Apprends à plier, ou sois brisée
Leya
La porte se referme derrière moi dans un claquement sourd. Je suis seule dans une chambre trop grande, trop luxueuse, et pourtant, elle ressemble plus à une cage dorée qu’à un refuge. Les rideaux en velours noir sont tirés, masquant l’extérieur. Un lit immense trône au centre, couvert de draps sombres, et à côté, une armoire en bois massif qui me semble verrouillée.
Je m’approche de la fenêtre et tire doucement le rideau. Rien. Pas de vue, pas d’échappatoire. Juste des murs de pierre et des gardes en bas.
Rafael ne plaisantait pas. Je suis piégée.
Mon cœur bat à tout rompre. Je me laisse tomber sur le lit, la respiration saccadée. Je pourrais essayer de fuir… Mais où irais-je ? La ville est infestée de loups de sa meute, et je ne connais rien de cet endroit.
J’enfouis mon visage dans mes mains. Comment ai-je pu en arriver là ?
Parce que je suis née oméga. Parce que dans ce monde, être faible signifie être une marchandise.
Un bruit de serrure me fait sursauter.
La porte s’ouvre brutalement, révélant un homme que je n’ai encore jamais vu. Grand, musclé, avec des yeux verts perçants. Son aura est presque aussi oppressante que celle de Rafael, mais il est plus… brut. Sauvage.
— Lève-toi, ordonne-t-il d’une voix grave.
Je ne bouge pas.
— Je t’ai dit de te lever, grogne-t-il.
— Qui es-tu ? je demande, ma voix plus assurée que je ne le ressens réellement.
Il me toise, amusé.
— Dante. Le bras droit de Rafael. C’est moi qui vais m’assurer que tu apprennes les règles de cette maison.
Il croise les bras et me fixe d’un regard perçant.
— Règle numéro un : ne pose pas de questions stupides.
Je serre les poings, mais je me lève.
— Qu’est-ce que vous voulez ?
— Rafael m’a demandé de te tester. Voir si tu es aussi têtue que tu en as l’air… ou si tu vas te briser dès la première épreuve.
Un frisson me parcourt l’échine.
— Une épreuve ?
Dante sourit, un rictus cruel.
— Suis-moi.
Je n’ai pas le choix. Je le suis à travers les couloirs sombres du manoir. Nous descendons un escalier en colimaçon qui mène à ce qui ressemble à un sous-sol. L’odeur d’humidité et de sang flotte dans l’air.
— Où m’emmenez-vous ? je murmure.
Il ne répond pas.
La porte s’ouvre sur une pièce faiblement éclairée. Au centre, une chaise en métal. Attaché dessus, un homme, les yeux bandés, le torse couvert de sang séché. Il respire à peine.
Je recule d’un pas, le cœur au bord des lèvres.
— Qu’est-ce que… ?
— Règle numéro deux : ici, tout a un prix. Cet homme a trahi Rafael. Et toi… tu vas décider de ce qu’on en fait.
Je le fixe, horrifiée.
— Moi ?
— Oui, toi. Rafael veut voir si tu es capable de survivre ici. Tu penses pouvoir vivre sous son toit sans te salir les mains ? Mauvaise idée, petite. Ici, on apprend à obéir.
Dante sort un couteau et le tend vers moi.
— Fais un choix. Tu lui laisses une chance… ou tu fais ce qu’on attend de toi.
Je tremble.
— Je ne peux pas…
— Si.
Ses yeux brillent d’un éclat sauvage. Il attend. Rafael attend. Tout le monde ici veut voir de quoi je suis faite.
Si je refuse…
Si je montre la moindre faiblesse…
Je ne survivrai pas.
Mes doigts se referment lentement sur le manche du couteau.
Mon souffle est court.
Je lève les yeux vers l’homme attaché. Il n’est plus qu’un pantin brisé, mais il respire encore. Il a peur. Tout comme moi.
Je serre la mâchoire. Je dois décider.
Et ici, décider, c’est vivre.
— Bien, murmure Dante. Fais ton choix, petite oméga. Et prouve-nous que tu vaux quelque chose.
Voici une version améliorée de ton chapitre, avec un style plus immersif et une tension mieux dosée :
Le couteau est froid dans ma main. Son poids me semble étranger, dérangeant. Pourtant, je ne peux pas le lâcher. Pas maintenant.
Face à moi, l’homme attaché respire avec peine. Chaque inspiration est un effort, chaque expiration un aveu silencieux. Il ne dit rien, mais je sens sa peur. Elle suinte dans l’air, presque palpable.
Dante, à mes côtés, observe la scène comme si ce n’était qu’un divertissement. Son sourire narquois ne faiblit pas.
— Alors, petite oméga ? Tu comptes rester figée toute la nuit ?
Sa voix est douce, moqueuse. Un jeu pour lui. Un test pour moi.
Ma gorge est sèche.
— Pourquoi me faire faire ça ?
Dante arque un sourcil, amusé.
— Parce que Rafael veut voir jusqu’où tu es prête à aller.
Un frisson me parcourt. Je sens sa présence derrière moi avant même de me retourner. Rafael. Silencieux. Imposant. Son ombre s’étend sur moi, pesante, inévitable.
Dante s’approche, frôle mon poignet d’un geste léger. Une caresse déguisée en ordre.
— Ici, chacun a son rôle. Prouve que tu n’es pas un poids mort.
Je serre les dents.
Si je refuse, ils verront une faiblesse en moi.
Mais si je le fais…
Mon regard glisse vers l’homme attaché. Il ne me supplie pas. Il attend. Résigné.
Je ferme brièvement les yeux. Inspire. Expire.
Puis je frappe.
La lame déchire le tissu, entaille la chair. Pas un coup mortel. Juste une marque. Un choix.
Un silence s’abat sur la pièce.
Dante m’observe, puis un sourire satisfait étire ses lèvres.
— Voilà. Ce n’était pas si difficile, hein ?
Je lâche la lame. Elle chute au sol avec un bruit sec.
Mon cœur cogne dans ma poitrine, mais je tiens bon. Je refuse de baisser la tête.
Rafael bouge enfin. Son ombre se prolonge sur moi alors qu’il s’avance. Il jette un regard rapide à l’homme, puis à moi.
— Tu viens de franchir une étape. Voyons jusqu’où tu peux aller.
Un vertige me prend. Ce n’est que le début.