1.SDF
Pdv Rabia
Je me mirai de nouveau dans le miroir regardant mes larmes le long de mes joues. Ces derniers jours j'avais tellement pleuré qu'il ne me restait plus de force.
Je venais de passer les jours les plus douloureux de ma vie. Tout me revint d'un seul coup. La nouvelle qu'on m'annonça il y a 40 jours. Ma pauvre tante, celle que j'avais toujours considérée comme ma mère avait fait une crise cardiaque et était décédée. J'avais crié et pleuré, inconsolable. Mes voisins généreux et quelques proches avaient organisé les funérailles et m'avaient épaulée les 8 jours de deuil. Mais petit à petit, ils s'étaient faits moins présents et ma solitude s'était faite plus présente.
Qu'allais-je faire sans la seule personne qui m'avait tant aimée ?
Un bruit sourd me fit sursauter. Comme une vase qui se cassait. Cela me fit frissonner.
-Rabia !
Je restai sans bouger. J'entendis de nouveau mon nom. Cette fois je me décidai à répondre. Je m’essuyai mes larmes et sors de la salle de bain. Je le découvris debout, il avait encore bu. Lui c'était mon oncle.
-Voilà la fleur de lys. Viens vers moi.
Je refusai et restai à distance. Il répéta la même demande je refusai. Il avança vers moi et me rapprocha de lui. Je me débattis. Il essaya de me pousser vers le canapé, mais je résistai. Il se fâcha et je reçus un grand coup de poing à la figure. Je sentis la douleur envahir ma tête et criai à l'aide. Il essaya avec sa main de m'en empêcher. Qui va m'entendre dans cette grande maison vide ? Je saisis alors le premier objet qui me passa par la main et vlan !!! Je le frappai à la tête. Il retomba sur moi, inerte. Je le poussai, me levai et le découvris alors la tête pleine de sang. “J'ai tué mon oncle” !!
L'horrible idée me glaça. Que faire ? Je retournai précipitamment dans ma chambre, pris mon portable et sortis de la maison en courant loin, loin, loin de cette prison !!!
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Le lendemain
Moi : Merci Maty !
J'embrassai de nouveau ma meilleure amie. Elle me sourit. Comme ce sourire me fait du bien ! Hier, j'avais marché plus d'une heure dans la ville me demandant ce que j'allais pouvoir faire, qui je devais appeler. Maty m'avait semblé être la seule personne qui pouvait m'aider. Maty était une jeune femme de mon âge. Très belle, elle était de taille moyenne. Sa peau d'une noirceur d'ébène contrastait avec la mienne qui était plus claire. On s'était connues très jeunes au collège. Son père était médecin et sa mère experte comptable. Depuis 2 ans, Maty était mariée à El hadj Sarr un beau pédiatre. C'était mon unique amie. Avec son aide, j'avais surmonté pas mal de difficulté.
Maty : Ah quoi penses-tu ?
Sa question me ramena à la réalité.
Moi : A rien de spécial.
Maty : Si tu penses à ton oncle, ne t'en fais pas. El Hadj s'en occupe. Il va bien. Il a juste quelques points de suture au niveau de la tête.
Je soupirai de dépit.
Moi : S'il porte plainte, je...
Maty, me coupant la parole : Je ne pense pas qu'il osera porter plainte. C'est de la légitime défense.
Moi : J'ai peur !!
Maty : Rien ne t'arrivera. Tant que je vivrais, personne ne t’amènera à la prison.
Je lui souris.
Maty : Tiens au fait, ce soir Moctar dîne avec nous. J'espère que cela ne te dérange pas.
Moi, mentant : Non !
Depuis 3 ans, chaque fois que j'entendais ce nom, cela me rappelait un passé désagréable. J’allais encore le supporter toute une soirée. Mais je n'avais pas le choix. Maty m'hébergeait chez elle. Je ne pouvais pas choisir à sa place les invités qu'elle voulait d'inviter.
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Pdv Moctar
Je me mirai une nouvelle fois dans le miroir. J'étais nickel. Même si ce n'était qu'un dîner chez ma sœur, je choisis un beau tee-shirt rouge, un jean bleu et des baskets noirs. Je me parfumai richement et me décidai à partir. Je sortis de l'immeuble et me dirigeai vers ma voiture. J'entrai dans ma Mercedes peinte en gris métallisé et démarrai en trombe.10 minutes après, j'étais devant l'immeuble de ma sœur. Nos domiciles n'étaient pas très distants. Je vivais à Nord Foire et ma soeur avait choisi d’établir son nid d'amour à Scat Urbam. Je descendis de ma voiture et entrai dans le grand immeuble. Je montai au 2 ème étage et sonnai dans la première porte à droite. La porte s'ouvrit et je découvris un visage que je n'avais pas vu depuis des années mais que je reconnus aussitôt. Je perdis mon sourire.
Moi : Rabia ? Que fais-tu ici ?
Rabia : Bonsoir Moctar !
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Pdv Rabia
Mactar : Que fais-tu ici ?
Moi : Bonsoir Rabia. Ça fait un bail. Comment vas-tu ?
Non, mais il n’avait pas changé, toujours aussi sûr de lui à la limite de l'impolitesse.
Mactar, insistant : Que fais-tu ici ?
Je me décidai à lui répondre.
Moi : Je te rappelle que Maty est ma meilleure amie.
Mactar : Tu sais très bien ce que je veux dire.
Moi : Trop long à expliquer. Entres !
Il entra et je fermai la porte derrière lui. Silencieusement, on se dirigea vers le salon.
El Hadj se leva et salua chaleureusement Moctar. Je les laissai tout seuls et je retournai dans la cuisine. Le repas prêt, nous passions à table. Le dîner était très animé. Heureusement, j'étais assise à côté de Maty. Je sentis bien que Moctar me fixait de temps en temps, le regard lourd de questions, mais je m'en moquai, je n'avais pas de compte à lui rendre.
A la fin du repas, Maty et moi, débarrassâmes la table. Pendant que les hommes retournèrent devant la télé. Lorsque nous les rejoignîmes , nous passâmes une agréable soirée à quatre , Moctar acceptant de jouer le jeu. Quand il décida de rentrer chez lui une heure après, nous allâmes nous coucher.
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Le lendemain matin, je me retrouvai seule dans l'appartement. J'aidai un peu la domestique à faire le ménage. Puis je retournai dans ma chambre. 5mn après, mon portable sonna. Je restai figée en reconnaissant le numéro. J'hésitai à décrocher mais la sonnerie était si insistante que je finis par prendre.
Moi : Allo !
Mon oncle : Allo ! Où es-tu ?
Moi : Chez des amis.
Mon oncle : Je suis à l'hôpital. Je sors demain.
Je restai silencieuse.
Mon oncle : Peux-tu passer à l'hôpital récupérer les clés de la maison ?
J'étais abasourdie. Après l’affaire tragique d'il y a deux jours, mon oncle me demandait de venir récupérer les clés comme si de rien n'était.
Moi : Je ne reviendrai pas à la maison.
Mon oncle, furieux : Quoi ?
Moi :…
Mon oncle : Je suis ton oncle. Je t'ordonne de rentrer.
Moi : Je ne reviendrai plus jamais à la maison.
Je l'entendis vociférer, hors de lui. Cela m'énerva et je raccrochai. Dans les deux premières minutes, je reçus un sms : "si tu ne rentres pas, je porte plainte et je t'envoie à la prison".
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Quelques heures plus tard
Je me levai enfin du lit et m'assis douloureusement. Ma tête me faisait atrocement mal. J'avais pleuré une bonne partie de la nuit repensant à ma pauvre tante partie si tôt. Je n'avais plus personne pour me protéger de mon oncle. Maty ne pensait pas que mon oncle exécutera ses menaces. Mais moi, je connaissais assez mon oncle pour savoir qu'il irait jusqu'au bout.
Des coups à la porte me sortirent de mes pensées.
Moi : Oui ! Entres .
La porte s'ouvrit et je sursautai en reconnaissant celui qui venait d'entrer.
Moi : Toi ?
Mactar : Oui ! Moi !
Il ne me sourit pas.
Moi : Que veux-tu?
Il vint silencieusement s'asseoir sur mon lit.
Moi : Ne te gênes pas !
Mactar : Je ne me gênerais pas. C'est chez ma sœur.
Moi, insistant : Que veux-tu Mactar ?
Il me fixa du regard.
Mactar : Il paraît que tu as besoin de moi ?
Moi : Moi ? Jamais !!!
Mactar : Maty m'a tout dit sur ta situation avec ton oncle.
Honteuse, je baissai la tête. Pourquoi lui a-t-elle tout raconté ? C'était la dernière personne que je serais allée voir.
Mactar : Je peux t'aider et je vais t'aider.
Je le regardai, surprise. Lui, qui me détestait tant ?
Mactar : Je connais des avocats qui pourraient dissuader ton oncle d'engager des poursuites contre toi. Il me suffit d'un ou deux coups de fil et tout sera opérationnel.
Moi, souriant : Merci Mactar.
Mactar : Ne me remercie pas. Tu sais très bien que je ne vais pas t'aider pour un simple merci. D'ailleurs, si je n'avais pas besoin d'un petit service, crois-moi je t'aurais laissée croupir en prison.
Je ravalai le petit sourire que je lui avais volontiers offert. Il me détestait toujours autant sinon plus. Me pardonnera-t-il un jour ?
Moi : Qu'attends-tu que je fasse pour toi ?
Il sourit malicieusement.
Mactar : Le genre de choses que tu sais faire.