XIX Le 20 juin, comme je l’ai déjà dit, était le jour des assises. Dès la veille, tous les journaux, royalistes ou non, avaient averti leurs lecteurs qu’ils publieraient un compte rendu détaillé du fameux procès de Crabanac. D’avance on faisait le portrait du principal accusé et de ses complices. Les journaux bonapartistes ou libéraux (ce qui n’est pas la même chose) le peignaient comme un des plus intrépides soldats de la grande armée, un de ces colonels que Napoléon voulait faire maréchaux, – jeune encore, outre ce premier mérite, bel homme, bien vu des dames, heureux en amour comme à la guerre, adoré de deux jolies femmes, – la sienne d’abord, et enfin la belle et célèbre Proserpine ; riche, de plus, ce qui excite toujours l’admiration des bons bourgeois… Enfin, au dire de tous les e


