Épisode 5

1979 Mots
Notre histoire d’amour .. Épisode 5 Amber se tendit comme elle soutenait le regard accusateur de Joël — Pourquoi m’interroger sur mon passé ? Je croyais que vous saviez déjà tout grâce à un détective privé ? — Je connais les faits, ce sont vos motivations qui m’intéressent. Soyons réalistes, , si votre relation avec mon frère survit à la séparation, et si vous devez devenir ma belle-sœur, j’ai le droit d’en savoir un peu plus sur vous, non ? — Vous n’avez aucun droit sur moi ! — Dans ce cas, disons les choses autrement : pourquoi faire tant de mystère de votre vie passée ? Vous en avez honte ? Ou bien vous cherchez à cacher certains faits qui ne relèveraient pas de la stricte légalité ? — Absolument pas, non ! — Paul est au courant de la façon dont vous avez vécu ? — Bien sûr. — Alors pourquoi pas moi ? Amber boit une nouvelle gorgée de vin. Pourquoi, en effet ? Parce que, à l’inverse de Paul qui ne l’avait jamais jugée, Joel ne manquerait pas de le faire. En outre, elle n’avait pas envie que ces yeux gris, en face d’elle, la détaillent, la dissèquent comme on le fait d’un animal en laboratoire. C’était humiliant. Néanmoins, pourquoi avoir honte de la façon dont elle avait été élevée ou du milieu modeste d’où elle était issue ? Elle avait fait au mieux avec ce qu’elle avait, et ne s’en était pas si mal tirée. Etait-ce sa faute si sa mère n’était pas très intelligente, aimait les hommes, et n’avait jamais considéré sa petite fille comme sa priorité ? Pire, elle ne lui avait enseigné que de mauvais principes, ainsi qu’Amber avait mis longtemps à s’en rendre compte. — Vous savez que je suis une enfant naturelle, j’imagine ? Sa franchise prend Joel au dépourvu. — De nos jours, ce n’est plus une cause de marginalisation. — En théorie, non. Dans les faits, la vie n’est pas toujours facile quand tout le monde sait que vous n’avez jamais vu votre père et que vous ne savez même pas qui il est. De même, le regard des autres n’est pas aisé à supporter quand il est de notoriété publique que votre mère a des amants toujours différents. Joel pinça les lèvres. — Votre mère était... Amber secoue la tête — Non, elle n’était pas une prostituée, si c’est ce que vous alliez dire, mais elle aimait les hommes et ne savait pas les choisir. C’est un malheureux défaut dont j’ai hérité. — Comment cela ? — Je ne parlais pas de paul se reprit aussitôt Amber , se rappelant de justesse qu’elle était censée être amoureuse de ce dernier. Paul est la meilleure chose qui me soit jamais arrivée. — Laissons le sujet de mon frère de côté, Je veux que vous me parliez de Gore . Comment l’avez-vous rencontré ? Amber ne répond pas tout de suite tant la seule évocation de son mari lui était douloureuse. Elle s’était montrée si naïve d’une candeur presque risible compte tenu de l’atmosphère dans laquelle elle avait grandi. — Comment j’ai rencontré Federick ? Par hasard, je suppose. Personne n’aurait pu prévoir ce qui est arrivé. — Vraiment ? — Ma mère dansait à merveille. Dans d’autres conditions, elle aurait pu en faire son métier, mais pour une mère célibataire, sans argent ni ressources propres, c’était impossible. Du coup, elle n’avait pas la vie qu’elle voulait, loin de là ; elle détestait les tâches domestiques, la maison, la cuisine et elle n’aimait pas non plus s’occuper de moi. La maternité lui pesait. Néanmoins, elle avait le sens du spectacle, savait créer un décor avec trois fois rien, et donnait à notre maison des allures de fête à la moindre occasion. Et puis, elle adorait danser... Joel hoche la tête : il comprenait soudain la grâce de la jeune femme en face de lui, sa posture droite et souple, sa façon de marcher aérienne, comme si elle flottait au-dessus du sol, quand elle était sortie de son bureau, la première fois qu’il l’avait vue. — Elle vous a appris à danser ? — Bien sûr, oui. Amber se cale contre le dossier de son siège tandis que le serveur déposait devant elle son assiette de lasagnes, élégante préparation de pâtes et de lamelles entourée de sauce tomate. L’instant d’après, elle détournait les yeux pour ne pas voir le steak saignant que l’on servait à Joël — Ces moments où nous dansions étaient les meilleurs que nous passions ensemble, Maman mettait la musique à fond, si fort que souvent les voisins se plaignaient, et, affublées toutes les deux de paréos, nous dansions jusqu’à épuisement. — Gore vous a vue danser, c’est cela ? — Oui. Je venais d’avoir dix-huit ans et, comme cadeau d’anniversaire, ma mère m’avait emmenée dans l’un des night-clubs à la mode d’Abidjan . Maman était si heureuse de m’offrir cette soirée ! Elle avait économisé pendant des mois, parce que, disait-elle, peu importe que l’on soit pauvre, de temps en temps, il faut savoir faire une folie. Moi, bien sûr, j’ai tout de suite été éblouie. Jamais je n’étais allée dans un endroit pareil. — C’est vrai ? — La salle obscure était cisaillée d’éclairs lumineux de toutes les couleurs, et la musique était assourdissante ! Je trouvais ça beau, mais pas très agréable, un peu factice. Quand le DJ a passé mon son préféré, je suis montée sur le podium, poussée par ma mère, et j’ai dansé comme une folle. Federick était dans l’assistance et me regardait. Après, il m’a dit que... — Non, je vous en prie, ne me dites pas qu’il a prétendu être tombé amoureux au premier regard — Pourtant c’est ce qu’il a affirmé. Elle était sur la défensive, cela s’entendait dans sa voix et Joel qui n’avait pas touché au contenu de son assiette tant il l’écoutait avec attention, essaya de l’imaginer, ce soir-là. Elle devait être irrésistible : si irréelle avec son teint , si innocente aussi, et mue par cette merveilleuse énergie de la jeunesse... — Ça lui a donné des idées de chansons ? — Je crois que oui. Il a écrit Danseuse et fée la nuit-même. La chanson est devenue un tube mondial, alors il a décidé que j’étais sa muse et qu’il ne pouvait pas vivre sans moi. Quand on est très jeune, ce genre de propos peut vous monter à la tête. Surtout que sa mère n’avait cessé de lui répéter que c’était la chance de sa vie, qu’il aurait fallu être folle pour ne pas la saisir. Il est vrai que Federick la couvrait de cadeaux, se montrait attentionné et prévenant, et, plus important encore, il ne l’avait pas brusquée. Il respectait sa virginité, lui avait-il assuré, et il attendrait qu’ils soient mariés pour lui faire l’amour. Amber n’y avait rien trouvé d’anormal, elle était sur un petit nuage, toute à son rêve devenu presque réalité. Ses premiers doutes l’avaient assaillie la veille du mariage, mais il était trop tard. Sa mère lui avait intimé d’être raisonnable, et d’accepter son fabuleux destin. De tout cela, elle ne dit rien à Joel se contentant de conclure — Je l’ai donc épousé... La suite, tout le monde la connaît : je l’ai découvert mort un an après notre mariage. Il avait succombé à un mélange d’alcool et de drogue. Je n’ai pas envie d’en parler. Vous avez d’autres questions, monsieur Diby ? — Je croyais vous avoir demandé de m’appeler Joël Elle le fixa, sans rien dire. L’évocation de son mariage et du décès de Federick l’avait bouleversée, ébranlant son système de défense, et appeler Joel par son prénom lui paraissait soudain gênant, trop intime. Elle aurait voulu le lui dire, lui avouer qu’elle devait garder ses distances parce que... parce que, pour une obscure raison, il lui inspirait un émoi qui lui faisait peur... Car sa mère avait gâché sa vie chaque fois qu’un émoi semblable était devenu chez elle un besoin : celui d’être désirée, aimée, caressée, celui de se croire aimée d’amour fût-ce l’espace d’une nuit, et à n’importe quel prix. Mais parler ainsi à Joel c’était se mettre à nu devant lui, et lui montrer sa vulnérabilité, or il ne manquerait pas d’en profiter. — Je suis fatiguée, Joel . Cela vous convient ? — C’est mieux, oui. — Je voudrais aller me coucher. — Vous n’avez rien mangé ! — Vous non plus. — C’est vrai. Joel abaisse les yeux sur son assiette : jamais un steak ne lui avait paru aussi peu appétissant. Il est vrai qu’il ne savait que penser : l’histoire d’ambre le touchait, et il éprouvait à son corps défendant une réelle empathie pour elle. Cela, hélas, ne changeait rien au problème. Certes, elle s’était hissée au-dessus de son milieu d’origine, mais comment ? Pour l’essentiel, en suscitant la passion d’hommes riches. Conclusion, elle n’était pas une femme pour Paul , et ne le serait jamais. — Je vous raccompagne jusqu’à votre chambre — Inutile. — Si, j’y tiens. Parfois, en montant dans un avion on est désorienté Elle l’était certes, et pas seulement à cause de l’avion . Joël la troublait, et elle s’en voulait de ne pas mieux se contrôler. La fatigue l’accablait, maintenant : elle manquait de sommeil, n’avait à peu près rien mangé, et ce vin dont elle avait bu quelques gorgées lui brouillait encore davantage les idées. Ses jambes la portaient à peine lorsqu’ils gagnèrent l’ascenseur, qu’ils prirent heureusement avec d’autres clients, évitant ainsi un tête-à-tête qu’amber aurait eu du mal à supporter. Au trente-deuxième étage, les portes de la cabine s’ouvrent et elle sort.Mais en arrivant devant sa porte, comme elle fouille son sac à la recherche de sa clé, elle trébuche. Aussitôt, elle sentit la main de Joël sur son bras. Elle se tendit. A travers la fine étoffe de sa chemise, les doigts de Joël la brûlaient et son cœur s’accéléra, tandis que sa respiration devenait haletante, comme si elle avait couru. L’espace de quelques instants, leurs yeux se croisèrent et se soutinrent, et le temps et l’espace cessèrent d’exister. Amber ne voyait plus que les yeux gris intense qui la dévoraient. Et elle eut alors la révélation qu’elle désirait cet homme : elle avait envie de lui avec une violence, une exigence qu’elle n’avait jamais connues. — Joël , chuchota-t-elle sans même s’en rendre compte. Il perçut le trouble dans sa voix, et une vague de désir le submergea. Lâche son bras ! s’intima-t-il, tandis qu’une force obscure l’en retenait. Il était comme hypnotisé par les yeux de biches d’ambre devenus vagues, par les lèvres entrouvertes... offertes, et il savait qu’en inclinant à peine le visage il pourrait prendre cette bouche, l’embrasser avec frénésie. Alors, il attirerait cette femme dans ses bras, presserait son sexe dressé contre la douceur de son ventre, et l’entraînerait pour la faire sienne. Il avait tant envie d’elle ! Elle s’abandonnerait, il le savait, le sentait, et il serait en elle, goûterait sa tiédeur humide, s’y enfoncerait loin, toujours plus loin... A cet instant, une force obscure l’obligea à imaginer les sordides conséquences d’un acte pareil : le visage las mais triomphant d’ambre au matin, son propre sentiment de culpabilité vis-à-vis de Paul, et surtout le moment où il faudrait tout lui avouer... Atterré par sa faiblesse, honteux d’avoir failli céder à son invite muette, il lâcha le bras d’amber. Etait-ce ainsi qu’elle avait séduit Gore d’abord, puis Kader sow, et enfin Paul, cette femme aux yeux ensorcelants ? Joel recule d’un pas. — Vous êtes fatiguée, m’avez-vous dit et dans ce cas il vaut toujours mieux dormir seule. Et il tourne les talons, laissant Amber confondue, incapable de comprendre le mépris qui était apparut soudain dans son regard .... À suivre .... Aimez , commentez et partagez ?❤️
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