Scabreux

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Chapitre 1

CHERIF AKHIB AIDARA

Depuis 2 semaines je suis là, au Sénégal, mon pays natal et dans les moments les plus calmes je me surprends à penser:Personnes ne m'a collé un revolver sur la tempe pour me forcer à accepter toutes ces responsabilités.  Personne ne m'a obligé à épouser Latifa. Nous luttons intérieurement contre les trajectoires que suivent nos existences.Mais la vérité est là, implacable:nous sommes les architectes de nos propres impasses.

Dans mon verre,la glace est en train de fondre,tout comme mon cœur. Car juste en face de moi se trouve la femme avec qui j'ai vécu monts et merveilles, supplices et tourments. Elle vient de s'asseoir. Elle a 25ans, des cheveux noirs coupés court,élégante dans sa robe noire,fine et élancée, elle est visiblement brillante, visiblement célibataire(pas d'alliance en vue),visiblement en quête de l'âme sœur. Elle est seule à une table,un verre de coca devant elle, sans  téléphone, ni ordinateur, juste avec un carnet noir dans lequel elle dessinait, Une styliste!  Raffinée, pleine d'esprit. Et qui a attendu toute sa vie pour rencontrer un homme qui ...

Brrrng...

Mon portable vibre. Arraché à ma rêverie, je retombe sur la terre ferme. À l'autre bout du fil mon associé Abdou Diop qui m'annonce que nous venons de perdre un client dans l'entreprise. Il est déjà au courant pour le grand contrat que j'ai décroché hier . Celui qui aurait dû nous accorder un moment de répit. Au lieu de ça...

-L'éternel a donné ,l'éternel a repris ironisa t-il

-Tu rentres quand? Rajouta t-il

Je lui réponds que je serai de retour au bureau en début d'après midi. Je range mon téléphone, mon esprit obnubilé par des calculs financiers,réfléchissant un peu d'espaces de manœuvre dont nous disposons pour le trimestre à venir. Puis je relève la tête.

Latifa a disparu, comme ça sans crier gare. Un rêve anéanti comme un disque dur effacé. Je ressens un étrange sentiment d'abandon, et me sens un peut idiot de rêver d'elle. Nous rêvons tous de partir n'est ce pas? Cette vie parallèle, juste devant nous, à portée de main, si seulement nous pouvions nous libérer des entraves que  nous nous sommes créées. Vous avez une femme,vous êtes épanoui dans votre vie de couple. Jusqu'à ce que  vous détourniez le regard et que le mirage s'efface. Le soleil s'est couché, dans votre verre le glaçon  a fondu. Comme tout ce qui régit nos existences éphémères, il a disparu. Dans le néant.  Je me rends aussi compte que moi et Latifa c'est juste le début de la fin.

Je dépose un billet de 10.000frcs sur la table avant de  me lever pour me libérer d'elle, me libérer de ces pensées qui me torturent,j'ai l'impression qu'à chaque fois que j'entre dans un restaurant, j'y vois Latifa. Je sens sa présence partout  où je vais. Quand je ferme les yeux je revois l'incroyable moment où son doux rire se glisse délicieusement dans mes oreilles ou quand ses fins bras m'enlacent tendrement. Ah Latifa tu vas me rendre fou.

Quand je mets un pied dehors,je me prends des rafales de photos et de questions. Moi qui me réjouissais d'être tranquille tout ce temps sans paparazzis,les voilà encore à me coller aux baskets. Je n'aurais jamais dû renvoyer mes gardes du corps quand ils ont voulu m'accompagner, mais ces temps ci j'ai juste envie de rester seul. Même si la solitude ne va jamais combler le vide que je ressens ,elle m'aidera peut être à surmonter cette passe  car à chaque fois que je mon front touche le sol je prie fortement pour que tout ceci ne soit un jour qu'un vulgaire souvenir et un mauvais cauchemar.

"Monsieur Cherif est ce que vous allez  définitivement rester au Sénégal? "

"Monsieur Aidara vous n'avez pas l'air dans votre assiette ces temps ci, est ce que vous vous êtes bien remis de votre accident?"

"Votre femme Latifa va t-elle divorcer?"

C'est réellement la question que je me pose en boucle dans ma tête. Latifa va t-elle demander le divorce? Non elle n'osera pas! Même si c'était le cas,loin de moi est l'idée de me séparer d'elle.  Mais notre relation va t-elle aboutir à quelque chose si elle n'accepte même pas de me parler?Latifa est devenue une sorte de tornade qui a pour but de me détruire et si seulement je connaissais les raisons du pourquoi elle est devenue comme cela. Dans ces moments seul mon meilleur ami Abdou Aziz avait le don de me calmer avec ses blagues mais vu qu'il est toujours en voyage et que ces temps ci il ne m'accorde même pas deux secondes je vais me contenter d'une clope. Et ce dernier va s'occuper de me noircir les poumons mais bon ma santé est la dernière chose dont je me soucis en ce moment.

J'étais tellement bercé par mes pensées que j'en ai oublié que les journalistes continuaient à me prendre en photo et à poser des questions. Je mets ma main à couper que dés ce soir je passerai aux infos,comme tous ces derniers jours d'ailleurs.

Avec toutes les peines du monde, j'entre dans ma voiture, avant de remonter les vitres teintées. Je démarre sans crier gare,ce qui provoqua quelques cris des gens que j'allais heurter, ils l'ont bien cherché, ils ne laissent personne en paix ces journalistes de m***e toujours à s'occuper de ce qui ne les regarde pas. Je n'ai point la tête à répondre aux questions. J'ai déjà mes propres questions qui m'embrouillent l'esprit et ne me donnent aucun répit.

Je soupire de fatigue  quand mon portable vibre dans ma poche droite.

-Allô Papa

-Salut mon fils est ce que tu peux venir à la maison ?c'est un peu urgent;tu es en train de conduire? Me demande t-il

-Je suis en route pour le bureau là, c'est vraiment urgent? Et pour répondre à ta question oui je conduis dis-je d'un ton fatigué

-Pas la peine d'être si désagréable Chérif, en fait c'est la fille d'un bon ami qui voudrait intégrer l'entreprise et vu que ta secrétaire est en congé, je lui ai donné son poste, elle a un don cette fille. Viens à la maison je vais t'expliquer et arrête de répondre au téléphone quand tu conduis

-Oh Lord (Oh Seigneur) pourquoi tu ne m'as pas demandé mon avis?  Bon j'arrive soufflais-je avant de raccrocher.

Je répète pour la énième fois mon rituel:celui de penser à Latifa. Mais là je me souvenais du moment où on se disputait  pour changer de chaînes,c'est comme si je revivais ce merveilleux moment.

-Chérif, j'en ai marre. Depuis ce matin tu regardes des matchs sans importance. Donne moi la télécommande avait-elle dit en essayant de prendre la télécommande qui était derrière mon dos

-Laisses moi suivre mon match en paix femme,vas plutôt me faire à manger j'ai faim ou bien viens regarder avec moi tu verras :c'est que du bonheur

-En quoi c'est du bonheur de regarder 11hommes avec des coiffures bizarres courir derrière un ballon soupira t -elle

-Tu as raté ta vie ma chérie. Ça nous changera des émissions de mode à en plus finir avais-je  dit avant de la faire basculer sur le canapé pour la chatouiller.

-Aaaaaaaaaaaaaaaaaaah cria t-elle tandis  qu'un sourire joyeux se dessina sur mes lèvres.  Mais il m'a fallu que quelques minutes pour apercevoir que j'ai failli heurter un jeune homme ou plutôt une jeune femme,d'où les cris:

-MAIS VOUS ETES FOU OU QUOI ESPÈCE DE CHAUFFARD,N'AVEZ VOUS pas VU QUE LE FEU ÉTAIT AU ROUGE. (Bilay boma teulone dinaleu wane louy taak té dou fay)

Au même moment je remarque qu'on était au milieu de la route attirant le regard curieux de certains passants. Pour ne pas me faire remarquer par les gens ou surtout les journalistes, je reste dans ma voiture en attendant que la jeune femme au dégaine d'homme terminer son monologue

-ESPÈCE DE FOU,NON MAIS REGARDEZ MOI ÇA, AH OUI C'EST PARCE QUE MONSIEUR A UNE JOLIE VOITURE QU'IL SE CROÎT TOUT PERMIS! EN PLUS IL NE SORT MÊME PAS POUR DEMANDER COMMENT JE VAIS.TCHHIIP YABATÉ BA NEUP hurla t-elle de plus en plus

Une vieille femme l'entraîna hors de la route tandis qu'elle continue à crier comme une hystérique accompagnée de grands gestes des mains.

-J'ESPÈRE QUE VOUS ALLEZ AVOIR UN ACCIDENT OÙ VOUS ALLEZ PERDRE L'USAGE DE VOS PIEDS AMINE IMBECILE QUE VOUS ÊTES  Cria t-elle quand je démarre en trombe la voiture sans me soucier de ses insultes. Ce n'est pas l'envi qui m'en manque c'est juste que je n'ai pas la tête à ça en ce moment.

ZAHRA FALL

You used to call me on my cell phone

Late night when you need my love

Call me on my cell phone

Late night when you need my love

And i know when that hotline bling

That can only mean one thing

I know when that hotline bling

That can only mean one thing

J'accompagnais la chanson de Drake avec des pas de danses. Les quelques mots qu'avaient  proférés mon père hier avaient reussi à me mettre dans tous mes états :

-Tu commenceras le travail après demain à 08h m'avait -il dit avant de s'éclipser.

J'en ai souri jusqu'à en avoir mal aux mâchoires. Depuis des mois j'attendais ce moment après des jours passés au chômage. Je quitte le mur des yeux pour observer  mon reflet dans l'écran de mon ordinateur. Mes cheveux coupés avaient des reflets marrons grâce au soleil qui s'y tapait souvent. J'aimais ma nouvelle coiffure, mais j'étais contrariée par mon visage pâle et fatigué ce matin. Je me rapproche de l'écran pour mieux regarder et fis une grimace. Aujourd'hui, mon regard rougi par le manque de sommeil était plus trouble que candide. Hier soir très excitée par le fait de commencer le travail aujourd'hui,je n'avais pas pu trouver le sommeil. L'antidote à mon insomnie? J'ai visionné LOVE STORY jusqu'à 03h du matin. Conséquence, je n'avais pas eu mon compte de sommeil et je ressemblais à un zombie. Même avec une généreuse application d’antirides, je n'avais pas réussi à me donner un air plus attrayant.

Je me  rappelle sévèrement à l'ordre :Je dois aller chez Mboré ma meilleure amie que je n'ai pas vue depuis 2 semaines. Elle m'avait appelée plus tôt pour que je la rejoigne chez elle. Elle m'avait l'air inquiète mais je n'en  fis pas cas à cause de mon enthousiasme. Quand j'y pense,je me maudis intérieurement d'avoir été si égoïste. Ces dernières paroles me reviennent l'esprit me faisant encore plus culpabiliser.

-J'ai...j'ai....j'ai besoin de toi c'est urgent avait-elle dit d'une voix inquiète mais ses derniers se perdirent dans mon rire bruyant

-Hahahaaa je suis si heureuse ,je vais enfin travailler. Et devine quoi?je vais travailler dans l'entreprise de ton papounet. J'ai trop hâte. J'arrive tout de suite chez toi avais-je dit avant de raccrocher.

Je soupire et porte un jean boyfriend ,un haut du maillot réal et des baskets. Je jette un regard au miroir en grimaçant. J'ai maintenant 20ans et je n'arrive  toujours pas à changer ma dégaine de garçon manqué. Mboré s'époumonait pour me faire "changer de style "comme elle aimait si bien le dire mais je dis niet. Pourtant le style de garçon manqué  se limitait qu' à l'habillement. J'ai des formes là où il faut dignes d'une femme sénégalaise. Mais on ne les voit pas à cause de mes joggings et mes hauts très grands. C'est  seulement au jour du mariage de ma cousine que j'ai porté une robe qui m'a dérangée toute la soirée et c'était malgré moi. Ma mère et Mboré avaient insisté pour que je la porte comme si leurs vies en dépendaient. Je souris à ce souvenir et décide de partir.

En route j'ai failli me faire renverser par un chauffard qui n'a même pas daigné montrer le bout de son nez pour voir comment j'allais. Quand j'ai aperçu son visage fermé à mort j'ai failli prendre mes jambes à mon cou mais  avec mon sang chaud je lui ai fait passer un sale quart d'heure avec mes insultes. Après quand j'ai repris la route,son visage me vint à l'esprit. J'avais l'impression de l'avoir vu quelque part mais je ne sais plus où.

Arrivée chez Mboré, la première chose qui me frappa aux yeux était la voiture du chauffard garée devant chez elle,je la reconnaissais grâce à la plaque et à sa luxuriance. Ma colère resurgit d'un coup me faisant trembler comme jamais. Le visage renfrogné, j'entre chez Mboré sans toquer et mes pas me guidèrent vers sa chambre. Quand j'ouvre la porte de cette dernière je la trouve couchée sur le lit, le regard vague.

-Mboré? Où se trouve t-il pour que je lui dise mes 4 vérités?

-De quoi tu parles Zahra, pourquoi tu es si énervée?  Me demanda t-elle inquiète en se levant.

-*Ioe dimbalila (Fou moi la paix ). A qui appartient la voiture noire garée dehors? criais-je hors de moi

Elle se lève et se dirige vers sa fenêtre avant de l'ouvrir.

-*Ioe do bayi beurri histoire ,c'est la voiture de ...

Je l'interrompt en l'indexant

-Je vais le trouver moi même ce chauffard à deux balles lui dis-je avant de sortir rapidement de la chambre.

-OÙ ES-TU? ESPÈCE DE FOU TU CROYAIS QU'ON ALLAIT JAMAIS SE RECROISER ? Criai-je en le cherchant partout attirant le regard des employés

-SORS SI TU ES UN HOMME ! rajoutais-je

Mboré derrière moi  criait mon nom et me demandait de m'arrêter mais j'étais comme possédée. 

Au moment où j'allais pénétrer au salon ,il y sortit,les sourcils froncés quand il croise mon regard,sa mâchoire se contracte et ses yeux deviennent sombres  ce qui me fit peur vite fait.

-Toi...me dit-il d'une voix grave en me toisant.

-Toi? Demandais-je en me rendant compte tout d'un coup pourquoi son visage m'était si familier

Je me retourne tout doucement pour regarder Mboré qui avait les yeux écarquillés.

-Tu parlais de lui ?Tu ne le reconnais pas ? Me demande Mboré en s'approchant de moi.

Je fis volte-face pour mieux le regarder avant de baisser les yeux.

Ay way dans quoi est ce que je me suis encore fourrée....

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Alors, comment trouvez-vous Zahra?

#Mysterieuseuh♥