Alors que j’atteins le dos du fauteuil qui repose près de la cheminée, il me saisit par la taille avant de me retourner et de me pencher dessus. Il pose son arme sur le manteau de la cheminée, remonte les pans de mon peignoir puis caresse mes fesses fermement avant d’y appuyer ses hanches. J’ai le vertige, je déglutis difficilement, mes jambes tremblent, je me sens totalement démunie.
- p****n ce que j’ai envie de te b****r, souffle-t-il d’une voix rauque qui fait frémir tout mon corps.
Il s’éloigne quelques instants et se dirige vers la table de chevet à côté du lit avant d’en ouvrir un tiroir.
En une fraction de seconde, ma décision est prise. Alors qu’il est dos à moi, je saisis rapidement l’arme et la pointe droit sur lui, je reconnais immédiatement un Beretta M92 entre mes mains et raffermis ma prise sur la crosse en prenant confiance, je connais parfaitement ce modèle que j’utilise régulièrement.
Lorsqu’il se tourne vers moi et constate que je le tiens en joug, il adopte une posture volontairement décontractée et greffe un sourire nonchalant sur son visage.
- Voyons, bébé, l’arme n’est pas chargée, tu t’attires des ennuis pour rien…
Le regard froid, je débloque le cran de sûreté d’un geste rapide et précis puis tire vivement en l’air. Une pointe de soulagement me transperce quand le coup part, fichant une balle au plafond dans un bruit assourdissant. Je repositionne l’arme face à lui, prenant l’air le plus déterminé possible.
- Et ça, c'est une balle à blanc ? Questionné-je froidement.
Devon qui avançait lentement vers moi s’arrête net dans son élan lorsque le coup part et lève légèrement les mains, le regard calculateur évaluant la situation à toute vitesse.
Hors de la chambre, il y a la cohue, des hommes se réunissent derrière la porte. Je prends alors conscience que le domaine est effectivement habité et surveillé. Quand elle s’ouvre à la volée, j’évalue rapidement les forces face à moi.
La scène est figée un instant, je garde l’arme et toute mon attention braquée sur Devon. Ce dernier reste parfaitement calme et immobile, bien que son regard ne trahisse nullement ses émotions et les hommes sur le pas de la porte assistent à nos échanges silencieux sans pouvoir agir.
- Tu vas poser ça Adena avant que les choses ne tournent mal, dit-il d’un ton qu’il veut détaché.
- Tournent mal pour qui ? M’écrié-je, mis à part pour moi ?! Tu m’as torturée pendant des jours et j’ai mis du temps à m’en remettre ! Qu’est-ce qui m’attend la prochaine fois ?
Je sens que je suis fébrile, je n’ai pas d’explication sur ce que je viens de faire, comment j’ai pu imaginer une seconde que je m’en sortirai de cette façon…
- Donc, qu’est-ce que tu vas faire ? Me descendre ici, maintenant ? À la minute où tu tireras, mes hommes t’abattront sans pitié.
- Je préfère mourir que vivre ça une seconde de plus.
Je m’exprime d’une voix plus calme que je n’aurais cru possible parce que je réalise que je lui dis la vérité. La détermination ne quitte pas mon regard, mais une pointe de folie doit sans doute s’y ajouter. Je sais que c’est ma dernière chance de m’en sortir, c’est maintenant où la mort, je ne peux me résoudre à rester captive de ce rustre. Il semble comprendre à mon ton que je ne plaisante pas, ce qui lui fait ajuster sa posture.
- Qu’est-ce que tu veux ?
- Je veux que tu me laisses partir d’ici.
Il a un léger éclat de rire malgré la tension qui règne dans la pièce.
- Impossible, tu es l’unique témoin de la descente chez ton père, le peu de gens qui devaient connaître ton existence doivent te croire morte et je ne suis absolument pas cité dans les discussions puisque nous n’avons pas laissé de trace.
- Pourquoi l’avoir tué ? Pourquoi tu m’as emmené ? Quel genre d’informations souhaites-tu obtenir de moi ?
Il lance un bref regard à ses hommes et leur fait signe de sortir et de fermer la porte.
- Devon, ce n’est pas une bonne idée, intervient l’un d’eux dont je reconnais le grain de voix sans pouvoir l’identifier.
- Tout le monde dehors, insiste-t-il d’une voix tranchante.
Les hommes s’exécutent en bronchant et Devon reprend la parole lorsque la porte se referme sur le dernier d’entre eux.
- J’ai tué ton père parce que c’était un contrat. Mon client avait besoin de se débarrasser de lui. Une histoire de territoire, je crois. Je n’avais pas de grief contre lui, rien de personnel en tout cas. Quant à toi, je n’avais pas prévu de t’amener ici, c’était disons… Spontané. Je ne vois pas ce que je pourrais avoir d’intéressant à te soutirer. Je savais que Jorge cachait une fille sur une île, mais je ne savais rien d’autre, je ne me préoccupais pas vraiment de ses affaires jusqu’à maintenant.
- Pourquoi tu ne m’as pas simplement tuée aussi ?
- Parce que je ne tue pas tout de suite les femmes quand j’en ai la possibilité.
- Mais les torturer ça pas de problème, cinglé-je la voix tremblante.
- J’ai l’habitude qu’on fasse ce que je dis quand je le dis ! Gronde-t-il un éclair de fureur dans la voix.
Je garde toutes mes forces concentrées sur l’arme que je tiens en joug, tentant de maîtriser mes émotions effervescentes qui se décuplent dangereusement dans mes entrailles. Lorsque j’ai une arme en main je suis dangereuse, je le sais. Mais je suis aussi habituellement très équilibrée et les sévices des derniers jours me rendent particulièrement instable, je sens qu’il a le pouvoir de me faire perdre la raison et ça me terrorise.
- Alors bébé, qu’allons-nous faire ? Tu ne partiras pas d’ici vivante quoi qu’il en soit et tu ne pourras pas me braquer indéfiniment, tu vas te fatiguer.
- Ne m’appelle pas bébé, menacé-je.
- Ton anglais est vraiment impeccable, ton accent est très léger, constate-t-il avant de reprendre, donc tu vas me tirer dessus ? Nous savons très bien tous les deux que tu n’auras pas le cran de faire ça.
Je pointe alors rapidement l’arme vers son bras et tire sans réfléchir, emportée par sa provocation. La balle l’effleure savamment selon ma visée parfaite provoquant une entaille profonde et sanguinolente.
- p****n de merde ! Crie-t-il vert de rage alors que je maintiens ma prise, je vais t’égorger !
- Pardon ? Je n’ai pas bien entendu ? Insisté-je en le défiant oubliant ma peur l’espace d’un instant.
- Pose ce p****n de flingue avant que je m’énerve vraiment !
Je vise cette fois la jambe et tire. Le même genre d’éraflure profonde se dessine instantanément transperçant ses vêtements dessinant une traînée rougeâtre sur son passage alors qu’il crie de plus belle.
- Bordel de merde… Qu’est-ce que tu veux p****n ?!
A l’extérieur, l’agitation bat son plein, je sens que j’ai créé une grande tension, au moindre ordre de Devon, ils peuvent entrer et m’abattre.
- Je veux des vêtements pour commencer et puisque je ne peux pas partir d’ici, je voudrais au moins pouvoir circuler librement et je ne veux plus jamais que tu me touches.
Il étouffe un rire une fois de plus, qu’il réprime rapidement quand je braque l’arme sur son autre bras.
- Ok, c’est bon, arrête !
- Tu m’as enfermée dans une cave alors que j’étais à moitié nue pendant des jours ! Tu m’as torturée avec ton jet d’eau, tu m’as frappée, tu m’as violée !
Je deviens hystérique, j’en ai conscience, je sais que j’atteins un point de rupture, des larmes brouillent légèrement ma vue alors que je crache ma haine sur l’homme qui me fait face.
- D’ailleurs je constate que tu es étonnamment résistante, affirme-t-il sur le ton de la conversation, je pensais que ces petites leçons viendraient facilement à bout de ta résistance psychologique, mais je vois que tu es déterminée malgré ton instabilité.
Je l’insulte dans ma langue natale - Figlio di buona donna- lui jetant un regard venimeux avant de reprendre en anglais.
- J’ai été entraînée, qu’est-ce que tu crois ? Que je suis une pauvre gamine de riche qui a vécu bien sagement dans sa tour d’ivoire ?
- Oui... C'est à peu près l’idée que je m’étais faite de la situation, avoue-t-il en gardant ses yeux rivés sur l’arme et conservant un ton un peu trop calme, je constate que j’ai fait une erreur les filles sont généralement mises à l’écart par leur trafiquant de père.
- Je connaissais très bien les affaires de mon père et je suis bien loin d’être ignorante. Tu penses vraiment qu’il était le genre d’homme à ne rien prévoir ?
- Je n’aurais pas dû te sous-estimer je te l’accorde, tu sais utiliser une arme, en revanche je n’ai eu aucun mal à me défaire de lui.
Je tire de rage dans le second bras lui arrachant une grimace et un juron.
- Je te jure que si tu tires encore une fois…
- Tu vas me laisser crever dans ta cave ? C’est peut-être ce que tu aurais dû faire en effet.
- Alors, comment puis-je te convaincre de lâcher mon flingue ?
Il semble effectuer un effort considérable pour paraître diplomate et ne pas répondre à mes provocations, mais ses yeux ne mentent pas sur les émotions qui le traversent par vague. Il est dans une colère démesurée. J’ai parfaitement conscience que s’il prend le dessus, il me fera souffrir et cette issue me semble de plus en plus inévitable.
- Si je te le donne, je n’ose même pas imaginer ce que tu vas me faire et j’ai bien compris que tu n’avais pas l’intention de me tuer tout de suite.
- Je te confirme que certaines idées me traversent l’esprit pour l’instant, grince-t-il.
- Lasciami andare… Laisse-moi partir, supplié-je dans ma langue natale.
- Je ne parle pas le moindre mot d’italien, Preston !! Appelle-t-il soudain sans me quitter des yeux.
La porte s’ouvre et l’homme qui est intervenu quelques instants plus tôt entre à nouveau dans la chambre, braquant un fusil d’assaut sur moi qui reste statique tous mes sens en alertes.
- Baisse ton arme, va chercher Maria.
- Maria ? Pourquoi ? Tu n’es pas blessé ?
- Va la chercher, insiste-t-il.
Preston ressort de la pièce en me regardant, débordant de méfiance et de venin, sans ajouter un mot. Je ne pose pas de question, concentrée sur la façon dont je vais pouvoir me sortir de cette situation. J’ai beau avoir une arme en mains, mes chances de m’en tirer n’ont pas augmenté, bien au contraire. J’ai agi par pur instinct de conservation et je commence à réaliser que c’est peut-être ce qui vient de signer mon arrêt de mort. J’ai de plus en plus de mal à contrôler les assauts vertigineux qui s’emparent de moi, mon cœur tambourine depuis bien trop longtemps, le sang bat dans mes tempes et mes mains tremblent légèrement.
Le temps reste en suspens jusqu’à ce que Maria n’arrive. Elle a un grand haut-le-corps en évaluant la situation alors que je braque mon arme sur Devon.
- Que se passe-t-il ici Devon ?
- Maria, dit-il sans accorder un regard à la gouvernante qui semble tout bonnement terrorisée, Adena va avoir besoin de vêtements pourriez-vous vous charger de lui en procurer dès demain ? Taille 36 sous-vêtements 90 C.
- Euh oui, bien sûr.
- Mademoiselle aura l’autorisation de sortir de sa chambre la journée, elle pourra déambuler dans la maison et l’extérieur si elle ne fouille pas, veillez à ce que les portes qui doivent rester fermées le soient en permanence.
- Bien Monsieur.
- Parfait, vous pouvez disposer.
Elle s’en va sans perdre de temps, lançant des regards alarmés en direction des hommes restés sur le pas de la porte, se demandant probablement pourquoi ils n’interviennent pas. Et elle referme la porte sur eux, nous replongeant dans notre atmosphère étouffante. Nous nous toisons dans un duel silencieux.
- Bien, dit-il à nouveau à mon intention, tu as une partie de ce que tu voulais, concernant l’objet de mes visites, ce n’est pas négociable.
- Pourquoi ?!
- Parce que c’est pratique. Je n’ai pas le temps d’entretenir les passions comme tu t’en doutes, et t’avoir à ma disposition m’arrange beaucoup, d’autant plus depuis que j’y ai goûté…
- Je ne suis pas ton esclave ! Protesté-je incapable de supporter ce qu’il dit.
- Ton père est mort, aux yeux du monde entier tu n’es plus rien, tu as disparu des radars, personne ne sait qui tu es, maintenant tu m’appartiens, comme une chose, comme un objet, comme une propriété comme ce que tu veux, mais tu es à moi, et j’entends bien faire ce que je veux de toi.
- Non, tonné-je encore, c’est hors de question !
- Arrête de faire ta prude, tu as joui quand je t’ai baisé.
Je suis choquée par ses propos et réponds alors naturellement.
- Mon corps a réagi à une stimulation à laquelle je n’avais pas le moindre contrôle !
- Tu jouis facilement ?
- Tu me dégoûtes, rétorqué-je pleine d’un regain de rage.
- Non je t’excite… Tu aimes avoir peur quand tu b****s ?
- Ferme la ! Hurlé-je refusant d’en entendre davantage.
- Bien… Bien, cède-t-il en levant les mains légèrement plus haut alors que je suis plus instable que jamais, il faut en finir avec ce face à face ridicule donne-moi ça maintenant…
Il a mis toute la puissance de sa domination dans son ordre et je sens ma détermination faiblir, alors que je tente de maintenir une prise ferme sur le Beretta dans mes mains tremblantes devenues moites.
- Qu’est-ce que tu vas me faire quand je te l’aurai rendue ? Demandé-je lentement l’angoisse asséchant ma gorge.
- Rien du tout, m’assure-t-il trop impassible pour être honnête, on en reste là pour cette fois.
J’essaye de jauger la véracité de ses paroles et je sais au fond de moi qu’il ne peut pas dire la vérité.
- Comment puis-je te croire ?
- Je n’ai qu’une parole.
- Et que vaut-elle ?
- Rien, tant que tu n’auras pas vérifié par toi-même.
Je suis en proie à un véritable dilemme intérieur, je crains son courroux et les terribles conséquences de cette incartade, mais je comprends aussi parfaitement que je suis dos au mur quoi qu’il advienne. Il sort lentement son téléphone de sa poche, pianote quelques secondes avant de lever les yeux vers moi. Je continue de le fixer incrédule.
- Regarde l’écran derrière toi, c’est une vue satellite de mon ranch.
Je recule précautionneusement, jusqu’à pouvoir regarder confortablement l’écran tout en le maintenant en ligne de mire.
La carte montre une vue du ciel des différents bâtiments qui configurent le ranch et autour, rien. Seulement du désert. Je scrute l’image satellite, il est bien plus grand que ce que j’avais imaginé de prime abord. De nombreux bâtiments que je n’avais pas remarqués s’étalent sur la photo que j’observe et je reconnais le bosquet que je voulais emprunter pour fuir avant de constater que, contrairement à l’idée que je m’étais faite, il n’y a rien derrière, juste une petite b***e de forêt bordant un immense désert de tous côtés. Il n’y a aucune issue.
- Pourquoi tu me montres ça ?
- Pour te faire comprendre que si tu cherches à fuir, tu mourras dans le désert probablement après avoir erré pendant des jours. Il y fait très chaud la journée et très froid la nuit, comme tu as déjà pu le constater…
- Où sommes-nous ?
- Au Texas.
- Où au Texas ?
- Je ne t’en dirai pas davantage.
- Comment as-tu fait pour m’amener ici ? J’étais en Polynésie…
- Je sais comment transporter des marchandises en toute discrétion.
- Si tu n’étais pas rival avec mon père, alors qui es-tu ?
- Je préfère que tu l’ignores aussi. Je peux récupérer mon arme maintenant ?
Je déglutis et j’ai un mouvement de recul alors qu’il s’approche doucement mesurant mes réactions à chacun des pas qu’il effectue dans ma direction, la main tendue vers le pistolet.
- Arrête, maintenant… Souffle-t-il pour m’inciter au calme.
Ses yeux perçants sont braqués dans les miens et sa voix à quelque chose d’étrangement rassurante, enivrante.
Il s’approche de plus en plus et parvient à poser une main sur les miennes qui restent crispées, accrochées à mon unique moyen de protection. Il m’oblige à la baisser, prenant garde à ne pas faire de mouvements brusques. Lorsqu’enfin je cède et la lâche, secouée par des tremblements de terreur, il s’en empare avant de remettre le cran de sûreté et la glisser à l’arrière de son jean.
Il me saisit ensuite à la gorge dans un mouvement rapide et précis, tel un rapace s’emparant d’une proie et me plaque violemment contre le mur, me coupant la respiration alors que mes pieds frôlent à peine le sol.
- J’ai buté des gens pour bien moins que ce que tu viens de faire, murmure-t-il menaçant détachant chaque mot, je l'aurais probablement déjà fait si tu ne m'excitais pas autant. Donc, je t’accorde un peu de liberté à la condition que tu fasses ce que je te dirai, sinon il y aura des conséquences, tu t’en es déjà aperçue.
Il me relâche, me laissant m’écrouler au sol et se dirige vers la porte.
- Je reviens dans une heure, le temps que tu reprennes tes esprits. J’espère te trouver plus coopérative à mon retour.
Il sort de la pièce en claquant la porte derrière lui. J’essaye de me ressaisir, toutefois mes poumons refusent de se remplir. L’adrénaline qui m’a habitée à l’extrême s’échappe à présent, laissant place à la sidération et la tétanie. Après de longues minutes à manquer d’air, affalée sur le sol, je perds conscience, me laissant emporter par les points noirs qui apparaissent devant mes yeux m’enveloppant de leur obscurité.
Lorsque je reviens à moi, je suis de nouveau étendue sur le lit. Je me redresse brusquement, les sens en alertes et j'aperçois immédiatement Devon assis dans le fauteuil à côté de la cheminée. Il est torse nu, propre, toute trace de sang ayant disparu de son visage et des bandages blancs entourent ses bras aux endroits où je lui ai tiré dessus un peu plus tôt.
- Je n’ai pas l’habitude qu’on me tienne tête, dit-il simplement d’une voix faussement calme.
- Je n’ai pas l’habitude qu’on me traite comme un animal, rétorqué-je faiblement.
Il se lève brusquement, me faisant sursauter puis avance lentement vers le lit, braquant son regard inquisiteur dans le mien.
- Enlève ton peignoir, gronde-t-il le regard noir d’intransigeance.
Je fige mon regard dans le sien, le soutenant alors qu’il avance encore dangereusement.
- Pourquoi as-tu tant de mal à obéir aux ordres ? Ton père ne t’a-t-il pas enseigné la docilité ?
- Mon père ne s’amusait pas à m’humilier ! Lui craché-je écœurée qu’il ose l’évoquer devant moi.
- Crois bien qu’il s’agit de la dernière de mes préoccupations.
- Alors qu’elle est la première ?
- Obtenir ce que je veux, quand je le veux, sans avoir besoin de négocier pour ça. Encore moins avec ce qui m'appartient déjà et me revient de droit.
- Je ne suis pas une chose ! M’écrié-je sentant la colère remonter rapidement.
- Tu n’es plus rien du tout ma belle.
Sa réponse cinglante me coupe le souffle et me brise le cœur, me forçant à détourner le regard afin de lui cacher mes larmes. Il transpire d’outrecuidance ce qui m’exaspère au plus haut point.
- Tu savais que ce genre de situation pourrait arriver, n’est-ce pas ? Que te disait ton père pour te préparer à ça ?
Je ne réponds pas, je repense à toutes ces conversations que nous avons eues tous les deux, je suis plongée dans les méandres de mes souvenirs douloureux, écartelée entre colère et tristesse. Je n’ai aucune envie d’apporter satisfaction à cette brute qui me fait face.
- Adena !
Il a soudainement haussé le ton, me faisant violemment sursauter une fois de plus, m’obligeant à le regarder dans les yeux.
- Que je devais tout faire pour survivre en attendant qu’il me retrouve.
- Ahhh… Mais il n’est plus là pour te retrouver et à présent tu es dans une impasse.
- Ti odio… Je te hais, affirmé-je en le fixant des yeux pour lui communiquer mes sentiments tout en prenant soin de taire le reste du plan.
Il ne doit pas découvrir qui me connaît et qui est susceptible de me venir en aide.
- Je sais, répond-t-il, je devine ce que tu dis mais je n’en ai rien à foutre. Je ne te demande pas de m’aimer, je te demande de m’obéir, par conséquent d’écarter les cuisses quand je le veux. Ce n’est pas si compliqué.
- Je ne suis pas une p**e.
- Vois plutôt ça comme quelque chose qui te maintient en vie, pour le moment.
- Et ensuite quoi ?! Tu te débarrasseras de moi quand tu passeras à un autre jouet.
- Peut-être, je ne sais pas encore, je n’ai pas pris de décision mais sache une chose, l’ensemble de mes hommes seraient enchantés de se débarrasser de toi, soulagés même alors ne précipite pas ta fin.
Il élimine la distance restante entre nous et monte sur le lit. Il s’approche de moi, me pousse d’une main ferme contre le matelas et se place au-dessus de moi. Je sais qu’il est inutile de tenter quoi que ce soit, il a gagné une fois de plus. Son souffle chaud réchauffe ma gorge, sa respiration légèrement troublée indique qu’il est en proie à un désir vorace.
Il dénoue la ceinture de mon peignoir et plonge une main dans son col, libérant mon sein lacéré de marques encore rosées, vestiges de la correction à la badine. Il passe son pouce sur la partie sensible de mon téton avant de le pincer doucement. Je réagis sous lui malgré moi, un choc électrisant traversant mon corps. Je suis tendue et tente de garder le contrôle de mes émotions, perdue entre terreur, tétanie et confusion.
- Je t’en supplie, murmuré-je d’une voix très faible, ne fais pas ça…
De chaudes larmes coulent le long de mes joues, il m’observe attentivement, ignorant mes vaines supplications et plonge deux doigts en moi, forçant l’ouverture du passage dans les plis de mon sexe. Il commence à remuer dans un rythme régulier, faisant rapidement monter une tension dans mes chairs qu’il stimule très habilement, trop habilement. J’essaye de le pousser, appuyant fermement les mains sur son torse bombé, me tortillant sous sa prise.
- Arrête de me résister, gronde-t-il menaçant agrippant mes cheveux pour maintenir ma tête contre le matelas diminuant la résistance de mes mouvements.
Il enlève alors ses doigts devenus humides et abaisse rapidement son pantalon avant de diriger son membre pour me pénétrer. Il empoigne ma cuisse, qu’il remonte contre son corps et entame de profonds va et vient m’arrachant d’incontrôlables gémissements de plaisir. Encore une fois, ces mêmes sensations insupportables de plaisir involontaire m’assaillent par décharges puissantes s’emparant de toutes mes volontés. Je ne peux que m’y soumettre, mon bourreau m’accaparant d’une domination féroce.
Alors que je sens l’inévitable arriver, je recommence inlassablement à le supplier d’arrêter et comme si cela n’était qu’un jeu pour lui. Il prolonge sa torture, m’assénant de coups de boutoirs trop précis pour être incontrôlés me propulsant dans une extase douloureuse et humiliante.
Mes chairs, sensibilisées par la jouissance, irradient d’électricité alors qu’il poursuit ses assauts me contraignant à m’exprimer plus fort. Cela en devient tellement insupportable que je ne peux que tenter de me débattre. Devon, dont la prise ne faiblit pas, me remplit encore et encore, repoussant toutes mes limites et alors qu’un autre o*****e douloureux m’enflamme, il s’écroule sur moi perdu dans sa propre extase.
- Mais p****n, comment tu fais ça ?! Demande-t-il le souffle saccadé.
Sa voix est rauque du plaisir qu’il vient de décharger. Je pleure complètement épuisée et me pelotonne tandis qu’il se redresse sur le lit.
- Tu as toujours été comme ça ? Questionne-t-il encore.
Je ne réponds pas, priant silencieusement pour qu’il sorte de la chambre, mais il attrape brusquement mon menton qu’il enserre fortement de ses doigts, provoquant une douleur dans ma mâchoire me contraignant à le regarder dans les yeux.
- Oui, réponds-je sans pouvoir croiser son regard alors que je suis cuisante de honte.
- Bien… Intéressant, dit-il en m’obligeant à plonger mes yeux dans les siens, plus tu me supplies… Plus j’ai envie de te b****r.
Je me dégage brusquement de sa prise en le traitant de monstre.
- Fais attention à ce que tu dis, prévient-il en se levant du lit remettant son pantalon en place sur ses hanches, je serai absent plusieurs jours profites-en pour savourer un peu de ta liberté et pour bien réfléchir au comportement que tu adopteras la prochaine fois que je viendrai te rendre visite dans cette chambre. Je risque de me montrer moins patient à l’avenir. Fais-en sorte que cette cheville et ces marques soient soignées à mon retour, Maria s’occupera de toi.
Sans même attendre ma réponse, il ouvre la porte de la chambre et s’en va.