Chapitre 5 Adena

3825 Mots
Adena J’ouvre les yeux ce matin le cœur déchiré, le corps en feu. Gabriel s’est montré très dévoué comme à l’accoutumée, même si lui aussi est en colère contre moi. Je le sens se réveiller dès qu’il capte mes mouvements légers, et sa main trouve mon bras qu’il caresse délicatement dans un geste répété. - Comment tu te sens ? demande-t-il à voix basse faisant gronder sa poitrine contre mon oreille. - J’ai un mal de chien, je ne sais pas si j’aurais pu dormir sans ce que tu m’as donné. - ça ira mieux dans quelques jours… - Je sais que tu m’en veux de ne pas te l’avoir dit… Il ne répond pas, me repousse légèrement et se lève sans me regarder, il disparait en tournant l’angle qui mène à la cuisine, je me contorsionne pour regarder la plaie à vif sous la compresse pleine d’onguent qu’il m’a appliqué avant de nous coucher hier soir et je me tourne vers lui lorsqu’il reparaît avec deux tasses de cafés fumants. - Explique-moi ce qu’il s’est passé s’il te plaît. Il s’assied au bord du lit, je l’imite précautionneusement et j’accepte la tasse qu’il me tend avec un signe de tête en remerciement. - J’étais débordante de colère, d’hormones, du désir de vengeance… J’ai très mal agit, et uniquement sur l’impulsion d’en finir avec elle… Je n’ai pas d’excuse. Je ne voulais pas être mère… Je gardais l’enfant pour Devon. - Je sais… Mais… Tu n’as rien dit… Tu aurais pu le dire tout de suite… - Qu’est-ce que ça aurait changé… - Je pensais que tu avais confiance en moi… On aurait dû savoir… Je ne sais pas quoi dire d’autre… - Tu ne m’aimes plus autant qu’avant ? J’ai le cœur serré en lisant la déception que je lui inspire, je vois que quelque chose a changé dans sa façon de me regarder. - Bien sûr que si Adena, ça ne change rien pour moi… Pour Devon… En revanche… - Ne me parle pas de lui, cinglais-je en détournant les yeux prise d’une montée de rage incommensurable. - Il faudra bien arranger les choses à un moment ou un autre… - Je vais te dire exactement la même chose qu’à Serena, il n’y a rien à arranger… Je ne veux rien arranger… - Donc qu’est-ce qu’on va faire ? On est quatre, si l’un des couples va mal, c’est tout le système qui s’écroule… - Je me fiche des problèmes de couples et d’amour… - N’oublie pas que Serena et moi sommes au milieu de tout ça… - Je sais… Je n’en sais rien ! JE NE SAIS PAS ! Je pose ma tasse sur le chevet et je commence à me masser les tempes… Je suis humiliée, malheureuse, furieuse… Ce que je ressens de dégoût envers Devon est probablement à la hauteur de ce qu’il ressent pour moi de son côté… Il n’y aura pas de remèdes pour ça cette fois. - C’est temporaire… On trouve toujours des solutions, me dit alors Gabriel en me prenant dans ses bras quand il constate ma détresse et ma perdition. Son odeur m’ensorcèle, sa barbe piquante irrite ma gorge que ses lèvres apaisent de douceur. Mes mains trouvent son visage et ma bouche la sienne, je suis désespérée dans ce b****r, je m’y invite, à la recherche d’un peu de réconfort, à la recherche de son amour et comme il répond à mon invasion, j’affirme mon étreinte et mon intention. Il se laisse prendre dans mes filets, il sait comment je suis, comment je fonctionne, et s’allonge sur le dos pour que je prenne le contrôle de la situation. Je l’enjambe et le chevauche en pressant mon corps contre lui, assoiffée d’un contact bienfaiteur nécessaire, d’un oubli impératif… Il fait glisser ses mains sur ma peau, évitant soigneusement la plaie insupportablement douloureuse qui me creuse la chair d’une brûlure invasive. Chaque mouvement que j’effectue l’étire et accentue la souffrance cuisante et humiliante pour me rappeler ce qu’il a fait. - N’y pense pas pour l’instant, prends ce dont tu as besoin ma belle… Murmure Gabriel en me dévorant de ses yeux angéliques. Je passe ma main entre nous jusque à son boxer pour sentir son sexe durcir entre mes doigts. Je le fais b****r, en le regardant avec intérêt, analysant chaque soupir de désir qu’il laisse échapper alors que le sang commence à affluer en quantité. Sa main à lui trouve mon sexe en bon connaisseur qu’il est et stimule très habilement le noyau sensible de mon intimité impatient de ses attentions. Je laisse toutes les sensations plaisantes se diffuser et m’envahir, je laisse le plaisir monter, monter… Et quand je sens la facilité avec laquelle il m’emmène, je libère sa turgescence du fin tissus qui nous séparait et en dirige la tête contre les replis de mon sexe mouillé de son excitation… Je m’assieds sur son g***d et je descends lentement sans ciller un seul instant, expirant de bonheur, du bien-être que j’ai besoin de ressentir maintenant. J’entame mon déhanché alors qu’il m’admire et me chérit. Le sexe avec Gabriel est cathartique, délicat, émotionnellement intense… Il noie mon âme d’amour, il n’est pas l’imposant, le dominant… C’est moi qui décide quand je partage mon lit avec lui… Et nous y trouvons notre compte tous les deux… Je joins nos souffles en accélérant ma prestation, en le prenant tout entier alors qu’il s’abandonne totalement à mes attentions, il accompagne intensément chacune de mes actions et ça décuple mon excitation, ça m’emporte au paradis à l’infini… Je laisse la jouissance me faucher de plein fouet… Et je gémis contre sa bouche délicieuse alors qu’il se fige sous mon corps. - Est-ce que tu veux continuer ? demande-t-il en dégageant mes cheveux sur le côté pour embrasser mon épaule dans un chemin de b****r. - Non, j’ai un peu trop mal… Mais tu peux prendre le temps de jouir Gabriel… Je recommence à bouger, et je bascule sur le côté alors qu’il accompagne mon mouvement profondément ancré en moi, il remonte délicatement ma jambe, m’embrasse avec un peu plus d’avidité et j’accentue ma prise sur lui en gémissant tant ses incursions dans mon corps pantelant de la jouissance sont électrisantes, se déchargeant en salves détonantes accroissant l’effort que je produis en préparant soigneusement la montée d’une autre envolée. J’attends patiemment qu’il se joigne à moi, j’aime tellement contrôler, millimétré, sentir, faire venir… Ce partage est bon, nos corps à l’écoute l’un de l’autre, entremêlés, entrelacés, imbriqués… se libérant à l’unisson de toutes les tensions. Nous reprenons nos respirations tranquillement, il me câline, est très prévenant…Puis il m’accompagne sous la douche et me lave soigneusement, comme si c’était son devoir après m’avoir utilisé pour son plaisir. J’aime la façon dont il adule chaque partie de mon corps, dont il m’admire de ses yeux magnétiques dans lesquels je peux lire en toute transparence. - Je t’aime, lui dis-je alors qu’il finit de me laver. - Moi aussi, répond-t-il alors en me gratifiant d’un autre de ses doux baisers, qu’est-ce que tu vas faire aujourd’hui ? - Je n’en sais rien, soupirais-je, je vais éviter l’entrainement… - Tu devrais te reposer. - Oui, je vais essayer de me trouver une chambre en bas… Et je vais réfléchir…Tu as du travail ? - Oui, il y a encore beaucoup de choses à préparer à la clinique, du matériel à commander, Scott a besoin d’aide. Nous nous quittons une demi-heure plus tard, après qu’il m’a fait quelques soins et donné un anti-douleur. - Montre-ça à Scott si tu as trop mal… - Non ! Je ne veux pas qu’ils sachent… - D’accord… Mais, appelle-moi au moins, d’accord ? - Oui, à plus tard. Serena n’est pas encore à son bureau lorsque nous ouvrons la porte mais je ne m’en inquiète pas… Je connais l’autre enfoiré, et il a dû passer ses nerfs sur elle toute la soirée… A sa façon évidemment, il est toujours plus conciliant avec Serena qu’avec moi… Cela étant, les nuits que nous avons déjà passées tous les quatre, elle prenait son poste plus tard. Je descends au salon où se trouve la cuisine ouverte et je salue James, Marlon, Tim et Josh qui sont prêts à décoller finissant leur café. - Salut la tigresse, comment ça va ? Me demande gentiment James en me tendant une tasse alors que je m’accoude au comptoir à côté de lui. - ça va, merci James, répondis-je en tentant de paraître convaincante. - Prête pour l’entrainement ? - Non, je ne peux pas aujourd’hui… - Qu’est-ce que tu vas faire ? Demande Tim goguenard à ma droite, tu vas aller jouer à la maman toute la journée ? Je lui flanque un coup dans les côtes qui lui coupe la respiration alors qu’il lève les bras et étouffe un rire. - Est-ce qu’il y a une chambre de libre ici ? Demandais-je alors en me tournant vers les autres. Gabriel qui est arrivé en même temps que moi entame une discussion avec Preston et je le vois du coin de l’œil prendre la direction du couloir et sortir. - La mienne si tu veux princesse Adena, me provoque Marlon avec un sourire charmeur. - Non merci, je n’ai pas demandé à partager la caverne d’un autochtone, j’ai demandé une chambre confortable… Il sait que j’ai horreur qu’il m’appelle comme ça, mais il adore me provoquer et me rendre dingue, d’autant que depuis qu’il est arrivé ici, je n’ai pas réussi à avoir le dessus sur lui une seule fois. Il est bien trop fort pour moi. - Tu peux prendre la mienne si tu veux, me dit James, j’irai squatter chez Tim… - Hé c’est mort ! Je veux b****r tranquille moi ! - b****r qui ?! Rétorquais-je moqueuse, personne ne veut de toi Tim. Même les femmes de ménages préfèrent les garçons d’écurie… - On règlera ça sur le tatami, grince-t-il avec une soudaine mauvaise humeur. - Je vais partir en chasse cet après-midi si ça te tente, me propose Marlon. - Avec plaisir, quelle heure ? - Je ne sais pas, je prends la garde de nuit, donc tôt, pour être rentré à l’heure… - Ok… Je les abandonne à leur discussion et me rend directement au stand de tir… Je sais de tête quelle est la routine de Devon et comme il n’a pas fait sa course matinale avec Gabriel, il doit probablement monter son nouveau cheval. J’ignore la douleur constante dans ma hanche comme le rappel incessant et lancinant de ce qu’il m’a fait et je décharge des kilomètres de chargeur sous la vigilance de Frank qui me rejoint rapidement. Je ne parle pas beaucoup, je ne le mêle plus à mes problèmes de couples depuis longtemps. J’ai besoin de sa présence réconfortante, il m’a apporté un énorme équilibre et je tiens à garder ce lien avec lui intact. Alors j’écoute attentivement ses recommandations, il est très satisfait de ce que je fais des cibles face à moi et me propose d’aller faire un peu de méditation dans la petite prairie, alors je le suis. - Est-ce que tu viendrais avec moi si je devais m’absenter ? - Tu ne vas pas t’absenter, réplique-t-il tranquillement en gardant les yeux fermés dans la position du lotus. - Sérieusement. Il ouvre un œil et constate que je ne suis pas du tout concentrée à notre tâche, que je l’observe attentivement en attendant une réponse honnête. - Si Devon accepte oui. - Et s’il refuse ? Tu me protèges depuis longtemps maintenant… - ça va si mal que ça ? - ça va plus mal que ça ne l’a jamais été. - Et tu laisserais Serena et Gabriel ici, avec lui ? - Je ne sais pas Frank… Je ne décide pas pour eux. - On verra si la situation se présente. Il referme les yeux et se replonge dans ses introspections, je me demande à quoi il peut bien penser quand il médite des heures entières… Ma tête n’est qu’un désastre, je n’arrive pas à organiser la moindre pensée… Je suis blessée dans ma chair et dans mon âme, c’est une tempête de feu qui se déchaine de déflagrations impérieuses dans tout mon être. Je suis incapable d’ignorer le bourdonnement incessant de mon téléphone et je finis par décrocher abandonnant toute idée de réussir à me concentrer. - Quoi ? Demandais-je en décrochant à Gabriel. - Tu as croisé Serena ce matin ? - Non. J’étais au stand de tir, et je suis à la prairie avec Frank. - Tu peux essayer de l’appeler ? Elle ne décroche pas. - Elle doit être occupée avec mon cher mari, cinglais-je amèrement en m’apprêtant à raccrocher. - Elle n’est plus avec lui depuis ce matin… - Eh bah je n’en sais rien moi… Je lui raccroche au nez, agacée, et j’essaye immédiatement d’appeler Serena pour savoir ce qu’elle fait… Je tombe aussi sur sa messagerie… - Frank je dois y aller, maugréais-je en le secouant. - J’avais compris, répond-t-il sèchement, laisse-moi finir, merci. Je le laisse à son aparté et remonte jusqu’à la maison chercher des affaires pour m’installer dans la chambre et pour notre escapade prévue avec Marlon en début d’après-midi. Je fais demi-tour lorsque j’entends la voix de Devon hurler dans le grand salon, mais il me remarque trop rapidement et m’invective avec véhémence. - Qu’est-ce que tu lui as dit ?! Tu lui as parlé ?! Elle est où ?! - Je n’en sais rien ! Me défendis-je sans approcher en observant Gabriel qui semble complètement décontenancé. - Adena, est-ce qu’elle t’a dit quelque chose hier soir ? - Non ! Rien du tout ! Elle ne doit pas être bien loin… - Tu mens ! Tu es jalouse ! Il n’y a aucune raison pour qu’elle disparaisse comme ça ! - Et toi ? Qu’est-ce que tu lui as fait alors ?! Répliquais-je en me mettant à crier à hauteur de son ton. Gabriel analyse la situation en silence et semble en pleine réflexion. - On réunit tout le monde… Il y a une explication… Il s’avance vers le boitier et déclenche l’alarme du ranch. Une sirène tonitruante se met à retentir dans toute la maison, dans le désert tout entier ce lancinement est entêtant. - Elle doit seulement être occupée quelque part… Dis-je alors en prenant la direction de ma chambre dans laquelle je m’enferme en tentant d’ignorer l’alarme. Je lui envoie un message pour lui demander où elle est dans l’espoir qu’elle me réponde… Je sais qu’Aliénor est partie ce matin… Et je commence à m’imaginer qu’elle aurait très bien pu partir avec elle… p****n mais pourquoi elle aurait fait ça ? Je suis pleine de ressentiments décadents… Je pars en vrille, je n’ai plus aucun contrôle… Je suis assaillie et j’ai besoin de m’échapper… Je ne sais plus où j’en suis, ni où je vais… Aliénor a complètement saccagé ma vie qui semblait encore parfaite quelques jours plus tôt… Je me prépare rapidement pour passer la journée dans le désert, je remplis deux sacs de voyages avec des affaires puis je passe à l’armurerie récupérer mon Beretta que je coince dans ma ceinture et la mallette du sniper que Devon m’a offert il y a quelques mois. - Où est-ce que tu vas ? Demande Gabriel en voyant que je ne me sens pas concernée par le chantier et les hommes qui viennent s’attrouper au salon. - Je pars avec Marlon, on va s’entrainer dans le désert. - Attends qu’on démêle la situation s’il te plaît… - Qui lui a parlé en dernier ?! Vocifère Devon complètement hors de lui. - Moi, je lui ai parlé hier soir, dit alors Scott. - De quoi ?! - Euh, rien de spécial, elle est passé voir Nikolaï et Aliénor… - Pourquoi faire ?! Qu’est-ce qu’elle leur a dit ?! - Je ne sais pas, leur porte était fermée… Ensuite, elle m’a demandé un truc pour dormir… - C’est moi qu’elle a fait dormir p****n !!! Qui était à la grille ce matin ?!! Je pouffe de rire malgré moi, elle l’a endormie et elle est partie, j’en suis sûre à présent. - Moi, répond alors Aaron, ils avaient l’air normaux, ils devaient partir, tout était en règle, je n’ai pas vérifié… Il dégaine son arme et lui tire une balle dans la jambe en un éclair. Le bruit de la détonation fige l’assemblée d’un silence pesant rompu pour le hurlement de douleur d’Aaron. - Arrête Dev ! Non mais ça ne va pas ?! S’insurge Preston en lui faisant face immédiatement. - Je veux savoir où elle est ! - Elle est partie à cause de toi… Assure tout à coup Gabriel à voix basse mais parfaitement audible malgré la fébrilité de l’assemblée. - Non ! Tout allait très bien hier soir ! Elle est partie pour autre chose !!! Je veux parler avec eux ! Je veux savoir pourquoi ils l’ont emmené !!! Il est littéralement fou d’une rage thaumaturgique, il a perdu toute humanité, il n’a plus rien à faire de tirer sur ses propres hommes et je décide qu’il est temps pour moi de m’éclipser avant qu’il ne se remette en tête que je suis responsable de ça… Je crois savoir pour quelle raison Serena a fui… Sa grossesse… Ce qu’il s’est passé hier n’a fait que la pousser un peu plus… Je réfléchis à notre dernière conversation, elle a dit qu’elle nous aimait… Elle n’a pas dit qu’elle partait… Et moi j’étais trop préoccupée par ma douleur pour voir ce qu’elle fomentait. Mais je comprends la raison de son départ… Devon est possessif quand il veut, et la savoir enceinte… Aurait compliqué la situation déjà complètement hors de contrôle. Je me rends au garage où je récupère mon quad sur lequel je charge mon sniper et je me dirige vers le hangar du personnel. - Tu es prêt à y aller ? Interrogeais-je Marlon qui finit de se préparer dans sa chambre. - Ouais, c’est quoi le problème là-haut ? - Alors, déjà, laisse-moi te prévenir que l’autre est possédé et que tu prendras une charge pour ne pas t’être présenté. - Je vais lui envoyer un message. - Serena est partie. - Ah. Elle est partie où ? Demande-t-il nonchalant en claquant la porte de sa chambre. - Probablement chez Aliénor… Est-ce que tu l’as vue hier soir ? - Non. Je n’ai pas fait gaffe… Moi, j’essaye de ne pas trop la faire chier, elle n’est pas aimable. - Envoie un message au patron pour lui dire que t’es au courant de rien, il vient de tirer sur Aaron parce qu’il n’a pas fouillé les véhicules. Il sort son téléphone de la poche de son treillis et me suit jusqu’au quad où il charge sa propre valise. - Non non princesse, je conduis, décrète-t-il en enfourchant l’engin alors que je m’apprêtais à prendre le guidon. - Tu fais chier, j’ai besoin de me défouler. - Je sais, c’est pour ça que je conduis, je préfère rentrer vivant. Je grimpe derrière lui et le laisse me promener à une allure assommante. Il ralentit devant la grille et passe les informations aux hommes en faction concernant Serena, leur demandant de prévenir Devon s’ils savent quoi que ce soit. Je le trouve prévenant, toujours calme et dans la bonne attitude. A sa place sans trop s’imposer. Il avance une bonne heure dans le désert et finit par s’arrêter dans une zone particulièrement rocheuse. Le soleil est brûlant en ce début d’après-midi, je crève de chaud, ma hanche me fait souffrir et j’ai les nerfs qui grésillent de toutes ces sensations insupportables qui s’éparpillent dans chaque fibre de mes chairs. - Bon on essaye de tuer un truc où tu veux seulement faire du tir aux cactus ? - On a tout le temps que tu veux, ce n’est pas comme si j’étais pressée de rentrer ! - Qu’est-ce qu’il s’est passé avec ton mec ? Demande-t-il en débouclant sa mallette et commençant à assembler son fusil. - J’ai pris une décision qu’il refuse catégoriquement d’accepter, et de me pardonner, et ce qu’il a fait pour me le faire comprendre est tout aussi impardonnable… - Donc ? Vous êtes fâché… Et tu couches avec son copain du coup… - Me prends pas pour une pigeonne, tu sais très bien comment fonctionne notre entente… - Ouais, vous êtes bizarres. Tu m’étonnes que ça parte en couilles… - On fait avec tout ce qu’on nous donne… Y’en a qui n’ont pas d’amour… Nous… On en a tous… Enfin… Avait tous les uns pour les autres… - Tu penses que c’est terminé ? - J’en suis certaine… Il n’y a plus rien dans ses yeux… Juste de la haine… Je comprends que Serena se soit tirée, si c’est bien ce qu’elle a fait…D’ailleurs, je pense que je vais faire la même chose… - Ah bon ?! Pourquoi ? Je me positionne au sol en mettant mon assemblage sur son trépied. - Tu le vois celui à huit cents mètres ? Nord, Nord-Est. Il s’est installé à plat ventre sur le sol poussiéreux brûlant et regarde dans la lunette de son fusil. - C’est bon. - Je la mets dans le bulbe à droite. - Même pas en rêve… T’es trop indisciplinée. - Laisse-moi deux minutes de concentration p****n ! - Parfois ta fenêtre est de cinq secondes… Tu devrais déjà avoir décoché. - Fais-le toi puisque tu es si extraordinaire ! J’entends le tir et je regarde dans ma lentille pour voir s’il a atteint l’objectif. - p****n d’enfoiré… T’es trop bon… - ça t’excite hein… - ça m’énerve cette précision irréprochable, comment tu as calculé l’angle en une demi-seconde ?! - De l’entrainement, encore et toujours de l’entrainement… Mais je préfère chasser, les cibles en mouvements sont plus difficiles… Ce serait mieux pour toi… - Je n’ai pas envie de flinguer de pauvres animaux… - Mais les humains… Pas de problème… - Que veux-tu… C’est comme ça. - Tu n’as pas répondu à ma question… - Je ne vais pas rester ici à jouer au bon petit soldat après ce qu’il m’a fait… Je crois que la haine que j’ai pour lui est aussi puissante que la sienne… Si je reste… On va s’entretuer. - Je comprends… Je m’ennuierai sans toi… Avec qui je pourrais bien passer toutes ces heures à lézarder au soleil en tirant sur de pauvres plantes innocentes… - T’as besoin de personne… C’est ce que j’aime bien chez toi… - Seulement ça ! Je pensais que mon corps d’Appolon te faisait vaciller… - Là c’est toi qui rêves mon gars… Sa conversation me fait du bien, il est apaisant, je réfléchis plus calmement à la situation dans son ensemble et je sens que j’ai pris ma décision… Je vais imiter Serena, et quitter le ranch, il n’y a plus rien pour moi ici.
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