Episode 5

2660 Mots
RAYHANATOU MELISSA BARRY Sans vie il n'y a pas de mort. Mais à chaque fois que la mort frappe, je m'interroge sur le sens de la vie. Pourquoi sommes-nous là au juste ? Pourquoi la vie ? Pourquoi la mort ? Pourquoi la maladie ? Ah oui cette dernière qui peuple mon quotidien, celle qui n'épargne ni jeune ni vieux, ni pauvre ni riche. Juste pourquoi ?  Que serait la vie sans mort ? Sans maladie ou souffrance ? Sans épreuves ? Avez-vous une fois pensée à cela ? Je viens encore une fois d'annoncer à une famille la mort de leur fils unique, âgé juste de 4 ans, emporté par cette saleté de cancer. C'est dans ces moments là que je me demande pourquoi il a fallu que je devienne médecin ? Ah oui ! C'était pour sauver des vies, sauf que là j'ai la désagréable impression de perdre plus de personnes que d'en sauver. Je suis anéantie, meurtrie et surtout furieuse d'être toujours celle qui annonce les mauvaises nouvelles. Fatiguée d'être celle qui a toujours les bons mots, d'être la plus douce ou la plus avenante. Je ne veux plus avoir à faire cela ; annoncer à une mère la mort de son enfant, à un mari la mort de sa femme, à un enfant la mort de ses parents... Je suis fatiguée. Un bruit de porte me tira de mes pensées moroses. Je m'empresse d'essuyer mon visage pour éviter les remarques de tout genre. C'était Jared et son regard sur moi en disait long sur ses pensées. • Surtout ne me dis pas que tu m'avais prévenu de ne pas trop m'attacher aux patients. Le devançais-je. Il m'offrit un triste sourire, avant de prendre place à mes côtés, à même le sol. • Je ne le dirais pas, vu que tu le sais déjà. Ça va ? J'opine de la tête en reniflant. • T'es sûre ? Les autres et moi avons prévu d'aller en boite à la descente, tu devrais venir avec nous, te changer les idées un peu. • Non merci. Je vais plutôt rentrer chez moi. • Et faire quoi au juste ? Te morfondre ? écoute Rayna, tu es mon amie avant tout et crois-moi ce n'est pas un Rdv, Hannah et Ryan seront aussi de la partie. Nous allons sortir en boite comme au bon vieux temps, prendre quelques verres, s'amuser. Tu étais douée pour ça quand même ! Qu'est-il arrivé à notre Melissa ? Je ne te reconnais plus là, tu te renferme chaque jour d'avantage. Tu aimerais me dire quelque chose ? d'ami à ami bien évidemment ! • Tu as raison. Je me ramollis, donc allons faire la fête. Je clame faussement enjouée pour ne pas avoir à répondre à ses questions. Même s'il a raison sur toute la ligne parce que moi-même je me demande ce qui m'arrive dernièrement. Je ne suis que pensées négatives et moroses, regret et remise en question. J'ai besoin de me changer les idées. J'ai toujours été le genre de personnes free, festive et surtout qui ne se prends pas la tête. Donc il y a vraiment de quoi s'inquiéter.  Voulant que cette soirée soit fun à tous les coups, je n'ai même pas pris la peine de rentrer chez moi pour me changer, au risque de changer d'avis. Je me suis préparée chez Hannah, qui possède tout un arsenal. Cela ne faisait que 10 minutes qu'on était arrivé à destination et pourtant j'étais à mon troisième verre de vodka. • Euh meuf je crois que tu devrais ralentir un peu ton rythme-là. Me prévient Hannah. • Quel rythme ? Mais je viens tout juste de commencer moi. Aller finis ton verre et allons rejoindre les gars, j'adore cette chanson. Criais-je en sautillant, elle était pliée de rire. Joignant les actes aux paroles, je tirais la main de ma collègue et nous dirigeais au milieu de la piste de danse en me trémoussant sans aucune gêne. Un groupe de jeunes banquiers prétentieux qui avait réservé le carré vip en face de nous n'arrêtait pas de nous mater et bizarrement j'aimais ça. J'ai toujours aimé flirter, jouer tant qu'il n'y a pas d'engagement bien sûr, les sentiments des autres je n'en ai absolument rien à foutre. Je m'amusais vraiment sans aucune limite et ce, malgré les mises en garde de mes amis, surtout Jared alors que c'est lui qui m'a trainé ici. Tenant une bouteille de bière dans ma main gauche et la cravate de l'un ses banquiers dont j'ignore le nom dans la main droite, je me trémoussais au moins entre trois garçon en riant comme une vraie g*rce.  C'est un Jared à la fois furieux et gêné qui est venu me tirer de là. • Quoi ? Dis-je avec une voix pâteuse en enroulant mes bras autour de son cou. • Qu'est-ce que tu nous fais là ? • Bah quoi ! Je m'amuse comme tu me l'as suggéré et c'est ce que tu devrais faire, le sérieux ne te va pas bien du tout. Dis-je en pinçant sa joue complètement amusée ou saoule. Il m'a fixé choqué avant de me tirer avec lui dans un coin un peu calme. • Aller maintenant dis-moi ce qui t'arrive, je ne te reconnais plus là. M'intime-t-il. Nous sommes là pour prendre un verre entre collègue et s'amuser un peu mais pas pour ce que tu fais. • Et qu'est-ce que je fais ? • Du n'importe quoi. • Ah oui ! Comme ça ? Je susurre en essayant de l'embrasser et bizarrement il ma stopé. • Quoi ? Demandais-je perdue. • Tu vois Rayna, c'est excentrement cela ton problème. Tu te plains de n'avoir personne dans ta vie alors que c'est toi-même qui fait tout pour nous repousser, tu t'en fou carrément des sentiments des autres, tu ne penses qu'à toi en fait. Etre un excellent médecin, compatissant et tout ce que tu fais à l'hôpital ne fait pas de toi une bonne personne, j'ai l'impression que c'est juste un masque que tu portes. Là tu es pire que les personnes que tu as l'habitude de dénigrer...  Je ne sais pas pourquoi mais sa phrase m'a directement fait penser à mon voisin, Ali et mon Dieu qu'est-ce qu'il avait raison ! Même s'il venait de me blesser de la pire des manières parce que s'il y a un masque que je porte, c'est sûrement celui de la personne de ce soir et non celle de l'hôpital. On ne m'a pas donné le choix, car personne ne nait méchant, l'humanité nous rend méchant ou peu importe ce que nous sommes mais ça personne ne semble s'en préoccuper. • Tu vas où ? Me demande-t-il en me voyant le contourner en silence. • Rayna attends, je suis désolé, je ne pensais pas ce que je viens de te dire. Tu sais ce que je ressens pour toi... • Si ! Tu le pensais mais ne t'inquiète pas, tu as un peu raison quand-même. On se voit lundi ok ? Terminais-je en accélérant les pas pour sortir de cet endroit qui me donnait juste envie de tout casser. Jared m'a suivi jusqu'à la sortie en s'excusant mais je ne l'écoutais que d'une oreille. J'avais les idées embrouillées et j'étais carrément ivre. Voyant qu'il ne pouvait pas me faire changer d'idée, il héla un taxi pour moi, donna mon adresse et paya la course. Dans le taxi, les paroles de Jared me revenait en boucle et aussi la scène que j'avais joué à mon voisin il y a de cela quelques semaines. J'avais agi comme si moi j'étais une sainte et voilà que je viens de faire pire que lui. Je me dégoute à un point où j'ai envie de me vomir dessus. Je n'arrête pas de me remémorer les paroles blessantes que je lui ai dites ce soir là à l'hôpital, alors qu'il venait de perdre des êtres chers à lui, comme ma nanie ou mon jumeau. Peu importe ce qu'il m'avait fait, il ne méritait pas ce traitement, il est humain après tout et je viens de me rendre compte que je ne suis pas mieux que lui. J'ai regretté mes paroles chaque jour parce que c'est ce que je sais faire le mieux. Faire ou dire des choses de façon irréfléchie et après regretter, comme si cela pouvait changer quelque chose.  • Nous sommes arrivés mademoiselle, vous avez besoin d'aide ? Me sort le chauffeur de mes pensées.  Je faisais donc pitié à ce point ? Je secouais négativement la tête et rassemble toute la force qui me reste pour ouvrir la portière et sortir. J'ai failli me casser la gueule n fois avant d'atteindre le pas de ma porte, mais au lieu de continuer et d'entrer, mes pas me dirigèrent comme une automate vers la porte de mon voisin. Je ne savais pas s'il y était, pourquoi j'y allais et surtout quoi lui dire mais je continuais quand-même à m'acharner sur son interphone comme une cinglée. Et c'est une voix mi endormie et mi agacée qui m'a répondu et c'était compréhensible car il devait être vers les b****s de 2h du matin ou plus, j'en avais aucune idée. C'est un Ali furieux et avec une sale gueule qui se présenta devant moi. Il a tiqué lorsqu'il m'a vu.  • Salut ! Dis-je en essayant d'être naturelle alors que la quantité d'alcool que j'avais ingurgité me secouait de toute part. • Toi ? Qu'est-ce que tu fais là à cette heure ? Je ne dérange personne à ce que je sache. Se défendit-il en me regardant bizarrement. • Ali ? Commençais-je en levant mon indexe. • Oui ! • Je crois que je vais vomir. Avouais-je en mettant ma main sur ma bouchant et en le bousculant pour entrer dans sa maison, à la recherche d'une toilette. Il s'est figé de stupéfaction d'abord avant de me suivre en courant. Il m'a fallu du temps pour trouver une toilette dans cette gigantesque baraque et une fois fait, je me suis hâtée vers la chaise anglaise et j'ai tout sorti. Je sentais la présence de Ali derrière moi et maintenant, je me sentais un peu mieux par rapport à tout à l'heure, du coup, je me suis sentie submergée par une honte sans pareille et je n'osais pas lever la tête pour le regarder, ni ouvrir la bouche pour parler. Il régnait dans la pièce un silence de mort et j'avais la tête ailleurs. Ressassant les paroles de Jared, mes paroles à Ali, la mort de cet enfant aujourd'hui à l'hôpital, celle de nanie, la disparation de mon jumeau, bref, à la catastrophe qui me sert de vie. Et je ne sais pas si c'est à cause de l'alcool, mais je me suis mise à chialer comme une conne alors que cela ne m'arrivait presque jamais. • Ça va ? Me parvient la voix fatiguée d'Ali. Je levais la tête et le trouvais accroupi à mes cotés, une serviette dans les mains. • Oui ! me hâtais-je de prendre la serviette et de m'essuyer le visage, et en essayant brusquement de me lever, j'ai failli tomber avant d'être rattraper par Ali qui était totalement gêné par la situation. • Je ne crois pas non. Dit-il en m'aidant à me tenir bien. • Yeah ! Je suis ivre mort comme tu l'as remarque et je sais, c'est totalement contradictoire vu toute la scène que je t'avais joué la dernière fois et c'est justement pour cela... • Tu n'as aucune explication à me donner, crois-moi je ne juge pas. Me coupa-t-il. • Peut-être mais je suis quand-même désolée, je n'aurais pas du te juger non plus et surtout pas te dire ces paroles blessantes alors que tu étais endeuillé. • Viens. Me dit-il pour toute réponse en me tirant avec lui jusqu'à sa cuisine qui devait faire la taille de mon salon. Il m'aida à prendre place sur l'une des chaises du bar avant de me contourner, pour se diriger vers un frigo et me servir un verre de lait que j'ai bu sans hésiter et en une traite. Le silence s'est à nouveau installé. Il était adossé contre le frigo et on se dévisageait sans un mot.  • Tu as l'air fatigué, triste et perdu. Remarquais-je en détaillant ses cernes ainsi que son air perdu. Il lâcha un rire nerveux avant de me dire : • C'est drôle, c'est exactement ce que je me disais à ton sujet. Et là c'est fut à moi de rigoler parce que oui il avait raison. • Qui t'a fait du mal ? Poursuit-il après un moment de silence. Je l'ai regardé un peu surprise. • Et toi ? Demandais-je à mon tour. Nous n'avons certes pas passé assez de temps ensemble mais chacun de nous sait que l'autre n'est pas dans son état normal. Moi je suis la jeune fille folle, forte et free et lui, il est le jeune homme riche, con et festif. Pourtant en nous regardant actuellement, on ne voit que deux personnes brisées, perdues et pleines de regrets. • Moi c'est plutôt moi qui ai fait du mal aux gens je crois. M'avoue-t-il la voix chargée. • Moi aussi. Dis-je à mon tour en jouant avec une pomme que j'ai choppé dans la corbeille à fruit.  • Enfin, on m'a beaucoup fait de mal aussi mais j'en ai aussi fait. Ajoutais-je en croquant dans la pomme. • Je te comprends. Dit-il pour toute réponse. Je me suis levée doucement cette fois-ci, prête à partir avant de remarquer un peu loin dans le salon, une cigarette électronique posée sur la table basse et mon instinct de docteur a vite repris le dessus. • Et sinon, pourquoi tu bousille ta santé ? Lui demandais-je en me retournant pour lui faire face.  La tête baissée et les mains dans les poches, il haussa les épaules pour toutes réponses. Une partie de moi me disait de partir, de ne surtout pas redire un autre truc que je vais regretter mais je ne pouvais pas ne rien dire. • Tu sais pourquoi je me suis retrouvée dans cet état ce soir ? Il secoua négativement la tête. • Un enfant de 4ans et l'unique de ses parents a rendu l'âme devant moi, emporté par le cancer. La veille je lui avais fait la promesse qu'il s'en sortira et il m'avait cru. Commençais-je la voix brisée. Et cette fois-ci, Ali me regardait avec attention. • Et le lendemain, je me suis retrouvée devant ses parents pour leur annoncer le décès de leur enfant. Le cancer l'avait emporté, oui à seulement 4 ans alors qu'il avait toute une vie devant lui, alors qu'il n'avait rien demandé du tout. Continuais-je les larmes aux yeux. • Je sais Ali, que je dois t'agacer ou même t'énerver. Que je n'ai rien à dire sur ta vie vu que je ne suis rien pour toi, mais je t'invite quand-même à réfléchir. Terminais-je en me dirigeant vers la sortie. Ali m'a suivi dans un silence complet, et ce, jusqu'à ma porte. • Rayna ? M'interpelle-t-il alors que je m'apprêtais à entrer dans ma maison. Je me suis retournée choquée. • Tu connais mon prénom ? • Oui ! M'avoue-t-il un peu mal à l'aise. • Merci. Ajoute-t-il en se massant la tempe. • Et pourquoi au juste ? • Euh je ne sais pas. D'être ma voisine peut-être ? J'ai pouffé de rire. • Bon je te laisse. Bonne nuit. Termine-t-il en s'éloignant. • Bonne nui Ali. Dis-je en déverrouillant ma porte pour entrer. _____________________________________ Salam tout le monde. Une question ❓ Est-ce que vous comprenez cette histoire ? Parce que j'ai l'impression que non. Sinon relisez le prologue dans lequel j'avais expliqué que l'histoire s'intéressera à 4 femmes différentes. Et j'en ai fais précédemment 4 parties, une pour chacune pour vous mettre dans le bain. N'hésitez pas à me poser vos questions. Kiss. Queen 04/04/2019 20 : 12
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