Ayant roulé près d’une demi-heure, ils étaient à présent à cent mètre de l’entreprise et Mateo se mit à souffler d’agacement, curieuse comme elle était, elle ne sut se taire.
-est-ce que tout va bien monsieur ?
-oui ne vous inquiétez pas, je suis en retard aujourd’hui et ces foutus paparazzis sont certainement déjà en train de m’attendre devant l’entreprise.
Paparazzis ? Son cœur rata un battement, elle ne pouvait pas se permettre de faire une seule erreur si elle voulait encore vivre même pour un mois. Son identité se devait de ne point être révélée.
-pardon laissez-moi là je vous en prie dit-elle d’un ton suppliant.
-mais nous allons à l’entreprise ensemble mademoiselle, pourquoi vous laisser là ?
-vous avez bien dit que des journalistes vous attendent devant l’entreprise, ils ne doivent pas nous voir ensemble ou du moins je ne voudrais pas faire la une des journaux à vos côtés s’il vous plait. -vous êtes mon assistante et ça finira par arriver un jour mais ne vous inquiétez pas pour aujourd’hui, mon chauffeur prendra l’entrée arrière.
Elle souffla de soulagement. Elle qui avait toujours fuit son passé jusqu’à maintenant, elle ne pouvait surtout pas faire une petite erreur qui pourrait lui coûter la vie. Elle était certaine qu’ils étaient à ses trousses depuis sa disparition.
Assis devant sa machine, il n’avait cessé de réfléchir à l’attitude de son assistante car toutes les filles sauteraient sur l’occasion de faire la une des journaux aux côtés du célèbre homme d’affaire mais elle le fuyait plutôt, c’était vraiment étrange et il ne voulait tout de même pas fouiller dans sa vie sans son accord. Il mourrait de curiosité, de savoir d’où sortait une telle créature, une femme si différente de toutes.
Comme c’était vendredi ce qui marquait la fin de son essai, il n’avait aucun doute sur la décision qu’il avait déjà prise depuis près de deux jours, il avait vu ses capacités et son dévouement au travail. Elle le méritait et il allait lui accorder son mérite.
Depuis ce matin-là, elle ne faisait que stresser, elle ne pouvait plus rentrer à l’Ouest et pour vivre dans cette capitale économique, il lui fallait avoir ce travail et c’était depuis le matin qu’elle attendait l’appel de son patron et toujours rien. La panique de ne pas être embauchée lui réchauffait l’estomac. Il était à présent quinze heures et elle n’arrivait plus à se concentrer, elle se leva et se mit à faire les cent pas. Sans attendre de plus, son fixe sonna et c’était son boss qui sollicitait sa présence dans son bureau.
Cela faisait exactement deux jours que Mateo avait contacté son avocat pour lui demander de préparer le contrat de travail de Luba et ce dernier venait tout juste d’arriver, raison pour laquelle il avait fait appel à celle-ci pour lui annoncer.
- es-tu certain qu’elle pourra maintenir ce poste d’assistante personnelle ? Parce que généralement ces femmes veulent juste profiter des voyages d’affaires et faire la une des journaux à vos côtés.
-je suis certain qu’elle sera à la hauteur Charles, et pour les histoires de voyages d’affaires je ne sais pas si elle sera d’accord vu l’attitude qu’elle a eu ce matin à l’entente du fait que les paparazzis me suivent un peu de partout.
-mais comment ça ? demanda ce dernier étonné.
Avant qu’il ne puisse répondre quoi que ce soit, deux coups retentirent à la porte avant qu’il ne voie Luba passer celle-ci avec un stress qui se lisait à des kilomètres sur son petit visage doux.
-euh…monsieur vous m’avez appelé ?
-oui mademoiselle, je vous présente mon avocat Charles Meli ; Charles je te présente Luba Tayo, mon assistante personnelle en semaine d’essai.
-bonjour ma belle dit Charles en lui tendant la main.
Ma belle ? C’était cette appellation, ce surnom qu’il utilisait lorsqu’il voulait la toucher. Les soirs où elle devait vivre ces cauchemars, il ne cessait de l’appeler ainsi dès son retour du travail, même à table. Ce petit nom lui rappelait de mauvais souvenirs qu’elle voulait oublier. Elle fit un pas en arrière sans toutefois prendre la main que lui tendait cet homme.
-est-ce que tout va bien mademoiselle ? Questionnait son boss.
Elle n’eut point la force de répondre, elle se mit à le fixer avec ses yeux de biche ayant une lueur qui appelait de l’aide auprès de son patron.
Ayant compris que celle-ci n’était pas à l’aise avec la présence de son avocat. Malgré le fait qu’il ne comprenait absolument rien à son attitude, il ne comptait tout de même pas la laisser dans cet état.
-bon on va parler de la raison pour laquelle nous sommes tous là. Luba pendant votre semaine d’essai, je vous ai beaucoup observé et vous avez vraiment fait du bon boulot. Alors si vous le voulez, puisque moi je le veux, vous resterez travailler aux côtés de l’entreprise. Toutes les conditions sont générées dans le contrat qu’a préparé Charles.
Elle ne put retenir ses larmes suite à la bonne nouvelle car c’était la première fois qu’elle en recevait une depuis ses quatorze ans après la mort du seul être qui était toujours là pour elle. Elle se retint beaucoup pour ne pas enlacer son patron vu que c’était une habitude à cette époque-là, lorsqu’il lui annonçait de bonnes nouvelles.
-alors mademoiselle ? Quémandait son patron.
-tu ne vois pas à quel point elle est heureuse, je crois que ce sont des larmes de joie intervint Charles comme s’il lisait en elle. Alors ma belle tu signes le contrat maintenant ?
Sa mine changea tout d’un coup, sa joie se transforma en tristesse, ses larmes redoublèrent lui rappelant les nuits qu’elle avait vécues pendant quatre ans sans avenir et sans espoir. Elle hésita plusieurs fois à laisser tomber ce travail si elle devait avoir affaire à cet avocat de temps à autres.
Ignorant complètement l’état dans lequel elle était, il se leva de son siège, l’approcha pour lui tendre le contrat mais cette dernière sans le vouloir alla se réfugier derrière le fauteuil de son patron comme pour se protéger.
-Charles donnes-le-moi, je vais le faire dit Mateo.
Il récupéra des mains de Charles, le contrat de travail afin de le tendre lui-même à Luba ayant constaté qu’elle avait peur de son avocat et ce n’était non plus le bon moment pour lui demander des explications.
-je peux prendre le temps de le lire ? Questionnait-elle.
-si vous voulez mais vous n’avez pas besoin d’avoir peur, ce contrat est clair comme de l’eau de roche mais si vous voulez pour plus de sureté, vous pouvez aller le lire dans votre bureau.
Elle hocha vivement la tête tout en prenant le chemin de la porte, mais ne cessait de darder un regard rempli de frayeur et de méfiance sur Charles avant de se retourner vers Mateo.