Devon se tourne alors vers moi, je sens son regard pénétrant voilé de sombres présages et un frisson d’horreur me parcourt.
- Va sur le lit, m'ordonne-t-il des éclairs perçant ses prunelles.
J’ai beaucoup de mal à croiser son regard, je garde les yeux fixés sur le feu qui crépite dans l’âtre. Sa voix me glace le sang, me pétrifie de peur. Dès qu’il a parlé, ses intonations inquisitrices ont fait tressauter mon cœur. Je sais qu’un autre supplice m’attend si je résiste à mon agresseur et je ne suis pas certaine d’être capable de supporter une autre de ses tortures.
Des larmes chaudes glissent le long de mes joues, alors qu’il répète son ordre qui claque comme un coup de fouet dans ma tête me faisant sursauter violemment. Il parvient à faire retentir et s'entrechoquer toutes les sonnettes d’alarmes et jamais je n’ai connu de situation aussi terrifiante. Mon cœur tambourine dangereusement dans ma poitrine depuis de longues minutes, me donnant presque la nausée. Je ne sais pas combien de temps encore mon corps pourra subir un tel stress, une telle oppression et une telle terreur. Je commence à m’imaginer que je pourrais en mourir, s’il est possible de mourir de peur et d’épuisement psychologique et je sais que oui…
Je me hisse sur mes jambes flageolantes et je dois faire face à toutes les voix intérieures qui me hurlent de fuir coûte que coûte. Je me dirige alors près du lit et il me rejoint en quelques enjambées élégantes, éliminant encore de la distance entre nous, approchant dangereusement son corps puissant du mien comme un prédateur face à sa proie, envahissant tout mon espace me coupant la respiration.
Impassible face à ma détresse, il me pousse plus près du lit ouvrant mon peignoir avec vigueur, détachant la ceinture avec rapidité et le fait glisser le long de mes bras me dépouillant de mon intimité. Il se dirige vers la table de chevet d’où il sort deux paires de menottes et je manque de m’évanouir, prise d’un vertige.
- Allonge-toi, ordonne-t-il d’un ton sans appel.
Je suis complètement tétanisée, tremblant de tout mon corps, complètement contractée et incapable de faire ce qu’il commande. Je n’arrive qu’à pleurer silencieusement.
- S’il vous plaît, supplié-je à voix basse et rauque utilisant cette fois l’anglais, je suis épuisée…
Il accroche la menotte à mon poignet d’un mouvement habile et me repousse fermement pour m’allonger sur le lit sans tenir compte de mes supplications.
- J’ai dit allongée, gronde-t-il d’une voix dure et lourde d’intransigeance.
Il attrape ma cheville et la remonte jusqu’à pouvoir y glisser le deuxième bracelet me mettant dans une position inconfortable et exposée. Puis, il me fait basculer pour que je me retrouve sur le ventre le bras tiré en arrière, la cheville en l’air, la tête enfouie dans la couette recouvrant le lit. Il glisse la seconde menotte dans l’autre poignet qu’il attache à ma seconde cheville, m’obligeant à écarter les jambes tout en étant cambrée, tirée en arrière par mes bras.
- Tu es vierge ? demande-t-il froidement.
Sa question m’envoie une décharge glaçante dans les entrailles.
- Non, réponds-je en sentant la panique monter crescendo.
- Étonnant, commente-t-il de sa voix rauque l’air pensif mais légèrement agacé, avec un père comme le tien je suis curieux de savoir comment ça a pu arriver. Tu as un petit ami ?
- Non, réponds-je encore les larmes coulantes sur mes joues déjà trempées.
Je l’entends descendre sa braguette. J’ai la nausée. Son jean tombe au sol dans un bruit métallique, je devine et j’appréhende ses actions, je reste muette, paralysée par la peur et les intentions malveillantes de cet homme. Je sens bientôt qu’il applique un gel froid sur mes parties intimes, je me sens impuissante et vulnérable, totalement exposée à cet inconnu qui s’apprête à me posséder. Il insère un doigt imposant et habile en moi, mon corps répond tout seul et se cambre davantage alors que je laisse échapper un gémissement surpris et paniqué, perdant tous mes repères.
Sans tenir compte de mes protestations, il agrippe mes cuisses à deux mains pour m’attirer au bord du lit et me mettre dans la position qui lui convient. Je sens la pression de son sexe contre mon entrée, il augmente la poussée jusqu’à ce que je l’accepte, étirant mes chairs délicates et me pénètre sans ménagement, s’enfonçant en moi profondément provoquant mes gémissements étouffés par la couverture.
Je suis trop épuisée pour me débattre et ne peux que subir l’assaut de mon ravisseur. Je sens malgré moi qu’il ne me fait pas mal, ses coups de boutoirs sont précis et mesurés stimulant mes zones sensibles. Je connais parfaitement mon corps et je sens que je ne résisterai pas longtemps à cette sensation. Il n’est pas brutal, il est propriétaire. Il me prend, sortant et entrant dans un balancier métronomique, imprégnant un rythme de plus en plus rapide et plus fort, comme si je lui appartenais et qu'il réclamait son dû.
Bien que mon père soit un trafiquant dangereux, j’ai eu des relations depuis mon adolescence. Je parvenais à échapper à sa vigilance plus souvent qu’il n’aurait pu le croire et ses absences récurrentes m’ont permis de connaître des amourettes et des soirées enfiévrées. J’aime le sexe depuis ma première fois, depuis Raia, ensuite il y a eu Arlo et Giovanni... La réelle difficulté dans ma situation était de pouvoir faire durer une relation au nez et à la barbe de mon père surtout après l’épisode avec Raia, qui est le seul que je n’aie jamais qualifié de petit ami.
Je m’attendais à ce qu’il me blesse ou soit très brutal, voir v*****t avec moi, mais je ne m’étais pas préparée à ressentir des stimulations en opposition totale avec ce que je vis. Je n’assimile pas la raison de ce plaisir alors qu’il me prend de force. Je n’ai jamais été contrainte de ma vie, je suis plutôt de nature à prendre quand je veux et mes amants me cédaient de bonne grâce, mais jamais ils n’auraient commis l’erreur de venir me réclamer, ils avaient trop peur de mon père.
Devon semble concentré sur le besoin animal qu’il doit assouvir et ne se soucie nullement de mes réactions et attaché comme je le suis, à sa merci, je ne peux que me soumettre à sa possession.
Alors que je sens monter un o*****e incontrôlable, les sensations croissantes à mesure qu’il affermit ses pénétrations, qu’il me touche, s'appuyant sur mes hanches pour modifier l’angle de ses incursions, je suis prise d’une véritable crise de panique refusant de ressentir du plaisir avec lui, sans l’avoir désiré, sans le connaître, j’ai les yeux embués de larmes.
- Fermatevi, per favore… Arrêtez s’il vous plaît, haleté-je désespérée la respiration saccadée.
Il ne tient pas compte de mes suppliques et m’assène de vigoureux coups de reins, s’écrasant davantage sur moi. Les minutes passent, m’imposant un o*****e fulgurant, je me contracte contre lui l’enserrant de mes ondulations involontaires alors que je pleure, mais il n’arrête qu’après avoir obtenu sa propre jouissance dans un grondement sourd, pressant ses hanches contre les miennes pour me posséder tout entière.
Je continue de sangloter silencieusement, sidérée et honteuse des réactions involontaires de mon corps. Il remonte son pantalon dont il referme la braguette, avant de prendre la direction de la sortie puis de verrouiller la porte derrière lui, m'abandonnant attachée, nue et complètement exposée sur le lit.
J’essaye de longues minutes de me libérer de l’acier mordant des menottes, mais je ne parviens qu’à les serrer davantage, complètement sonnée par les dernières minutes. Je suis en état de choc et ne parviens à me reprendre qu'avec difficulté, secouée de pleurs incontrôlés, envahie d’une honte immodérée. Je finis cependant par m’endormir d’épuisement après ces derniers jours de torture.
Plus tard dans la nuit alors que je dors, je sens une de mes chevilles se libérer d’une menotte et tend instantanément ma jambe endolorie tandis que la seconde est délivrée à son tour.
Tout mon corps me fait horriblement mal, peu coutumier des sévices physiques et psychologiques comme les cachots humides, la privation d’eau et de nourriture, ou encore les douches froides à l’extérieur que Devon se plaît à m’infliger. Mes nombreux entraînements avec Tyron, bien que difficiles, ne m’avaient jamais préparé à être affaiblie de la sorte.
Je me sens comme une poupée de chiffon passée à l’essoreuse lorsque le corps imposant de Devon, me retourne et se plaque contre moi, m’écrasant sous son poids. Je sens son souffle chaud dans ma gorge, ses mains prenant possession de chaque parcelle de mon corps, comme si j'étais à lui, comme un objet. Il est déjà complètement nu et quelques secondes à peine après avoir senti la protubérance de son sexe contre ma cuisse, il me pénètre profondément une fois de plus, alors que je suis encore trempée de la semence qu'il a déchargé en moi plus tôt.
Je gémis d’un plaisir involontaire sans parvenir à me débattre. J’ai plus de mal à accepter sa pénétration imposante, n’étant pas préparée à son incursion. Je m’étire sur son passage malgré tout et il poursuit son avancée avec assurance, me prenant jusqu’à la garde. Je me laisse totalement contrôler par la domination de mon ravisseur qui provoque à nouveau d’étranges sensations dans mon bas ventre.
Je suis incapable de dire si je le supplie à voix haute, trop brisée pour évaluer mes réactions. Quelques faibles tentatives de le repousser s’avèrent totalement infructueuses et dérisoires face à sa force animale.
Alors qu’un o*****e m'assaille encore comme une tempête ravageuse et que je supplie toujours, il plaque une main contre ma gorge en murmurant à mon oreille envoyant des décharges de frissons qui parcourent tout mon corps.
- p****n de bordel ce que tu es excitante, gronde-t-il en jouissant à son tour emporté par mon extase.
Il se retire rapidement et se rhabille une fois de plus, me laissant sangloter seule sur le lit lorsqu’un téléphone se met à sonner. Et alors qu’il le saisit d’une main dans la poche arrière de son jean, il sort de la pièce précipitamment en claquant la porte derrière lui.
Ses pas s’éloignent dans le couloir et une alarme silencieuse retentit dans ma tête m’indiquant qu’il n’a pas fermé à clef derrière lui.
Je suis incapable de fermer l’œil du reste de la nuit, le regard fixé sur cette porte qui j’en suis sûre, est restée ouverte après son départ. Tous mes sens sont en éveils, alertés par la nécessité de fuir. Je me lève plusieurs fois, essayant d’écouter si des voix se font entendre dans le couloir puis me ravise. J’étudie toutes les possibilités. Je dois saisir ma chance, mais je n’ai pas beaucoup d’options qui s’offrent à moi.
Des heures durant, je retourne toutes les solutions possibles et imaginables dans ma tête, j’ai vu la maison, les extérieurs, or je n’ai pas l’impression que l’endroit soit très gardé comme chez moi, où les hommes déambulaient dans les pièces et autour de la maison.
Lorsque Devon m’a traînée hors de la chambre, les lieux étaient déserts. Je n’ai pourtant pas la moindre idée de l’endroit où je suis retenue captive, mais l’occasion est trop belle. J’ai bénéficié d’années d’entraînements et je dois être capable de me montrer suffisamment discrète pour échapper à la vigilance de quiconque se trouve derrière cette porte.
Je ne me décide à tenter ma chance qu’aux premières lueurs du jour alors que le soleil n’est pas encore complètement levé, jugeant que les habitants de la maisonnée s’il y en a, doivent encore être en plein sommeil.
J’avance prudemment devant la porte, pose la main sur la poignée et attends aux aguets le moindre signe d’une présence alentour.
Je compte mentalement dans ma tête pour me donner du courage et tourner la poignée lorsque j’arrive à un, entrouvrant la porte avec une extrême précaution. Mon cœur bondit dans ma poitrine quand celle-ci cède sans difficulté et un éclair de soulagement me traverse le corps tandis que j’ai la preuve que je n’ai pas rêvé.
Après un rapide coup d’œil dans le couloir, je reprends la direction que Devon a empruntée hier, en remerciant mon sens de l’orientation irréprochable. J’arrive devant l’immense porte d’entrée que je trouve ouverte à mon grand étonnement sans que je ne croise âme qui vive dans la maison complètement silencieuse.
Je sors précautionneusement, laissant la porte ouverte derrière moi et me mets immédiatement à courir. Les grands espaces nus ne me laissent pas d’occasion de m’abriter des regards et je prends d’abord la direction des douches pour chevaux, resserrant au maximum l’unique peignoir qui me recouvre, ignorant les cailloux qui s’enfoncent dans mes pieds et les écorchent.
Je cours du mieux que je peux, un point de côté me coupe déjà la respiration, les tortures de ce dingue m’ont incroyablement affaibli, et je longe les écuries avant de passer devant la carrière, d’abord confiante, car tout est silencieux, puis j’ai un soubresaut de terreur en apercevant deux hommes à cheval au fond de la piste.
Priant pour qu’ils ne m’aient pas repérée, je reste plaquée contre le mur d’un box de longues minutes avant de trouver le courage de me précipiter derrière les douches où Devon m’a conduite hier soir.
Une clôture derrière le mur où il m’avait attaché semble mener vers des pâturages. J’emprunte cette direction souhaitant mettre le plus de distance possible entre la maison et moi quand une alarme puissante et terrifiante retentit dans tout le domaine faisant rater quelques battements à mon cœur, me donnant un vertige supplémentaire de frayeur.
J’essaye d’accélérer ma course et presse l’allure alors même que je suis à bout de souffle. Je n’arrive plus à respirer, trébuchant dans la pâture, cherchant des yeux un endroit adéquat où me cacher. Un bosquet plus loin m’offrira peut-être un répit suffisant pour me permettre d’établir un plan viable. Je n’avais pas imaginé une seconde réussir à aller aussi loin dans ma fuite et je n’ai aucun point de repère.
Je poursuis ma cavalcade effrénée, entendant des voix au loin ainsi que des bruits de sabots. Des petits points noirs dansent devant mes yeux, pourtant je ne peux pas abandonner, le bosquet n’étant plus qu’à quelques mètres devant moi, m’offrant la protection dont j’ai désespérément besoin à cet instant.
Parvenant à l’atteindre hors d’haleine, je trébuche brutalement sur un tronc entremêlé de ronces et après un lancement fulgurant dans ma cheville, je tombe violemment, m’écrasant au sol dans les ronces qui m’écorchent le visage et les bras tandis que derrière moi, les bruits de galop s’arrêtent net avant qu’un homme ne descende de cheval.
Je me retourne lentement, meurtrie par les épines de ronces et constate avec frayeur que Devon, les yeux éclatants d’une rage démesurée, avance vers moi avec une prestance naturelle. Il porte un pantalon bouffant d’équitation, enserré dans de grandes bottes et un polo parfaitement tendu sur son torse bombé, ainsi qu'une longue badine à la main.
Il se fraye facilement un chemin dans les ronces, puis m’attrape avec force par le bras et me soulève comme si j’étais aussi frêle qu’une brindille.
Il jauge rapidement mon état, passant son regard dur et impérieux de mes pieds jusqu’à mon visage alors que je suis couverte d’éraflures ensanglantées et ne tiens plus mon poids que sur une cheville, l’autre m’élançant violemment et sur laquelle je n’arrive plus à prendre appui.
Puis sans dire un mot, il me charge sur son épaule comme un sac de blé et retourne auprès de sa monture. Il détache une longe reliée à l’encolure de l’animal et me pose au sol avant de me lier les poignets dans un nœud serré et de me hisser sur le dos du cheval. Il marche ensuite à côté de nous, le cheval semble connaître le chemin, car il ne le tient pas et nous ramène vers la maison
Je suis au bord de la crise de panique, je manque d’air et je n’ai plus une once d’énergie. Ma cheville me fait horriblement mal, les griffures sur mon corps me brûlent et je redoute les conséquences de ma fuite. Combien de jours va-t-il me laisser croupir à la cave après ça ?
Je n’ose plus le supplier de peur d’aggraver sa contrariété alors qu'il reste muré dans un silence torturant.
Arrivé à l’écurie, il tend les rênes de son cheval à un lad qui l'attend devant les stalles puis me reprend sur son épaule pour me ramener à ma chambre.
Il claque la porte derrière lui avant de me jeter sur le lit et entreprend alors de m’arracher le lien improvisé puis le peignoir que je porte avec brutalité. J’essaye vainement de l’en empêcher en agrippant le vêtement de mes maigres forces et de me protéger du mieux que je peux de lui.
Il n’a aucun mal à me défaire du vêtement moelleux et une fois que je me retrouve nue, recroquevillée sur le lit dans une tentative désespérée de lui cacher ma nudité, il commence à me battre avec de violents coups de la badine qu’il avait gardé en main.
L’objet fend l’air et s’abat avec rigueur sur ma peau dans des claquements fendants l’air m’arrachant hurlements et supplications dont Devon ne tient aucun compte, persistant dans son martèlement incessant. Les brûlures enflammant ma peau à chaque fois que la badine me larde les chairs s’ouvrent. Il n’arrête que lorsque le sang se mêle à la transpiration, aux sueurs froides provoquées par l’intensité de la douleur. Mon corps est entièrement lacéré de marques rouges laissées par le mordant de la badine sur ma peau. J’entends ma respiration bruyante et désespérée, je suis transie de douleurs.
- La prochaine fois que tu essayes de t’enfuir, je te fais couper les deux jambes, tu n’en as pas besoin pour ce que je fais de toi.
Il quitte ensuite la pièce, me laissant sangloter et verrouille bruyamment la porte en partant.
Tout mon corps me brûle atrocement, un instant, j'ai cru qu’il allait m’achever de cette manière, qu’il me battrait indéfiniment jusqu’à ce que mort s'ensuive. Mais il s’est arrêté et est parti. Je suis secouée de sanglots de longues heures, ayant tiré doucement le peignoir pour me couvrir dans un besoin de cacher mon intimité, pelotonnée sur le lit sans pouvoir bouger davantage à la recherche d’un réconfort inexistant.
Le cliquetis de la porte se fait entendre à nouveau, tout mon corps se raidit instantanément alors que de faibles pas traversent la pièce en direction du lit. Je me détends légèrement lorsqu’une petite femme replète se présente devant moi chargée d’un plateau à la main, qu’elle pose sur la table de nuit. Elle s’assied doucement au bord du lit et prend ma main dans un geste qu’elle veut réconfortant.
- Je vais vous soigner mademoiselle, dit-elle d’une voix douce au fort accent espagnol.
- Qui êtes-vous ? Murmuré-je faiblement.
- Maria mademoiselle, je suis la gouvernante, répond-t-elle en appliquant un produit sur un morceau de gaze qu’elle tient en main.
Elle rabat lentement le peignoir et je constate son regard horrifié alors qu’elle découvre les traces de coups sur ma peau. Elle entreprend alors de passer le coton sur chaque plaie, enflammant davantage les brûlures qui me consument déjà, m’arrachant grimaces et gémissements de douleurs.
- Vous avez mis monsieur Devon très en colère, dit-elle alors qu’elle applique inlassablement le produit sur mes chairs meurtries tandis que je transpire de douleur.
- C’est un monstre, craché-je avec toute la haine dont je peux encore faire preuve.
- Il n’est pas toujours comme ça, répond-t-elle d’un ton qu’elle veut rassurant mais qui ne me convainc pas du tout, il va s’absenter quelques jours vous pourrez vous remettre tranquillement.
Elle continue de soigner chaque blessure puis prodigue les mêmes soins à ma cheville avant de la b****r et lorsqu’elle semble satisfaite, elle m’aide à me coucher dans les couvertures… Je supporte à peine leur contact sur ma peau, et je ne bouge plus d’un millimètre tandis qu’elle reprend la direction de la porte.
Je ferme les yeux tentant seulement de me reposer et faire abstraction quelques heures des meurtrissures que j’ai subies ces derniers jours, quand j’entends Maria derrière la porte qui semble furieuse.
- Je ne vous autorise pas à demander comment elle va, espèce de brute.
- Maria, répond une voix contrite, ne soyez pas fâchée contre moi.
- Oh Devon, bien sûr que je suis fâchée ! Une jolie jeune femme comme ça ! Mais enfin qu’aviez-vous en tête ? Est-ce ainsi qu’on traite une invitée ?
- Elle n’est pas mon invité, cingle-t-il d’une voix dure.
- Et alors ? Si votre mère vous voyait…
- Vous savez très bien qu’on ne discute pas mes ordres, répond-t-il d’une voix plus basse.
- Oui Monsieur Devon, je le sais, mais je sais aussi que vous n’êtes pas inutilement cruel.
Les voix s’éloignent après que la porte a été fermée à clef et je sombre dans un profond sommeil sans rêve, l'esprit trop épuisé pour créer.
J’ai allumé l’immense télévision qui trône au-dessus de la cheminée et j'écoute les informations. Mon père m’a habituée à me tenir informée de tout et les longues journées de convalescence dont j’ai eu besoin pour que mes plaies se referment et que ma cheville ne reprenne une taille normale m’en ont laissé tout le loisir. Lorsqu’après plusieurs jours alitée, j’ai enfin pu me rendre seule dans la salle de bain et que j’ai observé mon reflet dans le miroir, je ne me suis pas reconnue, amincie de plusieurs kilos, j’ai le visage et le corps strié d’éraflures en voies de guérison, lardant ma peau de marques rouges en voie de cicatrisation.
Je suis restée un long moment sidérée face au miroir. De grosses larmes ont coulé le long de mes joues alors que je prenais le temps de m’observer sous toutes les coutures, tentant de me remémorer l’apparence délicate que j’avais encore seulement quelques semaines plus tôt.
Je suis toujours plongée dans mes souvenirs douloureux quand j’entends la porte cliqueter. Je sors précipitamment de la salle de bain pour me retrouver face à la porte alors que Devon entre dans la chambre pour la première fois depuis une semaine.
Il a l’air hagard, épuisé, du sang a coulé et séché le long de son visage et semble provenir d’une plaie ouverte à son arcade sourcilière. Il tient une arme de la main droite qu’il pointe mollement vers moi en me faisant signe de m’approcher.
- Viens là, dit-il seulement la voix rauque.
Je reste sur mes gardes, mais n’ai d’autre choix que de m’approcher lentement, terrorisée par ses intentions, tous mes sens en alertes. Avant même que je ne le vois physiquement, j’ai senti que c’était lui qui entrait dans la pièce. L’atmosphère avait immédiatement changé, comme si j’avais senti le danger poindre. J’ignore l’état d’esprit de mon ravisseur et notre dernier échange me donne un aperçu assez précis de ses capacités en matière de cruauté.