En route vers la liberté

3303 Mots
                                                                                    Chap. X Si cela n’avait pas été par amour pour son frère, Mintsa aurait certainement rejeté en bloc ce dimanche chez le père de Melu. Tous ces trucs de famille, c’était un peu trop pour lui. Il avait du mal, même avec sa propre famille. Heureusement pour lui, ce n’était pas encore ce dimanche-là qu’il allait rencontrer la famille de la jeune femme. L’un de leur client, avait entendu parler des projets qu’ils étaient en train de mettre sur pied, et le type semblait vouloir en savoir plus, et pourquoi pas, faire partie de l’aventure, en tant que client encore. Toutefois, il avait dit à Mintsa, qu’il savait que cela ne se faisait pas si facilement, et qu’il pouvait les aider un peu avec quelques contacts de choix. Et ce dimanche-là, il devait recevoir quelques amis chez lui, et il invita donc Mintsa à passer pour qu’il les lui présente. Nko’o, qui savait qu’au départ la petite réunion avec la famille de Melu, n’avait pas emportée le vote de son frère, lui demanda d’aller à la rencontre des amis de leur client. Au moins là-bas, il ferait un truc utile. Mintsa avait souri en entendant son frère dire ça. Il laissa donc son frère se rendre chez le père de sa copine, alors que lui-même, se rendait chez leur client. Ce serait une journée de travail comme les autres pour lui, il avait l’habitude de ce type de rencontre, en tout cas, bien plus que des journées en famille. Il pensa tout de même à la gamine, Assengone, la fille de Melu, et même si les reste de la famille le laissait… disons indifférent, il aurait bien voulu la revoir. Melu et Nko’o quittèrent la maison aux environs de neuf heures du matin, ils devaient aller prendre les sœurs de la jeune femme chez elles et ensuite, ils partiraient tous ensemble, chez le père des jeunes filles. Mais à cette heure-là, la petite réunion entre leur client et ses amis n’avait pas encore commencée. Mintsa resta donc seul à la maison, quelques heures. Il en profita pour appeler sa copine. Il y avait pensé toute la nuit, depuis leur retour du restaurant, avec son frère la veille. Il s’était convaincu que ce serait une bonne chose, de mettre fin à cette relation, il n’avait pas pensé à ce qu’il allait lui dire, même pas une fois, c’était un peu trop pour lui de prévoir une conversation à l’avance. Il alla s’assoir sur la terrasse, son téléphone dans les mains. Il repensa au jour où il avait rencontré cette fille, elle avait l’air gentille. Mais plus le temps passait, plus il avait le sentiment que tout ce qu’elle attendait de lui, c’était qu’il lui donne des sous et c’est tout. Lorsqu’il lui en donnait tout se passait bien, mais lorsque pour une raison ou une autre il ne pouvait pas, les choses entre eux, finissaient toujours par tourner au drame. Il avait supporté ça au début, en se disant qu’elle avait peut-être des problèmes et que lorsqu’elle les aurait résolu, elle se calmerait, mais pas du tout. Plus le temps passait plus la situation s’aggravait, elle en voulait toujours plus et lui mettait une pression énorme à cause de cela, et il avait découvert que ce n’était que pour faire son shopping. Mademoiselle mangeait cher, s’habillait cher, etc… sans s’inquiéter des efforts que cela lui coutait à lui pour gagner cet argent. Et puis finalement, il avait décidé de fermé le robinet, et depuis, les choses avaient empirées. Elle avait commencé à lui faire du chantage, s’il attendait quelque chose d’elle, il devait banquer pour ça. Malheureusement pour elle, Mintsa n’était pas homme à plier facilement devant la menace, surtout lorsqu’on tentait d’obtenir quelque chose de lui après qu’il ait déjà dit « non ». Il se cala dans l’un des fauteuils en osier, qui se trouvaient sur la terrasse, et forma le numéro de la demoiselle, et comme toujours lorsqu’elle lui en voulait, elle mit du temps à décrocher. Il attendit patiemment jusqu’à ce qu’il entende sa voix :   _ Salut toi ?? _ Salut, qu’est-ce que tu veux Mintsa ? Je n’ai pas le temps de me disputer avec toi aujourd’hui, j’ai des choses plus importantes à faire _ D’accord alors je vais te dire ça d’une traite, pour ne pas te faire perdre ton temps, _ Vas-y, je t’écoute, dit la jeune fille sur un ton désinvolte, _ Bon alors, je voulais juste te dire que désormais tu n’auras plus à t’en faire pour mes coups de fils, toi et moi c’est fini, voilà tu peux reprendre le cours normal de ta vie _ De quoi tu parles Mintsa ? Qu’est-ce qui te prends ? _ Tu n’as pas le temps de m’écouter aujourd’hui, et je n’ai pas trop aimé la façon dont tu t’es comportée avec moi la dernière fois qu’on s’est vu donc, excuses-moi de ne pas vouloir faire durer cette conversation, je tenais juste à te dire que c’était fini entre nous, salut, _ Ho Mintsa mais qu’est-ce qui te prends ? Je comprends que tu sois en colère à cause de… _ Non, tu vois tu ne m’écoutes pas, comme d’habitude, je ne t’ai pas appelé pour discuter, ou pour qu’on s’explique, alors écoutes prends soin de toi, _ Mais…   Au moment où elle voulut répliquer, l’homme raccrocha. Il avait fait ce qu’il avait à faire, pour le reste, elle finirait par faire avec de toute façon. Il allongea ses pieds et posa sa tête sur le bord du fauteuil, puis, ferma les yeux. Tout ce qu’il voulait s’était se reposer un peu, avant l’heure de la petite fête à laquelle il était convié. Malheureusement pour lui, sa copine ne lui en laissa pas l’occasion, du moins pas immédiatement, quelques minutes après qu’il ait raccroché, il entendit son téléphone sonner. C’était elle. Il hésita à répondre en se demandant ce qu’elle pouvait bien avoir à lui dire :   _ Mintsa tu n’as pas le droit de te comporter comme ça, lança-t-elle de but en blanc _ Expliques-toi, _ Ça fait des mois qu’on est ensemble, et tu appelles pour me dire que c’est fini, juste comme ça !!! _ Ecoute moi bien, depuis quelques temps, tu n’arrêtes pas de me répéter que tu en a marre de moi, que je ne suis pas à la hauteur, pas l’homme qu’il te faut, que des tas d’autres mecs font la queue pour t’avoir, alors je leur laisse la place, trouves-toi un gars mieux que moi, et s’il te plait tu sais à quel point je ne supporte pas qu’on me dérange, ne m’appelles plus, moi aussi j’ai mieux à faire surtout aujourd’hui,   Il dit ça d’une voix calme, et puis raccrocha. A l’autre bout du fil, la jeune femme était estomaquée. Certaines personnes se croient tellement indispensables, dans la vie de leurs proches qu’elles vont souvent trop loin,  sans que cela ne les dérange. Elles se disent que les autres, les supporteront toujours et que, puisque ces autres les aiment, ils n’ont pas d’autre choix que de les supporter. Et pour la jeune fille c’était la même chose. Avec le caractère un peu à part de l’homme, elle avait pensé qu’il avait eu de la chance qu’elle lui dise « oui », et qu’il devait s’estimer heureux et donc céder à tous ses caprices. L’amour du jeune homme pour elle n’était pas quelque chose de feint, mais au final, on oublie trop souvent que la lassitude finit toujours par l’emporter. Et que les personnes qui nous aiment, ont, elles aussi, la capacité de s’en aller, elles en ont le pouvoir, et si elles ne s’en vont pas, c’est seulement par amour. Chaque seconde qu’elles passent à nos côtés, doit-être considérées comme une grâce, et non une obligation. L’ex petite amie du jeune homme, venait de découvrir que son caractère très ritualisé n’était pas une faiblesse, et que même s’il lui était toujours pénible de modifier ses habitudes, cela ne lui était pas impossible. Elle était toujours allongée sur son lit dans sa chambre, là où elle avait reçu le coup de file de l’homme avant de le rappeler à son tour. Elle fixait le plafond et des milliers de pensées se succédaient dans son esprit. Mais pas le genre de pensées qu’on s’attendrait à y voir, oh non ! Elle se rendait compte qu’elle avait eu de la chance de rencontrer ce grand gaillard, depuis qu’ils s’étaient mis ensemble, il avait assumé ses charges, et celles de plusieurs des membres de sa grande famille. Elle se souvint d’une discussion qu’elle avait eue avec sa mère une fois. Elle avait accusé sa mère d’être jalouse et le temps s’était chargé de lui faire comprendre que l’expérience de sa mère valait quand-même l’assurance naïve qu’elle plaçait dans son propre « s*x appeal ». Sa mère l’avait surprise au téléphone avec l’homme. Ce jour-là, comme à son habitude, elle avait imposé à l’homme de lui apporter de l’argent en lui hurlant presque dessus :   _ Tu devrais y aller doucement avec ce jeune homme, avait dit sa mère _ Les hommes, il faut les mener à la baguette sinon on n’en tire rien, _ Alors tu ne l’aimes pas ce garçon ? _ L’aimer ? Pourquoi ? J’ai juste besoin de son argent et de rien d’autre, _ Et que feras-tu lorsqu’il refusera de t’en donner ? _  Il n’est pas fou, _ Ah non ? Tu es sa mère ? Sa sœur ??? Son épouse ??? _ Non mais il n’est pas f****e de se trouver une autre copine, il est un peu idiot sur les bords et aucune fille ne s’attarderait sur un type pareil _ C’est ce que tu crois, mais le jour où il te claquera la porte au nez, tu te rendras compte que ce n’était pas vraiment ce que tu pensais, _ C’est ça, tu es jalouse c’est tout, parce que mon mec a plus d’argent que le tien _ Si c’est ce que tu crois, je ne t’en veux pas, mais moi au moins j’aime mon « mec » comme tu dis, et je reconnais les efforts qu’il fait au quotidien pour prendre soin de moi, et puis moi je bosse et je l’aide avec « nos » charges, pas comme une certaine poupée de salon qui confond relation amoureuse et p**********n, bonne chance… mademoiselle,   Sa mère l’avait laissée après avoir dit ça, et plus jamais elle ne lui avait adressée la parole. Cela faisait des mois déjà. Maintenant que Mintsa lui avait « claqué la porte au nez » comme avait dit sa mère, vers qui allait-elle se tourner, pour s’occuper de « ses » charges ? Elle était allongée sur son lit, et tentait de trouver une solution, pour rattraper le coup avec l’homme. Elle savait déjà que ce serait comme courir le marathon sans s’être entrainé. Il était obstiné. Elle pensa que de l’aide ne serait pas superflue. Mais vers qui se tourner. Il y avait bien cette fille, avec laquelle Mintsa étaient amis depuis l’enfance, et qui vivait dans son quartier. Le problème c’était qu’avec tout le cinéma qu’elle faisait, à chaque fois que l’homme était en sa compagnie, elle n’était pas certaine que cette fille l’aide. Cependant, à défaut d’une meilleure option, elle se dit que cela ne coutait rien d’essayer. Enfin, rien… il lui faudrait quand-même mettre son égo de côté. Elle s’habilla et sortit de sa chambre. Il fallait battre le fer pendant qu’il était encore « chaud ». Elle traversa le salon avec autant de discrétion que possible mais, sa mère était assise seule sur la terrasse, et sirotait un jus de fruit. Elle qui n’avait pas voulue attirer l’attention était bien attrapée. Elle ne pouvait pas juste passer et faire comme si elle ne l’avait pas vu :   _ Bonsoir maman, dit-elle en tentant de prendre un ton agréable   La femme leva les yeux vers elle, cependant ne répondit rien. Elle observa sa fille un moment puis recommença à boire son jus de fruit, comme si de rien n’était. La jeune fille resta debout un moment. Elle se dit qu’elle avait plus qu’intérêt à récoler les morceaux avec son mec, parce qu’elle ne pourrait pas compter sur sa mère, il était clair pour elle à présent que la colère de celle-ci n’était pas prête de s’arrêter. Mais alors qu’elle allait s’en aller, son téléphone vibra. Elle le sortit de sa poche et vit qu’elle venait de recevoir un message. C’était Mintsa, il lui demandait de ne surtout pas aller agacer son amie Elope avec leur séparation. Elle eut le sentiment que ce gars n’était pas aussi stupide qu’elle l’avait cru au départ. Sur ce point aussi sa mère avait eu raison. Mintsa y avait pensé après qu’elle ait raccrochée, il ne voulait pas que son ex copine se serve de sa meilleure amie, il avait déjà du mal à savoir comment il allait combler le trou que laissait cette fille dans son quotidien. Et il ne supporterait pas que qui que ce soit lui parle encore d’elle, encore moins une personne que celle-ci semblait n’avoir jamais appréciée. Il resta assis un long moment encore dehors. Il était assis au calme, les yeux fermés, les idées ailleurs. Il se sentait bien, cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi bien. A l’heure du départ il se leva, ferma la maison et monta en voiture. L’après-midi s’annonçait belle. Surtout qu’en arrivant, il trouva son hôte en compagnie de quelques-uns de ses invités. Il y avait un grand monsieur svelte et très affable qui avait l’air d’un administratif, et un autre plutôt musclé et qui paraissait avoir un tempérament de bon vivant. Les deux hommes étaient les deux dirigeants d’une banque de la place, et avaient pour projet de développer la partie investissement de leur structure, et le client de Mintsa leur avait parlé des projets du jeune homme, ils avaient estimés que ce serait une bonne manière d’ouvrir ce département. Mintsa était heureux car dans son élément, il parlait de ses projets avec tellement d’enthousiasme, qu’il plut aux deux hommes. Tout le reste ne fut au final que simple formalité. En rentrant le soir, il trouva son frère assis dans le salon tout seul :   _ Hé frérot, tu es tout seul ? Elle est rentrée chez elle ta copine ? _ Non, Melu prend une douche, je t’attendais, je voulais que tu me racontes ton après-midi, tu m’as manqué,   Mintsa souri en allant s’assoir près de son frère :   _ Je suis content de le savoir, toi aussi tu m’as manqué, mais j’ai de bonnes nouvelles, j’ai rencontré des banquiers et des avocats _ Ah oui ? _ Oui et aussi d’autres gars qui sont dans les affaires, ils étaient tous super sympas, et j’ai trouvé les ressources pour nos projets, les gars ont été plus que serviables, enfin ils se sont montrés très intéressés, on a beaucoup discuté et ils m’ont juste dit de voir avec toi pour savoir avec quel projet on veut démarrer, mais le banquier m’a conseillé de voir si on pouvait racheter plus de terrain autour de celui qu’on a déjà _ Bah écoute, on verra avec le type à qui tu as acheté celui qu’on a déjà _ Oui mais pour le projet ? _ On va en parler avec Melu, tu ne crois pas ? _ Si en effet, elle nous aide depuis le début et puis ce sont ses conseils qui nous ont menés jusque-là,   Melu arriva derrière les deux frères et les interrogea sur leur conversation : _ Les conseils de qui ? Demanda-t-elle _ Tes conseils ma puce, viens t’assoir près de moi, tu sais que Mintsa nous a dégoté des fonds pour les projets ? _ C’est une bonne nouvelle, ça veut dire qu’on va devoir terminer nos recherches rapidement _ Oui, je n’avais pas pensé à ça, murmura Mintsa en fixant le sol _ Oh on a déjà fait le plus dure frérot t’en fais donc pas Tout ira bien   Nko’o raconta quant à lui à son frère, la journée qu’ils avaient passée. Entre la petite qui marchait et commençait à parler, et les sœurs de Melu qui en avaient vu de toutes les couleurs en cours durant la semaine. Il avait fait le plein d’émotion. Ça avait été une bonne journée pour lui aussi. Le père de la jeune femme avait écouté avec ravissement sa fille et Nko’o lui raconter les projets sur lesquels ils travaillaient. Il était heureux de voir sa fille avec un homme qui partageait sa vision de la vie. Il ne se lassait pas de poser des questions sur les fameux projets, encore et encore. Il avait confié aux jeunes que s’il en avait eu les moyens, il les aurait aidés avec beaucoup de plaisir. Melu avait apprécié ces moments, et se disait que comme avec son week-end, il y aurait d’autres journées comme celle-là et peut-être que Mintsa viendrait. Il l’avait déjà acceptée, alors les choses ne pouvaient que s’améliorer entre eux.
Lecture gratuite pour les nouveaux utilisateurs
Scanner pour télécharger l’application
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Écrivain
  • chap_listCatalogue
  • likeAJOUTER