|• Cheikh Bilal •|
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En sortant de la chambre, je n'avais pas vraiment de destination. Debout devant l'entrée de notre maison, je soupirais en voyant Abdel et Houdayfa revenir en provenance de la mosquée. Pourquoi je n'arrivais pas à les supporter ? En particulier Houdayfa, ce gars m'arrache les tripes rien qu'en l'appercevant.
- As Salamou Aleykoum. Dirent t'ils ensemble une fois face à moi.
- Qu'est-ce que vous me voulez ? Me mettais je sur la defensive en les regardant à tour de rôle.
- Félicitations pour ton mariage. Me dit Abdel.
- À quand le mariage pour toi ou tu n'a pas encore cautionner de voir la femme que tu aimais, être marié à un autre homme le même jour où tu devais aller demander sa main ?
- C'est alors parce que tu n'as rien compris mon cher. Répond Abdel avec un sourire faux.
- Tu es pas si doué pour mentir que pour prêcher hein l'homme modèle. Lui fis je un clin d'oeil. Et toi le petit marchand ambulant, tu ne me dis pas félicitations pour mon mariage ? Me détournais je vers lui.
- Félicitations Bilal ! Me dit il semblant ne pas être vexé.
- Houdayfa ! Houdayfa ! Houdayfa ! L'appelais je en secouant la tête. Tu n'es qu'un pauvre imbécile tu sais. Comment peux-tu être fière de ton métier ? J'en ai encore mal à la tête. Mon Dieu !
- La question est comment ne pas l'être si je gagne ma vie honnêtement ? Retorque t'il à son tour.
- Ça suffit vous deux. Vous n'allez pas encore recommencer non ? Intervient Abdel.
- N'importe quoi ! Rajoutais je.
- Dis, ton problème c'est moi ou c'est mon métier ? Tu as des projets pour m'embaucher dans l'illegal peut-être ?
- Houdayfa ! Le sermonna Abdel.
- Fermes la ou je te tue sur le champ ! Fis je en mettant ma main sous sa machoire.
Avant qu'il n'y ait une quelconque chose, Abdel nous separa et mis son petit frère derrière lui. Ce dernier avait les poings serrés et me jetais un regard si foudroyant que ça me faisait sourire.
- Nom de Dieu Bilal tu es fou ou quoi ? Toute ta vie c'est ça ? Je commence bien à en avoir marre de ton comportement mesquin et immature. Tu ne sais pas t'exprimer outre tes coups ou quoi ? S'enerva Abdel
- Est-ce que ça te dérange petit papa ? Questionnais je en m'approchant de lui.
Cependant, contrairement à Houdayfa qui n'arrivait pas du tout à encaisser mes mots, Abdel, lui , declinait toujours mes provocations. Alors face à mon comportement, il recule de quelques pas avant de poursuivre :
- Te fatigues pas, tes provocations me passent par dessus la tête, je ne vais pas me rabaisser à ton niveau. Je crois valoir mieux que ça : me bagarrer. Houdayfa fait tout son possible pour instaurer la bonne entente entre vous deux mais saches que tu n'es pas vitale dans sa vie. À force de te comporter comme ça, il finira par en avoir en marre et ne t'addressera plus jamais la parole, dans ce cas là ce sera toi l'unique responsable.
- Alors qu'il en soit ainsi. J'en ai rien à foutre qu'il m'adresse la parole ou pas. Personne n'est irremplaçable dans la vie après tout.
- Personne ! Accentua Abdel.
- Non, pas moi. Je suis irremplaçable ! Dis je hautainement.
- On verra bien le résultat In Sha Allah. Répond t'il en levant les yeux au ciel.
- On se voit à l'intérieur Abdel ! Lui dit Houdayfa en entrant dans la maison.
Après qu'Houdayfa s'en alla, il me fixa droit dans les yeux.
- Quoi ? Pourquoi tu me regardes ? Questionnais je.
- Tu veux qu'on aille se promener ensemble ? Demande t'il.
- Pour ?
- Parler bien-sûr !
Tu étais où quand j'avais besoin de toi
, de parler à un modèle masculin ? Où etais-tu quand je voulais me confier ? Où etais-tu quand, assis à la plage, je voyais des frères passés devant moi en toute complicité ?
- Je n'ai rien à te dire. Retorquais je.
- T'en est sûr ?
- J'ai une tête à parler à quelqu'un ?
- Justement ! On peut aller déjeuner à la gargotte si tu veux ?
J'éclate de rire.
- Quoi ?
- Tu te fous de moi ? Moi aller à la gargotte ? Moi Bilal ? Tu m'avais cacher ton humour toi alors.
- Je suis sérieux ! Avoua t'il en clignant des yeux.
- Et tu vas payer avec quoi dis moi ?
- J'en ferais une dette et je payerais ça plus tard. Tu viens ?
- Passe une bonne journée Abdel. Souris je au coin en m'en allant.
- Attends !
- Quoi ? Demandais je sans me retourner.
- Où est-ce que tu vas ? Et ta femme ? Tu vas pas la laisser seule quand même, c'est son premier jour ici.
- Mêle toi de ce qui te regarde, tu serais plus gentil tu verras ! Repondis je en sortant une cigarette de la boîte que j'avais avant de l'allumer.
Je sortais d'un quartier lorsque ma très chère dame voisine, qui était toujours la première à appeler la police pour me dénoncer, m'interpella. Une vieille commére celle-là !
- Bilal ! Comment vas-tu ? J'ai appris que tu t'étais marié. Félicitations ! Désormais on te verra plus faire des allers-retours en prison on espère. Sort t'elle fierement lorsque je passais devant elle.
- Ca va ! J'ai appris que ta fille s'est faite engrossée et jusqu'à présent on ne connait pas l'auteur de sa grossesse. Telle mère, telle fille non ? Tu ne connais pas le père de ta fille et ta fille ne connait pas non plus le père de son futur enfant. Dorenavant on espère ne plus la voir aussi souvent à Saly !
Elle ecarquilla les yeux pendant que les gens qui avaient assistés à la scène se retenaient tous de rire.
- Espèce de....
Elle voulait me donner une giffle mais je retins immédiatement sa main.
- Attention ! Je ne suis pas reputé d'avoir un très grand self contrôle Madame. Lui souris je pendant qu'elle voulait s'en allait.
- Et encore une chose, dites lui que le bikini vert sombre donne un incroyable contraste à sa peau.
Je riais au coin avant de m'éclipser à mon tour. Jetant le megot de cigarette, je branchais mes écouteurs pour continuer mon chemin en écoutant de la musique, ça m'empêchait de penser.
Mais où est-ce que je vais ?
J'en sais rien, j'en ai aucune idée.
Parcontre on avait un très grand appartement luxueux que mes gars et moi avions achetés ensemble, chacun d'entre nous avait des clés mais sérieusement ce matin je n'avais pas envie d'y aller peut être plus tard mais pas maintenant.
Je suivais mes pieds qui m'amenérent devant la salle de boxe et de sport. J'y étais inscrit depuis ma sortie de prison et je m'avérais être un très grand boxeur, dommage que ce sport ne soit pas si populaire que ça dans notre pays sinon je m'aurais vu aller loin.
- Bilal ! Qu'est-ce que tu fais devant la porte ? Reste pas là, entre ! Me dit Badou, le gérant.
- Euh oui, je m'étais même pas rendu compte que je m'étais arrêter de marcher. Répondis je en entrant dans la salle suivit de lui.
- Sinon comment ça va ? C'est pas de tes habitudes d'être là à une heure si matinale.
- Ça va ! Ça va ! Dis je simplement.
- Alors passe une bonne journée mon ami.
- Toi aussi. Retorquais je pendant qu'il s'en allait.
Je deposais mon sac à dos. Et je m'en allais aussitôt porter mes gants de boxe puis je me mis en position devant le punching ball.
Je pris ma respiration et je commencais à donner de petites frappes pendant quelques minutes jusqu'à ce que des images me vinrent à l'esprit.
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- Bilal ! M'appela t'il en entrant dans notre chambre pendant que je dessinais. Ah tu es là. Qu'est-ce que tu fais ?
- Je fais un dessin ! Répondit l'enfant de 10 ans que j'étais.
- Et qu'est ce que c'est ?
- Là c'est elle et mes deux frères. Lui montrais je les 3 personnages dessinés en sombre.
- Pourquoi ''elle'' ? Demande t'il.
- Parce que je n'ai pas envie de l'appeler maman. Elle ne m'aime pas, c'est ce que tu m'as dit non ?
- Non, elle ne t'aime pas. Dis moi, est-ce que tu l'as déjà vu ?
- Non.
- Eih bien si elle t'aimait, elle serait venu te voir tu ne penses pas ?
- Si. Baissais je la tête.
- Non, non, tu gardes la tête haute. Toujours. Personne n'a le droit de savoir que tu es triste ou que tu as mal.
- Mais je suis avec toi, j'ai le droit non ?
- J'ai bien dis personne.
- Même pas toi ?
- Même pas moi. Il ne doit pas y avoir d'exception.
- D'accord.
- Et là c'est qui dis moi ? Demande t'il.
- C'est nous deux ! Souris je.
- Pourquoi nous sommes en habillés en blanc toi et moi ?
- Parce que nous sommes gentils.
- Ah oui ? Tu trouves que je suis gentil moi ?
- Oui. Tu m'as accepté et eux ne veulent pas de moi.
- En effet, ils t'ont abandonnés, ils sont heureux tous les trois et ils n'ont pas besoin de toi.
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[ Ils t'ont abandonnés, ils sont heureux tous les trois et ils n'ont pas besoin de toi ! Ils t'ont abandonnés, ils sont heureux tous les trois et ils n'ont pas besoin de toi ! Ils t'ont abandonnés, ils sont heureux tous les trois et ils n'ont pas besoin de toi ! Ils t'ont abandonnés, ils sont heureux tous les trois et ils n'ont pas besoin de toi...]
Cette phrase se répétait en boucle dans ma tête donc je me defoulais autant que je pouvais sur la punching ball. Je ne pouvais plus m'arreter. Il fallait que je sortes toute cette colère enfoui au fond de moi même si je sais que ce ne sera pas le cas, à vrai dire ce ne sera jamais le cas. Je ne voyais plus rien si ce n'est cette haine que je voulais deverser sur ma famille entière.
- Bilal ! Bilal ! M'appela Badou sans aucune réponse de ma part. Ses appels me paraissaient si lointain.
-Arrêtes nom d'un chien. Finit t'il par me tirer loin du punching ball. Tu vas te faire mal si tu continues wesh.
Il me fit assoir et je ne pouvais plus contrôler ma respiration. Ma poitrine se soulevait à une vitesse incroyable.
Quel est le pire ? De nouvelles blessures, abominablement douloureuses ? Ou des blessures passées, qui auraient dû se refermer il y a des années mais qui sont quand même rester ouvertes tout ce temps ?
Tiens toi droit grand soldat. Ne laisse pas ta lèvre trembler. Me dis je à moi même.
- Tiens ! Me tends t'il une bouteille d'eau que je saisis avant de boire à cu sec.
- Doucement mon gars mais qu'est ce qui t'es arrivé tout d'un coup ? Tu sais combien ça coute au moins ? Blagua t'il.
Je ne répondis pas.
- J'ai entendu dire que la colère cache toujours de la souffrance. Et plus la colère est grande, plus la souffrance est profond.
Je me levais pour aller prendre mon sac et m'essuyer le visage avec ma serviette.
- Va le dire à tout ceux qui souffrent mon gars. Au-revoir Badou ! Lui dis je en sortant de la salle de sport.
- Quel bipolaire celui-la. L'entendis je dire.
- Je t'ai entendu ! Lui retorquais je, amusé.
Notre appartement se trouve à une heure de marche d'ici, c'est un peu loin mais ça me fera du bien.
En passant, je vis une jeune femme qui courait derrière son fils et qui avait laissé son portable sur le banc public. J'étais très tenté de prendre son smartphone dernière cri.
Debout près de ce dernier, attendant le moment opportun pour le voler, un homme m'interpella de dos.
- Bonjour Bilal ! Comment on se retrouve ! Me dit l'officier de police habillé en civile. Je vous cherchais depuis quelques jours et voilà que je tombe sur vous aujourd'hui, de bon matin en plus.
Heureusement que j'avais pas volé le téléphone. Heureusement.
- Ma genetrice m'en a parlé mais vu je n'ai pas votre numéro, j'ai pas pu vous rappelez. Dis je ironiquement.
- Je vous conseille de changer de ton. Avez- vous déjà entendu parler d'un certain Fatma Dione ? Me demande t'il.
- Fatma Dione. Connais pas.
- Elle tient une boutique en ville, récemment, elle s'est fait braqué.
- C'est tragique mais si vous n'avez aucune preuve de ma présence sur les lieux, je ne vois pas ce que je viens faire la-dedans. Sur ce, si vous voulez bien m'excusez, je n'ai pas le temps pour ses futilites. Lui répondis je.
- Je finirais bien par vous coffrez Bilal et croyez moi, une fois que ça serait fait, vous ne seriez pas prêt d'en sortir.
- Le jeu du chat et de la souris m'amuse bien officier. Bonne journée très cher ami.
Une fois à l'appartement, je trouvais Kader et Diebel tous les deux assis autour d'une table lourdement chargés de très bons plats.
Ça tombe bien. Qu'est-ce que j'avais faim !
- Salut les gars !
- Salut ! Dirents ils ensemble.
- C'est pas de tes habitudes de te réveiller tôt dis donc. Remarqua kader.
- Et comment avec ''ma femme'' qui est venu hier. Levais je les yeux au ciel.
- Ah oui et.....
- Pose pas de questions Diebel, je ne repondrais pas. Le coupais je. Et depuis quand tu traines torse nu toi ?
- Je viens de me réveiller, c'est normal ! Souria ce dernier. C'est toi qui n'est pas de coutume ici.
- Je vais prendre un bain, j'arrive !
- Ok ! Disent ils ensemble.
Après être sorti de la douche, je me changeais en jogging et sous vêtements car j'avais un placard dans la chambre ensuite je retourne à nouveau au salon.
J'y retrouve simplement Kader.
- Il est où Diebel ? Questionnais je en prenant place autour de la table.
- Il a un appel important, il est dans sa chambre.
- Ah et pour ça, il faut qu'il s'éloigne ?
- Demande lui.
Je lui lance un regard noir avant de croquer un croissant.
- Dis moi Bilal, pourquoi tu n'es pas très attiré par les femmes ? Questionne t'il tout d'un coup.
- Je comprends pas ! Clignais je des yeux.
- Entre nous, lorsqu'on invite des filles, dans la plupart du temps, tu te tiens à carreaux. Tu préfères l'alcool, la d****e et la cigarette que passer du temps avec elles.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? Tu peux jurer que tu ne m'as jamais vu avec une fille toi ?
- Si mais tu es pas trop dans le délire.
- Tu te fous de moi là ?
- Je pense que les femmes, tu les vois plus comme tes amies que des personnes avec qui tu pourrais potentiellement avoir des relations durables.
- Bon arrêtes de tourner autour du pot ! Ça m'enerve. Qu'est-ce qu'il y a ?
- J'ai toujours trouvé suspect la façon dont tu regardais Diebel et aujourd'hui davantage lorsque j'ai remarqué ta façon de le regarder quand tu l'as vu torse nu. Et aussi tout ses interrogatoires là qui font plus penser à de la jalousie qu'autre chose. Carte sur table, tu ne serais pas gay par hasard Bilal ?