ; et, quant au coffre, sur mon âme ! vous, rien qu’en le touchant, vous le mettriez en miettes. C’est le plus satané petit rachitique travail que j’aie vu ! Dieu merci ! notre cabriolet est meilleur. Je ne voudrais pas, pour cinquante mille livres, être condamné à rouler là-dedans, l’espace de deux milles ! – Bonté céleste ! s’écria Catherine, réellement effrayée. Alors, je vous en prie, rentrons ! Si nous allons plus loin, il leur arrivera certainement un accident. Retournons, monsieur Thorpe ! Arrêtez, et parlez à mon frère, et dites-lui le danger ! – Le danger ! ô Seigneur, quel danger ? Si la voiture se casse, eh bien ! ils se ramasseront, voilà tout. Il y a beaucoup de boue… Excellent pour tomber ! Ah, malédiction ! la voiture est assez bonne, pour qui sait conduire. Une chose de cette espèce, en mains sûres, roulerait encore vingt ans, avant d’être hors d’usage. Dieu vous garde ! pour cinq livres, je la conduirais à York et la ramènerais, et pas un clou perdu ! Catherine écoutait, ébahie. Elle ne pouvait concilier des propositions si contradictoires : elle n’avait pas grandi dans une atmosphère de bavardages, et ne savait pas à quelles assertions oiseuses et à quels impudents mensonges conduit l’excès de vanité. Sa famille était toute de gens positifs, qui ne cherchaient pas à faire de l’esprit. Tout au plus le père risquait-il un calembour, et la mère, un proverbe. Nul Morland n’avait l’habitude de mentir pour accroître son importance ni d’affirmer d’emblée pour se contredire ensuite. Quelque temps, elle réfléchit à ce que lui avait dit son compagnon, perplexe. Et, plus d’une fois, elle fut sur le point de réclamer de M. Thorpe une expression plus claire de son opinion vraie sur le sujet. Elle se contint : il lui semblait que M. Thorpe n’excellait pas à rendre nettes les choses d’abord ambiguës. Au surplus, supporterait-il que sa sœur et son ami s’exposassent à un danger dont il pouvait aisément les garder ? Elle conclut donc qu’il devait savoir la voiture parfaitement sûre, et elle cessa de s’alarmer. Lui-même paraissait avoir tout oublié, et sa conversation, ou plutôt son verbiage, n’eut dès lors plus d’autre sujet que sa personne et ses affaires. Il parla de chevaux qu’il avait achetés une bagatelle et vendus des sommes incroyables ; de matches de courses, dont il avait pronostiqué, d’un jugement ferme, le gagnant ; de parties de chasse dans lesquelles il avait abattu (et sans un coup favorable) plus d’oiseaux que tous ses compagnons ensemble ; et il décrivit telles fameuses journées de chasse au renard où son habileté à diriger les chiens et sa perspicacité avaient réparé les fautes des chasseurs les plus experts. À cheval, sa témérité l’avait jeté dans maints périls : il était toujours resté sauf, là où se fût cassé les reins tout autre. Si peu qu’elle eût l’habitude de juger par elle-même et si vagues que fussent ses notions sur la qualité de gentleman, Catherine, tandis qu’elle recueillait ces bavardages inexhaustibles, sentait naître en elle un doute : M. Thorpe était-il vraiment aussi agréable qu’on avait dit ? Doute audacieux : car ce jeune homme était le frère d’Isabelle, et James lui avait assuré que ses manières étaient pour plaire à toutes les femmes. En dépit de ces cautions, elle n’avait pas tardé à éprouver de la compagnie de M. Thorpe un ennui qui alla croissant jusqu’à leur retour dans Pulteney Street, un ennui qui ne laissait pas de la mettre en garde contre de si hautes autorités et contre les prestiges de M. Thorpe. À la porte des Allen, Isabelle exprima son regret qu’il fût trop tard pour qu’elle entrât avec son amie. « Il est plus de trois heures ! » C’était inconcevable, incroyable, impossible. Elle ne voulut croire ni sa propre montre ni celle de son frère ni celles des domestiques. Toute évidence échouait contre son scepticisme, quand enfin Morland tira sa montre et promulgua l’heure. Dès lors, le moindre doute eût été également inconcevable, incroyable et impossible ; mais elle admira encore et encore que deux heures et demie eussent passé si vite. Catherine fut prise à témoin. Catherine ne pouvait mentir, même pour plaire à Isabelle. Au surplus celle-ci échappa à la misère d’entendre la voix dissidente de son amie : elle n’attendit point sa réponse. Ses propres sentiments l’absorbaient toute. Elle souffrait d’être obligée de rentrer directement à la maison… ; il y avait des siècles qu’elle n’avait pu causer un instant avec sa chère Catherine… ; elle avait mille choses à lui dire… Il semblait qu’elles ne dussent jamais se revoir. Ainsi, avec le sourire d’une détresse forcenée et l’alacrité d’un désespoir en façade, elle dit adieu à son amie, et passa. Mme Allen, après ses coutumières heures d’oisiveté laborieuse, venait de rentrer. Catherine fut accueillie d’un : « Eh bien, ma chère, vous êtes là ! » vérité qu’elle n’avait pas à contester. – J’espère que vous avez fait une agréable promenade. – Oui, madame, merci, on ne pouvait avoir plus beau temps. – Mme Thorpe le disait aussi. Elle se réjouissait de vous savoir tous à la promenade. – Vous avez vu Mme Thorpe ? – Oui, je suis allée à la Pump-Room dès votre départ. Je l’ai rencontrée là, et nous avons beaucoup causé. Elle disait qu’on pouvait si difficilement se procurer du veau, au marché, ce matin, Il est extraordinairement rare. – Avez-vous vu d’autres personnes de connaissance ? – Oui, nous avons fait un tour au Crescent, où nous avons rencontré Mme Hughes en compagnie de M. et de Mlle Tilney. – Ah, vraiment ? Vous ont-ils parlé ? – Oui, nous nous sommes promenés au Crescent ensemble pendant une heure et demie. Ils ont l’air bien gentils. Mlle Tilney avait une très jolie robe de mousseline à pois. D’après ce que j’ai pu entendre, elle s’habille toujours élégamment. Mme Hughes m’a beaucoup parlé de la famille Tilney. – Et que vous a-t-elle dit ? – Oh ! beaucoup de choses. Elle n’a guère parlé d’autre chose. – Vous a-t-elle dit de quelle partie du Gloucestershire ils sont ? – Oui, mais voilà que je ne m’en souviens plus. Ce sont de très braves gens, et très riches. Mme Tilney était une demoiselle Drummond. Mme Hughes a été sa compagne de classe. Mlle Drummond avait une grande fortune et, quand elle se maria, son père lui donna vingt mille livres, plus cinq cents pour acheter son trousseau. Mme Hughes en vit toutes les pièces, à leur livraison. – Et M. et Mme Tilney sont-ils à Bath ? – Oui, je crois qu’ils sont ici, mais je n’en suis pas tout à fait certaine. À la réflexion, pourtant, je crois me souvenir qu’ils sont morts tous deux, au moins la mère. Oui, je suis sûre que la mère est morte, car Mme Hughes m’a dit que M. Drummond avait donné à sa fille, quand elle se maria, une très belle parure de perles, et Mlle Tilney la porte maintenant ; on l’avait mise de côté à son intention, à la mort de la mère. – Et M. Tilney, mon danseur, est-il fils unique ? – Je ne saurais être affirmative sur ce point, ma chère. Je crois vaguement qu’il est fils unique. Mais, quoi qu’il en soit, c’est un jeune homme accompli, prétend Mme Hughes, et qui ira loin. Catherine ne posa pas d’autres questions. Elle en avait entendu assez pour comprendre que Mme Allen était incapable de donner un renseignement topique, et elle était particulièrement malheureuse d’avoir manqué une rencontre avec le frère et la sœur. Si elle l’avait prévue, rien ne l’eût décidée à partir avec les Thorpe. En l’état des choses, elle ne put que gémir sur sa malechance et rêver à ce qu’elle avait perdu, tant qu’à la fin il fut clair pour elle que la promenade n’avait été agréable en aucune façon et que John Thorpe lui-même était un bien fâcheux personnage.
Le soir, les Allen, les Thorpe et les Morland se retrouvèrent au théâtre ; Catherine et Isabelle se mirent l’une à côté de l’autre : Isabelle allait donc enfin donner cours aux milles choses qu’elle avait collectionnées depuis la si lointaine rencontre précédente. – Oh, ciel ! ma bien-aimée Catherine, est-ce enfin vous ? fut sa question, tandis que Catherine entrait dans la loge et s’asseyait près d’elle. Maintenant, monsieur Morland (il était son autre voisin), je ne vous dirai pas un mot de toute la soirée, je vous en avertis. Ma très douce Catherine, comment vous êtes-vous portée, tout ce temps ? mais je n’ai pas besoin de vous le demander, vous avez une mine charmante. Vous vous êtes coiffée dans un style plus divin que jamais ; malheureuse créature, vous voulez donc captiver tout le monde ? Je vous assure que mon frère est déjà féru de vous ; et, quant à M. Tilney. – mais c’est une chose entendue. – même votre modestie ne peut plus douter de son amour ; son retour à Bath est assez éloquent. Oh ! que ne donnerais-je pas pour le voir ! Je me sens d’une furieuse impatience. Ma mère dit que c’est le jeune homme le plus délicieux qui soit au monde ; elle l’a vu ce matin, vous savez. Vous devez me le présenter. Est-il ici ? Regardez bien, pour l’amour du ciel ! Je vous assure, je ne vivrai pas tant que je ne l’aurai vu. – Non, dit Catherine, il n’est pas ici. Jamais je ne parviens à le rencontrer. – Oh, affreux ! ferai-je jamais sa connaissance ? Comment trouvez-vous ma robe ? Je ne la crois pas mal : les manches sont de mon invention. Que je vous dise, je suis infiniment dégoûtée de Bath ! Votre frère et moi étions d’accord, ce matin, que, quoiqu’on y soit fort bien pour un séjour de quelques semaines, nous ne voudrions pas y vivre, quand on nous donnerait des millions. Nous reconnûmes bientôt que nos goûts étaient exactement les mêmes : nous préférions tous deux le séjour de la campagne à tout autre séjour ; nos opinions étaient si exactement pareilles que c’en était ridicule. Nous ne différions sur aucun point. Pour rien au monde, je n’aurais voulu que vous fussiez là ; vous êtes une si maligne chose que vous auriez fait, j’en suis sûre, des remarques moqueuses. – Non, vraiment, je n’en aurais pas fait. – Oh, si ! vous en auriez fait. Je vous connais mieux que vous ne vous connaissez. Vous nous auriez dit que nous semblions nés l’un pour l’autre, ou quelque folie de cette espèce, ce qui m’aurait troublée au-delà de toute expression ; mes joues seraient devenues rouges comme vos roses ; pour rien au monde, je n’aurais voulu que vous fussiez là. – Vraiment, vous êtes injuste ; je n’aurais pas fait de si inconvenante remarque ; et, d’ailleurs, je suis sûre que je n’en aurais pas même eu l’idée. Isabelle sourit d’un air incrédule, et, le reste de la soirée, c’est à James qu’elle parla. Le lendemain matin, Catherine était toujours décidée à faire ses grands efforts pour rencontrer Mlle Tilney ; et, jusqu’à l’heure habituelle d’aller à la Pump-Room, elle vécut dans la crainte d’un contre-temps. Mais il n’y en eut pas ; nul visiteur ne vint retarder le départ ; et tous trois entrèrent à la Pump-Room à l’heure normale. M. Allen, après avoir bu son verre d’eau, rejoignit quelques messieurs ; ils parlèrent de la politique du jour, comparèrent les informations de leurs journaux ; les dames circulaient, observant chaque figure nouvelle, chaque nouveau chapeau. La partie féminine de la famille Thorpe, attendue par James Morland, apparut dans la foule au bout d’un quart d’heure, et Catherine prit immédiatement sa place coutumière au côté de son amie. James, qui maintenant était toujours sur le qui-vive, se plaça symétriquement, et, s’étant séparés du groupe, ils marchèrent ainsi, jusqu’à ce que Catherine commençât à mettre en doute les avantages de cette position qui, l’associant entièrement à son amie et à son frère, lui valait une part si faible de l’attention de l’un et de l’autre. Ils étaient toujours engagés dans quelque discussion sentimentale ou quelque plaisante querelle ; mais ils ne parlaient pas, ils chuchotaient ou riaient, et, bien que son opinion fût fréquemment invoquée par l’un ou par l’autre. Catherine eût été fort en peine de la leur faire connaître, faute d’avoir entendu un seul mot du litige. Enfin elle put quitter son amie : elle voulait absolument parler à Mlle Tilney, qui entrait avec Mme Hughes et qu’elle rejoignit aussitôt. Mlle Tilney l’accueillit gracieusement, lui rendit ses amabilités, et elles continuèrent à causer aussi longtemps que leurs groupes restèrent dans la salle : il est vraisemblable qu’elles ne firent aucune observation et n’employèrent aucune expression qui n’eussent été faite et employée des milliers de fois déjà, chaque saison, à Bath ; pourtant, marquées de simplicité, de sincérité et de cordialité vraie, leurs paroles devaient être quelque chose d’assez peu commun. – Comme votre frère danse bien ! fut, vers la fin de cette causerie, l’ingénue exclamation qui surprit d’abord et amusa l’interlocutrice de Catherine. – Henry ? répondit-elle avec un sourire. Oui, il danse fort bien. – Il a dû s’étonner de m’entendre dire, l’autre jour, que j’étais engagée, alors qu’il me voyait assise. Mais réellement j’étais engagée, depuis le matin, par M. Thorpe. Mlle Tilney s’inclina. – Vous ne pouvez croire, ajouta Catherine après un moment de silence, combien je fus surprise de le revoir. Moi qui étais si sûre qu’il était parti. – Quand Henry a eu le plaisir de vous rencontrer la première fois, il n’était à Bath que pour une couple de jours : il y était venu pour nous louer un appartement. – Je n’aurais jamais deviné cela ; et, naturellement, ne le voyant nulle part, je le croyais parti. N’était ce pas une demoiselle Smith, la jeune personne qui dansait avec lui, lundi ? – Oui, une connaissance de Mme Hughes. – Elle paraissait très heureuse de danser. La trouvez-vous jolie ? – Pas très jolie. – Il ne vient jamais à la Pump-Room, n’est-ce pas ? – Si, quelquefois ; mais il est sorti à cheval, ce matin, avec mon père.
Mme Hughes les rejoignit alors, et demanda à Mlle Tilney si elle était prête à partir. – J’espère que j’aurai le plaisir de vous revoir bientôt, dit Catherine. Serez-vous au cotillon demain ? – Peut-être… Oui, nous y serons certainement. – J’en suis heureuse, nous y serons tous. Elles se quittèrent, Mlle Tilney avec quelques données sur les sentiments de son amie nouvelle et Catherine sans la moindre conscience de les lui avoir fournies. Elle rentra très heureuse. La matinée avait répondu à tous ses espoirs ; la soirée du jour suivant était maintenant l’objet de son attente. Quelle robe et quelle coiffure aurait-elle, devenait son principal souci. La toilette est toujours chose frivole, et, à lui accorder trop de sollicitude, on fait souvent fausse route. Catherine le savait fort bien : sa grand’tante lui avait fait à ce sujet une lecture, à Noël dernier. Pourtant, une fois au lit, elle resta encore éveillée dix minutes, à délibérer sur la robe qu’elle mettrait : mousseline à pois, ou mousseline brodée. Le manque de temps l’empêcha d’en acheter une nouvelle. C’eût été une erreur, considérable quoique point rare, et contre laquelle une personne de l’autre sexe plutôt qu’une personne de son sexe et un frère plutôt qu’une grand’tante eût pu la prévenir : seul un homme peut savoir combien un homme est indifférent aux charmes d’une robe neuve. Ce serait mortifier mainte et mainte dames que leur apprendre – mais entendraient-elles ? – combien peu le cœur d’un homme est sensible à ce qu’il y aura de coûteux ou de neuf dans leur attirail, combien il est aveugle à la texture d’un tissu, ce cœur, et combien il est incapable d’opter à bon escient entre le jaconas, la batiste, le nansouk et l’organdi, même brodé au tambour. Une femme est belle pour sa seule satisfaction. Nul homme ne l’en admirera plus, nulle femme ne l’en aimera mieux. Mais aucune de ces graves réflexions ne troublait Catherine. Elle entra dans les rooms, le jeudi soir, avec des sentiments tout autres que ceux qu’elle y avait éprouvés le lundi. Elle, qui alors avait été fort satisfaite d’être invitée par Thorpe, était surtout maintenant soucieuse d’échapper à sa vue, de peur qu’il l’invitât de nouveau. Et, quoiqu’elle ne pût, n’osât s’attendre à voir, une troisième fois, M. Tilney l’inviter à danser, ses vœux, espoirs et plans ne tendaient à rien autre. En ce moment critique, toute femme peut sentir pour mon héroïne, car toute femme a connu ces agitations. Toutes ont été ou, du moins, ont cru être exposées à la poursuite d’un insupportable fâcheux ; toutes ont été anxieuses des attentions de quelqu’un à qui elles désiraient plaire. Dès que les Thorpe furent là, l’agonie commença : Catherine se déplaçait quand John Thorpe s’approchait, elle se dérobait à sa vue le plus possible et, s’il lui parlait, feignait de ne pas l’entendre. Le cotillon était fini, on préludait à la contre-danse, et pas trace des Tilney. – Ne vous effrayez pas, ma chère Catherine, chuchota Isabelle : décidément je vais encore danser avec votre frère. Je déclare que c’est inconvenant tout à fait. Je lui ai dit qu’il devrait être honteux de lui, mais vous et John nous tiendrez compagnie. Hâtez-vous, chère créature, de nous rejoindre. John vient de sortir, mais rentrera dans l’instant. Catherine n’eut ni le temps ni le désir de répondre. Ils s’éloignaient. John Thorpe était encore à l’horizon, et elle se considérait comme perdue. Pour ne pas paraître le voir ou l’attendre, elle gardait obstinément les yeux sur son éventail. Espérer rencontrer les Tilney dans cette foule et avant le retour de John Thorpe était folie, se disaitelle, et, comme elle prononçait ainsi sa propre condamnation, soudain elle s’entendit inviter par M. Tilney lui-même. Les yeux brillants, elle se leva et, joyeuse, s’éloigna à son bras. Échapper si opportunément à John Thorpe et être aussitôt invitée à danser par M. Tilney, comme s’il l’avait cherchée, – il ne semblait pas à Catherine que la vie pût contenir félicité plus grande. Mais à peine avaient-ils trouvé une place, que son attention fut appelée par John Thorpe, qui se tenait derrière elle : – Quoi donc, quoi donc ! miss Morland, disait-il, qu’est-ce que cela signifie ? Je croyais que nous devions danser ensemble. – Je m’étonne que vous l’ayez cru, vous ne m’aviez pas invitée. – C’en est une bonne, par Jupiter ! Je vous ai invitée dès mon arrivée, et j’allais justement vous inviter de nouveau, mais vous étiez partie. Un sacré tour que vous me jouez là ! Je suis venu pour danser avec vous, et je crois bien que vous étiez engagée envers moi depuis lundi. Oui, oui, je me souviens, je vous ai invitée pendant que vous attendiez votre manteau dans le vestibule. J’ai annoncé à tous mes amis que j’allais danser avec la plus jolie fille de Bath. S’ils vous voient avec un autre, ils me blagueront fameusement.