je fais cesser cette folie.
J’en appelle à Notre Père
pour qu’il arrête de faire trembler la terre ! »
Ce dernier frappa le sol à plusieurs reprises avec sa canne. Elle ne réagissait pas.
Lancelot tenta de menacer Drew avec son poignard.
— Arrêtez ça immédiatement !
— Ou quoi ? Vous comptez me tuer ? Ah ! J’oubliais, c’est que vous alliez faire ! Dans tous les cas, je vais mourir alors ce ne sont pas vos menaces qui font m’effrayer bien au contraire !
— Qu’il en soit ainsi alors ! annonça Perceval en levant son arme.
— Attention, si je meurs tout de suite, vous n’avez aucune chance d’arrêter les tremblements et de sauver votre royaume !
Paralysés, les chevaliers se regardaient sans savoir quoi faire.
— Pitié, je vous le demande, au nom de tout ce qui est bon dans ce monde, arrêter cette magie ! hurla Guenièvre à Drew.
— STOP ! cria le jeune condamné.
La terre s’arrêta de trembler. Tous les spectateurs tentèrent de calmer leur frayeur. Le roi, sous le choc de la puissance du jeune garçon se tourna vers lui.
— J’espère que ça vous a servi de leçon. La prochaine fois, je ne me retiendrai pas ! déclara le garçon au souverain.
Pitié, faites qu’il ait peur !
Le roi le regarda droit dans les yeux avec un regard désespéré et s’agenouilla devant lui.
— Vous avez gagné. Camelot est à vous. Vous êtes trop puissant pour nous. Mais par pitié, épargnez mon peuple. Prenez-moi si vous le souhaitez mais laissez ces braves gens vivre leur vie en paix !
Hourra ! J’ai gagné !
— Comment avez-vous osé vous attaquer à moi ? Je n’avais aucune mauvaise intention. J’ai été blessé par votre attitude, annonça le garçon.
— Pardonnez-moi, déclara le roi apeuré qui baissa la tête devant le garçon. Je renonce à tous mes titres et mes biens. Tout est à vous !
— Euh, c’est gentil mais je ne veux rien.
— Vraiment ? demanda le roi en leva sa tête vers le garçon.
— Oui. Enfin. Faisons un accord tous les deux : j’accepte de ne pas vous envoyer en enfer et de vous laisser vivre comme vous en avez l’habitude. En échange, je veux du respect à mon égard et je ne veux pas que vous tentiez de me tuer de quelque manière que ce soit. Ça vous convient ?
— Je ne sais comment vous remercier pour votre clémence. Souhaitez-vous vivre à Camelot quelque temps ?
— Pourquoi pas.
Je ne vais pas risquer de l’offenser à nouveau. Je trouverais un moyen de m’enfuir une fois que leurs esprits seront calmés.
— Et permettez-moi de vous proposer de devenir Chevalier et de rejoindre ma Cour !
— Si ça vous fait plaisir, répondit Drew sans conviction.
— Merci.
Le roi ordonna à Perceval et Lancelot de libérer Drew. Arthur lui fit signe de s’agenouiller devant lui. Drew s’exécuta.
— Avec le pouvoir royal et la grande sagesse qui vit en moi, je vous arme, mais quel est votre nom ?
— Andrew. Mais vous pouvez dire Drew c’est plus simple.
— En cet heureux jour solennel. Vous devenez Messire Drew, Chevalier de Camelot, proclama le roi en adoubant le garçon.
***
Drew avait été conduit dans ses quartiers, préparés par deux servantes. L’une était grande. Elle avait de longs cheveux châtains. Son visage était long. Ses yeux étaient noisette. Quant à la seconde, elle était d’origine des terres du sud, ce qui expliquait son teint mâte, était plus petite. Ses cheveux étaient bruns et ses yeux noisette également. Elles portaient des tenues de servantes : une longue robe beige avec un tablier blanc par-dessus. Les deux femmes avaient la même tranche d’âge que les chevaliers.
— Voici vos quartiers Messire Drew, annonça la seconde servante.
— Merci eh… Excusez-moi je n’ai pas retenu vos noms.
— N’ayez crainte Messire Drew. Je suis Thérésa, déclara-t-elle.
— Et je suis Meredith, annonça la plus grande des servantes.
— Enchanté.
— Nous de même. Nous sommes des servantes au service personnel de Guenièvre, déclara Thérésa.
— D’accord, et vous pensez que je pourrais lui parler ? Après tout, notre rencontre a été quelque peu perturbée et je ne voudrais pas qu’elle prenne peur à mon sujet.
— Nous lui adresserons votre requête. La connaissant, elle devrait accepter, déclara Meredith. Alors, nous vous avons préparé votre lit, si vous voulez plus de couvertures appelez-nous et enfin voici votre pot de chambre. Nous le nettoierons tous les jours, n’ayez crainte.
Meredith tendit l’objet en question à Drew.
— Pardon ? Un pot de chambre ? C’est pour quoi faire ?
— Enfin Messire c’est pour… Enfin vous voyez, dit Thérésa gênée.
— Je ne vois pas non…
— Pour vos besoins naturels voyons Messire ! compléta Meredith.
— Mes besoins naturels ?
Drew prit une pause et réalisa enfin ce que les deux servantes voulaient lui faire comprendre.
— Parce qu’il n’y a pas de toilettes ici ?
— Toilettes ? Si vous le désirez, nous pouvons vous laver Messire Drew, dit Thérésa.
— Je vais prévenir qu’il faut préparer un bain pour vous. Comment aimez-vous votre eau ? Tiède ? Brûlante ? questionna Meredith.
— Non ! Je veux dire, les toilettes ! Ce qu’on fait avec un pot de chambre. Il y a bien un objet plus grand qui sert à la faire la même chose ici rassurez-moi ! Avec une cuvette ? Une chasse d’eau ? Pitié dites-moi qu’il y a des toilettes !
— Désolé nous ne comprenons pas, déclara Thérésa.
— Oh merde, c’est le cas de le dire… Et je présume, autant m’achever tout de suite, qu’il n’y a pas de téléphone, ordinateur, télévision, consoles de jeux ? Au moins du réseau pour mon portable ?
— Qu’est-ce que c’est ? Des items magiques ? demanda Meredith.
— Oh oui, une très grande magie qui est essentielle à ma survie.
— Je n’ai jamais rien entendu de tel. Nous allons prévenir les chevaliers, ils partiront dans l’heure pour vous procurer ces objets, proposa Meredith.
— Non, c’est gentil c’est pas la peine, dit Drew avec un air attristé.
Adieu musique, consoles, ordinateurs. Même le téléphone. Je peux même pas aller sur les réseaux sociaux ! Oh la galère !
— Bien, nous allons vous laisser vous reposer Messire. Faites-nous appeler si vous avez besoin de quelque chose, annonça Thérésa.
Les deux servantes quittèrent la pièce. Un lit d’une personne se trouvait à l’opposé de la fenêtre, accolé au mur. Un bureau et une chaise en bois étaient installés à la droite du lit, près du mur opposé. Les murs représentaient des pierres grises apparentes. Drew décida de se changer les idées en contemplant la vue extérieure.
Tandis que le garçon admira la vue que la fenêtre du château lui offrait, Merlin entra dans la pièce.
— La vue est agréable ? demanda-t-il au garçon qui se retourna.
— Vous ! Vous m’avez drogué et tenté de me tuer !
— Ce n’est pas vraiment ce qui s’est passé, répondit Merlin, le sourire aux lèvres.
— Qu’est-ce que vous m’avez fait ?
— Moi rien. J’ai juste écrit une prophétie.
— Une prophétie ?
— Oui. Vous devez la connaître. Après tout, vous l’avez lue à haute voix dans ma bibliothèque. À ce propos, vous ne savez pas que cet endroit doit rester silencieux ? N’avez-vous pas honte d’avoir perturbé vos petits camarades ? demanda le magicien d’un air taquin.
— Je n’ai jamais… La poésie ! C’était une prophétie ?
— Exactement. Vous ne vous en souvenez pas ? Un garçon venu du futur apparaîtra, l’Élu naîtra… ça vous dit quelque chose j’en suis sûr.
— Et alors ?
— Eh bien, ce garçon du futur c’est vous.
— Très drôle. Bon maintenant, j’aimerais bien rentrer chez moi.
— Ah oui bien sûr, vous allez y retourner. Mais avant il faut sauver Arthur, ses chevaliers et Camelot bien sûr !
— Je me casse, déclara le garçon en se dirigeant vers la porte de la chambre qui était ouverte.
— Pas si vite jeune homme ! dit Merlin en levant sa main vers la porte qui se ferma.
Drew recula surpris.
— C’était quoi ça ?
— Ma magie bien sûr !
— Magie ? Non je rêve. Ça n’existe pas la magie.
— Vous voulez une preuve ? Allez-y, demandez-moi n’importe quel sort, je le réaliserais s’il est en mon pouvoir.
— Eh… Très bien… Eh… Transformez ma chambre en plage hawaïenne.
Merlin sourit et frappa le sol avec sa canne. Le vœu de Drew se réalisa. Le garçon regarda autour de lui paniquer.
— Oh la vache ! C’est.... C’est…
— Respirez jeune homme, ricana Merlin en refrappant le sol qui reprit sa forme de chambre de château.
— Alors tout est vrai ? bredouilla Drew. Je suis vraiment à la Cour du Roi Arthur.
— C’est vrai.
— Mais alors, vous vouliez vraiment me tuer ?
— Disons que c’était un test que vous avez réussi avec succès.
— Un test ? Pourquoi ?
— Pour savoir si le destin m’avait apporté le bon garçon. Voyez-vous je ne savais pas qui allait être l’Élu. Je savais seulement que je devais être dans la bibliothèque du lycée et qu’un garçon me demanderait de l’aide pour exposé sur les mythes et légendes du Moyen-Age.
— Et si je mettais tromper pour le test, j’aurais été tué pour de vrai ?
— Non. Mais vous vous seriez réveillé dans la bibliothèque comme si vous aviez fait un cauchemar.
— Et donc, je suis l’Élu. Je dois faire quoi exactement ?
— Guider Arthur vers sa destinée royale. J’ai eu une vision avant de créer la prophétie, Arthur venait d’être tué par Mordred. Et ce monstre allait prendre le contrôle de Camelot.
— Pourquoi ne pas avertir le roi ? Ce serait plus simple.
— Au contraire. Mordred est son neveu. Et pour Arthur, la famille est sacrée. Une trahison de Mordred est impensable pour lui.
— Donc il faut que je démasque Mordred.
— C’est ça.
— Oui mais je n’ai aucun pouvoir. Je ne sais pas me battre vu que les chevaliers m’ont maîtrisé quand j’ai voulu les affronter.
— N’ayez crainte. Tout va bien se passer. Les choses vont venir à vous. Ne les brusquez pas. Si vous avez besoin de moi, je ne serais pas loin.
— D’accord. Mais au fait j’y pense, mon père, il va s’inquiéter de ne pas me voir chez moi et y a un truc que je ne comprends pas : il était près d’une heure de l’après-midi quand j’étais à la bibliothèque et ils ont tenté de me tuer à midi. C’est pas logique.
— Ne vous inquiétez pas. Tant que vous êtes ici, le temps est gelé à votre époque. Et pour le décalage, c’est les aléas des voyages dans le temps.
Quelqu’un frappa alors à la porte. C’était Lancelot.
— Je vous laisse, décida Merlin en disparaissant après avoir frappé le sol avec son bâton magique.
Drew regarda alors le chevalier.
— Je tenais à m’excuser Lancelot pour notre rencontre. J’ai pris peur d’une certaine manière.
— Ne vous excusez pas. C’est plutôt moi. Je vous ai pris pour un démon alors que vous étiez un allié du royaume. Je mériterais d’être puni.
— Non. Disons que vous protégiez Camelot et le Roi Arthur. C’est votre rôle de Chevalier. Je le comprends, ne vous inquiétez pas.
— Vous êtes quelqu’un d’exceptionnel Messire Drew.
— Je ne savais même pas à quel point, murmura ce dernier.
— Néanmoins, je suis venu pour vous présenter mes excuses et pour vous dire que si vous avez besoin de quelque chose, n’hésitez pas à venir me trouver. C’est ma façon de me faire pardonner après vous avoir brutalisé.
— Besoin de quelque chose ?
— Ah moins que vous ne décidiez de quitter Camelot ?
— Oh non au contraire. Je suis honoré de votre proposition mais…
Drew marqua une pause et repensa aux propos de Merlin.
Si je dois guider Arthur et me battre contre Mordred, il va falloir que je m’entraîne pour devenir un bon guerrier…
— J’ai peut-être autre chose à vous proposer. Si vous êtes d’accord.
— Quel est votre demande Messire Drew ?
— Voilà. Comme vous avez pu le constater, j’ai certes de puissants pouvoirs mais je ne sais pas me défendre que ce soit au corps-à-corps ou dans le maniement dans armes. Est-ce que vous pouvez m’apprendre ?
— Mais votre magie…
— Je suis fatigué ! coupa Drew. J’ai dû utiliser une très forte dose d’énergie pour parvenir à faire trembler la terre voyez-vous.
— Oui je vois. Cela a dû être très épuisant.
— C’est ça, et donc si jamais cela devait se reproduire avec un sort d’une puissance similaire, je devrais apprendre à me défendre comme un Chevalier tel que vous.
— J’accepte d’être votre instructeur avec grand plaisir.
— Merci beaucoup.
— Je vais prendre congé. Nous démarrons votre instruction quand vous le désirerez. Reposez-vous bien.
— Merci encore Sir Lancelot.
Le chevalier quitta alors la pièce. Drew se retrouva donc seul.
Moi ? Élu de Camelot ? Je crois que je ne vais pas m’ennuyer ici ! Mais par pitié, je veux du réseau pour mon téléphone et puis des toilettes !