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Hirondelles en hiver

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Le parcours d'un jeune flic à Paris durant les années de guerre : son devoir, ses valeurs morales et ses difficultés conjugales.

Gustave entre dans la police parisienne comme îlotier. Audacieuse idée pour celui qui n’a jamais quitté sa province. Sa fiancée, qui rêve de Paris et d’une vie confortable et brillante, saisit l’occasion de le suivre. Mais la dure réalité de ces années de guerre la fait vite déchanter. Ballotté entre son devoir d’obéissance, ses valeurs morales et les difficultés conjugales, le jeune flic sera confronté à des situations cornéliennes qui pourraient le faire basculer vers le meilleur ou vers le pire. Derrière son apparente apathie, saura-t-il afficher sa légendaire volonté de fer, imposer son bon sens et ses valeurs ?

Cette histoire, pleine de rebondissements et d’émotions, met en scène des personnages simples, mais ô combien attachants, qui luttent pour survivre et garder leur dignité. Elle nous rappelle que les tragédies transforment ceux qui les traversent, les rendant plus forts et plus sensibles aux êtres qui les entourent.

Plongez dans une histoire pleine de rebondissements et d'émotions, et découvrez les destins de personnages simples et attachants, confrontés à des situations tragiques et des dilemmes cornéliens !

EXTRAIT

Gustave, en grande tenue d’agent de ville, se tenait bien droit devant le maire du XIVe. Anne, à ses côtés, vêtue d’une simple robe droite blanche, serrait dans ses mains un petit bouquet de roses. Elle ne présentait pas encore les stigmates de sa grossesse et sa mise n’avait nulle peine à masquer le léger renflement de son ventre. Son homme avait beau avoir les épaules larges, le couple seul avec Marie Colpin pour unique témoin semblait bien isolé dans cette immense salle des mariages. L’édile et son employée municipale firent de leur mieux pour donner un peu de chaleur à cette cérémonie surréaliste. On se mariait peu par les temps qui couraient, préférant attendre des jours meilleurs.

Un bref rictus traversa le visage de Gustave, au souvenir amer, pas si lointain, qu’il aurait ardemment souhaité cette célébration avec son Isabelle. Anne le ressentit-elle ? Elle lui pressa le bras, il balaya cette pensée et lui offrit un large sourire.

Les registres signés, ils se retrouvèrent tous les trois sur le perron donnant sur la rue Charles-Divry. Le léger vent frisquet de ce mois de mars souleva la robe de la mariée qui n’avait pour toute coiffure que quelques fleurs glissées dans les cheveux. Gênés d’en avoir fini si rapidement, ils ne savaient quoi faire de leur matinée :

— Il n’y a guère que les curés qui prennent leur temps, soupira Marie.

Alors que le matin ils avaient pris le bus, ils décidèrent donc de rentrer à pied. Attrapant le bras de l’une, puis de l’autre, le Grand mena donc sa petite troupe d’un pas tranquille jusqu’à la rue du Moulin-Vert.

A PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Pierre Bonnet est l’auteur de nombreux romans parus aux éditions Lucien Souny, dont Une Vie sur le fil et Une Terre pour deux frères.

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Hirondelles en hiver-1
Hirondelles en hiverCette nuit-là, deux silhouettes se profilaient dans le crachin qui baignait les rues de Paris. Quand elles passèrent sous un réverbère, deux capes noires sur lesquelles les perles d’eau luisaient révélèrent deux hommes en uniforme qui tiraient chacun un vélo sur le côté. Deux « hirondelles », comme on les surnommait, du nom de leur marque de vélo, patrouillaient donc en ce mois de mai 1942. Circuit routinier qu’ils parcouraient dans le XIVe arrondissement. Trois brigades de quatre hommes quadrillaient, en alternance, le secteur. Choisis pour leur grande taille, ces îlotiers rassuraient tout autant qu’ils inquiétaient les rares passants. Seules de solides raisons pouvaient pousser à braver le couvre-feu strict imposé par l’occupant ! Le marché noir en était une, les clandestins une autre. Gustave Fillat, le plus grand des deux, nourrissait une aversion profonde pour la première espèce. Ces profiteurs qui prospéraient sur le malheur des autres le mettaient en rage. Et il en fallait pourtant beaucoup pour briser la patience de ce Limousin débarqué à Paris trois ans plus tôt. On le disait mou, lent du cerveau, déplaçant avec peu de grâce son mètre quatre-vingt-quinze et sa masse de cent kilos. Son commissaire d’arrondissement et ses collègues en pensaient peu de bien : grand con pour certains, l’idiot du village pour d’autres. Son compagnon ne partageait pas ce point de vue. Il connaissait son Gugus, mal à l’aise à formuler ses pensées, cela ne signifiait en aucune manière qu’il en était dépourvu. Quant à le prendre pour un apathique, il fallait voir comment une fois en colère le géant attrapait d’une main le malfrat, ses pieds décollant du sol, tandis que son autre main lui assénait un coup sur la tête qui l’estourbissait ! Son précédent chef, le commissaire Relandau, avait partagé ce point de vue. Il avait décelé que ce malabar qui avait fini caporal-chef son temps d’armée, cachait du potentiel. Il l’avait envoyé illico à L’École pratique des gardiens cyclistes, à la caserne de la cité, comprenant que ce fils de paysan serait plus à son aise à promener son immense carcasse à l’air libre qu’à croupir dans « un panier à salade ». Hélas, quelques mois plus tard Relandau, ainsi que la moitié de ses collègues commissaires furent congédiés avec l’arrivée de Pétain au pouvoir en 1940. Gustave avait perdu son unique soutien au commissariat. Le successeur, Renard, s’intéressant peu aux îlotiers, ne faisait plus grand cas de lui. Son équipier, Yvon Le Fallec, arrivait de sa Bretagne. Vif et toujours en mouvements, il avait du mal à tenir sa langue. Mariage de la carpe et du lapin ? Erreur ! Le couple fonctionnait à merveille. Yvon amusait Gustave. Récoltant tous les potins de la préfecture de police, véritable gazette, le Breton assortissait ses propos de commentaires drôles et parfois séditieux, qui réussissaient à arracher quelques sourires à son taciturne compagnon. Ils ne partageaient pas non plus le même avis sur l’évolution de leur métier. Gustave chassait le voleur et les trafiquants, tandis qu’Yvon pensait que les communistes et les Juifs méritaient plus d’attention. C’était d’ailleurs ce sujet qui les opposait encore, cette nuit-là. — Marché noir ! Tu parles, il faut bien vivre malgré les tickets de rationnement. Tu as tort, Gustave. Les boches attendent surtout qu’on leur amène des communistes et des Juifs. Nous deux on va finir par se faire remarquer, aucune arrestation ces derniers temps. — Ça te gêne, toi, qu’un Juif sorte en dehors de son temps autorisé ou bien aille au cinéma ? — Non, mais c’est la loi. On doit la faire respecter. — Quant à cette étoile, je ne sais pas ce qui leur a traversé la tête pour l’imposer ? Depuis une semaine, les Juifs devaient arborer en toutes circonstances cette marque. La première que le grand vit fut, la veille au soir, celle du fripier occupant un local à deux pas de son immeuble. Le pauvre homme sachant qu’un flic habitait le coin avait fait du zèle. Gustave avait haussé les épaules et maugréé « ce n’est pas moi qui vous chercherai des histoires pour ce bout de chiffon ». D’entendre son collègue sortir plus de deux phrases de rang, surprit tant Yvon, qu’il en resta muet. — Tu ne t’es jamais demandé, toi, ce qu’ils devenaient, les Juifs arrêtés ? relança le Grand. — Ils vont à Drancy pour être ensuite envoyés sur des chantiers dans l’Est… — Mouais… Yvon n’insista pas, il sentit son ami braqué. Pourtant, l’attachement de Gustave pour Pétain n’était un secret pour personne. Il croyait en cet homme, vainqueur de Verdun, que vénérait son père. Du moins, c’était ce que lui en avait rapporté sa mère, puisque le pauvre diable avait été tué une semaine avant l’Armistice, fin octobre 1918. Savoir aux commandes du pays un tel homme le rassurait. Il ne faisait aucune confiance à ce colonel aventureux et irresponsable lançant depuis Londres des appels incendiaires. Si l’épuration de 1940, ayant entraîné l’éviction de son chef, et les regroupements de tous les services de police sous les ordres du dénommé Bousquet, l’avaient inquiété, il n’en avait pas pour autant voulu au maréchal. Le brave Pétain ne pouvait tout contrôler. Par contre, apprendre la création d’une police chargée des questions juives, la PQJ, l’avait consterné. Cet acharnement sur la communauté juive l’indisposait. Pour le reste, la chasse aux communistes existait depuis 1938, il n’y avait là rien de nouveau ! Cela ne l’avait pas empêché, trois mois plus tôt, le 20 janvier 1942, avec tous les autres gardiens de la paix réunis à la préfecture de Paris de prêter serment : « Je jure fidélité à la personne du chef de l’État, en tout ce qu’il commande dans l’intérêt du service, de l’ordre public et pour le bien de la patrie, je le jure ! » Son équipier ne partageait pas ses états d’âme. Il voulait faire carrière, et vite ! Croupir avec Gustave, aussi sympathique fût-il, le faisait bouillir. Il harcelait depuis peu l’administration centrale pour être affecté dans un de ses services nouveaux en pleine expansion. Or, il y avait du nouveau. — Un type de Brest, un « pays » à moi, pense que mon dossier avance, je serai fixé dans quelques jours. — Tu ne vas pas chez ces enfoirés de la rue Lauriston ? — Idiot, je te parle de police, pas d’autre chose. Un ciel noir étoilé apparaissait, signe que la pluie s’était arrêtée. — Allez, en piste ! grommela Gustave. Ils s’installèrent confortablement sur leur selle Idéale et d’un v*****t coup de pédales, démarrèrent. À vélo, ils parlaient peu, car il savait que leurs voix les trahiraient. Quelques ombres par-ci par-là, mais rien qui nécessite de se mettre en nage à la poursuite d’un délinquant. « Nuit calme » serait l’unique commentaire de leur patrouille. — À dimanche à la maison ! lança Gustave à Yvon quand ils se quittèrent à l’aurore. Fillat avait une bonne trotte à faire du commissariat du XIVe, situé rue du Maine, pour rejoindre son domicile au 68 de la rue du Moulin-Vert, à deux pas d’Alésia. Il enfila la rue Didot et pédala au même rythme que celui acquis en patrouille. Le soleil de ce printemps se montrait toujours aussi avare de ses feux quand il pénétra dans le hall de son immeuble. *** Gustave se glissa dans les draps aux côtés de sa compagne. La contemplant longuement avant de se tourner, il n’en revenait pas de sa chance et de son bonheur. Isabelle, la plus belle femme du canton, dormait avec lui ! Ils se connaissaient depuis la maternelle. Le grand Gustave avait toujours été pour elle, le protecteur auprès de qui elle venait se coller quand les autres gamins l’embêtaient. Adolescent, il écartait les grossiers et les impudents qui l’importunaient aux frairies. Oh, ce n’était pas son amoureux ! Elle le considérait comme sa chose, toujours à son service, comme un chien fidèle qui accourt dès qu’on l’appelle. Les prétendants se bousculaient, nombreux ; aux bals la belle volait de bras en bras, sous les yeux d’un Gustave qui se contentait de la contempler, simplement heureux de la voir rire et s’amuser. Son heure de gloire venait plus tard, quand il la raccompagnait chez elle et que, chemin faisant, elle lui contait ses amourettes. Ses parents, métayers cossus, espéraient voir leur jolie fille faire un beau mariage : le fils du notaire avait leur préférence, mais la belle tardait à choisir. Puis Gustave était parti faire son service militaire et quand, à son retour, il annonça qu’on lui avait proposé de rentrer dans la police, à Paris, tout changea. Isabelle rêvait depuis toujours de la Capitale. Or tous ses « amoureux » manifestaient le souhait de rester au pays. Antoine, le fils du notaire, avait éclaté de rire : « Quitter le coin ? Mais j’ai l’office de mon père qui me tend les bras, qu’est-ce que j’irais m’emmerder à Paris ! » Alors elle entreprit de conquérir le Grand. Il n’y avait guère d’effort à produire, le benêt, amoureux transi depuis toujours, fondit. Ils se fiancèrent discrètement avant son départ en octobre 1938. Le temps pour lui de s’installer, de faire son école et de trouver un appartement, quelques mois plus tard elle le rejoignit. Isabelle avait été quelque peu désappointée de la petitesse de leur appartement : une chambre et une cuisine faisant office de salon. Situé au cinquième étage d’un immeuble sans ascenseur, son seul intérêt était la proximité d’Alésia, quartier très commerçant. Son homme travaillant surtout la nuit, ils se voyaient peu, ne partageant que les fins de journées, une fois le Grand réveillé, et les dimanches. Elle avait prévu de trouver bien vite un travail, mais la guerre coupa court à ses velléités. Gustave sentait bien que le gai Paris en temps de couvre-feu et avec peu d’argent éloignait la belle de son rêve. En Limousin, l’uniforme avait du prestige et les gendarmes en imposaient, aussi avait-elle imaginé que Gustave à Paris serait un personnage respecté. Bien sûr, elle retrouvait dans le regard de son voisinage le respect pour la femme du flic, mais rien de comparable avec ce qu’elle espérait. Ici, seul l’argent marquait véritablement la différence : une femme bien habillée, une commande importante et voilà le commerçant se courbant, mielleux, tout sourire et se précipitant pour ouvrir la porte de son magasin. Or le couple vivait chichement. Gustave percevait ces frustrations, mais se sentait impuissant. Il redoublait de tendresse, d’attention. Il aurait tant voulu être père. Il pensait que cela comblerait l’ennui de sa belle et que le fruit de leur amour créerait un lien indissoluble entre eux. Hélas, elle lui rétorquait que ce serait folie en ces temps troublés de faire un enfant. Ils avaient également reporté leur mariage pour des jours meilleurs… qui tardaient à venir. Quand l’habitude d’inviter Yvon Le Fallec à la maison se prit, le couple retrouva un second souffle. Cet appartement toujours si calme se transformait alors en lieu de vie d’où s’échappaient rires et chansons. Yvon parlait pour deux, rapportant des nouvelles dont raffolait Isabelle. Il avait réponse à toutes ses questions. Ce n’était pas comme son Grand qui n’avait jamais rien à dire… Ils avaient un vieux poste TSF et quand une chanson passait Yvon et Isabelle dansaient sous les yeux d’un Gustave qui reprenait ses attitudes d’antan. Il n’y voyait pas malice et le soir, se glissant près d’elle dans le lit, il la sentait heureuse, apaisée. Il remerciait son copain de leur avoir offert ces bons moments. Le dimanche suivant, Yvon apporta deux belles tranches de bœuf qu’il déballa sous les yeux d’une Isabelle qui battit des mains. Le Breton venait toujours chargé de victuailles, « La première ville de Bretagne c’est Montparnasse, entre Bretons, on a des combines » avait-il coutume de dire. Gustave lui aussi en restait bouche bée. Mais se doutait-il, ce grand nigaud, que derrière son dos les gars de la brigade se partageaient le fruit de sa traque du marché noir ? Une bonne négociation avec le trafiquant et voilà quelque temps plus tard un homme libre délesté d’une partie de sa livraison. — Aujourd’hui, on fête mon entrée en service à la PQJ dès demain matin ! Tenue jusque-là cachée dans son manteau, une bouteille de vin bouchée fit son apparition. Si Gustave partageait la joie de son ami, il n’en avait pas moins l’amertume de voir l’un de ses rares amis le quitter. Par qui serait-il remplacé ? Peu se porteraient volontaires pour cheminer une nuit durant avec le taciturne molosse. Isabelle avait tenté de convaincre son homme de suivre les pas d’Yvon, mais Gustave voulait rester au contact des gens. Il aimait se sentir utile et si ses collègues le brocardaient, il savait que les gens du quartier l’appréciaient. Son impressionnante carrure et sa placidité les avaient conquis : « Avec lui on ne risque rien, le quartier est tranquille, et puis jamais un mot plus haut que l’autre… » Isabelle s’était-elle rendu compte qu’en la servant généreusement, les commerçants lui manifestaient la sympathie qu’ils avaient pour son Grand. Certes, c’était moins spectaculaire que le déballage d’Yvon chaque dimanche, mais sur une semaine cela le valait largement.

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