Chapitre 3 Gabriel

1504 Mots
Gabriel Je n’ai pas compris immédiatement ce qu’il se passait quand James, Marlon, Bill et Preston ont débarqué en trombe à l’ancien baraquement qu’on transforme petit à petit en clinique. - ça ne s’est pas bien passé ? Vous ne l’avez pas ?! m’étais-je exclamé sans pouvoir cacher l’inquiétude que j’avais ressenti pour elle. - Si, c’est bon pour Aliénor, elle va arriver avec Scott et Kate, avait répondu précipitamment Preston comme si l’information n’avait pas la moindre importance. - C’est Devon ! était intervenu James, il s’est passé un truc… Il a emmené Adena au bâtiment de torture. - Hein ? J’étais complétement incrédule, tout va pour le mieux entre nous quatre ces derniers temps, ce qu’ils disaient n’avait aucun sens à mes yeux. Je n’avais pas vraiment réagi même si leur attitude était alarmante. Malgré les sangs froids dont ces gars-là savent faire preuves, je voyais bien qu’ils n’étaient pas tranquilles du tout. - Elle a désobéi à un ordre ? - Gabriel… Fonce ! M’avait ordonné James avec un air si inquiet qu’il avait suffi pour m’amorcer. Ils m’avaient libéré le passage alors que je m’étais précipité hors de la clinique pour remonter les allées caillouteuses à vive allure. J’avais essayé d’actionner l’ouverture de la porte métallique elle semblait verrouillée de l’intérieur. Devon a fini par m’ouvrir et s’en aller sans m’accorder un regard et en le voyant, j’ai compris qu’il s’était passé quelque chose de très grave. Je ne lui prête pas attention pour l’instant et je me concentre sur ce qu’il a fait à Adena, j’appuie sur le détonateur pour lâcher du lest sur les chaînes qui la retiennent jusqu’à ce que ses pieds soient parfaitement stables avant d’aller lui détacher ses poignets tirer en l’air. - C’est bon, je te tiens, lui dis-je alors qu’elle est au bord de l’évanouissement. Elle dépose ses bras autour de mon cou en sanglotant et je la soulève et la serre contre moi. Elle tremble comme une feuille, une plaie sanguinolente est apparente sur sa hanche, elle transpire et sa respiration est saccadée, elle cherche son souffle et n’ouvre pas les yeux. J’ai une assez bonne idée de ce qu’il a fait, je n’avais plus vu Adena dans un tel état depuis bien longtemps. Elle ne parle pas, elle pleure et tremble dans mes bras. - ça va aller ma belle, je suis là… Je l’emmène à l’extérieur et me rend directement au hangar. Je croise James et Bill sur le chemin et leur fais signe de m’escorter pour qu’ils m’ouvrent les portes coulissantes avant de la monter jusqu’au bureau de Serena. Je pousse la porte vitrée d’un coup d’épaule alors que ma femme se lève d’un bond, complètement sidérée. - Qu’est-ce qu’il se passe ?! Tu es blessée Adena ?! Elle ne répond pas et je me dirige vers la porte de l’appartement que Serena s’empresse de m’ouvrir. - Tu n’approches pas Devon ! lui ordonnais-je fermement. - Hein ? Quoi ? - Tu ne l’approches pas ! m’exclamais-je en claquant la porte du pied derrière moi. J’allonge Adena de mon côté du lit et je vais chercher la mallette à pharmacie dans la salle de bain attenante en profitant pour prendre des serviettes propres et un petit bol d’eau. J’essuie d’abord son front, ses pommettes saillantes en cherchant son regard. Mais elle garde les yeux fermés, recroquevillée comme elle est et laisse de grosses larmes s’échapper sous ses paupières closes. Je déboutonne son pantalon, lui enlève ses chaussures et ne lui laisse que ses sous-vêtements, puis je la recouvre d’un drap propre tout en laissant dégagée la plaie profonde sur sa hanche. - Allonge-toi sur le ventre s’il te plaît, je vais nettoyer ça… Elle sanglote de manière incontrôlable, je ne l’avais plus vue si inconsolable depuis qu’on avait appris après des semaines de souffrances que Devon et Serena étaient vivants. - Qu’est-ce qu’il s’est passé ma chérie ? demandais-je doucement en caressant son visage dans l’espoir qu’elle ouvre les yeux. Elle ne me répond pas, ne me regarde pas… J’ai presque l’impression qu’elle ne m’entend pas. - Tu peux me parler… Adena… - Il sait que j’ai sacrifié le bébé… lâche-t-elle étouffée d’un déchirement dans la voix. - Quoi ? m’interloquais-je, je ne comprends pas… Décidément, je n’entends rien à ce qui arrive aujourd’hui… Ce n’était qu’une mission simple selon eux… Mais je constate que rien n’est logique depuis qu’ils sont rentrés. - Aliénor m’a demandé de choisir… Je saisis enfin à quoi elle fait référence, je suis choqué, halluciné même par ce qu’elle m’apprend et je ne peux m’empêcher de sentir ma propre colère monter. - Tu le voulais Adena… Qu’est-ce que tu as fait ?! Elle redouble de larmes, je crois qu’elle portait ce secret comme un fardeau… Elle en est libérée tout en semblant assaillie du poids de la culpabilité. Je n’arrive pas à croire qu’elle ait pu faire ça… - J’ai commis une erreur…. J’ai fait ce que je croyais être le mieux… - Le mieux pour qui ?! J’essaye de contenir ma fureur, je suis fâché de ce qu’elle a fait, mais surtout qu’elle ne m’en ait jamais parlé…Après des semaines à la cajoler, la réconforter, lui faire accepter… Pour rien… Elle a saisi au vol la première occasion qui lui a été présentée pour se libérer… Et je ne peux pas lui en vouloir pour ça… Je connaissais parfaitement ses sentiments à ce sujet, elle gardait l’enfant parce qu’elle croyait Devon disparu pour toujours. Elle est d’une telle complexité… Mais cet acte… Est barbare…Même venant d’elle… Elle aurait pu revenir en arrière bien plus tôt, je l’aurais emmenée si elle me l’avait demandé… Je ne lui pose plus de questions, je lui demanderai plus d’explications lorsqu’elle ira moins mal parce que Devon s’est chargé de la punir au-delà de toute raison. Je vais lui signifier ma façon de penser sur le sujet… - Est-ce que tu veux bien m’expliquer ce qu’il t’est passé par la tête ?! m’emportais-je dans son bureau dix minutes plus tard. Je ne sais pas si j’interromps quoi que ce soit de son boulot, mais quand je déboule dans la pièce, je n’en ai absolument rien à faire. - Puisqu’elle aime tellement faire ses petites affaires avec Aliénor je lui laisse, m’annonce-t-il trop calmement sans même détacher les yeux de son ordinateur. - Tu ne penses pas un mot de ce que tu dis, est-ce que tu as la moindre idée de ce que ça fait d’être marqué comme ça ?! C’est pire qu’une humiliation ! - Et alors ?! s’exclame-t-il en me lançant un regard noir cette fois, tu ne l’as pas si mal vécu toi… Le petit chouchou de la reine…Tu es le seul qui soit sorti indemne de cette histoire… Il ne m’avait jamais pris de haut comme ça… Je suis outré par le ton qu’il emploie avec moi. - Comment tu peux dire ça ?! Elle ne te pardonnera jamais ! - J’en n’ai plus rien à foutre. - Tu ne peux pas penser un truc pareil, on parle de la femme qu’on aime tous les deux, là ! - Parle pour toi… - Ecoute-moi ! p****n, Devon… Tu vas le regretter ! - C’est elle qui devrait regretter, dit-il d’un air désinvolte en avalant la dernière gorgée de son whisky sec. - Je crois que c’est déjà le cas… Dev, p****n, reprend-toi… Je sais que tu es en colère… Mais… - Mais quoi ?! s’emporte-t-il en bondissant de son fauteuil tout en claquant le verre contre le bureau qui lui explose dans la main, comment je peux justifier ou pardonner un truc pareil ?! J’ai passé des semaines dans le coma, quand je me réveille et que ça me revient en mémoire après qu’on m’y est sacrément aidé, elle me l’arrache comme ça ! Sous mon nez ! En un p****n de claquement de doigts ! Je hais ce qu’elle m’a fait ! - Et crois-moi ta colère est légitime… Mais tu es allé trop loin ! - J’en n’ai rien à secouer p****n ! Bien fait pour elle ! Deux mois qu’elle se fout de notre gueule, qu’on a peur d’en parler, qu’on essaye de la ménager et de lui faire plaisir, de la rendre heureuse alors qu’elle savait ce qu’elle avait fait ! Comment peut-on être aussi manipulatrice ?! Aussi foncièrement mauvaise ! - Tu es blessé, et je le comprends mais il va falloir trouver un moyen de dépasser ça… Elle est dévastée… Qu’est-ce que tu lui as dit ? - Que c’était terminé entre nous, répond-t-il sèchement en me toisant. - Je crois que tu as besoin de réfléchir un peu… Mais je te préviens, n’imagine même pas passer tes nerfs sur Serena. - T’inquiète pas. Il se sert un autre verre au bar derrière son bureau et s’installe en tournant son fauteuil vers ses écrans, pour m’ignorer, comme si ce que j’avais à lui dire n’avait pas le moindre intérêt et je juge inutile de poursuivre cette conversation stérile.
Lecture gratuite pour les nouveaux utilisateurs
Scanner pour télécharger l’application
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Écrivain
  • chap_listCatalogue
  • likeAJOUTER