|• Cheikh Bilal •|
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J'étais entrain de changer ma position sur le canapé lorsque j'appercu Ihsane assise sur sa natte en égrenant son chapelet. Elle était habillé en jilbeb blanc.
Ihsane a vraiment beaucoup changé, elle était devenue très timide, douce, vertueuse, pieuse et si..si...innocente. Elle est si contraire à moi. Elle est totalement mon opposé.
Néanmoins, je n'arrive pas à accepter ce sentiment particulier que j'ai pour elle. Je fais tout mon possible pour repousser mes sentiments mais j'y arrive pas et je pense que je le serais encore moins maintenant qu'on habite dans la même chambre. Parfois je peux penser que j'aime Oumm Ihsane mais quand on aime une personne, on ne reagit pas comme moi je reagis alors j'ai finalement la tête tranquille. J'entends dire qu'avoir une femme c'est de toujours penser à elle avant soi-même et moi sincèrement je ne pense pas que ces idioties m'arriveront un jour. Je ne pense pas un jour pouvoir penser d'abord à quelqu'un d'autre avant moi. Non. Je ne suis pas dans ce délire.
Ok, j'ai des sentiments pour Ihsane et je ferais tout pour la protéger mais ça s'arrête là. Cependant n'est-ce pas de moi que je devrais la protéger ?
Je suis un homme existant strictement dans l'interdit et dans l'imparfait comblé par des contradiction et des régles brisées. Orgueilleux, egocentrique et sûr de moi même, il y a que mon plaisir personnel qui compte. Le reste je m'en fou.
Aussi longtemps que je me souvienne, je n'ai jamais respecté les cinq prières quotidiennes de la journée même pas une seule. Je ne connais absolument rien de l'islam, je sais pas lire ne serait-ce qu'une lettre en arabe. Les seuls sourates que j'ai mémorisé et je ne sais comment, ce sont Al-Fatiha et Al-Ikhlass ; et même encore va savoir comment je le recite et combien de fautes je commets dans la recitation.
Quand il y a un danger, je préfère implorer directement Dieu en tendant mes mains et une fois le problème réglé, je L'oublie pour ne l'implorer que dans un prochain danger.
Je suis capable de prier le vendredi matin à la mosquée et de braquer la poste le vendredi soir. Ça ne me dérange pas non plus d'echanger des Hassanats avec de la d****e ni de troquer l'au delà pour quelques billets mauves. En outre, j'ai deux personnalités totalement différentes : le bon moi et le mauvais moi mais malheureusement le second arrive toujours a faire de l'ombre au premier qui devient existant à force d'être refouler. Je ne suis pas quelqu'un de bien.
Toute ma vie est un ensemble de contradictions : je cherche constamment du bien dans le mal que je fais. C'est absurde ! Je le sais mais c'est comme ça se passe.
Que la vie est ironique. Pensais je en souriant.
Je tournais le regard vers l'horloge qui affichait 6h54mn. Je me lève du canapé et m'étire longuement avant de me lever pour vouloir aller prendre un bain mais en cours de route, je me rappelais soudainement que j'avais une femme et qu'elle était là pour satisfaire chacun de mes desirs. Donc bien évidement, je retournais m'asseoir sur la chaise.
- Ihsane ! L'appelais je tel un roi qui appelle sa servante.
- Oui Ya Bilal ? Demande t'elle en deposant son chapelet suivit du rangement de la natte et elle se met devant moi.
Haha ! J'adore le rôle que j'occupe. Quelle soumise ! Ohlolo. C'est pas possible comme je suis heureux.
Je crois que je vais beaucoup me servir de mon statut car d'après ce que j'ai compris hier pendant les conseils, une femme pieuse doit craindre Son Seigneur vis à vis de son mari. C'est à dire ? Que je suis roi, qu'elle est en position de soumission et qu'il ne lui ait pas recommandé de me dire non, de me repondre insolemment ou de remettre en question mes décisions dans ce que la religion me permet en tant que mari. Elle doit éviter les disputes et toujours essayer d'instaurer la paix au sein de son couple. Eih oui j'ai tout écouté mais je ne me suis focalisé que sur ce qu'elle doit faire car bien sûr je compte beaucoup en profiter. Et pour mes devoirs, je n'en ai pas retenu un seul car je ne ferais ce que je veux. J'ai plus besoin qu'on me dicte ma vie maintenant.
- Va me préparer mon bain et fais vite.
- Est-ce que tu as aussi besoin d'eau pour tes ablutions ?
- Va me préparer mon bain j'ai dit.
- Tout de suite. Répond t'elle en s'executant.
J'affichais un sourire narquois et je naviguais tranquillement sur mon téléphone le temps qu'elle finisse.
- C'est bon, tu peux y aller.
- Ok ! Fis je en déposant mon téléphone pour m'eclipser dans la salle de bain.
Lorsque je suis sorti de la douche, Ihsane était assise sur le lit, ses mains couvraient son visage.
- Qu'est-ce que tu as ? Lui demandais je.
- Elles vont bientôt venir frapper à la porte. Dit elle toujours dans la même position.
- Je t'ai dit de me faire confiance non ?
- Oui.
- Bah alors ? Qu'est-ce que tu as à afficher cette tête d'enterrement ? Attends je m'habille d'abord on en parle.
Je mis un short noir qui m'arrive au genoux avec un t-shirt gris. Je mets du deodorant et je m'installe devant elle.
- Qu'est-ce que tu prévois ? Demande t'elle en me regardant.
- Je n'ai rien à la main. Dis je en deroulant le bandage jusqu'à ce que ma main fut découverte.
Elle haussa les sourcils, signe de son incompréhension.
- Je savais que tu allais pas comprendre. Tu n'es pas du même niveau d'intelligence que moi.
- Si tu le dis mais explique moi.
- C'est pas du sang qu'il y avait sur le bandage mais de la bétadine. J'ai fait ça pour que tout le monde pense que j'étais blessé bien avant de te voir comme ça, ils n'y verront que du feu. Souris je.
- Et ?
- Et je vais me couper la paume des mains pour utiliser ce sang pour le drap.
- Je ne veux pas que tu....
- Shut ! Toi tu n'as pas d'avis à donner. Tu te tais et tu me laisses faire.
- Mais..est-ce que les couleurs de sang sont pareils.
- Je sais pas, du sang c'est du sang. Haussais je les épaules. Mais je m'en occupe.
On toqua à cette instant précis à notre chambre.
- Ce sont elles. Me chuchota Ihsane.
- D'accord, on a encore un peu de temps car la porte est fermée, on fera croire que nous étions entrain dormir c'est pourquoi on ne les a pas ouvert tôt. Changes toi vite ! Mets une robe de chambre. Murmurais je à mon tour.
Sans attendre, elle courra se changer pendant que moi j'allais prendre mon couteau pliable ensuite je m'approchais du drap déjà plier.
Je me mordillais ma lévre supérieure pour etouffer la douleur avant de me couper une bonne partie de ma paume et le sang coula immédiatement sur le drap tandis qu'Ihsane, habillée en robe de chambre, suivait la scène en grimacant comme si c'était elle qui venait de subir cette douleur.
- Soubhan'Allah.
- Viens m'aider avec le bandage ! Lui dis je avant de ranger le couteau ensanglanté dans le tiroir.
- Il faut d'abord que tu le desinfectes ! Répond t'elle en venant à ma hauteur.
- On a pas le temps Ihsane ! Mets le bandage. Chuchotais je.
Elle ne répondit pas et alla prendre le bandage pour l'enrouler autour de ma main sous les appelations incessants de ses tantes.
- C'est fini !
- Va prendre place sur le lit et fais semblant de dormir.
Au lieu de faire ce que je dis, elle me regarde droit dans les yeux cette idiote.
- Quoi ? Tu n'entends pas ? Questionnais je.
Mine de rien, elle s'installa dans le lit et relève la couverture puis fermes les yeux.
- Bilal ! Ihsane ! Bon sang, est-ce qu'ils sont sourds ces deux là ? Demanda sa tante devant la porte fermée.
- C'est bon. C'est bon. J'arrive. Retorquais je en changeant mon t-shirt en sous vêtement. Ça fera plus crédible à mon goût.
J'ouvrais légèrement la porte et je tombais sur cinq paires de tête.
- Quoi ? Vous avez pas vu l'heure vous ?
- Où est le drap ?
- Quel drap ? Utilisais je un visage d'incomprehension
- Le drap qui montre que notre nièce est vierge. Où est-il ?
- Écoutez moi trés bien parce que je ne me repetterais pas. Je ne suis pas dans ses moeurs légères et ce manque de pudeur au point de divulguer ce qu'il y a de plus cher pour ma femme. Si ma femme est vierge ou pas ! Est-ce que ça vous regarde ? Hein dites moi.
- Ça nous regarde puisque c'est notre belle fille. C'est pour ça que nous avons passé la nuit ici. Et on ne partira pas sans avoir vu le drap. Que ce soit clair, net et précis entre nous. Pour ça, on est prêt à tout alors ne perdons pas de temps tu veux ?
- Évidemment, quand on a pas de mari à 47 ans pour une femme, on s'intéresse aux autres hein ma tante ?
- Bilal modére ton langage. Je ne suis pas ton égale. Me dit la soeur de ma mère.
- Ça tombe bien parce que moi non plus je ne suis pas ton égal. D'ailleurs, vous, vous parlez toutes comme si vous saviez pas à qui vous vous addressez.
- Comment ça ?
- Croyez vous vraiment que moi Bilal je serais resteé avec ma femme jusqu'au petit matin si elle n'était pas vierge ?
Personne ne répondit à ma question, toutes se disant sûrement que j'avais raison.
- Quand vous rentrerez à saint louis, dites à Fatou que je suis fière de sa fille. Dis je en faisant semblant de vouloir fermer la porte pour après changer d'avis. Puisque je suis très bonne humeur aujourd'hui, je pense que je vais vous montrez le drap. Rajoutais je en ouvrant la porte pour qu'il puisse voir le drap tâché de sang posé sur la chaise en bois tout juste près de moi.
Elles hurlérent toutes de joie, se prirent dans les bras et applaudirent en faisant des bruits assourdissants avec des bols en inox et en bois.
- Allez maintenant, laisse nous nous occuper d'elle pour le massage, le bain et ce qu'elle doit manger. Me dit sa tante toute excitée.
- D'accord mais bon donnez moi deux minutes que je porte mon t-shirt. Ris je avant de fermer la porte.
Je portais à nouveau mon t-shirt, puis je mis mes baskets avant de mettre ma casquette et de prendre mon sac à dos pour y mettre le drap sans jamais jeter un regard à Ihsane.
J'allais sortir lorsqu'elle m'interpella.
- Bilal ?
Je me retourne en sa direction sans rien. Je fus très surpris de voir son visage endolori de larmes.
Pourquoi les femmes pleurent toujours pour un rien ? C'est pas possible d'être aussi fragile quand même !
- Jamais je n'oublierais ce que tu as fait pour moi en ce jour. Jamais. J'ai même pas les mots pour décrire ce que tu viens de faire pour moi. Confia t'elle lorsqu'une larme coula de ses yeux.
- Je n'ai rien fait d'extraordinaire à ce que je saches.
- Pour toi ce n'est rien, c'est même presque très normal mais pour moi Bilal c'est énorme et je suis sûr que ça le serait pour tout le monde.
- Mon Dieu ! Levais je les yeux au ciel.
- Je ne connais pas beaucoup d'hommes qui feront un acte pareil pour une femme dont ils ne sont pas amoureux.
- Je ne suis pas amoureux de toi OK ?
Elle sourit.
- Arrêtes de sourire ne m'énerves pas. La pointais je du doigt.
- C'est bon. C'est bon. D'accord. Dit elle en effacant ses larmes. Alors pourquoi est-ce que tu as fait ça ? Dis moi.
- Je n'ai pas de compte à te rendre. J'ai fait ça parce que je t'avais fait une promesse. Et si tu prends ce simple geste comme une preuve d'amour c'est que ma pauvre petite tu es vraiment faible d'esprit. Des coupures de couteaux ce ne sont rien pour un homme qui a grandit dans la rue, c'est pour ça que je l'ai fait. Sinon dans le cas contraire, jamais je ne ferais cela pour toi. Tu m'entends ? Jamais. Alors redescends d'un étage et réalise que nous ne sommes pas dans un conte de fées. Tu n'es pas Barbie et je ne suis pas Ken. Grandis un peu nom d'un chien !
Vexée, elle baissa la tête.
Au moins, j'ai été clair !
-Bon alors Qu'Allah SWT éclaire ton coeur et te couvre de Sa grande misèricorde comme tu viens de le faire pour moi. Dit elle simplement.
- Certains péchés n'ont pas de cautions ! Retorquais je avant se sortir de la chambre.