chapitre 2

1180 Mots
Sur ce, nous continuons à faire notre travail. Elles m’ont trop énervée, comment peuvent-elles ? c’est vrai que Laurence me fait de l’effet, mais où a-t-on vu un blanc épouser une noire ? je suis la seule enfant de mes parents, je ne peux pas les trahir à ce point. D’ailleurs je dois être sur mes gardes. Papa m’a promis m’emmener à Léopoldville quand j’aurai 18 ans, il a dit que là-bas j’aurai une meilleure vie qu’ici. Quelques temps après nous servons la table, Jeanine va prévenir les membres de la famille, ils arrivent et prennent place, mimi et moi restons là au cas où ils auront besoin de quelque chose. Un moment Laurence a voulu se servir du sucre, Mme Eléonore a tout de suite crié sur moi : - Servante ! viens vite aider mon fils, tu vois bien qu’il a besoin de sucre, et tu reste là à ne rien faire - Laisse maman, je vais le faire - Eh laisse ça ! elle est née pour ça Je m’approche et sert à Laurence du sucre. Après plusieurs minutes qui m’ont parues une éternité, ils ont enfin fini de prendre le petit déjeuner. Mimi et Jeanine débarrassent la table, moi je pars avec Laurence qui m’a fait signe de le suivre. On arrive dans sa chambre et il ferme la porte. Il me demande de me mettre sur une chaise ; lui prend des cahiers, un stylo et vient se mettre sur une chaise en face de moi. J’avoue que je suis troublé d’être aussi proche de lui, il fait frais, mais j’ai très chaud. - Nous allons commencer par les voyelles ; t’es prête ? - Oui - Il existe 5 voyelles, a, e, i, o et u. t’as compris ? - Oui Il écrit ses voyelles sur une feuille, et me le montre par tour. - Bien, peux-tu me montrer la voyelle e - C’est celui-ci. En pointant du doigt - Non, celui-ci c’est o, la voyelle e c’est celui-là - Ah d’accord. Dis-je un peu déçu - C’est un peu difficile au début, mais tu vas voir, tu trouveras ça tellement facile Nous avons eu ces séances durant plusieurs semaines, ça nous a rapproché. Il a dit que j’étais très intelligente et que j’apprenais vite. Il m’a raconté des histoires de l’internant, de ses profs et de ses camarades de classe. Je me sens tellement bien avec lui, il est marrant, on rigole comme des vieux amis. Et il n’a jamais dit un propos r*****e. Dommage qu’il puisse s’en aller dans quelques semaines, nos séances vont beaucoup me manquer, il va beaucoup me manquer. Je me suis amélioré en lecture et en écriture, ce n’est pas parfait, mais au moins je peux faire sortir l’idée dans les lignes. Comme tous les jours excepté le dimanche, nous nous retrouvons dans sa chambre après le déjeuner. - Tu n’as pas respecté les termes du deal - Quels termes ? - Tu devrais me raconter des histoires - Ah mais, les histoires c’est en langue maternelle, j’aurai beaucoup de difficulté à traduire en français - Fait un essai. Demain j’attends mon histoire - Tu peux aussi me raconter une histoire, comme ça je verrai comment tu fais - D’accord. L’histoire que je vais raconter s’est passé en inde. - C’est où l’inde ? - En Asie - Et l’Asie c’est où ? - Très loin d’ici en tout cas. C’est une histoire des deux amoureux : le prince kurram ou shan jahan et mumtaz. Le prince heritier et la jeune fille sont très jeunes lorsqu’ils se rencontrent à Agra, dans le nord de l’inde. Adolescents, ils tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. En ces temps où les mariages sont le plus souvent arrangés pour des causes d’alliance politique des régions, l’amour pur et éternel du shan jahan et de mumtaz s’inscrit dans la légende. La beauté inégalée de l’une et la prestance et la forte personnalité de l’autre les poussent l’un vers l’autre. Ils se marient enfin après quelques années de luttes familiales et de contraintes au cours desquelles kurram a dû épouser deux autres jeunes femmes. Ainsi, Mumtaz, troisième épouse du shan jahan, devient très vite sa favorite. Mais la tragédie scelle la légende de leur couple. En mettant au monde leur quatorzième enfant, elle meurt. Son époux est près d’elle. Juste avant de mourir, elle lui arrache la promesse d’édifier un monument égal à la pureté de leur amour commun et indestructible, qui a traversé toutes ces années. Un lieu de culte significatif de leur éternelle passion pour l’autre. - Et alors, ce palais existe vraiment ? - Bien sûr ! c’est fou ce que l’amour peut nous faire faire - Hum ! - Je te dis vrai, l’amour est la chose la plus forte et la plus magnifique que Dieu a crée Sous cœur je me suis dit : si Dieu nous aimais réellement, il nous aurait tous mis sur un pied d’égalité. J’étais dans mes pensées, quand il me pose une question. - As-tu déjà aimé quelqu’un ? - Euh oui ! j’aime mes parents, j’aime Mimi… - Tu sais très bien que ce n’est pas de cet amour dont je parle - Maman m’a dit de ne pas y penser. Elle a dit que j’aimerais mon mari - Quel âge as-tu ? - 16 ans - Certaines filles de ton âge, dans ce village, sont mariées ou elles ont des enfants - Moi ça ne m’intéresse pas - Et pourquoi donc ? - Toutes ces questions sont embarrassantes ! - Excuses-moi - Non c’est moi qui m’excuses, je n’aurai jamais dû vous parlez de la sorte - Je t’ai déjà dit de ne pas me vouvoyer - D’accord - On est amis n’est-ce pas ? - Oui - Tu es vraiment très belle Géraldine, on te l’a déjà dit ? - Non - Benh moi je te le dirai tous les jours - Tu te moques de moi ? - Non, pourquoi tu dis ça ? - Vous dites que les noirs sont des macaques, comment tu peux me trouver jolie ! - Tu m’as déjà entendu dire ça ? - Non - Je ne le pense pas ! - Excuses-moi - Arrête de t’excuser ! - … - Tu es plus jolie que beaucoup de blanches que je connais - Tu le penses vraiment ? Sans plus attendre, il s’approche de moi et m’embrasse. Je me lève et sors de la maison presqu’en courant. - Pourquoi tu cours comme ça ? - Pour rien papa - Quelqu’un t’a suivi ? - Non papa - Ça c’est la première ! je ne t’ai jamais vu courir, même quand il pleut. - Ce n’est rien papa ! - Et ta mère ? - Elle arrive - D’accord La nuit fut longue, très longue. Je n’arrêtais de penser à son baisé, c’était troublant et tellement doux. J’avais aimé ce baisé pourtant je ne devrais pas ; comment vais-je le regarder à présent ? il m’a pris pour une fille facile ! pourquoi m’a-t-il embrassé ? mimi et Jeanine ont raison, je dois faire très attention. Ça va être difficile de l’éviter, on se voit tous les jours. Je sais que c’est mal, mais en même temps j’ai envie qu’il recommence. Le matin je me reveuille, prends une douche, puis je vais à la cuisine où se trouve maman pour manger. - Je te trouve très silencieuse depuis hier - Je vais bien - Et pourquoi tu n’irais pas bien ? - Mais c’est toi qui me trouve silencieuse ! - Parce que c’est vrai ! prends vite ton déjeuner, nous allons partir
Lecture gratuite pour les nouveaux utilisateurs
Scanner pour télécharger l’application
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Écrivain
  • chap_listCatalogue
  • likeAJOUTER