Chapitre 4

2599 Mots
Gabriel Je suis réveillé par des tambourinements incessants à la porte. Serena, ma belle étoile, est toujours blottie dans mes bras, elle a encore cauchemardé cette nuit et je me sens toujours aussi impuissant face à ces douleurs psychologiques contre lesquelles je ne peux rien. Je me dirige vers l’entrée après avoir enfilé un pantalon de survêtement et j’ouvre la porte derrière laquelle se tient Adena. - Salut, dis-je alors en la détaillant. Quel beauté cette femme. Elle me retourne complètement chaque fois qu’elle a le malheur de lever les yeux sur moi. - Euh, salut Gabriel, dit-elle avec un manque d’assurance que je ne lui connais pas du tout. Adena est la femme la plus sûre d’elle que j’ai jamais rencontré, et dieu sait que j’en ai connu, elle est tout à fait le genre de celles qui m’emmènent dans leurs exigences et auxquelles j’ai l’habitude de me soumettre comme si je priais les saints. Elle a parfaitement compris qui nous étions tous les deux, moi, toujours prêt à satisfaire le moindre caprice des femmes dominatrices et exigeantes en toutes circonstances, alors qu’elle est exactement de ce genre-là. Seulement j’ai rencontré Serena, mon astre, mon étoile, mon infini. Il m’a suffi de plonger une fois dans ses yeux pour me perdre dans ses galaxies tumultueuses. J’ai tout fait pour elle avec la même abnégation que pour les autres, mais dans une dimension totalement différente. Serena n’est pas sûre d’elle, ni entreprenante, ni dominatrice, ni rien de tout cela. Serena n’est que douleur, persécution, fragilité. Cependant, elle ment beaucoup, elle m’a caché ses addictions, son travail, ses désirs de vengeance, ses idées noires… Elle m’a caché tellement de choses de peur que je la rejette que je ne sais pas vraiment qui elle est. Je sais juste que je l’aime et que je ne veux, ni ne peux rien faire contre cela. Je me suis appliqué à être là pour elle, présent sans l’étouffer, avec un besoin indispensable de devenir son essentiel. Et c’est ce qu’il s’est passé, malgré tout ce qui lui est arrivé ces dernières semaines, son kidnapping, son viol, la torture pendant des jours durant lesquels j’ai cru mourir chaque seconde, elle m’est revenue tout entière et toujours amoureuse. Elle a eu beaucoup de mal à accepter que notre relation soit différente de celles que j’ai connu avant dans lesquelles je me vautrais dans la luxure jusqu’à en être rassasié et épuisé, et ça elle ignore à quel point. Elle a essayé de me faire céder un nombre de fois incalculable de peur que je ne la laisse tomber, lassé de ne pas pouvoir la toucher, la consommer. Elle ne comprend pas que je ne sois intéressé que par son amour, pour son corps je peux être patient, j’ai d’ailleurs réussi à la mettre en confiance, petit à petit, au fil des semaines et je sais maintenant comment éveiller le désir qu’elle n’avait jamais connu auparavant. Mais depuis que je l’ai entendu en direct supplier, pleurer, puis subir en silence ce que ce psychopathe lui faisait nonobstant la tournure que les évènements ont pris peu après, je ne l’envisage plus de cette manière. Je ne sais pas si elle souffre toujours, elle refuse catégoriquement d’en parler et je n’ai pas le cœur de l’y forcer parce que je ne saurais pas comment lui expliquer, comment ne pas l’impacter violemment et ne pas lui faire perdre pied. La contrainte ne fait pas vraiment parti de mon vocabulaire même si j’ai par moment dû m’imposer pour obtenir les réponses que je souhaitais. Maintenant je n’ose plus la toucher de cette façon. Je ne sais même pas si elle en a envie. Elle me donne son affection, sa douceur, je vois en permanence une forme de sincérité dans les sourires qu’elle n’offre qu’à moi. Parfois ses joues rosissent de honte quand elle laisse son regard se promener sur mon corps et je sais qu’elle est alors encore un peu à moi dans son cœur. Je l’ai littéralement suivie au bout du monde, elle le voulait aussi alors j’ai pris la décision. Ce n’était pas difficile, j’étais préparé. Je n’ai jamais été du genre à m’attacher à un lieu, un travail, un mode de vie. Mes études de sociologie m’ont permis d’apprendre à gérer la diversité, la différence, à m’adapter à tout et à me sentir à ma place dans la société dont je sais parfaitement comment décoder les mœurs, surtout avec les expériences de vies atypiques que j’ai eues par la suite. Alors évidemment que je l’ai suivi quand il a été question qu’elle emménage ici et travaille pour cet homme dangereux qu’est Devon Hayes. Pourtant je ne le crains pas, il est totalement respectueux et amical avec moi, il est certain que Serena lui fait tourner la tête, parce que c’est un carnassier en chasse constante et qu’elle est le genre de proie dont il aimait se délecter, toutefois sa sublime et merveilleuse dominatrice de femme le contient et le maintient dans le droit chemin. En homme avisé et observateur que je suis, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer les rafales de vibrations chargées de tensions sexuelles qui circulent entre nous quatre. Je pense que tout le monde en est conscient à sa façon mais chacun se plaît encore à ignorer les signaux d’alarmes. Je suis le seul à savoir que tout ça va bientôt nous exploser à la figure et quand je la trouve là sur le pas de la porte, je comprends immédiatement que ce n’est que le début des ennuis. - Qu’est-ce qu’il se passe ? - Euh, j’aurais besoin que tu fasses quelque chose pour moi si tu veux bien… Elle semble très légèrement gênée bien que ses yeux brillent de mille feux alors qu’elle déporte son regard sur mon torse nu. - Oui, que puis-je faire pour toi ma douce ? - Il faudrait que tu montes à la maison et que tu libères Devon… Elle se mords la lèvre et prend un charmant petit air coupable qui m’amuse beaucoup parce qu’il ne ressemble pas à la tempétueuse et déterminée Adena. - Que je le libère de quoi ? - Du lit auquel il est attaché… J’ai un léger rire et tourne la tête en direction de celui où dort encore ma belle Serena. J’enfile rapidement une paire de baskets et referme la porte derrière moi. - Pourquoi tu ne le fais pas toi-même ? - Parce qu’il vaut mieux que je sois très loin de lui quand il reprendra pleinement possession de ses moyens, Ethan m’attend dehors, nous partons quelques heures dans le désert. - C’est bon j’y vais, tu as besoin d’un temps d’avance ? - Tu rigoles, dans cinq minutes je serai loin, dit-elle alors en reprenant rapidement la sortie, merci Gabriel. Elle me gratifie de son sourire ensorcelant parce qu’elle sait que je suis incapable d’y résister et je pousse un soupir en sortant à mon tour par les grandes portes coulissantes tandis qu’elle remonte sur son quad et fait signe au petit garçon surchargé d’équipements de protection sur son quad de la suivre. Je remonte tranquillement le chemin jusqu’à la maison, il fait encore vraiment frais ce matin, même si les températures sont douces ici la journée malgré l’hiver, le soleil est plus faiblard le matin et je regrette de ne pas avoir enfilé un tee-shirt. Je fais un signe de la main à Mike qui est déjà à cheval dans la carrière et entre rapidement à la maison pour trouver un peu de chaleur. - Bonjour Gabriel, claironne Maria de sa voix enjouée sans pouvoir s’empêcher de me reluquer copieusement. - Bonjour Maria, comment allez-vous ce matin ? Le diner était absolument somptueux hier soir, vous vous êtes surpassée. - Oh, quel charmeur… Vous voulez un café ? Elle me lance une œillade énamourée et je suis certain que si elle avait trente ans de moins elle me draguerait ouvertement. - Merci Maria, dis-je reconnaissant en prenant la tasse pleine qu’elle me tend. - Vous devriez vous couvrir, avec le froid qu’il fait… - Oui en effet, je suis sorti un peu trop confiant, pourriez-vous m’indiquer la chambre de Devon ? Je dois passer le voir. - Oh, il n’est pas encore descendu en effet, répond-t-elle pensive, j’ai vu Adena et le petit, est-il malade ? Je vais vous accompagner… - Non, je pense qu’il vaut mieux que je me débrouille seul, je vous remercie infiniment de votre bonté. Je prends sa main et y dépose un b****r qui la fait rougir. - A l’étage deuxième porte à droite, glousse-t-elle alors. - Merci, vous êtes une perle. Je l’abandonne et prends la direction des escaliers, je suppose que je vais le trouver dans une situation gênante et particulièrement énervé, mais je viens pour le délivrer donc il ne devrait pas s’en prendre à moi. Je frappe à la porte indiquée par Maria et j’attends qu’il m’invite à entrer avec une mauvaise humeur palpable dans la voix. J’essaye de ne pas rire de la malice d’Adena et j’entre rapidement avant de refermer derrière moi. Devon est allongé dans le lit complètement à poil avec seulement un drap sur lui, pieds et poings attachés aux quatre coins du lit. La situation pourrait être comique s’il n’était pas aussi contrarié. - Tu t’es mis dans de beaux draps dis-moi, lui dis-je alors en tentant d’alléger l’atmosphère. - Je suis marié avec un démon. - C’est marrant, je crois qu’elle se dit la même chose… - Evidemment c’est toi qu’elle a envoyé… grince-t-il. - Tu aurais préféré Jackson ? - p****n non ! J’avance alors vers lui. - Où elle a mis les clefs ? - Je n’en sais rien, je me suis réveillé comme ça ce matin figure-toi… - Tu ne peux pas lui reprocher son manque d’inventivité… - Ouais, elle m’a souhaité Joyeux Noël à sa manière. - Est-ce que je dois m’inquiéter des représailles ? - Non, cette diablesse m’a carrément fait planer et retourné le cerveau… grinche-t-il. J’ouvre le tiroir du chevet et j’y trouve immédiatement les clefs, je lui détache alors le premier poignet puis lui donne la clef pour qu’il libère le second et ses chevilles. - Quel est le programme du jour ? lui demandais-je alors qu’il se lève complètement nu sans la moindre pudeur. Il est aussi grand que moi, ce qui n’est pas si commun, mais d’une carrure légèrement plus imposante que la mienne du fait de ses entrainements intensifs et ses exercices de musculations. - J’étais censé offrir le poney au gamin et l’emmener en promenade ce matin mais Adena a contrarié mes projets. - Tu viens courir avec moi ? proposais-je alors. - Ouais, grogne-t-il alors en enfilant rapidement un jogging des baskets et gardant son torse tout aussi nu que le mien. Nous descendons les escaliers ensemble et Devon attrape un café qu’il boit rapidement avant que nous nous élancions dans le ranch. - Quelle est la superficie ? - Euh… à peu près quinze-vingt kilomètres de diamètre. Mais je suis en train de voir avec l’état pour racheter jusqu’à la frontière du Nouveau Mexique par le Nord. - Tu veux agrandir encore ? Nous courons à un rythme élevé mais j’en ai l’habitude depuis tellement longtemps que je n’ai aucun mal à coller à sa démarche et nous oublions vite la fraicheur matinale dans l’effort. Je sens qu’il se détend à mesure que la course le fatigue et je décide alors qu’il faut poursuivre un long moment pour apaiser sa tension de la situation burlesque de ce matin. - Serena n’était pas réveillée ? demande-t-il alors que nous passons près du hangar dans lequel nous sommes installés. - Non et j’aimerais qu’elle dorme encore, pas de travail aujourd’hui c’est Noël, répondis-je sèchement pour avorter ses projets avec ma copine quels qu’ils soient. - Je ne lui impose rien Gabriel c’est elle qui décide de son emploi du temps. - Elle est encore fragile et je ne veux pas que tu la brusques comme tu le fais avec ta femme. Elle n’est pas ta femme. - Elle n’est pas la tienne non plus, dit-il alors. Je m’arrête net. - Qu’est-ce que tu cherches à me dire ? - Que vous n’êtes pas mariés et qu’elle ne t’appartient pas autant que tu le crois Gabriel. - Je sais exactement à quoi m’en tenir avec elle. - Donc ça veut dire que tu ne la possèdes toujours pas… - C’est entre elle et moi Devon, comme je te l’ai dit, je ne la brutaliserai pas comme tu te plais à le faire avec Adena. - Ce n’est pas ce que je dis. Je dis seulement que tu ne devrais pas trop trainer à lui apporter satisfaction parce que sinon elle risque d’aller la chercher ailleurs. - Comment ça ? - Ici ça fonctionne comme ça, personne ne sait encore qu’elle n’est pas physiquement à toi, mais le jour où les gars l’apprendront, ils essayeront de faire pencher la balance. J’éclate de rire malgré moi. - Bon courage à eux… - Ne sois pas si sûr de toi… Je ne fais que te dire les choses, et je sais qu’elle a envie de toi. - Elle a été violée il n’y a même pas un mois, elle n’est pas prête. - ça fait combien de temps que tu sautes d’une excuse à une autre ? - p****n mais sérieusement ne me cherche pas avec ça ! Je suis toujours très calme, mais je sens qu’il insiste un peu trop. Pourtant il reprend la course naturellement comme si de rien n’était bien que certains regards alentour se soient tournés vers nous interrompant les activités matinales de l’écurie parmi le personnel. - Tu flippes qu’elle n’aime pas hein… - Oui merde, j’ai mis un temps fou à la mettre en confiance et ça pourrait tout démolir en un claquement de doigt… Je l’aime trop pour ça… - ça a l’air bien chiant l’amour platonique. - Pas avec elle et niveau cul j’ai tout vu, tout connu alors je peux m’en passer pendant aussi longtemps qu’il le faudra. - Moi je te dis juste qu’elle est plus prête que tu ne le crois. C’est tout. Fais-en ce que tu veux. - Je n’ai pas ta froideur et ton intransigeance Devon… - Parce que tu crois que je ne flippais pas comme un malade quand j’ai récupéré Adena ? Tu as une idée de l’état dans lequel elle était ? J’ai sorti ta Serena au bout de cinq jours, Adena elle a passé trois semaines dans un trou… Tu en as toujours l’impression quand tu vois de quoi elle est capable maintenant ? Il me donne du grain à moudre, il a raison en un sens, quand je vois la magnifique Adena pleine d’assurance et provocatrice comme elle est avec tout le monde, c’est difficile d’imaginer qu’elle ait pu être réduite à l’état sauvage le plus primaire, au statut de chose et d’objet sans âme, sans contenance. - Je vais réfléchir. Nous poursuivons notre course à travers le domaine et quand enfin nous sommes tous deux épuisés nous nous quittons et rentrons chacun de notre côté. - Merci pour ce matin, dit-il alors en se dirigeant vers la salle de sport du personnel située non loin du hangar. - De rien, ne t’inquiètes pas, répondis-je avec un signe de la main en ouvrant les portes à doubles battants avant de pénétrer dans le bâtiment.
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