JOURNAL DE DAVID ¬ 1 Dans l’obscurité de la nuit, une pirogue noire glissait sur une eau sombre et grasse, une eau si opaque, que la lune pourtant bien ronde et claire, peinait à s’y refléter. La barque oblongue était décorée comme un corbillard. De chaque côté de la coque des cordelettes tressées, mauves et blanches, garnies de floches en fil d’or, étaient suspendues entre des anneaux de cuivre jaune. Une banquette noire rehaussée de velours rouge, et deux fauteuils ressemblants aux chaises des églises accentuaient son allure austère. En silence, tel un serpent d’eau, le petit drakkar mortuaire rampait sournoisement sur l’huile du Grand Canal. L’eau était si lourde qu’elle ne faisait entendre aucun clapotis. Debout à l’arrière, le passeur maniait sa godille habilement, il touillait dans


