*Cairo dormait profondément, Ilaria blottie contre lui, encore engourdis par l’épuisement du plaisir partagé. Le tonnerre gronda soudain, faisant vibrer les vitres, et la pluie se mit à tomber en rafales contre les carreaux. Il ouvrit les yeux lentement, tendit le bras, attrapa son téléphone. Trois heures du matin. Il se retourna pour se rendormir… mais une image jaillit dans son esprit, balayant tout sommeil : Nova, dehors. Seule. Sous la pluie.*
*Le flash d’un éclair illumina la pièce, suivi d’un grondement sourd. Cairo se redressa d’un bond, le cœur battant.*
– *« Non… non ! J’ai oublié de la faire rentrer ! Mon Dieu, qu’est-ce que j’ai fait ? »*
*Il enfila en hâte son manteau, dévala les escaliers, ouvrit la porte vitrée du jardin.*
– *« Nova ! Nova ! Où es-tu ? Nova ! »*
*Il chercha dans chaque recoin du jardin, entre les buissons, près des murs, appelant à s’en briser la voix. Rien. Aucune trace.*
*Paniqué, il courut vers l’intérieur, attrapa les clés de sa voiture et sortit dans la nuit, les essuie-glaces luttant contre les torrents de pluie. Il roula lentement, scrutant le bas-côté, les bois, les fossés, priant de l’apercevoir. Deux heures passèrent, sans le moindre signe.*
*De retour à la villa, trempé, les traits tirés, il continua à fouiller, inspectant les arbres, le bord de la piscine, les coins oubliés.*
*Enfin, il se laissa tomber dans un fauteuil, impuissant. Elle avait disparu.*
– *« Où est-ce qu’elle a pu aller… »*
Cairo était assis au bord du fauteuil, fixant l’obscurité à travers la fenêtre. Le bruit constant de la pluie remplissait la pièce, mais son cœur battait plus fort que la tempête.
Il prit lentement son téléphone et appela Steve.
« Steve, Nova a disparu. Elle est sortie dans le jardin et j’ai oublié de la faire rentrer. Je l’ai cherchée partout, mais il n’y a aucune trace d’elle. »
Un silence se fit de l’autre côté, puis une voix calme répondit : « Je rassemble l’équipe immédiatement. Nous commencerons à chercher dans la forêt autour de la villa. Ne t’inquiète pas, on la retrouvera. »
Cairo ferma les yeux un instant, essayant de calmer ses pensées. « Merci, Steve. Sois prudent. »
Il raccrocha, se leva précipitamment et enfila son manteau. « Il n’y a pas de temps à perdre. »
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Quelques minutes plus tard, Steve arriva avec une petite équipe, prêts à fouiller la propriété et ses alentours. Cairo, tendu, les accompagna jusqu’à la porte.
« Commencez par le bord de la forêt, puis fouillez près de la piscine et autour de la villa. Chaque recoin compte. »
Le groupe se dispersa rapidement, tandis que Cairo restait à l’entrée, le regard inquiet, scrutant l’obscurité de la nuit.
Le poids de l’absence de Nova pesait lourd sur lui. Que pouvait-il faire d’autre que chercher, encore et encore ?
Cairo se tenait devant sa garde-robe, ajustant lentement sa cravate tout en choisissant soigneusement son costume. À l’arrière-plan, le bruit de l’eau s’estompait… Ilaria sortit de la salle de bain, les cheveux encore mouillés, une grande serviette enroulée autour de son corps. Elle s’arrêta un instant pour le regarder, puis s’approcha doucement.
Elle posa la main sur sa poitrine et murmura :
— « Tu ne restes pas un peu ? »
Il la regarda et lui sourit doucement, la serra brièvement dans ses bras, puis déposa un b****r sur son front. Mais au fond de lui… il n’y avait rien. C’était un sourire vide, un b****r sans chaleur.
*Depuis que Nova était partie… tout avait perdu sa couleur.*
**
Au bureau, Cairo était assis derrière son bureau, les yeux perdus dans des papiers qu’il ne lisait pas vraiment. On frappa à la porte.
— « Entrez ! »
Le vétérinaire, Marcel, entra avec un sourire épuisé.
— « Bonjour Cairo. »
— « Marcel ! Entre, je t’en prie. Un café ? »
— « Volontiers… je crois que j’en ai bien besoin. »
Cairo commanda deux cafés, puis s’installa face à lui.
— « Comment va Nova ? Elle est complètement rétablie ? »
Une douleur lui traversa la poitrine.
— « Oui… elle va mieux maintenant. »
La secrétaire entra pour déposer les cafés, puis repartit.
Marcel attendit qu’elle parte, puis sortit une feuille pliée.
— « En fait… je suis venu à propos de Nova. Quand elle était blessée, on a pris un échantillon de son sang pour l’analyser. »
Il fit une pause, puis poursuivit :
— « Les résultats étaient étranges… Son sang montre une composition unique, un mélange d’humain et de loup, avec des cellules hautement développées… quelque chose que je n’ai jamais vu. »
Cairo le regarda, surpris. Marcel ajouta :
— « Mais… toutes les données ont disparu. Les fichiers ont été supprimés du système, et l’échantillon lui-même a été volé du laboratoire. »
Il s’appuya contre le dossier de sa chaise, visiblement troublé.
— « Quelqu’un ne veut pas que ces résultats soient découverts. »
Cairo resta figé quelques instants, les yeux rivés sur sa tasse de café. Il ne buvait plus. Une tension invisible montait en lui, un mélange de peur, d’inquiétude… et de culpabilité.
— « Tu veux dire que quelqu’un est entré dans le laboratoire et a effacé toute trace ? » demanda-t-il d’une voix plus grave.
Marcel hocha la tête.
— « Oui. Ils ont piraté le système, effacé les résultats, et même l’échantillon a disparu du frigo sécurisé. Et ce n’était pas un hasard. C’était précis, rapide, méthodique. »
Cairo se leva lentement, fit quelques pas vers la fenêtre, regardant au loin la ville sous la pluie. Il pensait à Nova. À ses silences. À son regard triste.
Quelque chose lui échappait… ou peut-être savait-il, au fond de lui, qu’elle n’était pas une louve comme les autres.
Il murmura, presque pour lui-même :
— « Qui es-tu vraiment, Nova ? »
Puis, se tournant vers Marcel :
— « Ne parle à personne de ça. Pas un mot. Garde les soupçons pour toi… jusqu’à ce qu’on en sache plus. »
Marcel acquiesça en silence.
Cairo serra les dents. Une tempête se préparait, il le sentait. Et il n’avait plus le luxe de l’ignorer.