Sauver sa compagne sauvage

Chloe Je me suis retournée dans mon lit et j'ai regardé l'horloge, pour gémir en voyant qu'il était cinq heures du matin. Il était déjà temps de me lever et de commencer mes corvées. J'étais une Oméga dans la meute de Desert Hill, le rang le plus bas qui soit. La plupart des membres de la meute traitaient les omégas comme des moins que rien parce que nous étions considérés comme faibles et inutiles par les rangs supérieurs. La seule chose pour laquelle ils pensaient que nous étions aptes était la cuisine et le ménage. Je vivais avec ma mère, Trisha, mais tout le monde l'appelait Trish. Elle était née Oméga et travaillait dans la cuisine avec moi. Je n'ai jamais rencontré mon père. Ma mère refusait de me dire qui il était et se mettait en colère chaque fois que je lui posais des questions à son sujet, alors j'ai arrêté d'essayer. Il me restait deux jours avant mon dix-neuvième anniversaire et j'avais hâte. C'était à ce moment-là qu'un loup-garou pouvait sentir son âme sœur, et j'espérais vraiment trouver la mienne. Idéalement, il serait d'une autre meute et m'emmènerait loin de ce trou à rats. Une fille peut toujours rêver. Je suis sortie du lit et je suis entrée dans la salle de bain avant de prendre rapidement une douche. Je me suis ensuite habillée d'un T-shirt noir et d'un jean délavé et j'ai attaché mes longs cheveux roux en un chignon en bataille avant de quitter ma chambre. Ma mère et moi vivions dans une petite cabane à la limite du territoire. Elle était délabrée et miteuse avec des trous dans le plafond qui laissaient couler de l'eau quand il pleuvait. La plupart du temps, nous n'avions pas d'eau chaude ni d'électricité. Nous nous débrouillions cependant. Au moins, c'était assez loin de tout le monde pour que nous ne soyons pas trop dérangées. Je m'étais transformée en louve pour la première fois à seize ans. C'était l'âge standard pour la plupart des loups-garous pour se connecter avec l'animal en eux. Ma mère avait été la seule avec moi lorsque le changement s'est produit. Je me souviens de son expression choquée lorsqu'elle a vu ma louve pour la première fois. Elle m'a immédiatement fait reprendre ma forme humaine et m'a traînée à la maison. Elle avait agi bizarrement ce jour-là, et le soir, quand je l'ai confrontée à ce sujet, elle m'a dit que personne ne devait découvrir ma louve. Elle m'a demandé de mentir et de dire à la meute que je ne pouvais pas me transformer. Il n'était pas rare que les omégas ne puissent pas se transformer en leur animal, mais je ne comprenais toujours pas pourquoi elle voulait que je mente. Ne pas avoir ma louve mettrait une cible encore plus grande sur mon dos, ce dont je n'avais pas besoin. Ma mère ne me répondait jamais quand je lui demandais pourquoi elle voulait que je mente. Je détestais ce qu'elle me demandait de faire parce que je savais que la meute s'attaquerait à mon incapacité à me transformer, mais c'était ma mère. Comment pouvais-je ne pas lui faire confiance ? Après ce jour, je suis devenue l'une des omégas les plus tourmentées de ma meute. Les trois dernières années ont été dures. Le fait que je ne mesurais qu'un mètre cinquante-six n'aidait pas non plus ma cause. J'étais une vraie petite, même sous forme humaine. Sans louve, je ne pouvais pas vraiment leur en vouloir de penser que j'étais faible. Certains jours, quand j'étais tourmentée, la seule chose qui me faisait garder mon secret était de me souvenir de l'expression inquiète sur le visage de ma mère lorsqu'elle a vu ma louve pour la première fois. Elle avait presque l'air horrifiée, et je me demandais si j'étais une sorte de monstre ou quelque chose du genre. Peut-être que c'était pour ça qu'elle ne voulait pas que quelqu'un me voie. Avais-je une oreille en plus ou quelque chose ? Peut-être une deuxième queue que je n'avais pas remarquée qui dépassait quelque part. Ma mère s'attend aussi à ce que je sois soumise, même si cela me tue de le faire. Chaque fois que quelqu'un me tourmentait, se moquait de moi ou m'abusait, il me fallait toute ma volonté pour ne pas riposter. Ma mère continuait de me dire que c'était pour le mieux, qu'ils devaient croire que je n'étais qu'une autre Omega faible. Je détestais ça. Mais c'était ma mère, et je devais croire qu'elle avait mes intérêts à cœur. Je suis entrée dans notre minuscule cuisine, où ma mère avait déjà préparé un petit-déjeuner léger pour nous. « Bonjour, ma chérie. Tu as bien dormi ? » M'a-t-elle demandé en m'embrassant sur la joue. « Oui, j'ai bien dormi. J'aurais bien besoin de deux heures de plus, cependant », ai-je grommelé. Je détestais que les Omegas de la cuisine devaient se lever très tôt pour préparer le petit-déjeuner pour toute la meute. Peut-être que si nous étions appréciés, je pourrais le supporter, mais personne ne nous remerciait jamais pour tout le travail que nous faisions ici. « On peut dormir quand on est mort », disait ma mère d'un ton pince-sans-rire. C'était une réplique classique qu'elle aimait utiliser. « Une fille ne peut que rêver », ai-je répondu sèchement en m'asseyant à la table. « Ne parle pas comme ça, ma chérie. Les choses changeront quand tu auras trouvé ton compagnon. Il faut juste que tu sois patiente ». Dit ma mère en posant une assiette de nourriture devant moi. J'ai soupiré en le regardant. Il y avait un seul morceau de pain grillé et un œuf. C'était à peine suffisant pour permettre à un humain de survivre, et encore moins à un loup-garou. « Maman, ce n'est pas normal. Nous n'avons même pas assez de nourriture pour survivre ici. Pourquoi ne m'écoutes-tu pas et ne quittes-tu pas cette meute ? Nous pourrons en trouver une autre qui nous traitera correctement. Je me fiche même que nous devenions des renégats et que nous vivions de la terre », ai-je plaidé. « Non ! Arrête de parler comme ça. J'ai toujours vécu ici et nous ne partirons pas. Nous ne tiendrions pas deux jours dans la forêt en tant que renégats. Nous finirions tous les deux morts. » Elle s'est mise en colère, ce qui m'a fait souffler de frustration. Nous avons mangé notre petit-déjeuner en silence avant qu'il ne soit temps de partir. C'était seulement une marche de quinze minutes jusqu'au bâtiment principal de la meute, mais ce temps était mon calme avant la tempête. J'appréciais les quelques minutes de paix que j'avais chaque matin. Une fois arrivées au bâtiment principal de la meute, nous nous sommes dirigées directement vers la cuisine. J'ai mis un tablier et pris les œufs, le bacon et les saucisses du réfrigérateur avant de me diriger vers la cuisinière. D'autres Omegas ont commencé à arriver peu après, y compris ma seule et unique amie, Tessa. « Bonjour », Tessa a grommelé, visiblement aussi irrité que moi par l'heure matinale. « Bonjour. Tu as l'air aussi excité que moi d'être ici », j'ai répondu par un petit rire sec. « Ugh... Finissons-en avec cette journée. Servons de la nourriture à ces hauts responsables pour que nous puissions rentrer chez nous », Tessa a ajouté en attrapant les ingrédients nécessaires à la confection de croissants. Nous avons préparé le petit-déjeuner pour la meute et l'avons disposé en buffet dans la salle à manger. Les Omegas étaient interdits de manger la nourriture de la maison de la meute, et nous n'étions pas non plus payés. C'était pratiquement un crime la façon dont ils nous traitaient. Nous devions pratiquement nous débrouiller seuls. Ils prétendaient que le toit au-dessus de nos têtes et la protection que nous recevions étaient tout ce que nous méritions. C'était du grand n'importe quoi. Heureusement, ma mère avait une cachette secrète d'argent qu'elle utilisait pour nous acheter de la nourriture. Ce n'était pas beaucoup, mais ça nous suffisait. De nombreux omégas volaient de la nourriture pour survivre, ce qui représentait un risque important en raison des punitions sévères. J'avais vu un oméga se faire tuer pour avoir volé une miche de pain auparavant. Malheureusement, nos vies n'avaient aucune valeur dans la meute, et la mort de l'un d'entre nous était vraiment un fardeau de moins à leurs yeux. Après avoir servi le petit déjeuner, nous sommes retournées à la cuisine pour commencer la préparation du déjeuner. « Chloe ! Sors ton sale cul d'ici », a crié une voix familière depuis la salle à manger. Le son m'a fait tressaillir car je savais qu'il s'agissait d'Alpha Cameron, mon plus grand bourreau. Il me détestait le plus pour une raison quelconque et saisissait chaque occasion pour me tourmenter et m'abuser. Je n'ai jamais compris pourquoi il me traitait pire que les autres. Cela dit, j'étais contente qu'il déverse sa colère sur moi plutôt que sur quelqu'un d'autre. Je pouvais le gérer, alors que je n'étais pas sûre que les autres le pourraient. Je suis entrée dans la salle à manger, redoutant ce qu'il me réservait cette fois. Il se tenait à côté de la table avec un regard meurtrier sur le visage. Une assiette cassée et de la nourriture gisaient sur le sol devant lui. « Oui, Alpha. Que puis-je faire pour vous ? » J'ai demandé doucement, inclinant la tête en signe de soumission comme ma mère me l'avait appris et en m'assurant de ne pas le regarder directement. « Nettoie cette merde, maintenant ! » Il a beuglé. J'ai acquiescé avant de me retourner pour aller chercher un balai. Avant d'avoir fait deux pieds, Alpha Cameron m'a donné un coup de pied au cul, et j'ai volé en avant, atterrissant la tête la première sur le sol. J'ai eu très mal, mais je n'ai rien dit. J'ai commencé à me relever, mais il a posé son pied sur mon dos, m'en empêchant. Tout le monde dans la salle à manger s'est mis à rire, même si certains avaient l'air compatissant. Parfois, je me demande s'ils seraient cruels avec nous si Alpha Cameron n'était pas aux commandes. Beaucoup semblaient suivre son exemple parce qu'ils pensaient qu'ils devaient le faire pour ne pas subir le même sort que nous, les omégas. « Ramasse-la avec tes mains », il a ordonné sur son ton cruel habituel. Dans des situations comme celles-ci, je luttais. Ma louve Tatiana grognait dans ma tête, suppliant d'être libérée pour qu'elle puisse lui arracher la tête. Mais la promesse que j'avais faite à ma mère l'emportait généralement à la fin, et je continuais à jouer mon rôle de soumise. Je n'ai pas répondu à Alpha Cameron et j'ai commencé à ramasser à mains nues la nourriture et les débris de verre sur le sol. Je me suis coupée plusieurs fois, mais je n'ai pas laissé paraître la douleur. Il m'a observée pendant tout ce temps, un sourire satisfait sur le visage. Déesse, je détestais cet homme. Une fois cela fait, Alpha Cameron m'a finalement laissé quitter la salle à manger et je suis retournée à la cuisine. Ma mère m'attendait avec son habituel froncement de sourcils inquiet. Elle savait qu'il était difficile de se mordre la langue, surtout quand on me traitait comme un animal. J'avais déjà tenu tête à Alpha Cameron une fois, et ma punition avait été une raclée qui m'avait plongée dans le coma pendant quelques jours. Le regard sur son visage quand je l'avais traité de gamin gâté en valait la peine, même si ma mère ne le pensait pas. Ma mère et moi avions des opinions différentes sur la vie. Alors que je voulais me battre pour ce en quoi je croyais, elle préférait garder la tête basse et passer inaperçue, même si cela signifiait endurer les abus. C'était frustrant, mais malheureusement, un trait typique des omégas. « Oh, Décesse merci, tu vas bien », a dit ma mère à bout de souffle, en portant la main sur son cœur. « Je vais bien, maman. C'était juste une autre crise de colère de l'Alpha qui a droit à tout », ai-je répondu en haussant les épaules. « Chut... Ne parle pas comme ça, Chloe, pas ici. Et si quelqu'un t'entendait ? » Ma mère a grondé, qui regarde nerveusement autour d'elle pour s'assurer que personne ne l'entend. « Désolée, maman, mais c'est vrai », ai-je répondu. Elle a secoué la tête en signe de désapprobation et est retournée travailler dans la cuisine au lieu de discuter avec moi. C'était toujours ce qu'elle faisait. Certains jours, je voulais juste la pousser jusqu'à ce qu'elle craque. Je me demandais toujours s'il y avait du feu en elle parce que j'avais un brasier qui brûlait en moi depuis des années, et ce n'était qu'une question de temps avant que je n'explose. Après le déjeuner, il était temps de commencer à préparer le dîner. Je coupais des légumes quand l'une des jeunes Omégas entra dans la cuisine. Elle avait l'air échevelée et essoufflée. Sa robe était déchirée au col, exposant une partie de son soutien-gorge. Elle n'avait que dix-sept ans ; la voir dans cet état faisait bouillir mon sang. Je me demandais ce qui s'était passé, mais j'avais déjà mes soupçons. « Chloe, l'Alpha veut te voir dans son bureau », elle a gémi, des larmes coulant dans ses yeux innocents. « Qu'est-ce qu'il t'a fait, Lea ? » Ai-je demandé avec colère. « Il voulait que je fasse des choses avec lui. Tu sais, des choses qu'on ne devrait faire qu'avec sa compagne. Quand j'ai commencé à brailler, il s'est fâché et m'a dit de partir. En partant, il m'a ordonné de t'envoyer à la place. Je suis vraiment désolée », s'est-elle exclamée, les larmes coulant librement sur ses joues. « Shhhh... C'est bon », ai-je répondu en la serrant dans mes bras et en lui frottant le dos de manière apaisante. Je ne prétendrai pas que je n'étais pas effrayée ; j'étais terrifiée. Alpha Cameron avait essayé de me v****r auparavant, mais j'avais toujours réussi à l'en empêcher d'une manière ou d'une autre. Une fois, mon loup était si près de faire surface. Alpha Cameron m'avait immobilisée et avait réussi à enlever mon pantalon. Je lui avais donné un coup de genou dans l'aine et m'étais enfuie avant que Tatiana ne prenne le contrôle et ne me force à me transformer. C'était un moment critique. J'ai passé une semaine dans le donjon après cet incident, mais cela en valait la peine pour garder ma dignité intacte. Je m'inquiétais toujours, cependant, que le jour viendrait où il me maîtriserait, et il n'y aurait rien que je pourrais faire pour me sauver. J'ai regardé ma mère qui avait le même regard terrifié qu'elle avait toujours quand Alpha Cameron m'appelait. Elle savait aussi bien que moi que ce n'était qu'une question de temps avant que quelque chose de terrible n'arrive. Peut-être que ce serait aujourd'hui.