Chapitre 9 Adena

1302 Mots
Adena Cet après-midi loin du ranch me fait plus de bien que ce que j’aurais pu imaginer. Serena n’a pas répondu à mon message mais je doute qu’elle ne le fasse, parce qu’elle ne veut pas donner de raison supplémentaire à Devon de s’en prendre à moi. Marlon nous dépose au garage, la nuit est presque entièrement tombée lorsque nous redescendons l’allée poussiéreuse qui mène au hangar. Nous sommes chargés de nos armes et des affaires que j’ai récupéré à mon ancienne chambre et je m’enferme dans le silence, oppressée par tout ce qui arrive ici. Marlon me parle de nourriture depuis que le moteur du quad est coupé, il en parle souvent d’ailleurs, ça semble être quelque chose de très important dans sa vie, il débat souvent avec Bill et Aaron ou Gabriel de ce qu’ils vont manger le soir, je crois qu’il aime bien cuisiner. Je l’écoute sans vraiment répondre et je refuse poliment lorsqu’il me propose de me joindre à lui car je n’ai aucun appétit. J’entends un bourdonnement de discussion dans le salon au bout du couloir mais je ne souhaite pas m’y mêler… Je m’enferme donc dans la chambre de James. Les femmes de ménage sont passées mettre un peu d’ordre et je vois qu’il a récupéré quelques affaires dans son dressing pour me libérer de la place. La journée a été longue, émotionnellement d’abord, entre Devon que j’ai soigneusement évité mais qui m’a quand même agressé à la première occasion, la fuite pleine de talent de Serena que personne n’a vu arriver et Gabriel, ce matin au réveil… Qui doit être complètement effondré maintenant. Ensuite la chaleur étouffante de ce début juillet après des heures passées à cramer dans le désert avec Marlon qui a toutefois réussi à me changer un peu les idées mais j’ai affreusement transpiré et je suis pleine d’une couche de poussière pelliculée par la sueur. Je vais directement à la salle de bain après avoir emporté mon cabas de voyage. Mais je constate avec surprise et reconnaissance que Maria a fait apporter tous les produits que j’aime utiliser et je lui envoie un message pour la remercier de ses attentions. Je me glisse sous une douche tiède bienfaitrice après avoir supporté toute cette chaleur, et comme je n’ai rien à faire d’autre de ma soirée, je m’occupe de moi ce soir, j’en profite pour soigner mes cheveux, me faire une épilation, un soin du visage, enduire mon corps de crème nourrissante avant de nettoyer la plaie sur ma hanche et d’enfiler un jogging et un débardeur. Je fais rouler doucement mon bras, l’épaule largement cicatrisée dans laquelle j’ai pris une balle il y a quelques mois maintenant est courbaturée douloureusement de la séance de torture de Devon. J’allume mon ordinateur et ma messagerie sécurisée pour consulter l’état de mes affaires que j’ai laissées de côté le temps de la mission sauvetage d’Aliénor. Je réponds aux messages de Fabian Nowak, mon conseiller financier suisse qui administrait les affaires de l’homme que je croyais être mon père, et dont j’ai hérité la fortune. Je consulte les mails des courtiers, du gestionnaire de mon portefeuille d’actions et les messages de Freyah, mon amie suédoise, la femme de mon cousin Pedro nouvellement chef du cartel après l’assassinat de mon oncle Salvador par mon ami et collègue Tim, lui-même sous les ordres de Serena… J’ai évidemment confié à mon amie ce qu’il s’était passé lorsque je l’avais moi-même découvert, mais il semblait que Serena l’avait déjà appelé pour ce sujet. Pedro en revanche, ignore tout de notre implication dans le meurtre de son père, et même si leur relation n’était pas toujours au beau fixe, il ne fait aucun doute que notre implication dans sa mort ne serait jamais pardonnée, nous avons donc ajouté ce sujet brûlant à la boite de Pandore déjà bien chargée avant de la fermer. Pedro dirige maintenant, il évolue, il n’a pas le temps de s’épancher sur le sujet et Freyah qui devrait prochainement accoucher de leur bébé n’a certainement pas l’intention de lui faire savoir maintenant. Elle a monté ses propres projets en parallèle de ceux que je lui confiais. A présent, Pedro la laisse intervenir dans certaines des décisions prises au sein de l’organisation, elle s’est imposée à lui, et je n’ai aucune idée de la manière dont elle a réussi une telle prouesse. Pedro n’avait jamais vraiment tenu compte de l’opinion de ses petites amies auparavant, j’en sais quelque chose. Et pendant des années, il a maintenu Freyah dans la plus totale ignorance, jusqu’à ce que j’intervienne en sa faveur. Maintenant, ce qui est important, c’est d’avancer...Toujours avancer… Même quand on est dévasté. Et cette douleur sourde et lancinante qui m’accapare depuis la minute où Devon a dit qu’il ne m’aimait plus m’indique à moi qu’il est peut-être temps d’impulser un mouvement. Comme je l’ai dit à Marlon tout à l’heure, il est surement préférable d’imiter Serena et j’ai une idée très précise du lieu où je vais me réfugier. Mon bref aparté avec Alessio me revient très souvent en mémoire et je sens que j’ai besoin de plus de réponses que celles qu’il m’a fourni. Je retourne la petite carte qu’il m’avait donné entre mes doigts, elle est restée scotchée sur le clavier de mon ordinateur portable pendant tout ce temps…Je tape le numéro griffonné dessus sans aucune autre indication. J’attends que la tonalité grésille, je n’ai pas réfléchi à l’heure qu’il est en Italie… Je n’ai pas réfléchi à ce que j’allais lui dire, mon cœur bat la chamade lorsqu’il décroche. - Ciao bella, je ne pensais pas que tu finirais par appeler… - Bonjour Alessio, comment sais-tu que c’est moi ? -Tu es la seule à avoir ce numéro. Je suis prise d’un mutisme inhabituel, je perds momentanément contenance, étrangement intimidée par ce qu’il est alors que j’étais si naturelle avec lui en tant que mon commandant lors des missions. - Que puis-je pour t’aider Adena ? Reprend-t-il après mon observation du silence. - Je crois que j’ai besoin de venir en Italie, pour te parler. - Pour me parler ? - Oui, répondis-je à voix basse, je serai seule. - Tu veux venir chez moi, seule ? Serait-ce une forme de marque de confiance ou un piège savamment orchestré… Par ton amie Serena par exemple ? - Comment sais-tu… Peu importe… C’est oui ou c’est non ? - Envoie-moi tes plans de vol à destination de Bari. Mes hommes viendront te chercher. - Tu es installé dans les Pouilles, m’étonnais-je de son choix peu commun. - En effet… ça ne semble pas te convenir… - Non, mais… Nous n’y avions pas vraiment de développement… - Les choses ont changé farfallina, tu connais ça. - Oui. Je pars dès demain… Je te transmets. - Très bien. A demain. Je raccroche sans être vraiment soulagée, j’ai des objectifs de mon côté et si je ne veux pas sombrer dans la dépression et la douleur, la rage et l’amour entremêlés de pensées tournées vers Devon doivent passer au second plan. Je dois avancer. J’aimerais aller réconforter Gabriel, la disparition de Serena doit beaucoup l’affecter et il mériterait que je lui dise la vérité, mais je repousse ce moment… Serena devrait lui annoncer et il est évident qu’il me questionnerait. Il est évident aussi qu’il reconnaîtra mon propre besoin croissant de copier Serena et quitter cet endroit. Et je ne veux pas qu’il souffre encore plus tout de suite… Gabriel ne mérite rien de tout ça… Mais je ne peux pas lui demander de venir avec moi, puisqu’outre les explications de mon père biologique, j’ai également un compte personnel à régler avec mon ex-amant et Giovanni va me le payer… Pour Serena. Je lui dois au moins ça… Elle aurait donné sa vie sans hésiter pour mes secrets.
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