L'OMÉGA DU LOUP NOIR

Chapitre 4 – Sous l’Œil du Loup

Sous l’Œil du Loup

Leya

L’atmosphère dans le manoir est lourde aujourd’hui. Je le ressens dès que je quitte ma chambre. Les regards, les murmures, l’impression d’être une intruse dans un monde qui ne veut pas de moi.

Dante m’attend en bas des escaliers, accoudé à une table, un sourire en coin.

— Bien dormi, petite oméga ?

Je l’ignore et poursuis mon chemin, mais il se lève et me barre la route.

— On va éviter de jouer les solitaires, hein ? Rafael veut te voir.

Mon estomac se serre.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il en a décidé ainsi.

Il me guide à travers le manoir jusqu’à une grande pièce où une cheminée crépite doucement. Des fauteuils en cuir, une grande table, et au centre, Rafael.

Il est assis, détendu, un verre d’alcool à la main. Pourtant, même ainsi, il impose une présence écrasante.

— Assieds-toi, ordonne-t-il.

Je m’exécute, croisant les bras pour masquer ma nervosité.

Rafael m’observe longuement avant de poser son verre.

— Tout le monde ici doit prouver sa valeur.

Je ne réponds pas.

— Hier, tu n’as pas flanché, continue-t-il. C’est un bon début. Mais ce n’est pas suffisant.

Il se lève lentement et s’approche.

— Tu veux survivre ici ? Alors tu dois apprendre à comprendre les règles.

Il s’arrête juste devant moi, me dominant de sa hauteur.

— Quelle est la première règle ? demande-t-il.

Je serre les poings.

— Obéir.

Un léger sourire effleure ses lèvres.

— Pas seulement. Il faut savoir quand obéir et quand se battre.

Il attrape mon menton entre ses doigts et incline ma tête légèrement.

— Je vois du feu dans tes yeux. C’est bien. Mais un feu mal maîtrisé finit par se consumer.

Je déglutis difficilement. Son regard est trop perçant, trop intense.

Il relâche mon menton et recule.

— Suis-moi.

Je le suis à travers les couloirs, jusqu’à une cour intérieure. Plusieurs membres de la meute sont là, s’entraînant au combat. Certains lèvent la tête en nous voyant arriver.

— Tu vas apprendre à te défendre, annonce Rafael.

Je hoche la tête, même si je doute encore de mes capacités.

— Dante, ajoute-t-il, entraîne-la. Mais pas trop fort. Pas aujourd’hui.

Il me lance un dernier regard, puis s’éloigne, me laissant seule avec Dante et les autres loups qui m’observent avec amusement.

— Prête ? demande Dante avec un sourire en coin.

Je prends une profonde inspiration.

— Essayons.

Je sens encore le poids du regard de Rafael sur moi, même lorsqu’il a disparu de mon champ de vision.

Je dois prouver que je ne suis pas qu’une oméga fragile.

L’entraînement commence à peine que je sens déjà le regard des autres peser sur moi. Les loups du clan sont rassemblés autour du terrain, certains les bras croisés, d’autres avec un sourire narquois.

Dante se place face à moi, les mains dans les poches, l’air faussement détendu.

— On va voir si tu sais encaisser, petite oméga.

Je me raidis.

— Je pensais qu’on devait apprendre à me défendre.

— Défendre, attaquer, c’est pareil. Tu apprendras mieux en pratiquant.

Autour de nous, quelques rires s’élèvent. Mon visage chauffe sous leurs moqueries, mais je garde le menton haut.

Dante me fait signe d’approcher.

— Essaie de me toucher.

Je plisse les yeux.

Il veut que j’attaque en premier ?

Je me mets en position, comme il me l’a montré hier, et frappe droit devant moi.

Je ne touche que du vide.

Dante a esquivé sans effort et se tient maintenant derrière moi.

— Trop lent.

Je pivote et tente un autre coup. Encore raté. Il évite avec une facilité déconcertante.

— Si tu es aussi prévisible, tu n’iras pas loin, commente-t-il.

Mon souffle s’accélère. Il joue avec moi.

Je serre les poings et me jette à nouveau sur lui. Cette fois, je change de rythme, feinte à gauche et frappe à droite.

Il bloque mon poing et attrape mon poignet.

— C’est mieux.

Puis il me tire en avant et me fait basculer. Je perds l’équilibre et m’écrase au sol, la respiration coupée.

Des rires éclatent autour de nous.

Dante me tend la main.

— Relève-toi.

J’ignore sa main et me remets debout seule. Mes muscles protestent, mais ma fierté est plus forte.

— Encore, dis-je.

Il sourit.

— C’est ce que je voulais entendre.

Nous reprenons l’exercice, cette fois avec plus d’intensité. Chaque coup esquivé m’apprend quelque chose. Chaque chute me rend plus rapide.

Le soleil est haut dans le ciel quand Rafael réapparaît, s’arrêtant au bord du terrain.

Tout le monde se tait instantanément.

Il me scrute un instant, puis s’adresse à Dante :

— Ça suffit pour aujourd’hui.

Je m’essuie le front, essoufflée mais debout.

Rafael s’avance lentement vers moi.

— Tu tiens bon. C’est un bon début.

Je m’attends à ce qu’il me teste encore, mais à la place, il se tourne vers les autres loups.

— Elle fait partie du clan maintenant. Agissez en conséquence.

Un silence plane avant que certains hochent la tête.

Il s’éloigne, et moi, je réalise à peine ce que ses mots impliquent.

Faire partie du clan ne signifie pas être acceptée.

Cela signifie que les vraies épreuves ne font que commencer.