Bilan

3398 Mots
                                                                                        Chap. VII   Oboun resta choqué par ce qui venait de se passé entre son frère et Afep. Il aurait voulu savoir exactement ce que la petite princesse avait bien put dire à l’homme pour qu’il sorte de ses gongs de cette façon. Il savait que son frère avait un caractère assez difficile, mais il ne l’avait jamais vu faire preuve de violence, et encore moins avec une femme. Il valait peut-être mieux pour lui s’éloigner d’elle. A son avais à lui, les choses ne pourraient que s’envenimer. Il n’était pas encore tard lorsqu’Afep s’en alla, environ dix-neuf heures. Il réchauffa le plat que lui avait apporté son et le dégusta avec son garçon devant un dessin animé. Il pensa à Ening la jeune sœur de Melu, il aimait bien la jeune fille, mais avec ce qui venait de se passer entre son frère et Afep il se dit qu’il devrait peut-être revoir sa position vis-à-vis de la gamine. Elle n’était certes pas aussi mal poli qu’Afep, mais les deux jeune filles avaient le même type de caractère. Et il savait déjà qu’elle n’aimait pas beaucoup son grand-frère, ou du moins qu’elle lui en voulait à cause de ce qui c’était passé avec Melu. Ce qui avait été pour lui un doux rêve, et qu’il avait entretenu durant des années, ressemblait désormais à une très mauvaise idée. Il se demandait maintenant ce qu’il ferait si un jour la gamine et son frère se prenait la tête. Et honnêtement, il n’en avait aucune idée, c’était ça le plus triste. Il fixait la télé sans comprendre les images qui défilaient les unes après les autres, alors que le petit riait aux éclats, en mangeant les crevettes qu’il décortiquait pour lui. Il était amoureux d’Ening, mais à y regarder de plus près, il n’était pas prêt à mettre en danger sa relation avec son frère pour elle. Renoncer à la gamine était douloureux pour lui, et il avait le sentiment de rendre les armes sans avoir lutter. Ensuite il se demanda ce qu’il avait à offrir à la gamine, la vie avec un type qui avait un enfant malade qu’il fallait surveiller de près, et même si les médecins s’accordaient à dire qu’en grandissant les crises diminueraient jusqu’à disparaitre totalement, il fallait tout de même prévoir que pour le moment elles faisaient partie de leur quotidien. Elle voudrait certainement sortir, s’amuser comme les jeunes filles de son âge, or lui était plutôt du genre casanier. Il avait vu comment l’incompatibilité de caractère était venue à bout du couple que formaient Otse et Melu. Ça tiendrait le temps qu’ils y mettraient du leur, mais au bout d’un moment, l’un des deux finirait par se lasser de faire des efforts. Et alors ce serait la catastrophe. Il ne se voyait pas batailler pour construire quelque chose avec la gamine, et que tous ses efforts soient réduits à néant, pas encore une fois. C’était sans doute faire preuve de lâcheté, cependant de son point de vu, cela pouvait aussi s’apparenter à faire preuve de réalisme. Pour son bien, il se dit qu’il mettrait tout ceci de côté pour le moment. Il n’y avait tout façon aucune urgence à s’en faire pour une relation qui n’en était pas une en réalité. Ening et lui n’étaient pour le moment que deux personnes qui s’appréciaient, et aimaient passer du temps ensemble. Le dessin animé qui passait était une version pour tout petits des aventures d’un pirate nommé barbe rouge et qui n’était pas très chanceux. Son fils adorait ce dessin animé, et à force de le regarder en compagnie du gamin, il avait fini par l’aimer lui aussi. Cela leur faisait des moments de complicité incroyable, qu’il n’échangerait pour rien au monde. Pendant qu’Oboun passait le temps devant la télé avec son fils, et que cloitré dans sa chambre, Otse faisait le bilan de ces dernières années, Melu faisait la connaissance de Mintsa, le jeune frère de Nko’o. Elle avait déjà perçu chez le jeune homme de la méfiance à son égard. Et comprenait que d’une certaine façon, à sa place elle aurait certainement réagit de la même façon. Il était un peu plus de 20h lorsque le jeune homme frappa à la porte de son frère afin de les inviter sa copine et lui à partager le repas qu’il avait préparé. Les deux amants le rejoignirent au bout de quelques minutes, et le trouvèrent assis sur le canapé du salon en face de la télé :   _ Tu n’es pas encore passé à table ?? Demanda Nko’o _ Je n’allais pas commencer sans vous, au fait ta copine elle boit du vin ou je lui sors un jus de fruit ? _ Sa copine elle est là, dit Melu en regardant le jeune homme, ce serait bien que tu me fasses l’honneur de t’adresser à moi lorsque tu veux savoir quelque chose qui me concerne, surtout si je suis là   Le jeune homme la fixa un moment puis s’adressa à nouveau à son frère :   _ Alors ?? _ Elle boira du vin, qu’est-ce que tu as cuisiné ? _ Des steaks, avec une sauce blanche, une recette que j’ai trouvée dans un bouquin, mais ne t’en fait pas vous n’aurez aucune mauvaises surprises, _ J’ai confiance, Melu viens t’assoir près de moi,   La jeune femme s’exécuta légèrement contrariée. Elle laissa le jeune frère de Nko’o les servir et prendre place à son tour sans rien dire, mais profita du moment où il se déplaça afin d’aller sortir sa salade de fruits du réfrigérateur qu’elle se plaint à Nko’o :   _ Tu pourrais lui dire de faire un petit effort, ça commence à m’indisposer, _  Ce n’est pas pour lui que tu viens ici, _ Je ne suis pas certaine que tu dirais ça si l’une de mes petites-sœurs, se comportait comme ça avec toi, souligna Melu _ D’accord, d’accord, je vais lui parler, mais tu devrais le laisser tranquille, Mintsa est un peu particulier alors de grâce ne te fâche pas avec lui   Melu ne répondit pas. Le jeune homme revint et servit son frère ainsi que sa copine, puis s’installa. Il n’avait pas du tout l’air mal à l’aise, il semblait seulement pas ne pas vouloir adresser la parole à la jeune femme. Ils terminèrent de diner et Mintsa annonça à son frère qu’il allait sortir passer du temps avec quelques amis :   _ Tu m’abandonne c’est rare mon grand, fit Nko’o en souriant _ Ce n’est pas comme si tu étais seul, je vais rentrer  un peu tard alors tu ne t’en fais pas trop, au fait si tu veux grignoter quelque chose un peu plus tard, il y a des chips et d’autres biscuits apéritif dans le placard _ Tu as fait des réserves ? _ Oui je me suis dit que ta copine et toi aurez certainement envie de grignoter devant un film plus tard, à tout à l’heure _ Oui, encore merci et si tu dors chez ta copine, tu me préviens _ Ce n’est pas la peine, je ne la verrais pas ce soir elle est agaçante quand elle s’y met alors ce soir je sors avec des amis   Nko’o sourit encore. Son jeune frère était du genre à aller droit au but. On aurait dit que rien ne le touchait vraiment, cependant Nko’o lui, savait que le jeune homme était très sensible et que c’était pour cela qu’il mettait de la distance entre lui et les gens autour de lui. Depuis leur plus tendre enfance il était la seule personne dont le gamin était proche, même leur père avait du mal avec le petit. Il se dit que Melu n’avait pas à se prendre la tête concernant l’attitude de son frère. Le moment voulu, le gamin lui montrerait de l’intérêt. Il n’y avait vraiment pas de quoi stresser. Une fois Mintsa sortit, Nko’o prit sa dulcinée dans ses bras, et l’embrassa :   _ On a la maison pour nous tout seul ma belle, alors tu veux faire quoi ? Passer la soirée avec moi devant la télé, ou encore mieux… _ Mieux ???? _ Oui, toi et moi, à se faire des câlins, ou alors tu veux que je te raconte une histoire en te bordant   Melu éclata de rire, elle imaginait Nko’o en train de lui raconter des histoires afin de l’endormir, c’était la blague du siècle. L’homme était incapable de de faire preuve de patience, le genre de patience qu’il faut pour raconter une histoire jusqu’à ce que l’autre s’endorme. Elle se dit qu’il s’endormirait certainement bien avant elle, et la laisserait toute seule avide de connaitre la fin de son histoire. Non, elle ne voulait pas d’histoire mais passer la soirée devant la télé, elle ne disait pas non. Il y avait une série télé de science-fiction que ses sœurs et elle, aimaient regarder le soir, au moins elle n’allait pas rater l’épisode de ce soir. L’homme n’était pas féru de télé mais pour sa belle il était prêt à faire quelques sacrifices. Enfin quelques concessions plutôt. Il était si heureux de passer un week-end accompagné que ce qu’il allait regarder à la télé lui importait peu. Il était avec Melu. Il suivit le conseil de son frère et alla prendre quelques apéritifs dans le placard de la cuisine, et aussi du jus de fruit, et installa le tout sur la table basse du salon en face de l’écran plat et invita sa belle à prendre place près de lui. La soirée commençait bien. Mais alors que Melu était tout entière à son film, l’homme lui imaginait la même scène mais avec quelques spectateurs de plus. Il se souvint que la jeune femme avait parlé d’avoir des enfants, et s’imaginait assis dans le salon entouré de ses enfants et de sa compagne. Il imaginait ça dans sa tête et ne savait pas trop si cela lui plairait ou pas. Des enfants… il revoyait sa vie de famille, avec ses parents qui décidaient tout pour tout le monde et le malaise que son frère et lui vivaient au quotidien. Arriverait-il à être un bon père ? Son propre père n’avait réellement commencé à les soutenir que quelques années après qu’il ait comprit qu’il ne pourrait pas les obliger à être comme ses premiers enfants, mais entre temps que de frustrations et de douleurs avaient été endurées par les deux frères. Le fait de savoir ce qui n’était pas bien, vous rendait-il cependant capable de savoir ce qui l’était. Il avait été malheureux auprès de ses parents cependant, c’était la seule éducation à laquelle il avait été confrontée. Allait-il reproduire un peu malgré lui le comportement de ses parents, avec ses propres enfants ? Ou allait-il rejeter cette éducation dans sa globalité ? Il se disait que tout de même l’éducation de ses parents n’avait pas eu que du mauvais. Cependant comment faire le tri ? Peut-être devrait-il laisser Melu faire, ce serait aussi bien. Ses sœurs et elle avaient reçues une bonne éducation et avaient toujours été soutenues par leur père. Bien que devant faire face à d’énormes charges et responsabilités, l’homme n’avait jamais perdu de vue l’intérêt de ses enfants. Il rêvait assis aux côtés de la jeune femme, alors qu’elle s’amusait des mésaventures des personnages de sa série préférée. Il se demandait si à un moment elle finirait par reprendre confiance en elle. Si elle donnerait une chance à leur histoire et accepterait de construire une vie avec lui. Le problème de l’endroit où ils devaient vivre n’était pas si important, certains couples vivaient bien dans des maisons différentes, pour une raison ou une autre, mais ils n’en étaient pas moins des couples. Tout ce qu’il attendait lui, c’était qu’elle accepte de mettre en commun leurs ressources afin de se construire un avenir… ensemble. Lorsqu’il lui avait demandé pourquoi elle hésitait encore à s’engagée, elle avait parlé de soucis financiers qu’aurait eu son père. Il se dit donc qu’il fallait qu’il l’aide à trouver une solution afin de mettre ses petites belles-sœurs à l’abri du besoin. Il serait toujours temps de parler de leur avenir à Melu et lui. Et puis il y avait toujours le problème d’organisation concernant Otse et la petite Assengone. Il avait promis à son ancien ami de tout faire pour convaincre Melu de le laisser reconnaitre la petite et de pouvoir l’avoir à demeure de temps en temps. Ce qui lui avait paru être une bonne idée au tout début commençait à lui couter, la gamine avait été jusque-là comme sa fille. Il l’avait vu naitre et avait même passé quelques nuits blanches lorsqu’elle avait été hospitalisée à quelques semaines de sa naissance, pour une bronchite. Il avait été aux côtés de Melu jour et nuit. Mais il fallait être juste, cela lui coutait de l’admettre, mais refuser à Otse la petite ne serait pas un gage de réussite pour sa relation avec Melu. Et puis cela ne l’empêcherait pas de prendre soin de la petite comme il l’avait fait jusque-là, elle aurait simplement deux papas au lieu d’un ce qui n’était pas une si mauvaise chose, surtout lorsqu’il se demandait le genre de père qu’il allait être. Avoir quelqu’un qui avait une autre façon d’appréhender les choses dans la vie de la petite ne pouvait-être que bénéfique. Il regardait la jeune femme et son cœur s’attendrissait, il était prêt à faire ce qu’il fallait, à attendre le temps qu’il faudrait. Et ce qui le confortait dans cette idée, c’était qu’il la sentait heureuse à ses côtés. C’était une belle soirée. Une soirée comme on en rêve tous, affalé devant la télé avec l’élu de son cœur, à discuter ou regarder un film, en se disant que le monde pouvait bien s’écrouler au-dehors, rien d’autre ne comptait que ce moment que l’on partageait avec l’être aimé. Cela fit sourire Nko’o, et Melu le remarqua. Elle voyait le sourire que l’homme affichait et s’en voulait un peu d’avoir mis tout ce temps à lui accorder un peu plus d’intimité entre eux. Elle aussi se sentait bien. Et même si elle avait encore peur de s’engager, elle était bien obligée de reconnaitre que cela lui faisait du bien de se retrouver avec son homme seul loin des contraintes du monde, des soucis et autres préoccupations du quotidien. Elle était avec son homme, et ensemble ils partageaient un moment agréable. Elle se surprit à se demander si à la longue ces moments seraient toujours aussi plein de douceur entre eux, et si ces choses-là changeaient avec le temps. Elle n’avait pas trop connu le couple que formaient ses parents, et la mère de Nko’o était déjà morte lorsque la jeune femme avait fait la connaissance de l’homme. Elle n’avait donc aucune idée du genre de couple que formaient ses parents à lui, et dans son entourage la plupart des couples étaient des familles recomposées, et donc des unions construites à partir de parties d’unions qui n’avaient pas fonctionnées. C’était une étrange façon de le décrire mais c’était ainsi qu’elle les voyait. Et en réalité Nko’o et elle, faisaient malgré eux partie de cette catégorie. Ce n’était ni une bonne ni une mauvaise chose, c’était juste la réalité, et il fallait se faire à cette idée, c’est tout. Une fois la série terminée elle s’aperçu que l’homme s’était endormit. Et lui qui s’était proposé de lui raconter une histoire, sacré Nko’o, il avait du mal avec la télé, quel que soit le temps que durait un programme il s’endormait toujours avant la fin. Elle se redressa et déposa un b****r sur ses lèvres, ce qui réveilla l’homme :   _ C’était un b****r magique c’est ça, fit l’homme en ouvrant les yeux _ Oui la série est terminée, tu veux qu’on monte se coucher ? _ Je n’en sais rien, tu ne veux pas regarder autre chose ? S’enquit l’homme en se passant la main sur le visage _ Non, on peut y aller, en plus tu te souviens qu’on est supposé faire un brin de randonnée demain, _ Ah oui le terrain de mon frère que nous sommes supposés aller voir, il m’a demandé si je pouvais le conseiller sur une activité là-bas, et je t’assure que tout seul je ne suis pas sûr d’avoir un truc intéressant à lui pondre _ C’est pour ça qu’on y va tous les deux, allez on monte se coucher mon grand, _ Tu sais quoi ? _ Non dis-moi _ Si on vivait tout seuls ici, je te jure que je n’aurais pas bougé de là, _ Et on aurait dormi dans le canapé cette nuit ? Fit Melu en souriant _ Oui, viens me faire un bisou encore, ça va me donner des forces pour bouger, répondit l’homme en lui faisant un clin d’œil   Melu s’approcha et l’embrassa. Nko’o la saisi par la taille et la serra, l’empêchant ainsi de bouger et donc de se lever du canapé. Elle riait aux éclats en tentant de se défaire de son emprise en vain. L’homme la regardait essayer et s’en amusait. Puis il lui promit que si elle se calmait, il n’exigerait qu’un b****r et consentirait à monter se coucher, elle regarda Nko’o dans les yeux et se dit que tout ce cinéma cachait quelque chose. Elle accepta pourtant. Mais une fois qu’elle posa ses lèvres sur celles de l’homme, il fit durer ce b****r une éternité. Et s’il n’avait pas entendu la voix de son frère dehors, ils seraient certainement encore en train de s’embrasser. Melu était heureuse. Elle appréciait ce début de week-end. La petite lui manquait beaucoup, et ses sœurs aussi, mais dans les bras de son homme, plus rien ne comptait.
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